bribes de souvenirs qui resurgissent en pleine nuit. mouvance du rideau dont la légèreté se lit aux travers des mouvements lents qu'il crée, au gré de la brise. cachexie du corps, dont le visage au teint exsangue, enfoui dans un oreiller, est ceint de larmes ensanglantées. un h u r l e m e n t étouffé, et enfin des visions.
FLASH – FLASH – FLASH.
la génitrice est familière au goudron maculé d'
i g n o m i n i e. il s'en est toujours défendu, mais
b y r o n sait d'où il trouve ses origines : il les tient d'une
p u t a i n altière aux pensées viscérales, qui se tord la silhouette pour les
f a s t e s p r é s e n t s d'une clientèle argenteuse. elle a les lippes imbibées d'une peinture coruscante et les lèvres qui dévouent pour les
incessants quémandages des hommes et de leur
perversion intrinsèque. il y en avait eu des signes,
pourtant. elle les voyait, mais préférait les ignorer au profit de sa propre
c h u t e. elle les sentait, au fond d'elle, mais elle faisait abstraction de leur
existence, espérant secrètement qu'en y pensant plus, elle les verrait
disparaître.
fantasmes utopistes et chimériques d'un monde
c r u e l où
n u l n e l a i s s e p l a c e a u x r ê v e s, ils sont de ces raisons qui ont conduit l'avilie matrone à dissimuler sa progéniture aux yeux du monde – enfant haï écarté de
l'effervescence new-yorkaise pour ne pas importuner le
dévergondage maternel.----------------
la mauvaise graine, c'était
l u i. il n'avait été que le prototype, l'échantillon, le
b r o u i l l o n de sa mère.
sœur n'est point
l'ébauche qu'a été son frère – elle est la consécration de sa créatrice, le résultat final de l'éternel désir d'enfanter après l'échec de la première tentative,
cinq ans après.
sœur est différente, différente de
b y r o n.
parangon d'
i n n o c e n c e,
idéal v e r t u e u x,
candeur v i r g i n a l e : elle est le
n a c r e de la coquille, le
d i a m a n t dans la roche.
pureté inégalée pour la brutalité d'un p a n d é m o n i u m terrestre – elle n'est pas à sa place, au
queens : elle est trop douce, trop fragile, trop
faible pour ce monde qui lui veut du mal. alors elle se retranche,
sœur, et s'enferme entre les bras efflanqués d'un frère, dont la désinvolture assassine l'aura conduite à la
m o r t.
----------------
le taudis est de ces
somptueux néants qui grésillent au rythme des inhalations nasales de ses occupants. il est de ces
épaves fumantes aux
exhalaisons psychédéliques qui se déguisent en
empyrées s y n t h é t i q u e s à mesure que la
d é p r a v a t i o n envenime ses locataires.
b y r o n ne fait pas exception à la règle et s'enivre aux
procédés morphiniques, à défaut de se
dévorer plus qu'il ne
consomme. il trouve ainsi dans son
p a r a d i s a r t i f i c i e l un
catharsis où il peut peindre ses maux sans peine, avec la
singularité dégénérative qui l'a toujours défini.
armature anthropomorphe aux flancs saillants, il
s'éprend, s'entiche, s'amourache à ce qui tombe entre ses phalanges immaculées. il jouit des
v o l u p t u e u x a g r é m e n t s que lui lègue la
bonne fortune aux dépens de sa santé
déficiente, alternant entre les
délectations que lui procurent les
substances métamphétaminiques dont il se substitut.
lente a g o n i e du gamin au passé
m é p h i s t o p h é l i q u e, il
crie en silence ses peines en agitant le drapeau blanc, espérant trouver en sa première rencontre son
s a u v e u r. ----------------
guéri. c'était ce qu'on lui avait dit.
