Sujet: and the snakes start to sing ± mikhaïl Dim 3 Nov - 20:20
and the snakes start to sing
Siém - Tri
«Le prodige et le monstre ont les mêmes racines.» victor hugo
Une soirée comme une autre, enfin t'aurais aimé. T'perds tes repères les uns après les autres, tout c'que tu semblais avoir construit à New-York se désagrège. Il y a d'abord eu la fuite forcée de ta sœur d'armes, celle que tu traitais en égal et ce depuis plus de dix ans. Celle à qui t'as sauvé la vie, pour qui tu t'es mangée une balle. Les hells angels t'ont ouverts les bras, te permettant de t'affilier à eux. De faire partie de leur communauté de biker mal léchés terrorisants les rues américaines. T'es restée quelques années sur le continent, t'as magouillé par ci et par là pour la petite mafia bien organisée des Barger. T'as appris tout c'que t'avais à savoir sur les bandes de ce genre, la façon de les gérer. Une poigne de fer, pas de sentiments. Pas la place ni l'temps pour ça. Ton allégeance s'est vue changer de camp petit à petit, délaissant les russes pour les américains promettant de t'adopter. Une décennie plus tard, la princesse des enfers s'est r'trouvée chassée par son vice président ayant lui même disparu. Il ne reste plus rien de l'empire si ce n'est que des membres déboussolés, ignorant quoi faire. T'as plus envie de ça, d'offrir ta loyauté à des gens ne le méritant aucunement. Tu t'es perdue Tri, t'as oublié qui tu étais alors qu'ils ont tranquillement replacé la muselière.
Tu t'es pas débattue, t'avais besoin d'un but. D'une raison d'tenir. Aujourd'hui tu l'as, ton obsession. Détruire ceux qui ont fait des faux ce qu'elles sont. Créatures impitoyables régnant dans la nuit. Monstres assoiffés d'horreurs à se mettre sous les canines. Détruire ceux t'ayant instruite, mordre la main t'ayant nourrie pour la déchiqueter une bonne fois pour toute. Pour qu'aucun autre gosse ne doive passer par là. Adulte inhumaine, violente à souhait qu'ils ont fait de toi. Tu t'régales d'la vue du sang qu'tu fais couler de tes poings rageurs. Ces dernières nuits t'es plus sauvage que jamais. Désorientée, en pleine remise en question. T'as la coke sous l'nez, blanche dont ils t'ont gavée pendant des années. Pour le courage, qu'ils disaient. Cette poudre de fée effaçant toutes vos peurs. Droguée jusqu'à la moelle, l'cul vissé sur ta Victory tu files à travers l'ombre de la nuit. Le rugissement du moteur que tu fais vrombir avec colère déchire le calme de la nuitée humide en cette période d'Halloween. T'as même pas besoin de déguisement Houna, ton seul visage vient faire pâlir bien des caïds tout comme l'évocation de ton prénom au pays suffit à lui seul à terroriser toute une partie de la Russie. Adin, Tri, Chést et Siém, chiffres que l'on vous apprend tout jeunes alors que les écoliers comptent encore sur leurs doigts. Vous inspirez terreur aux plus grands, alors que les plus jeunes eux pensent à vérifier sous leurs lits afin de voir que vous ne vous y trouvez pas. Mythe alimenté par les nouvelles fournées de soldats. Plus agressifs, lobotomisés. Ayant perdu tout libre arbitre. La moto penche nerveusement alors que ton corps lui en intime le mouvement, tu tentes la mort à chaque coin d'rue alors qu'ta tignasse rousse s'échappant d'ton casque virevolte au vent. Pas d'cassages d'Irlandais ce soir, ta dernière petite rixe à dix contre une pour huit contre deux t'as laissé quelques traces et c'est tes côtes violacées qui peuvent en témoigner. La fracture peine encore à s'remettre, mais c'est plus fort que l'os s'reconstruira. C'est pas qu'ils disaient vos putains d'supérieurs alors qu'ils vous battaient inlassablement?
