« Everyone wants to hear every detail about your recent break up » : RUM {RILEY&ANYA}

(tellement sombre que mon ombre est plus claire que moi)
ft. @anya reznikov

Tu ne sais pas si il est réellement deux fois plus interessant pour toi, que pour une de tes collègues ton boulot mais t’hoches vivement de la tête quand même. Car t’es super fière, t’es émerveillée par les rencontres que tu fais. T’as beau avoir enchainé ces derniers mois les couvertures de magazines, appris à connaitre des figures phares de la mode en tant que créateurs et aussi en tant que model t’as toujours le regard de l’enfant émerveillé quand t’arrives sur les milles et un lieu de travail que t’as. Tu remercies à chaque fois les gens, les photographes, les managers car sans eux tu n’aurais pas la carrière que tu as actuellement. C’est pas ton petit sourire mignonnet et ton nez cabossé qui t’aurais propulsé si haut si rapidement. Et puisqu’il faut casser les mythes, arrêter de laisser le commun des mortels s’imaginer que vous les mannequins vous êtes magnifiques quoi qu’il advienne t’expliques à Anya qu’en réalité, si vous ne preniez pas 20000 photos par secondes pour en poster une seule, vous aussi vous ne posteriez pas aussi souvent. Sauf que c’est votre job de poster, qu’à force de vous entrainer effectivement vous limitez la casse en connaissant vos meilleurs profils, les poses qui vous mettes en valeur ou pas. Mais la jolie rousse n’a pas l’air de pleinement te croire et tu soupires, ris face à un tel aplomb quand elle parle « des filles comme toi ». Si seulement ce que les filles comme toi font pour être aussi jolie, ce qu’elles endurent pour ne pas dépasser un certain poids, les douleurs aux pieds que vous supportez à être bien trop souvent perché sur des échasses…

- Tu sais que les filles comme moi on a des maquilleurs ? Des coiffeurs professionnels ? Qu’on passe des heures à nous préparer pour être parfois descendu par la presse et même par nous-même car ça ne va pas quand même ? On n’est pas si belle hein, enfin… Je pense que n’importe quelle fille avec un minimum de potentiel peut être magnifique si tu la prépares un peu … Après bien évidemment la mode fait qu’il y a des critères spécifiques mais je parle pas de beauté des magazines ou des podiums mais juste de beauté qu’on peut croiser dans les rues et qui sont parfois bien plus éloquente que le petit panel restreint qui se retrouve en une des journaux…

Et t’y crois dur comme fer à ton monologue, c’est avec le sourire que tu le dis tout ça à Anya qui s’intéresse soudainement à ta carrière future. Est-ce que tu vas finir par te tourner un peu plus vers la création ? Est-ce que tu te plais finalement dans le mannequinat uniquement ? Bien des questions que tu te poses toi aussi, comme énormément des jeunes de ton âge tu ne sais pas trop de quoi sera fait demain, si t’auras le cran de te lancer dans une nouvelle voie. Parfois ça t’angoisse, parfois te fait rêver. Mais en attendant t’hausse les épaules et vient siroter le cocktail secret de la miss, fait glisser ton doigt tout le long du buvant de ton verre et lui répond finalement :

- Je sais pas trop, rare sont les personnes qui arrive à faire une marque qualitative, j’ai pas envie d’être l’énième nana qui lance un truc après avoir légèrement fait le buzz tu vois ? Donc je te dirais que c’est à réfléchir mais pour le moment je vais vivre à fond des défilés et on verra bien pour l’après, je pense j’ai encore quelques belles années devant moi si tout va bien …

Si tu ne foires pas tout d’ici là, si tu ne ternis pas ton image. Et pour ça, faut pas que tu te montres ivre dans les rues de Manhattan, rappel à l’ordre que ta nouvelle copine te fait d’ailleurs. Et ça te fait minauder, tu viens tout de même boire d’un cul sec la fin de ton dernier verre puisque tu sais qu’à partir de maintenant plus rien ne te sera servi car t’en a trop dit sur ce que tu dois faire ou non.

