Dude, what's wrong with you ?

Deux semaines étaient passée depuis cette bombe.
Raf tournait en rond chez lui depuis un peu trop longtemps pour qu'il n'apprécia pas l'idée de le quitter. Il avait beau vivre dans un loft bien trop loin pour lui tout seul, il se sent mal, comme étouffant par les maigres souvenirs brûlant du passage express de Tessa.
Tessa... pensa t-il, ressentant une profonde tristesse notamment par leur dernière discussion, cette fichue rupture qu'il n'avait vraiment pas vu venir. C'était étrange parce qu'il pensait agir au mieux et malgré tout, jouer la mauvaise carte, peu importait la manière dont il se comportait avec elle. Surtout depuis qu'elle avait officialisé leur relation. Une petite chose le taraudait notamment cette étrange histoire concernant ce fameux Gautier.

Il se souvenait de la photo, de la complicité qui se lisait bien sur son téléphone mais qu'il ne connaissait rien de son existence. Et pourtant... Il avait cherché ce fameux visage qu'il savait avoir déjà rencontré quelque part. Ça tournait tellement dans son crâne qu'il n'essayait même pas de savoir où il allait. Il poussait des portes, il ressortaient, sans savoir où il voulait aller.

Il ne courait pas cependant.

Il était toujours dans son calme déstabilisant, à croire qu'il se laissait porter par son subconscient. En effet quelque chose d'étrange le pousser à mettre un pied devant l'autre. Car au plus profond de lui, il voulait savoir qui était ce putain de gros merdeux de Will et éclaircir cette histoire étrange concernant le Ludwig/Gautier. Il n'y avait aucun doute, ce mec se faisait passer pour deux personnes différentes, alors qui il était exactement. C'était bien ce qu'il avait l'intention de faire. De part ses connaissances, il avait clairement été révélé que ce Ludwig, le véritable Ludwig ne ressemblait pas du tout à ce Gautier et...

Sortant de ses songes en oubliant le fil de ces dernières, il resta immobile, son gobelet contenant son café noir fumant entre les mains. Il l'avait reconnu, elle. Tessa. Elle était dans un coin de la salle, cachant presque la tête de ce type de tel façon que Raf dû se tordre le cou pour voir son visage. Attend, elle avait qu'elle.. était amoureuse de ce Will.. qu'est-ce qu'elle fout avec Ludwig ?... Il prit le temps de se ressaisir, se poussant pour ne pas gêner le flux de la file des commandes quand tout d'un coup, il les avait perdu de vue. Cherchant à droite à et gauche, cacher derrière une putain de plante verte : Regarde à quoi t'es réduit putain.. pensa t-il en sortant en trombe du café balayant la rue du regard. Il remarqua le dos de Tessa et de l'autre côté, ce mec. Ou en cas, sa veste. De toute évidence, il cherchait à se planquer.

Déterminé, il se rua dans la direction de Ludwig en chopant un billet de cinq dollars dans la poche. Une idée à la con lui vient en tête. Arrivant à le rattraper, il l'interpela : « Et le mec à la capuche, HEY !! » Il fallait prendre des pincettes même s'il en avait pas vraiment l'habitude. Il prit une profonde respiration en le hélant un peu plus fort : « Hé mec. T'as fait tomber ça.. » Entre ses deux doigts, il lui mit le billet sous le nez : « T'as pas envie de le récupérer. » Ce billet était une miette pour lui, et c'était tout ce que ce type valait à ses yeux : « Hey ! Je suis sûr que je t'ai vu quelque part toi. » Il plissa les yeux, faisant mine de réfléchir : « T'es pas un pote de Tessa, par hasard ? »