Nouvelle accélération, tu slalomes entre les voitures en grillant un feu ou deux au passage. T'en as connu des chutes, tu pourras t'en r'mettre va. Avec le temps tu t'es persuadée qu'la seule pouvant t'éteindre étant Siém. Siém pour sept autant que Tri pour trois. Identités multiples, schizophrénie mal assumée grignotant vos êtres. T'l'as protégé pendant longtemps, t'as essuyé les coups pour lui et reposer son corps fragilisé par un tu n'sais quoi que tout le monde semblait vouloir lui faire payer. T'as pas hésité à buter l'un de vos frères qui s'en prenait constamment à Mikhaïl. Ton tout premier meurtre, t'étais pas peu fière à l'époque même si aujourd'hui tu pourrais éventuellement peut-être demander pardon. Ou quelque chose qui puisse y ressembler, faut pas abuser. Vous n'avez rien demandé. Vous n'avez pas décidé de vous faire adopter par les services de renseignement militaires alors qu'vous étiez encore qu'une bande de chiards, encore moins à faire partie de ce projet encore chaud visant à créer une escouade de soldats parfaits. Surentraînés, à la condition parfaite. Malgré tout, ils n'y sont pas allés assez fort pas vrai? Pas assez pour détruire ton âme bien au contraire ils n'ont eu de cesses que d'alimenter ce feu dévorant des entrailles, grondant à l'intérieur de toi pour continuer de te laisser t'embraser. T'es devenue la meilleure dans ce que tu fais et c'est en les faisant imploser qu'tu sauras les remercier pour cette vie volée. La femme qu'tu ne deviendras jamais car t'es trop pourrie pour ça. Tu t'marres à l'intérieur de ton casque alors qu'tu r'penses à un truc que l'agent Cohle t'as balancé lors de votre petite entrevue. "Je ne vous laisserais pas vivre en paix. Vous ne l'avez pas encore mérité." Tu n'l'auras jamais ce droit, tes mains sont bien trop ensanglantées pour ça. Tu f'ras au moins d'ta mort un truc grandiose. Quelque chose qui restera dans les mémoires.
L'deux roues sur la béquille, l'casque sous le bras et l'air mauvais t'pénètres dans l'un des bars de nuit où t'as l'habitude d'aller noyer ta couenne jusqu'à l'ivresse morbide. La vodka rapidement en ta possession, ton esprit s'égare dans la pénombre laissant tes prunelles noires et vitreuses se perdre dans l'vide. Tes sens sont en alertes, ton sang bat dans tes tempes. L'endroit est bien trop calme, manque clairement d'animation à ton goût. T'attends l'moindre prétexte, la moindre petite chose pour bondir tel un puma sur sa proie. T'as boîte à seringues fidèle à ta ceinture ne demande qu'à servir. T'aimes que trop voir la bave à la bouche de ces bâtards alors qu'ils s'mettent à convulser sur le sol l'aiguille toujours plantée dans la veine que tu choisis avec un goût toujours très fin. Le poison? Une arme de femme? Peut-être, mais ça ne serait que reconnaître encore une fois votre supériorité. Tes poisons sont cruels, infaillibles, sophistiqués. Tu es la seule à posséder les antidotes à connaître leur composition. T'as eu tellement de temps pour apprendre, t'améliorer toujours plus. Tu pourrais intoxiquer une bonne partie du queens si tu le désirais vraiment. Au lieu d'ça tu t'contentes de semer la pagaille dans les clubs ou les pubs, tu fais pas vraiment de distinction. Repères à connards dans lesquels ton âme errante vient punir ici ou là les imbéciles ayant prit l'risque de se frotter à toi. Longues sont les minutes qui passent, qui défilent plus rapidement qu'tes shooters alors que la bouteille; elle, se vide à vue d’œil. C'est dans un grognement qu'tu t'tires de ton siège pour gagner l'bar et menacer l'gringalet pour qu'il te dégote une vodka fraîche et non cette merde tempérée qu'il a pu t'servir plus tôt. Enfoiré.