' tu vas g u é r i r '. déliquescence émotionnelle reprochée,
nomadisme psychique critiqué. il est peut-être
fou, b y r o n. ou peut-être qu'il ne l'est pas.
pédantisme exacerbé, gestes exagérés – tout porte poutant à croire qu'il est de ces personnages
aliénés dont on parle peu, dont on évite l'évocation. un souffle, un sens, une phrase :
' v o t r e e n f a n t e s t u n d r o g u é ! ', et le haussement éreinté d'une mère
l a s s é e, loin d'être étonnée :
' oui, et alors ? '. elle
indigne,
la matrone importunée, dont la
c o n d e s c e n d a n c e n'a de cesse d'
horripiler ses détracteurs. elle
choque,
la génitrice,
asphalteuse froissante au ton
acerbe, aux
multiples scandales et aux
propos injurieux. elle les
outrage – la
presse publique, les
ecclésiastiques, et les
services sociaux, tous s'
étonnent d'une
franchise aussi
cassante, et maudissent
m è r e de sa
cruelle honnêteté. alors ils lui enlèvent ses
progénitures , ses touts, ceux qu'elle a
prétendument chéri toute sa vie, et les placent dans des familles
inconnues avec la promesse d'une
guérison. sœur et
b y r o n sont les
e n f a n t s t e r r i b l e s dont
n u l ne veut s'occuper – des
bambins opiomanes,
t o x i c o avant les seize bougies. leurs
psychologues les encouragent à poursuivre leur cure, mais
b y r o n n'entend rien,
b y r o n ne veut
rien entendre. la
thoracique en guise de
columbarium, les
poumons changés en
catacombes, il n'a, le
palpitant en fusion, plus les idées claires, et se lance dans une lutte effrénée contre les
cellules qui l'empêchent d'aller à la rencontre de son éternelle confidente, sa
marie-jeanne. mais il
brûle,
b y r o n. il est une
b o m b e à r e t a r d e m e n t qui menace d'
e x p l o s e r à tout moment. dans les locaux, c'est
l' i n c e n d i e,
l' a p o c a l y p s e – les flammes
ardentes qui assaillent les cabinets détruisent à
petit feu le bâtiment et annihilent tous ses
e s p o i r s d'
abandon t h é b a ï q u e.
inévitable chute du damné, déchéance certaine de l' a r c h a n g e. ----------------
sous le stratum citadin grouille dans les bas-fonds de son immeuble la
d e n r é e la plus précieuse du
queen's. elle est de ces marchandises
inestimables que l'on troque contre un abonnement monétaire élevé, de ces biens que l'on n'échange qu'en s'assurant de la
c o n f i a n c e que l'on peut accorder à ses
clients. b y r o n se voit
c r o q u e - m o r t ensevelisseur, épiant ses
m a c c h a b é s avec le profond dégoût que lui inspirent ses
a f f a i r e s. c'est sous un
costume différent qu'il effectue la transaction avec la clientèle, revêtant les vêtements d'un
garçon de p i z z a, livreur apocryphe réduit à un poste dégradant à l'artiche aisée.
sœur n'aime pas sa
situation : elle le lui a déjà dit.
sœur lui répète inlassablement le danger de ses liaisons et ne cesse de l'avertir à ce sujet, se heurtant au mépris de son
frère et à
la f r a î c h e u r de son
ignorance. il croit avoir sa place dans les hautes sphères,
b y r o n, et pense pouvoir se
hisser au même niveau que les dirigeants
autocratiques qui ont détruit sa vie. il se persuade une destinée semblable aux protagonistes de
de palma et ambitionne une ascension pareille à celle de
montana. or, à l'instar du héros principal de
scarface,
b y r o n oublie que tout bonheur concède à une fin brutale –
abdication v e r t i g i n e u s e m e n t tragique, à la manière de la feue frénésie de son existence débridée, rompue par le
m a l h e u r et l'
a b a t t e m e n t infligée par
l'irrévocable fatalité de la
vie.