Deux semaines déjà que tu as avoué à ta meilleure amie ressentir la même chose qu’elle. Il aura fallu qu’elle te le dise franchement pour t’en rendre compte totalement. Des années à se fréquenter et ne pas remarquer l’évidence sous ton nez. C’était elle et personne d’autre. Enfin, tu avais enlevé tes œillères, au risque de faire voler en éclat votre amitié. Et c’est bien ça qui te faisait peur depuis tout ce temps. La perdre si jamais votre relation ne fonctionnait pas. Car tu savais que si vous passiez ce cap du couple, les choses ne seraient, dans tous les cas, plus comme avant. Et ne plus avoir Tessa dans ta vie n’était pas envisageable. Le mois que vous avez passé sans vous voir t’en a pleinement fait prendre conscience, comme les sentiments que tu peux nourrir à son égard. Mais force est de constater que depuis quinze jours tout va pour le mieux entre vous. Ça te fait bizarre d’ailleurs. Depuis que tu es en âge d’avoir des relations, tu ne t’es jamais vraiment posé en couple, enchaînant les conquêtes sans vouloir te retrouver piégé. Tout est nouveau pour toi et tu te sens souvent un peu nul. Un peu niais. Comme en cet instant dans le café où vous vous êtes installés alors que tu l’écoutes te raconter une histoire. Il suffit d’être un peu mieux observateur pour réaliser le regard d’un type amoureux alors que tu l’observes. Mais tu sais que tu ne dois pas te laisser aller. N’importe qui pourrait reconnaître les traits de Ludwig Braun, riche héritier censé être en couple avec une certaine Poppy, tout aussi riche. Alors, tu prends sur toi. Te redresse avant de caler ton dos sur la chaise et prendre une gorgée de ton café. Quand vous vous rendez dans les lieux publics, tu mets une certaine distance entre vous. Tu ne lui tiens pas la main lorsque vous marchez dans la rue, te contentant d’être à ses côtés les mains dans les poches. Comme deux amis en somme. Mais tu sais très bien que tune supporteras pas cette situation encore longtemps et qu’il va te falloir avoir une discussion avec Poppy.

Tessa et toi passez bien une heure dans ce café à refaire le monde, lorsqu’il est temps pour vous de lever le camp, la jeune femme démarrant son service d’ici une vingtaine de minutes. Dehors, vous marchez quelques mètres avant de vous éclipser dans une rue adjacente. Là, à l’abri des regards, tu l’embrasse comme si ta vie en dépendait. Faut dire que t’en crevais d’envie depuis toute la journée. Un baiser langoureux, plein de passion, avant que vos chemins ne se séparent, Tessa allant dans un sens et toi, dans l’autre direction. A peine quelques minutes plus tard qu’un type t’accoste. Enfin, tu supposes que c’est toi comme tu portes un pull à capuche. Alors, tu t’arrêtes, pivote vers cet inconnu qui arrive à ta hauteur. Et tu arques un sourcil alors qu’il te secoue un billet sous le nez. Tu es à deux doigts de lui dire que ce n’est pas à toi, mais finalement, tu te ravises. « Merci » que tu lui dis faussement reconnaissant, avant de prendre le billet et le glisser dans ta poche. Et alors que tu t’apprêtes à reprendre ta route, l’homme t’interpelle à nouveau. Apparemment, il te connait. Mais toi, tu as beau le regarder, son visage ne te dit rien. « Je pense que tu... » mais tu n’as pas le temps de lui affirmer qu’il se trompe de personne qu’il prononce le prénom de Tessa, te coupant dans ton élan. Et subitement, sans te l’expliquer, tu as un mauvais pressentiment. « Et toi tu es ? » que tu rétorques, lui renvoyant la question, sous-entendant ainsi qu’effectivement, tu connais Tessa et que cette dernière ne t’a, semble-t-il, jamais parlé de lui.

Il était sûr et certain que ce mec, c'était ce Gautier/Will dont Tessa n'arrêtait pas de parler et qui, était probablement, ce meilleur ami dont elle était tombée amoureuse. Il avait beau tenté de se raisonner et d'essayer de prendre les choses autrement, comme l'adage le disait : « Une de perdue, dix de retrouver » mais Rafaël était énervé, il était blessé dans son estime et il avait besoin de connaître la vérité. Il en avait réellement ras le cul de ces non-dits et d'en payer le prix à chaque fois. Il n'avait pas bien vu le visage de ce connard toujours est-il qu'il ne pouvait pas le louper. Forcément, il n'avait aucune idée de comment l'accoster et s'il n'avait pas ce vieux billet dans sa poche de jean, probablement délaver par plusieurs lavage d'un oubli, il aurait sûrement laissé tomber. Or, l'idée lui était venu comme une piqûre, ça lui brûlait les doigts.