C'est bredouille, qu'il s'en revient après quelques minutes d'absences. Tu feules de façon sonore, couvrant presque le brouhaha environnant. L'voilà le grand gagnant d'ta soirée, il en fallait pas moins pour t'contrarier. Ton poing s'abat contre la poitrine du barman mal-assuré alors que ta force suffit à le faire valdinguer par dessus le bar vous séparant. T'aurais pu t'en prendre à c'pauvre gamin et lui refaire le portrait façon pablo picasso. Au lieu d'ça t'as un coup qui fuse en ta direction et qu't'esquives de peu. Tu lâches ta première proie pour une bien plus intéressante et décidée d'en découdre avec toi apparemment Tri. Occasion d'te défoulée servie sur un plateau d'argent, c'est sans réfléchir que le déclic se fait en toi. Le quart de seconde plus tard c'est ton corps qui vient choquer avec élan l'fils de chien t'ayant arrêté dans ta punition. Coude contre son arcade sourcilière qu'tu peux sentir craquer peu à peu l'animation prend autour de vous comme du feu aux poudres pour déclencher une énième bagarre générale. Tu dois être la plus grosse fouteuse de bordel de toute la grosse pomme, ça Houna t'peux en être persuadée. Combien t'en enchaînes des soirées dans c'genre là où tu finis plus amochée qu'à l'allé? Tu t'retrouves arrachée du corps sur lequel tu r'poses à califourchon pour rouer de coups l'blond piégé par l'entrave de ton corps. Tu cognes comme tu le peux, les choses se font vites. Comme tu l'aimes. Tu t'manges un coup dans une de tes pommettes t'faisant sonner les cloches. Plus d'réflexions alors que tes doigts filent tout contre le bas de ton dos, faisant ouvrir ta boite métallique contenant une dizaine de seringues. Anesthésiant ou cocktail mortel tu laisses le hasard décider. L'bouchon de l'aiguille saute et c'est avec force que ta paluche resserrée contre la fiole de verre vient abaisser l'poussoir. Rouge ou bleu? La sieste ou les convulsions douloureuses? Le corps tombe à terre, lourdement. Tu passes au suivant, nouvelle seringue entre les mains alors qu'tu te retournes furieusement prête à abattre à nouveau ta haine empoisonnée.
Mais cette fois, ta seringue te roule entre les doigts. Ton cœur se met à vibrer frénétiquement dans ta poitrine lorsque tu réalises qui tu aurais bien pu blesser si tu ne t'étais pas arrêtée à temps. Ton regard noircit par la colère et le désir de casser des gueules se porte contre l'homme face à toi. Bordel de merde, de toutes les retrouvailles possibles il fallait que tu retrouves Mik' ce soir, en plein chaos que t'as instauré. Faut dire qu'au moins, tu lui auras déroulé l'tapis rouge pour sa putain d'présence. Ton poing vole, s'abat contre son visage. T'as presque l'souffle coupé tant la surprise est présente, ton corps se tend un peu plus alors que tu l'jauges de haut en bas. T'sais pas Tri, si le reste de vos frères ont réussi à lui r'tourner le cerveau. T'sais pas c'qu'il c'est passé après ton petit coup d'état. T'as été de nombreux mois en cavales, t'as réussi à fuir la GRU et à brouiller les pistes. Siém tu lui as laissé des indices pour qu'il puisse te rejoindre. Meurtres sanglant à Paris, puis un règlement de compte à Naples. Corps de mafieux retrouvés sans vies à Montréal, dossier de l'empoisonneur ré-ouvert à Chicago après un bref pied de nez de ta part. Si une personne au monde peut bien prétendre te connaître par cœur, sur le bout des doigts c'est bien Mikhaïl. "T'en as mis du temps!" Qu'tu gueules en russe à son encontre tout en l'attirant à toi un bref instant. Tu viens déstabiliser l'homme voulant le prendre dans le dos armé d'un cadavre de bouteille foutrement affûté. C'est finalement contre ce dernier que ton aiguille s'abat, furieuse. Pas de bol pour lui, ayant hérité du poison rougeâtre laissant son corps s'agiter de façon frénétique au sol. Tu raffermis ton étreinte contre le bassin du brun à qui tu viens d'éviter un méchant coup dans l'crâne pour laisser tes opales contempler les siennes. Enfin, tu retrouves ta moitié. Ton ombre, ton reflet.