- Mouais… C’est bon… J’arrête là maman …

C’est pas de gaité de cœur que tu prends cette décision, mais tu sais que c’est pour le mieux. Car l’alcool n’arrangera pas la situation. Faut juste que t’apprennes à vivre sans ce connard de Solal, que t’arrive à faire ton deuil de cette relation. C’est pas impossible, va juste falloir te faire patience. Et un jour tu l’oublieras ce norvégien, un jour il ne sera plus qu’un vieux souvenir qui te rappellera pourquoi les hommes ne méritent pas les femmes. Et pour oublier, rien de mieux que de s’intéresser à la vie des autres, celle d’Anya et celle qui partage son quotidien depuis quelques temps apparemment. Jeune fille qui semble bien gentille et agréable de par ce qu’elle te dit mais toute à la fois bien mystérieuse, peut-être trop même. A la tête que tire la barmaid tu comprends qu’elle est quasi sure que sa petite amie lui cache des trucs et tu sais pas trop quoi dire, une première fois t’ouvre la bouche puis la referme pour réfléchir, avoir un minimum de tact même si l’alcool est mêlé à ton sang. T’as pas envie de dire des conneries, pas à ta sauveuse de la soirée alors une fois que t’as tourné au minimum sept fois ta langue dans ta bouche tu libères enfin les mots :

- Mais tu penses que c’est par rapport à son passé … ? Qu’elle cache des trucs actuellement … ? Après je la connais pas mais y’a des évènements du passé qui mérite pas d’être remué tu vois le genre ?

Compliqué d’analyser quelqu’un que tu ne connais pas mais t’as envie de rassurer la rouquine face à toi, alors t’ajoute tout aussitôt :

- Après ça fait quoi ? Quelques mois que vous sortez ensemble ? Peut-être faut lui laisser le temps de se dérider, de t’apprivoiser et te révéler certains trucs ? Peut-être qu’elle se rend même pas compte qu’elle laisse un certain mystère planer autour d’elle. Y’a des gens comme ça, ils sont ténébreux, mystérieux de nature ….

T’hausses les épaules, repense à Solal qui a toujours été évasif au sujet de sa vie personnel et familiale avant que vous ne deveniez complice. Solal… Encore là pour s’immiscer dans tes pensées. Ça t’agace et sans t’en rendre compte tu secoues la tête comme si ça allait le faire déguerpir de tes pensées avant de te remettre à écouter et regarder la serveuse te dire ce qu’elle a sur le cœur.

Alcohol

❝ First you take a drink, then the drink takes a drink, then the drink takes you. ❞

Anya, elle idéalise un peu trop toutes les personnes qui l’entourent et qui gravitent autour d’elle. Elle a l’impression constante qu’elle est moins belle, moins intelligente, moins drôle, moins ci, moins ça, que toutes ces filles géniales qu’elle croise à longueur de journées et qui l’éblouissent. C’est notamment le cas de Riley, cette jolie blonde au cœur brisé qui est venue s’échouer dans son bar. Elle se demande comment des filles comme elles peuvent connaître la déception amoureuse, alors qu’il leur suffirait de sourire à un inconnu pour qu’il tombe irrémédiablement sous leur charme. Anya est trop idéaliste à penser qu’il n’y a que les filles insignifiantes dans son genre qui peuvent être touchées par les chagrins d’amour. La première règle de l’amour n’est-elle pas que l’on obtient jamais ce que l’on désire plus que tout au monde ? Pourquoi Riley y échapperait-elle sous prétexte qu’elle gouverne le monde par sa beauté ? Elle n’est jamais qu’un être humain, comme les autres. Et ce n’est pas parce qu’elle brille comme un astre lumineux au milieu de ce bar qu’elle risque moins d’être rongée par les ombres de la peine à un moment donné. « Non mais t’as probablement raison, j’suis sûrement aveuglée par l’image que j’ai de toutes ces filles parfaites qu’on voit sur les réseaux sociaux et qui ont l’air d’avoir le teint frais même en sortant du lit. Mes complexes doivent pas m’aider à être objective non plus j’imagine. » Anya, elle a pas tant de raison que ça d’être complexée si on en croit les photographies de mannequin servant de couvertures aux magazines. Elle est pas bien grande, mais elle a un joli visage et un corps avantageux. Elle n’a pas une figure inharmonieuse, des dents de travers, un strabisme à mourir de rire,… Mais elle trouve toujours un défaut, quoi qu’il arrive. Anya l’éternelle insatisfaite, l’éternelle complexée. Elle attrape un verre au hasard et le plonge dans l’eau mousseuse de la vaisselle, écoutant toujours d’une oreille attentive le discours de Riley, qui tente de lui expliquer ses perspectives pour l’avenir. La rousse réalise alors qu’elle crève de mal au dos et elle essaye de se redresser, l’échine trop courbée au dessus de son évier, ce qui ne doit pas aider à rendre les heures passées debout moins douloureuses. Elle crèverait d’envie de poser son cul sur un tabouret, elle aussi. Heureusement, c’est bientôt la fin de son service. « Ouai, je vois. T’as pas envie de lancer une marque juste pour lancer une marque, quoi ? Tu veux te démarquer, proposer quelque chose d’innovant ? » Et c’est le meilleur moyen de marquer les esprits, de graver son nom dans les mémoires pour les décennies à venir. Riley a déjà tout de l’étoffe des businesswomen.