MERDE ! Quand il se retourna finalement, Raf eut un mouvement de recul. Putain, je l'ai déjà vu quelque part. Mais où ?[i] Face à face, il pouvait enfin mettre un visage sur ce Will dont il avait toujours entendu parlé mais qu'il n'avait jamais rencontré jusque là. Enfin c'était ce qu'il pensait au départ jusqu'à ce qu'il entende sa voix : « Merci. » L'écho de sa voix dans la boîte crânienne de l'italo-américain ne fit quand tour. Ludwig. Poppy. La relation avait été rapide et soudain, il se sentit affreusement mal. Non seulement parce qu'il s'imaginait les pires scénarios existants et qu'en plus... [i]Ce bâtard se tapait la seule nana que Raf avait dans le viseur. Il fallait vraiment le vouloir pour ça. « Je pense que tu... » Il hésita à la simple évocation de Tessa ce qui confirma leur relation. Ils se planquent. Fallait pas être né de la dernière pluie pour avoir comprit ce fait mais pourquoi ? Forcément, avec les multiples identités de ce dernier, il devait forcément faire profil bas, collectionnant sûrement les femmes de son côté. Dont Poppy, par la même occasion.

- Et toi tu es ? » C'était peut-être le meilleur moyen de prêcher le faux pour savoir le vrai. Visiblement, Tessa ne lui avait pas parlé de lui ou montrer à quoi son dernier mec en date ressemblait. Une bonne chose pour Rafael. Ou pas. Il se sentait encore plus blessé : « Attend, je crois m'souvenir... » Il voulait la jouer fine, alors il sortit le prénom choisie par sa blonde : « Will, non ? Tu dois pas me reconnaître mais on s'est aperçu à une soirée.. Bref. Laisse béton, je t'en veux pas. » Il lui tendit la main : « Autant faire les choses bien : Wayatte. Enchanté, si je peux dire. » Jouant le jeu, il regarda autour de lui pour trouver une porte de sortie histoire de se sortir de la rue : « Bon, je sais pas toi, mais j'ai une petite soif, ça t'dit d'aller prendre un verre ? »

Tu marches tranquillement dans la rue pour rentrer chez toi, ayant quitté Tessa il n’y a même pas quelques minutes, que quelqu’un vient t’accoster. Un type que tu ne connais pas, qui affirme avoir un billet à toi. Tu le regardes, un air dubitatif sur le visage, et pourtant tu prends ledit billet même s’il a une sale tête. Clairement, ce n’est pas à toi mais malgré tout, tu fais comme si. Ton côté un brin profiteur qui prend le dessus en cet instant. Mais même si tu acceptes l’argent, tu restes méfiant. Tu sais que ce n’est pas à toi, que ça n’est pas tombé de ta poche alors… Pourquoi un type te donnerait un billet qui ne t’appartient pas ? Pourquoi ne garde-t-il pas l’argent pour lui ? Et finalement, il parle de ta meilleure amie et désormais petite amie. Subitement, ta méfiance s’accroît et c’est un regard suspicieux que tu lui lances tandis que tu le dévisages. Non, vraiment, sa tête ne te dit rien du tout. Et la suite des événements ne fait rien pour te mettre en confiance, même tout le contraire…. Ton faux nom fait irruption et ton cerveau mouline à cent à l’heure. Les seuls moments où tu utilises le pseudonyme de Will, c’est quand tu fais des soirées. Et les trois quarts du temps Tessa n’est pas avec toi puisque tu as – ou plutôt avait – l’habitude de rentrer chez toi en charmante compagnie... Ou alors, c’est avec tes potes et la dernière fois que tu as fait une soirée avec Tessa présente, cela remonte à plusieurs mois… Alors, oui, tu ne (re)connais pas tous les amis de la blonde mais tu as une curieuse manie, bien malgré toi et depuis toujours, de ne pas oublier le visage de ceux qui gravitent autour d'elle. Et son visage à lui ne te dit absolument rien… Ta petite alarme mentale se met en branle tandis que l’inconnu part dans des explications foireuses avant de te proposer d’aller boire un coup. Et tu ne peux empêcher un léger rire de s’échapper d’entre tes lèvres tandis que tu croises les bras, pas du tout enclin à serrer la main de ce menteur. Tu mettrais d’ailleurs la tienne à couper que ce n’est même pas son vrai nom. « Mec, j’sais pas qui t’es et clairement, j’vais pas aller boire un coup avec toi. » que tu dis d’une voix calme mais pourtant dure, tandis que tu le toises un peu. « J’sais pas pourquoi tu mitonnes comme ça mais si on jouait franc-jeu. Tu m’veux quoi ? » que tu enchaines rapidement, visage fermé, bras toujours croisés. Méfiant et pourtant curieux de savoir ce que cet inconnu te veut.

