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| Sujet: brûle (silas) Dim 22 Sep - 18:38 |
| Les arabesques, elles se dessinent du bout de ses doigts. Les mouvements graciles contre la devanture. Ils sont hasardeux. Ils deviennent innocents, comme tout ce qu’elle touche. Ce n’est qu’une rose que le soleil fait éclore, que l’eau nourrit et que chaque bruit fait faner. C’est une écorce à qui le bon dieu filerait une auréole quand le diable s’éprend des pensées. Sur son visage, c’est le rosé qui condamne les pommettes et le carmin qui tranche les lèvres. Sur son corps, c’est les stigmates étouffés par le tissu ci et là. Des passages faits de hargne et de violence. Des cicatrices nommées amour quand la haine a rongé le bourreau. Il ne reste plus rien. Les souvenirs, tout au plus. Des vagues de sentiments plus loin. Le flux. Et le reflux. Elles partent et reviennent. Un océan d’amertume où les contradictions pourraient se poser en victoires. Ivy, elle ne veut plus y penser. Peut-être pense-t-elle avoir le droit à une deuxième chance. Naïvement, comme ça, en claquant des doigts et en frottant l’échine avec du papier de verre. Gommer les erreurs. Arracher le fantôme. Nettoyer le mal. La règle paraissait simple quand elle franchissait la bouche adulée. Ne plus penser à lui. Fait. Ne plus l’espérer. Fait. Ne plus le craindre. Fait. Fuir et recommencer ailleurs. Fait. S’accrocher à sa famille et goûter au bonheur. Fait. Ne plus l’aimer. Il aurait fallu repasser. Une fois, deux fois, des millions de fois, comme une bourrasque qui tambourinait contre le myocarde. Accrochée à hier sans moyen de dire stop. Déferlante sentimentale qui faisait chuter le palpitant et étouffait les ventricules. Du gauche au droite, ils portaient la plus grande plaie. Cinq lettres d’un prénom qui se greffent sous les incendies d’hémoglobine. Ce soir, la nuit est bleue. Elle connait cette couleur, Ivy. Similaire à ses lèvres quand elle tremblait. Identique aux traces qui disparaissaient de ses bras pour s’apposer sur ses cuisses. Elle était fragile, tellement fragile. Du chiffon tordu dans tous les sens et traîné sur le sol. Une poupée amourachée qui n’avait pas eu le choix que de dire oui. Pas par obligation. Par dévotion. Par amour. Ça rend con, les sentiments. Le contact devant le miroir quand la conscience devenait colérique. Si elle s’attarde plus haut, c’est le reflet éphémère des étoiles dans le ciel. La poudreuse qui scintillent et attirent l’oeil. Les siens prostrés en les détaillant une après l’autre. Un voeux prêt à s’échouer. Paraît que porte chance, les astres. Paraît qu’elle pourrait y croire à ces balivernes noircies entre les lignes des bouquins. Ceux qu’elle aime tant, Ivy. Là, sur chaque étagère. Là, entre ses mains. C’est une accroche. C’est un espoir. C’est un détournement de l’esprit. Une comédie pour rire. Un roman d’amour pour se rappeler. Un drame pour sentir le sel sur son visage. Un policier pour écorcher le coeur de battements forts, si forts. Elle a la mine chagrine, pourtant. Une impression de déjà-vue. Une corde autour du cou qui suffit à la faire étouffer. Elle respire, mais ne le réalise pas. Elle est vivante, mais parfois se revoit morte entre ses doigts écarlates. Alors ses doigts, ils quittent la froideur de la vitre. Et elle se détourne, la poupée. Des pas vers l’arrière boutique pour compter la recette. Fermeture qui approche. Moment de disparaître dans les rues sombres du queens. Le refrain est similaire, pathétique même. Les yeux baissés vers le bitume pour ne croiser aucun regard. Le dos vouté et les secondes qui s’alignent sous la langue. Imager le temps qui sépare la librairie de son appartement. Les aiguilles d’un cadran qu’elle métaphore dans son crâne pour espérer survivre, pour espérer vivre. Le son de sa voix comme habitude sous les billets qui se posent. Puis le carillon est comme une piqûre de rappel. La mine surprise et la silhouette déplacée avec candeur. Il paraît que le temps peut s’arrêter de tourner quand on se retrouve face au pire. Au moment du choix final, il