La jeune femme finit son dernier verre d’une traite tandis qu’Anya range le sien parmi les autres sur une étagère. Elle est pas peu fière de voir que sa cliente a fini par écouter ses sages conseils pour abandonner l’alcool, ce remède éphémère, pour lui préférer de plus sages décisions. « C’est une excellente idée, mon chat. » lui souffle-t-elle avec un sourire malicieux, lui volant son verre pour le plonger dans l’eau tiédasse. C’est elle qui se retrouve alors sous les feux des projecteurs. Elle, la barmaid à qui on pose jamais de questions, parce que tout le monde se fout de sa vie en temps ordinaire. Les clients, ils sont là pour passer un bon moment, ou en oublier un mauvais, pas pour jouer les psychologues de bas étage dans un bar miteux. Mais pour une fois, la jolie rousse est bien contente qu’on lui renvoie l’ascenseur, qu’on s’intéresse un peu à elle. Ça lui fait presque bizarre, et elle a un peu de mal à trouver les mots. Elle se demande d’ailleurs si elle en dit pas un peu trop sur sa vie sentimentale. Riley est une stricte inconnue, après tout. Même si elle a l’air extrêmement sympathique, on est parfois surpris quand on découvre le véritable visage des gens. D’ailleurs, elle a l’air d’énormément réfléchir avant d’oser formuler sa première phrase, comme si elle avait peur de dire une connerie impardonnable. Et elle a peut-être raison de se modérer au vu de la quantité d’alcool qui coule dans ses veines. « Franchement, je saurais même pas t’expliquer exactement parce que c’est juste une impression, en fait. On dirait qu’elle me cache des trucs sur des pans de sa vie mais… Je serais bien incapable de te dire si ça concerne son passé ou sa vie actuelle. C’est juste… Un pressentiment. » Elle hausse les épaules avec une mine résolue, ne sachant pas trop quoi ajouter à ce sujet. « J’crois que t’as raison, j’me fais sûrement des idées ! » Elle balaye sa moue inquiète avec un ravissant sourire, relevant ses rétines noisette vers la jeune femme qui se tient toujours devant elle. Elle préfère clore le sujet avant de tomber sur une épine qu’elle pourrait s’enfoncer dans le pied, et qu’elle ne pourrait plus être en mesure de retirer. « Bon… J’finis mon service dans dix minutes… Tu veux que j’te dépose chez toi ? » C’est pas vraiment une question, parce que même si Riley refuse par politesse, Anya va insister jusqu’à ce qu’elle accepte. La barmaid balance son torchon sur le bord du comptoir et attrape son sac à dos, posé à ses pieds. Elle le balance sur son épaule, pas mécontente de pouvoir enfin quitter cet endroit infâme pour rentrer chez elle.

(c) sweet.lips

Spoiler:

(tellement sombre que mon ombre est plus claire que moi)
ft. @anya reznikov

Et si seulement elle savait Anya, si seulement elle savait que même les filles « comme toi » ont des complexes, se sentent comme de la merde en regardant les magazines de mode et la concurrence lors des shootings photos et défilés. Mais tu ne le dis pas, car surement qu’elle te répondrait que si toi, t’arrives à te faire du sang d’encre alors ne parlons pas du commun des mortels. Mais malheureusement, c’est une réalité. Faire le métier que tu fais ne t’a pas donné plus de confiance en toi, bien au contraire t’es tellement tout le temps jugé par tout le monde que tu ne connais plus ta propre valeur tristement. Alors tu te contentes de lui sourire pour ne pas recommencer un débat sur le sujet, tu regardes la jolie rousse plonger la vaisselle dans l’eau, laver les quelques verres qui traine avant de se mettre à les sécher à l’aide d’un torchon tout en sirotant ton dernier verre. Tu ne lui demande même pas si elle est fatiguée car celle-ci se lit aisément sur ses traits. Anya elle a le visage expressif, tu ne la connais que depuis une petite heure mais t’as aucun mal à décrypter les émotions qui traversent son visage. Comme lorsqu’elle te demande si t’as des projets pour le futur, que tu lui parles de ton envie de faire quelque chose de bien, de ne pas juste juxtaposer ton visage à une marque. T’as beau lui parler d’un truc dont elle ne connait surement rien, tu la sens intéresser, tu te sens écouté comme trop rarement et ça fait du bien, ça fait un bien fou de ne pas considérer uniquement comme un corps, un visage agréable mais aussi quelqu’un qui a de la conversation alors bien sûr t’es toute joyeuse quand elle met le doigt sur ton envie.