Rafaël n'était pas prêt à en rester là. Il s'était rendu compte que dans le mec qui se trouvait en face de lui, jouait trois personnes, trois prénoms. Alors qui était-il ? Will ? Gautier ? Ludwig ? Impossible à savoir, c'est pourquoi il était resté sur ce que Tessa avait bien pu lui raconter. D'après elle, elle était amoureuse depuis des années de son meilleur ami, prénommé Will. Par curiosité, il était tombé sur un échange étrange entre elle et un Gautier et après être tombé sur le mec en question, il avait reconnu ce certain Ludwig, sortant avec Poppy. C'était seulement à sa connaissance donc il était sûrement tant d'en connaître le fin mot, et arriver à trouver des réponses à ses nombreuses questions. Car en effet, Raf n'était pas du genre à se laisser marcher dessus sans rien dire. Si on venait à le provoquer, il n'allait tout simplement pas tendre l'autre pied pour trouver un semblant d'équilibre. Dans tous les cas, il essayait d'entamer quelque chose sans pour autant dévoiler sa véritable identité. Après tout, à jouer un jeu comme celui là, ce mec ne pouvait pas lui en tenir rigueur. Alors il lui proposa d'aller boire un verre, peut-être une face la plus simple que de faire connaissance. La réponse du brun lui fit plisser les yeux, apparemment, il n'était pas du tout d'accord avec cette proposition.
- Mec, j'sais pas qui t'es et clairement, j'vais pas aller boire un coup avec toi. » Malgré tout, un sourire s'afficha sur le visage d'Atkins. Un sourcil se leva pour la suite : « J'sais pas pourquoi tu mitonnes comme ça mais si on jouait franc-jeu. Tu m'veux quoi ? » Un jeu de lèvre, Rafael était agacé. Ce branleur semblait clairement vouloir jouer avec ses propres nerfs. Alors même s'il voulait jouer encore un peu, il était forcé de constater que cela n'allait pas durer longtemps : « C'est marrant qu'un mec de ton acabit souhaite que l'on joue franc-jeu » Il mima des guillemets : « Avec lui. » Il prit une profonde respiration en soufflant, ignorant l'effet de la révélation sur visage de « Will ». Pendant ce temps, le riche croisa les bras à son tour, révélant un effet miroir de ce qu'il pensait réellement de son interlocuteur : « C'est vraiment l’hôpital qui se fout de la charité, n'est-ce pas, Ludwig. » Une petite pause : « Ou devrais-je aussi t'appeler : Gautier ? » C'était dit. De toute façon, Rafaël était coincé et il n'était pas question de partir sans avoir donné la couleur de cette pseudo nouvelle rencontre : « Qui de nous deux jouent vraiment franc-jeu dans cette histoire ? » Seulement, il n'était pas question que Raf révèle sa véritable identité.  