y a deux options posées : partir ou rester. On dit parfois que le coeur est un pauvre muscle soumis à l’épouvantable et que pour s’en sortir, il n’a pas d’autre choix que de battre. Si fort. Si fort qu’à cette seconde précise, Ivy, elle pourrait se fondre sur le sol et implorer le ciel. Ses yeux, ils ne sont plus que le reflet de la peine. Ils puent la tristesse et scandent la peur. Les entrailles ne sont qu’un amas de noeud que rien ne peut démêler. Ça lui fait mal. Un peu trop mal quand la nausée soulève l’estomac. C’est comme une décharge d’acide qui fripe l’échine et enchaîne les poings. Il est là. Et elle ne l’est plus. À la seconde même où leurs regards se sont croisés. Elle recule instinctivement. Les doigts graciles et vaporeux qu’elle accroche au comptoir. Si fragile qu’elle s’écraserait comme une merde à terre. Si terrifiée, qu’elle pourrait sentir les larmes capoter sur ses godasses. « Non. » La négation brûle les lèvres. Quand le regard du bourreau écharde son corps. Poupée murée dans une souffrance à peine anesthésiée. Rien qu’une dose dans la veine en espérant que ça calmerait les maux. Ça les éteint pour quelques sourires. Ça les emballe pour quelques rires. Et ça revient lui claquer au visage pour la férocité de son regard. « Ne t’approches pas. » Parce qu’elle sait qu’à présent, la mort pourrait devenir l’unique sentence. Cinq années à fuir le bourreau. Cinq années où des et si ont forgé les rêves. Mais Ivy, elle ne rêve plus. Elle ne fantasme plus les lendemains. Elle recule. Elle échappe à la sentence ornée de ressentiments. Son dos est prisonnier du mur. Elle est captive de Silas. Ce n’est qu’un éternel recommencement quand la genèse faisait ployer les coeurs. Ils se sont aimés, oui. Elle l’aime encore, oui. Et c’est le plus écoeurant de l’histoire. Mourir sous les coups d’un homme et ne pas être capable de l’oublier. Effacer les ecchymoses mais garder chaque crépuscule de son souvenir. « Tu ne devrais pas être là. Il faut que tu partes, Silas. Je t’en prie. » La voix se brise comme les os des années auparavant. Le contraste ferait pleurer dans les chaumières. Ses larmes à elle sont retenues au coin des yeux. Le sel brûle et brouille l’horizon. Mais son ombre à lui est nette. C’est une assassine illusion que de se croire forte. Elle ne l’est pas. Elle ne l’a jamais été. « Ça ne peut pas recommencer. » Le son de sa voix n’est qu’une destinée à s’en persuader. Mais ça ne fonctionne pas. Mécanique de répétition qui fend le coeur. Mécanique sentimentale qui brûle le corps. |
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| Sujet: Re: brûle (silas) Dim 22 Sep - 18:43 |
| cinq ans, cinq longues années d'errance. autant de temps à errer sans destination, laisser les battements de cœurs guider les pas comme une boussole le ferait avec un égaré. cinq ans de traque sans fatigue, de recherche sans se lasser. un loup en quête de la plus jolie des proies, un zombie à la recherche d'une raison pour refaire battre ce palpitant dysfonctionnel, les poings constamment fermés prêts à abattre une colère sourde sur ceux qui oseront se mettre en travers de son chemin. cinq ans, aucune nouvelle, aucune réponse aux quelques messages envoyés. il a souvent cru apercevoir sa silhouette gracile au détour d'une rue alors il s'est mit en chasse, suivant une parfaite inconnue pour s'assurer de son identité. ce n'était jamais ivy, au mieux une illusion pour lui redonner un semblant d'espoir. le temps passe, le cardiaque s'assèche, il s'amenuise de jour en jour pour laisser sa place à une rage incontrôlable, un fauve sous-nourri au milieu d'une arène de combat. tout ce qu'il fait c'est pour elle. il serre la mâchoire pour encaisser la douleur et garder cet espoir de la revoir un jour, il montre les crocs pour évacuer cette colère autrement que par des ecchymoses sur son corps, il détruit tout ce qu'il touche pour pouvoir se consacrer à ivy une fois le moment venu. sombre illusion. silas reste silas, incapable de maitriser ses excès de rage quand un voile sombre vient ternir le monde qui tourne