- C’est exactement ça ouais ! Si c’est pour faire l’énième gloss translucide ou même faire du copier-coller de Zara je préfère m’abstenir, donc ça prendra surement du temps, peut être que j’y arriverais jamais même mais voilà, ça serait ça mon but final.

Et quand tu finis de parler, tu sens que t’es un peu trop surexcité. La faute à la bibine, tu sens que t’as plus le contrôle de tout ce que tu fais. Alors c’est décidé, ce verre sera bel et bien le dernier. Et tu le dis, pour être certaine qu’Anya ne te laissera plus boire à partir de maintenant sans quoi, tu finirais dans un état lamentable. Pas le temps pour les niaiseries qu’elle attrape ton verre vide et se met à le laver et en regardant l’heure, tu comprends vite pourquoi elle se bouge à tout mettre en ordre. Il est prêt de quatre heure du matin, le temps a filé si vite que tu t’es même pas rendu compte qu’actuellement en ces lieux, il ne reste que les habitués et ceux qui sont trop saoul pour bouger tout de suite.

- Eh bah … Ça c’est bien vidé …

Que tu dis avant de te tourner de nouveau vers la rousse, te mettre à lui poser mille et une questions sur son couple. Car t’es curieuse, que t’es pas du genre à te dévoiler et maintenant qu’elle en sait bien trop sur toi, tu veux en savoir bien plus sur elle. Mais t’as pas envie de la braquer la barmaid, t’as pas envie d’être trop indiscrète. Surement que ça se voit, que tu te fais peu discrète par ta condition de saoularde et que t’ouvres trop ta bouche pour trouver tes mots. Mais quand tu finis par parler, t’as pas l’impression qu’elle prenne mal ton indiscrétion. Au contraire, elle se livre à toi. Te dit qu’elle soupçonne des fois sa petite amie de ne pas tout lui dire, alors t’essaie de creuser mais elle n’en sait trop rien Anya. Elle s’imagine alors que c’est une simple impression et t’hoches de la tête, car malheureusement t’as pas le don de savoir si les gens mentent ou non, t’as même pas été capable de comprendre que ton ex était en couple avant de le revoir alors à partir de ça …

- Aller ne t’inquiète pas, il faut parfois du temps avant de parler de certaines choses et des fois il y a juste rien à dire, t’es peut-être juste avec une femme naturellement mystérieuse qui sait ?

Un éclat de rire qui t’échappe, les perles salines que tu viens essuyer aux coins de tes yeux. Tu te moques absolument pas d’elle et de sa relation mais t’es tellement bourré que tu gères absolument pas ton fou rire. Et voilà que la jolie barmaid t’avoue qu’elle finit d’ici une dizaine de minutes son service, qu’elle veut bien te ramener. T’arrête alors de rire, la regarde des étoiles pleins les yeux tout en sortant de ton sac à main de quoi payer les quelques verres que t’as bu à son comptoir. Un gros pourboire que tu lui met au creux de la main en souriant en disant :

- Ok, pas de soucis je t’attends à l’extérieur je vais m’en griller une en attendant … Merci beaucoup Anya. Vraiment, merci.

Et déjà, à tatillon tu te lèves de ton siège, te dirige vers la sortie sans trop tituber sur tes hauts talons. La fraicheur de la nuit qui te met une bonne claque, une clope que tu demandes à un passant car en partant de chez toi t’as jamais pensé que t’aurais besoin de t’en fumer une. Et tu l’attends la poupée, te répètes que t’as intérêt de lui demander son numéro de téléphone avant d’arriver. Faut pas que tu laisses filer une amitié avec une aussi gentille fille.