' si l'aiguille saisit, l'éclipse, elle, est d'autant plus fascinante. '
----------------
sœur est morte un lundi d'une
o v e r d o s e médicamenteuse. c'était une version euphémistique de son suicide.
personne ne l'avait vu venir.
il y en avait eu des signes, pourtant. sœur disait souvent qu'elle se sentait mal dans son bahut. que les gens ne la comprenaient
pas. qu'elle était une
m a r g i n a l e ;
un peu comme lui à l'époque. elle s'était crue
paria au debut.
embardée. à l'
écart. prisonnière de sa
t o u r d ' i v o i r e, insoumise aux
impérieux diktats systémiques. les gens la trouvaient étranges,
sœur, avec son teint
blafard et son côté
anémique. un peu perdue, égarée dans les
méandres de ses souvenirs
tourmentés. elle les lui confiait, de temps à autres, et, quand l'envie lui venait,
s'exhortait à lui avouer à quel point elle pâtissait de la
cruauté humaine et jusqu'où elle était prête à aller pour s'ôter de
l'inhérente affliction qui la démangeait. malgré ça, il n'écoutait pas,
b y r o n, trop absorbé par le
renflouement de son compte aux
innombrables billets, rares
bénéfices de sa vie de
fossoyeur.
abattue par un énième affront,
sœur mit fin à ses jours avec un dosage
excessif d'ecstasy dans sa chambre, dit-on, entre une heure et deux heures du matin.
n é c r o s e irréversible d'un cœur endolori,
frère s'en veut désormais et
prie pour un retour en arrière, les
perles opalescentes roulant sur son faciès
hâve.' mais n'oublie pas, toi aussi, qu' un jour, ta morgue te tuera. '
----------------
- Citation :
- e n v r a c : suit régulièrement les séances d'un psy du queens qui lui est attitré. tient depuis un carnet de dessin où il expose ses pensées les plus intimes. a été contraint de s'inscrire à un club de théâtre pendant sa cure. a fait une tournée à travers tout le pays pour jouer roméo et juliette. interprétait la végétation dans l'arrière plan de la scène. ne boit plus de café. préfère se rebooster à la mdma. consomme sa propre drogue depuis deux ans. cultive derrière son bat. pantin d'un groupe de dealers. victime de ses employeurs. lui arrive de faire des choses stupides quand il est defoncé. séjourne dans un appart avec deux de ses amis. ne paie rien. casse la verrerie de ses colocs à grand coups de club de golf. se fait appeler tiger woods par sa deuxième personnalité. est persuadé qu'il est schizophrène. peut être l'est-il vraiment. écoute régulièrement ac/dc. complote secrètement contre l'état quand il est high. profondément communiste, voir anarchiste selon son humeur du jour. est persuadé d'être la réincarnation de pablo escobar. fan de star wars mais déteste l'art de steven spielberg. ne comprend pas tarantino. a enter the void pour film préféré. membre actif de la twittosphère. traîne encore sur msn. un brin pyromane. pense que les années quatre-vingt étaient nazes même s'il n'était pas encore né. déteste les chats. se balade dans le queen's contemporain en skate. y crèche. trouve le chocolat chaud dégoûtant. vierge en astrologie. baise avec des prostituées en songeant quelques heures après que ces meufs auraient pu être sa mère. commence à croire que le complexe d'œdipe est bien réel avant de se resaisir et de se dire que la drogue, c'est mal, et qu'il vaut mieux pour lui qu'il arrête. puis fume un dragon dix minutes plus tard. n'a pas connu son père. ne sait pas tenir un crayon entre ses doigts sans trembler. mauvais scolairement. a appris à lire il y a six ans. foncièrement stupide. se pose des questions existentielles en pleine nuit. parle pendant son sommeil. pense être somnambule même si ses amis attestent le contraire. surfeur des rêves. entend encore la voix de sa sœur dans ses cauchemars. be kind, rewind.