autour de lui. seule une fleur peut venir enivrer le temps de quelques instants précieux ses narines pincées. les rues se dessinent devant ses pupilles sombres pour mieux disparaitre, le regard cherche un indice, une trace, au moins un signe de vie. c'est égoïste cette envie qu'il a de la voir brisée entre ses doigts. si un homme doit la blesser, la détruire, ce sera lui, sûrement pas un autre. la vitrine d'une librairie reste éclairée malgré la lune qui entame son ascension. un coup d’œil désintéressé juste avant que tout se remette en route, que la vie reprenne le bon chemin même s'il est parsemé d'embuches. elle est là. fine, gracile, les épaules qui semblent trop faibles pour supporter ce que la vie lui impose. le psychopathe se persuade qu'elle a besoin de lui, des mains qui caressent pour panser les plaies infligées un peu plus tôt. les secondes filent trop vite à son goût, il est relégué au rôle de simple spectateur alors qu'elle s'éloigne, disparait comme un mirage dans l'arrière boutique. c'est au milieu des livres qu'elle se cache depuis toutes ces années, pour mieux laisser ses pensées s'envoler avec des fictions rédigées dans le seul but d'aider l'envol. les mains sales agrippent fermement la porte d'entrée, sans hésiter pourtant. ça fait trop longtemps qu'il attend ce moment pour reculer maintenant. le carillon annonce son arrivée, le prodigieux retour dans la vie de sa fleur. sa silhouette s'avance dans la lumière du clair de lune, le regard se fige, c'est la peur qui prend le dessus sur toutes les émotions possibles. les pas trébuchent, reculent comme pour s'éloigner d'un monstre trop souvent cauchemardé. le dos de la belle heurte le mur, la voilà prise au piège. silas n'écoute pas, il n'écoute plus, l'obsession le rend sourd, hermétique à tout ce qui se déroule sous ses yeux trop occupés à l'observer. il se veut rassurant, mais il est mauvais, pourri jusqu'à la moelle. il ne sait pas rassurer silas, il ne sait pas faire. élevé dans un monde où le plus fort est celui qui cogne le plus durement, bercé par des récits de crimes plutôt que par des contes de fées. les pas le guident pour s'approcher d'elle, juste assez pour que son parfum vienne chatouiller ses narines. comme face à un animal apeuré, il lève ses deux mains en signe de paix. il est dégueulasse le sourire sur les lèvres du psychopathe, ce n'est qu'une illusion destinée à la faire revenir dans sa vie. il a besoin d'elle comme un fou a besoin d'un traitement pour se sentir vivant. « tu es là, enfin. » exténuée, mais bien vivante. les pupilles qui appellent à l'aide, mais qui l'observent quand même. il s'avance un peu plus, à pas de loup pour ne pas que la fleur parte pour se terrer dans un terrier. il n'aurait pas d'autres choix que de la poursuivre pour la faire sortir de sa cachette, de gré ou de force. il préfère baisser l'une de ses mains pour essuyer du bout des doigts les perles salées qui menacent de s'écraser sur le parquet de la boutique. « je ne vais pas te faire de mal. » il lui en fera. « j'ai changé ces dernières années, ivy. » en mal. toujours plus imprévisible, une grenade prête à exploser pour tout détruire sur son passage. sa main se retire, il perd déjà le contact de son épiderme sous la pulpe de ses doigts. ça ne manque pas de le contrarier, il se contente pourtant de laisser les regards plonger l'un dans l'autre, se noyer dans les souvenirs d'étreintes coupables. « n'aie pas peur, je veux seulement discuter. » mensonges, mensonges, mensonges. il veut discuter pour mieux se l'accaparer, lui vendre des jolis mots pour mieux la briser, la serrer dans ses bras au point de la faire imploser sous une vague de douleur. trois pas en arrière, c'est tout ce qu'il lui concède. trois pas pour bloquer la porte d'entrée, intercepter une éventuelle mauvaise décision de la part de la fleur. elle n'a pas le choix, plus maintenant que les pupilles de silas se sont reposées sur elle. obsession malsaine, c'est une drogue dont on ne guérit jamais vraiment. |
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