Tu perds patience rapidement. L’attitude de ce type ne te plaît pas alors, tu décides d’arrêter les frais. Pourquoi faire semblant d’être sympa et avenant comme il peut le faire actuellement alors que clairement, tu sens qu’un truc cloche ? Alors, tu y vas directement. Lui fait comprendre que tu n’es pas dupe et que tu as bien compris qu’il te voulait quelque chose mais que surtout, il n’est pas celui qu’il prétend. Sauf que tu ne cherches pas à savoir qui il est. Pas pour le moment en tout cas. Il a parlé de Tessa et tu n’aimes pas ça. Quel est son lien avec ta meilleure amie ? Tu comptes bien lever le voile sur cette interrogation qui te taraude. Mais pour le moment, ce n’est pas ton plus gros problème. Ce Wayatte – que tu présumes ne pas être son vrai prénom – finit par montrer qui il est vraiment. Cet air suffisant plaqué sur le visage tu ne le connais que trop bien. Tu l’as croisé tellement de fois à ces soirées où Poppy te traine depuis des mois. Ce qui, presque dans l’instant, te met un peu la puce à l’oreille quant à où vous vous êtes rencontrés. Sauf qu’il t’a appelé Will. Or, à ces soirées, tu es Ludwig Braun, riche héritier allemand. Et en plus de ça, Tessa fait partie de l’équation… Tu sens le coup fourré à plein nez. Méfiant, tu ne dis rien. Les mâchoires qui se crispent alors qu’il reprend la parole, confirmant tes doutes. Ce mec est bien trop sûr de lui. Tu as juste envie de lui en coller une. Ce serait tellement facile pour toi de le faire en plus. Ce ne serait pas la première fois d’ailleurs. Et pourtant… tu ne fais rien. Mains cachées sous tes bras croisés, tu sers furieusement les poings.Tu pouffes légèrement, un rire qui s’échappe brièvement de tes lèvres alors que tu secoues la tête. « Et ? En quoi ça te concerne ? » que tu te demandes d’une voix fluide, sûr de toi histoire de lui faire comprendre qu’il ne te fait pas peur. Certes, il a tes multiples identités mais sait-il seulement laquelle est la vraie ? Tu peux très bien être ce Ludwig et te faire passer pour quelqu’un d’autre afin de te fondre parmi le petit peuple non ? Le silence se fait un très court moment. Tu fais un pas vers lui, réduisant ainsi un peu la distance entre vous. Encore une fois, tu le toises de toute ta hauteur. Vous faites quasiment la même taille mais tu ne te démontes pas pour autant. « Et donc, je répète. Tu me veux quoi ? » Tu articules chaque mot contrairement à tout à l’heure où tu faisais preuve de plus de familiarité. Plus menaçant que précédemment. Le regard qui se fait hostile. Ce type, tu ne sais pas qui il est, son visage ne te dit même rien. Mais il ne sait pas non plus qui il a en face de lui et à quel point tu peux être dangereux. Après tout, ton casier judiciaire est loin d’être vierge et si tu n’as jamais tué personne, tu en as déjà amoché salement certains.

