M
es rétines se noient dans le deuxième verre de Whisky que je tiens entre mes mains. Mes pensées s’égarent, ma mélancolie me rattrape. Je plonge ma main dans mes cheveux qui se font bien trop long par ma négligence. Je déteste Décembre. Je déteste ces putains de fêtes parce que ça me rappelle bien trop que je n’ai plus de famille.
J’ai juste envie d’éclater la gueule à toutes ses familles trop parfaites, à ces sourires trop enjoués, à cette joie et à cet amour à profusion. Putain, ça me dégoûte.
Hier, c’était mon anniversaire que j’ai soigneusement évité de fêter. À la place, j'ai fait une orgie. Un sourire carnassier s’affiche sur mon visage morose à ce souvenir. Je me noie dans l’alcool, le sexe, le sport, l’argent et parfois les drogues pour oublier les années endurées dans la souffrance. J’ai les pires vices qui soient. Ne vous leurrez pas, j’aime ma vie de débauche et d’illégalité. Je ne la changerais pour rien au monde. Je sais qu’elle engage forcément de la solitude et je suis suffisamment lucide pour ne pas entraîner quelqu’un d’autre dans ma chute. Une année de plus. Peut-être la dernière avant qu’on ne me retrouve une balle entre les deux yeux. Je la savoure. À ma façon.
Je finis mon verre d’une traite et décide qu’il m’en faudra bien un troisième, et encore beaucoup plus pour me rendre suffisamment ivre. J’ai choisi de m’éloigner des 7 pêchés capitaux pour profiter de ma solitude. Je ne suis pas inconnu au gérant, il suffit de voir comment ils m’ont accueilli. Comme un roi.
Je m’installe au bar sans faire attention à la femme qui se trouve à côté.
- Non, je sirote mon cosmopolitain toute seule, merci. J’arque un sourcil et me tourne prestement vers celle qui se méprend. Je pose mon regard azur sur elle.
Ah … Mais ? Je la connais, nan ? Je fronce les sourcils, le nez suit. En tout cas, vu sa réaction, elle, ELLE me connait.
Oh c’est pas vrai… C’est pas la peine de venir me narguer pour me rappeler que je suis idiote. J’ai dû la baiser. C’est même sûr. Je la fixe sans gêne.
C’est une belle femme. Une femme qui s’assume. Pas comme ces gamines de vingt ans qui m’exaspère. Blonde, des yeux azurs, un teint de porcelaine. Une beauté Russe. Je me souviens ne pas avoir été honnête avec elle. Je ne sais plus quel prénom je me suis inventé, en tout cas elle m’a cru. J'ai eu besoin, l'espace d'une soirée, de ne plus être Anton Voltchkov.
Je crois que son prénom commence par un M. Quelque chose comme Marie ou… Marlene ? Aucune idée, donc, je ne vais pas l’apeller.
– Bonsoir. Je lui susurre comme éternel Don Juan que je suis. Je suis pourtant sûr qu’elle va m’envoyer boulet, mais j’ai bien envie de la titiller.
– Vous semblez pourtant avoir besoin de compagnie. Je hausse les épaules puis m’adresse au barman.
– Un autre whisky. En attendant, je m'allume une cigarette et m'enfume. Les bonnes manières et les interdits, c'est très peu pour moi. Je recrache la fumée de ma cigarette en l'observant en biais.
– Vous narguez ? Je ne vois pas pourquoi je ferais cela. Vous n’avez pas apprécié votre nuit à mes côtés ? J'aurais peut-être pas dû être aussi intrusif mais j'ai terriblement envie de savoir pourquoi elle me méprise. Je la regarde se faire servir de nouveau. À ce rythme-là, elle va vomir sur mes pompes toutes neuves.
– Pour ma part, j'en garde un excellent souvenir. C'est un peu flou, je ne mens qu'à moitié.