Les mots frappaient et étaient sortis d'une manière la plus simple. Il ne fallait pas tellement longtemps pour que Rafaël comprenne qu'il avait visé juste. Il n'avait pas vraiment l'air très malin vu de loin mais il ne se laissait pas non plus faire. Autant dire aussi qu'il avait de la bouteille et que les mensonges, les fuites, les fausses preuves, il en connaissait un rayon et était bien entourés quoiqu'il lui en coûtait. L'argent n'avait jamais été un problème qui plus est. Il y avait été un peu fort mais il cherchait une réaction vive, quelque chose qui lui disait qu'il ne faisait pas fausse route.
Il roula des sourcils quand son interlocuteur voulait se trouver menaçant en s'approchant un peu plus de lui. Il prit une profonde respiration tout en fixant les godasses de ce type. « Et en quoi ça te concerne ? » Une légère moue montrait bien qu'il y avait anguille sous roche parce qu'après tout, s'il pouvait d'une pierre deux coups. Il ne recula pas cependant. Parce que même s'il prenait des coups, il n'avait pas peur d'en distribuer à son tour. D'autant plus que dans la rue, ce type de bagarre se soldait souvent par un aller simple en garde à vue, qu'il s'empressera de payer le solde en quelques minutes. L'argent ne faisait pas le bonheur mais il y contribuait, peut-être que ce schyzo s'en était rendue compte pour jouer sur plusieurs tableaux. Après tout, Rafael ne pouvait que faire ses conclusions seuls puisqu'il n'était pas du tout coopératif. A quoi s'attendait-il de la part d'un menteur ? Il l'avait été dans sa jeunesse donc il connaissait le revers de la médaille. Le visage serein, sans donner le moindre effort pour paraître calme, alors qu'il bouillonnait de l'intérieur. Penser un seul instant que cette vermine pouvait poser les mains sur Tessa le rendait tout simplement malade. « Et donc je le répète, tu me veux quoi ? » Le regard dur, montrant une détermination sans faille, contrasté avec son sourire. La dureté de sa voix assombrissait tout le reste : « L'usurpation d'identité coûte très cher. Beaucoup trop cher pour quelqu'un qui accepte un billet de la part d'un inconnu. » Défiant, un pas en avant pour briser le petit espace entre lui et le brun. D'apparence, il ne montrait rien mais intérieurement ses muscles étaient tendus à blanc, sentant l'affrontement venir de loin. Rafael n'avait jamais eu peur de se prendre des coups, puisqu'il était du genre à réagir au quart de tour. Heureusement ou malheureusement pour lui, ses fréquentations lui avaient donné des ressources. Il connaissait la douleur des coups et l'après surtout. C'était comme ça qu'il était assuré d'en donner autant que d'en recevoir : « Je peux te briser.. » Il souriait : « Oh, il n'y a pas que le corps à briser, y'a tout le reste, Bogus, et je commencerais par la presse! » assura t-il. « Je sais tout et si tu as un tant soit peu d'estime pour les personnes qui t'entourent, je te somme de disparaître. » Il plissa son nez alors que son visage devenait vide d'expression : « Et ne fit pas à ce que tu vois ou à ce que tu entends, j'ai le bras long et je sais m'en servir. » Les sourcils se fronçaient : «  Et la première personne que tu vas dire au revoir, c'est Elle. »  

Tu sens bien que quelque chose ne va pas. Tu l’as senti dès le départ. Ce mec ne t’inspire pas confiance et ça façon d’être ne fait que confirmer tes doutes. Il passe du coq à l’âne en un instant et cela déclenche ta petite alarme mentale. Sur tes gardes, tu décides de mettre un terme à ce petit jeu stupide qu’il vient d’initier. Et enfin, il montre son vrai visage. Tu le regardes, le dévisage même. Clairement, vous n’êtes pas du même milieu. Ce type a de l’argent, ça se sent. Et ça se voit via les fringues qu’il porte. Tu es menaçant. Comme à chaque fois que tu perçois un danger. Mais tu n’as pas peur. Tu n’as peur de rien – ou presque – Gautier, et c’est peut-être ça ton problème. Tu t’approches, prêt à en découdre s’il le faut. Ses mots te font doucement rire. Oui, tu ‘n’aurais pas dû prendre ce billet mal en point. Oui, tu as senti le coup fourré en voyant son aspect. Mais de l’argent reste de l’argent, peu importe son état. Même déchiré, les établissements prennent quand même, alors ce n’est pas son aspect délavé qui change quoique ce soit. Sauf que ce n’est pas ça que tu retiens dans les mots de ce fameux Wayatte. « Je te retourne la chose, n’est ce pas, Wayatte ? » que tu rétorques sourire en coin en insistant sur le prénom qu'il t'a donné. Tu tentes la chose, sonde sa réaction. Peut-être que tu te trompes et que c’est vraiment son nom après tout. Ce type a l’air si arrogant qu’il serait bien capable de donner sa véritable identité après tout. Mais au fond, tu as ce doute qui te fait dire que tu as raison. Que ce n’est pas son vrai prénom. Tu gardes cette apparence sereine alors qu’intérieurement, tu bouillonnes. Tu as juste envie de refaire le portrait de ce fils à papa bien trop sûr de lui. Et les menaces commencent à fuser, ce qui ne fait qu’agrandir ce sourire que tu as sur les lèvres. « Aaaah le voilà donc ! » que tu t’exclames désignant des mains l’inconnu comme si tu le présentais à quelqu’un. Le brun poursuit ses tentatives d’intimidation. Toi, tu ne laisses rien paraître, sourire en coin provocateur. Mais ton cœur lui, palpite un peu plus rapidement. « Tu sais quoi au juste, hein ? » que tu demandes, tête haute, bras à nouveaux croisés. Peut-être qu’il a compris que tu avais plusieurs identités. Mais encore une fois, il ne sait pas laquelle est la vraie sinon, il ne t’aurait pas accosté comme il l’a fait. Oui, tu as fait l’erreur de prendre son billet, mais n’importe qui l’aurait fait. Même ces gosses de riches. Même lui, tu serais prêt à le parier.  Il n’y a pas de petit profit, pas vrai ? Surtout pour eux. Jamais assez.

Ce Wayatte poursuit les menaces et tes yeux s’assombrissent subitement. Tessa. Tu es con Gautier mais pas assez pour ne pas comprendre qu’il ne parle pas de Poppy mais bel et bien de ta meilleure amie. Le timing est beaucoup trop parfait pour que ce ne soit qu’une simple coïncidence. Tu le toises, le défi du regard alors que tes mâchoires se contractent. Et pour faire un chantage pareil, tu comprends tout aussi vite qu’il doit s’agir du mec qu’elle a fréquenté pendant des mois et qu’elle a quitté pour toi. Voilà donc ce fameux gosse de riche qui a partagé son lit pendant de nombreuses semaines… « Pardon ? J’ai pas bien entendu » que tu demandes, pivotant légèrement la tête du côté, mettant une main derrière l’oreille comme pour mieux entendre. Jouant la provocation. « Tu parles de qui là ? Va falloir préciser mon gars ! » que tu t’exclames finalement, faisant comme si tu ne savais pas de quoi il s’agit.  Poppy ? Tessa ? Autre ? Ta réputation n’est plus à faire de ce côté-là. En tout cas, tu ne te laisses pas démonter. Pire, tu te moques ouvertement de lui en agissant ainsi, ses menaces qui te passent par-dessus la tête.

Rafael est loin d'être un homme heureux dans cette histoire. Quelques mois de bataille pour gagner le cœur de sa belle, trois jours d'incertitude après quoi, la folle décision de la blonde lui est tombée sur la tête. Il n'ose même pas prendre le temps de réfléchir un instant sans quoi il se risquerait à partir beaucoup plus en live que prévu. De plus, découvrir par une coïncidence incroyable, que le mec pour lequel il a été largué, joue un jeu dangereux où ses différentes identités touchent un peu tout et n'importe quoi. Comme Tessa, par exemple. Au fond de lui, il aimerait aller jusqu'à l'affrontement et il se montre plus qu'à point à ce sujet toujours est-il qu'il lui en faut un peu plus pour démarrer. Même si il lui est déjà arrivé de se salir les mains, Rafaël a les moyens de se payer des services sans à avoir se mouiller de près ou de loin. « Je te retourne la chose, n'est-ce pas, Wayatte ? » Le sourcil du brun se lève à la prononciation appuyé du prénom de son meilleur ami. Un petit sourire au coin s'affiche tout de suite après et il lâcha : « T'as de la mémoire, ça va te servir pour la suite. » lâcha f-il seulement.

« Tu sais quoi au juste, hein ? » L'attitude éhonté de l'individu qui lui fait face est presque humoristique. Il préfère seulement répondre en haussant des épaules, croisant ainsi les bras pour miroiter la même position que son interlocuteur : « J'en sais bien assez pour t'avoir retrouvé et te citer toutes tes identités.. » Il lève un doigt accusateur : « Et joue pas au plus fin avec moi, je ne te demande pas de te justifier, je m'en fous de ta vie alors fais-en autant. » lâcha t-il, haussant légèrement le ton, saoulé.
Et puisque Rafael en arrive à hausser le ton, autant qu'il continue sur la lancée en lui faisant comprendre qu'il n'est pas dupe et qu'il exige que ce personnage s'éloigne rapidement de Tessa et de cette manière, il allait tout simplement réussir à réparer les pots cassés. « Pardon ? » Cet idiot mime un sourd en manque d’appareillage pour comprendre les paroles de l'italo-américain. « J'ai pas bien entendu. Tu parles de qui là ? Va falloir préciser mon gars. » Un sourire espiègle étire ses lèvres : « Escroc et dur de la feuille, en plus. Y'en a qui cumule, c'est dingue. » Imperturbable, le trentenaire secoue la tête en se frottant le menton, à la manière pensive : « T'as bien entendu, mon gars ! » Il mima des guillemets pour appuyer ce mot : « Et bon débarras. » lâcha t-il en décidant de partir, qu'à partir du moment où il n'a plus rien à lui dire, il n'a plus aucune raison d'écouter cet enflure aux multiples identités. Il es surtout temps pour lui d'aller faire ses propres recherches et ainsi mettre en place son plan suivant : récupérer Tessa. Bousculant l'indécis avec son épaule, il s'assure que la voie est disponible et il traverse, signifiant ouvertement qu'il met fin à cette conversation.

Le cœur qui bat plus vite, le cerveau qui bouillonne et le sang qui vibre dans tes veines. Poings serrés, doigts crispés, il ne faudrait pas grand-chose pour que tu perdes ton sang froid. La petite étincelle qui mettrait le feu aux poudres. Et elle arrive bien vite, quand tu comprends que ce type parle de Tessa. Il aurait pu parler de Poppy mais tout t’indique que ce n’est pas de elle dont il est question. Surtout que tu sais que son mec n’est pas un gosse de riche contrairement à Tess. Ce Wayatte fait clairement partie de ces privilégiés. Ce mec transpire la condescendance. Pourtant, tu gardes le contrôle au maximum, ne souhaitant pas mettre ta meilleure amie en danger, ne sachant pas de quoi il pourrait être capable. Mais tu ne plies pas l’échine. Jamais. Surtout pas face à un gars comme lui. Les menaces ? Ce ne sont pas les premières que tu reçois et très certainement pas les dernières.

Le doigt levé, le ton presque hargneux, Wayatte essaye de se montrer menaçant. Mais tu ne peux t’empêcher de lui rire au nez, presque moqueur, face à la tournure que prend la situation. Cet inconnu affirme se ficher de ce que tu peux faire de tes multiples identités, sans savoir laquelle est la vraie, et malgré tout, il vient te casser les pieds. Faire le malin en mettant ça sur le tapis comme si ça pouvait te toucher. Tu fais comme si tu ne comprenais pas de quoi il parle lorsqu’il te demande de sortir de la vie de Tessa. Tu te fiches ouvertement de lui. Comme toi, il bombe le torse, ne plie pas l’échine. Vous vous toisez, menaçants, prêts à en découdre s’il le faut. En tout cas, toi tu l’es. Tu as déjà pris des coups alors en recevoir de ce mec ne te fais clairement pas peur. Tu ne le connais pas, mais lui non plus sinon, il ne serait pas aussi confiant. Et dire que tu étais prêt à vouloir le rencontrer officiellement. Mettre les choses à plat car tu estimais qu’il méritait de vraies explications après les récents événements. Finalement, il n’en valait vraiment pas la peine et tu te demandes vraiment comment ta meilleure amie a pu choisir d’officialiser avec lui...

Contre toute attente, Wayatte décide de partir. Mettre un terme à cet échange plus qu’improbable. Tu le regardes s’éloigner, incrédule. Situation incompréhensible. Et il semble croire que cela va suffire à ce que tu sortes de la vie de Tessa ? Vraiment, il ne sais pas qui tu es, cela se voit. Avec Tess, vous vous connaissez depuis que vous êtes gosses et clairement, il va falloir plus que ça. « C’est tout ? » que tu lui lances alors que plusieurs mètres vous séparent déjà, écartant les bras. « Tu viens me casser les couilles et tu te casses comme ça ? Tu crois vraiment que j’en ai quelque chose à branler de tes menaces à la con ? » que tu lui demandes de loin, te fichant bien d’ameuter les gens qui passent près de vous mais qui pourtant ne perdent pas une minute à presser le pas. Et tu n’attends pas de réponse de sa part, estimant qu’il n’en vaut vraiment pas la peine. Agir ainsi pour une fille, même si c'est Tessa.... Ce type doit vraiment avoir très peu d'estime de lui même... D’un geste de la main dans sa direction, tu tournes à ton tour les talons. Il t’a bien assez fait perdre ton temps comme ça.