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| parfum d'autrefois (quinn) | |
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Isis Castellano;
-- girl got a gun -- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -
úrsu. bambi eyes. 2725 1435 31 désespérément seule depuis qu'elle s'est choisie, depuis qu'elle l'a trahi. brillante avocate à la destinée avortée quand elle fût recrutée par le gang des hellhounds. réduite à gérer le dollhouse, leur qg/club renfermant les plus sombres secrets. en pleine effervescence, à deux pas du dollhouse.
| Sujet: parfum d'autrefois (quinn) Sam 20 Juil - 20:06 |
| longtemps, c'était à maman, papa et quinn que s'était résumée la famille ziegler. avant que delta ne s'ajoute au schéma familial. avant que le rêve américain ne se mêle aux noeuds déjà apparents. avant les tromperies, avant les bouteilles, avant la descente aux enfers. celle qui les avait définitivement écrasé, sans chance de retour en arrière. et ton visage a pris la forme d'un pansement delta. arrivée après toutes les casseroles, c'est un vent de renouveau que tu as fait souffler sur leur existence. de tes traits fins et angéliques, tu les as tous mis dans ta poche et tout a changé pour un futur serein. le bonheur semblait enfin leur tendre les bras. en théorie. elle s'y voyait déjà delta, à faire les quatre cent coups au bras de sa grande soeur. les sorties familiales qui ne feraient que consolider les liens retrouvés. et les portraits de famille parfaits qui feraient pâlir de jalousie tous les voisins du quartier. elle s'était imaginé la vie qu'elle aurait aimé vivre, mais qu'elle n'a pourtant jamais connu. quinn, à défaut d'être une véritable soeur, n'a fait que partager le même sang. quant à papa et maman, ils n'ont su que lui inculquer l'art d'obéir au doigt et à l'oeil, et à s'afficher tel l'enfant prodige qu'elle se devait d'être pour être aimée. c'est pas toi qu'ils ont aimé quand ils évinçaient quinn, c'était celle qu'ils se plaisaient à te faire devenir. ils t'ont fabriqués à leur image, celle qui les ferait exister avec grandeur. et c'est dans leur moule que tu t'es faite, bien loin de tout ce que tu aurais voulu. sauf que tu l'as compris trop tard. pantin désarticulé, c'est sur ses fils qu'on tirait pour la forcer à suivre le chemin qu'on lui dessinait. élevée aux cieux, ils ont tout fait pour que le premier enfant du nom ne vienne pas entacher le masque du second. le brouillon avant la perfection. et si souvent, elle a recherché l'attention et le regard de son aînée, elle a cherché à faire un pas vers quinn, qui le lui rendait parfois sans succès. parce qu'il y avait toi et elle, pas de vous. c'était dans cette idée préconçue que vous ne deviez pas vous mélanger que tu avais fait tes premières armes. les relations fraternelles comme elle en voyait autour, elle ne les a jamais réellement connu. pourtant, elle aurait tant aimé les essayer. la faute à ses parents et ce destin millimétré qu'ils tentaient de lui imposer. alors quinn a grandit dans son ombre, presque délivré du couple rabiboché qui ne l'estimait pas à sa juste valeur. puis il y a eu l'homme qui la lui a arraché sans demie-mesure. son mari, parait-il. et pour la première fois en plusieurs années, elle s'est mise à exister aux yeux des ziegler. quant à delta, elle s'est sentie abandonnée et c'est avec difficulté qu'elle a avalé la pilule. sa soeur lui préférait un homme et une vie loin d'eux. la jalousie a étreint ton coeur quand tu ne faisais que rêver que l'on t'arrache à cette parodie d'existence toi aussi. sauf que personne n'est jamais venu pour toi, pas même un prince charmant monté sur son cheval blanc. alors elle a ravalé sa rancoeur delta et c'est en dedans que tout s'est affolé. elle l'a regardé partir sans jamais la voir revenir. pourtant, il ne s'est pas passé un jour sans qu'elle n'espère revoir les traits de son visage. intimement persuadée que les années n'auraient pas effacé son aura et qu'elle saurait reconnaître son âme où qu'elle soit. c'est par rébellion qu'elle a soigné ses maux muets, quand elle s'est dressée face à ses parents. quand elle a refusé de se plier à leurs décisions une fois de plus. l'enfant docile est devenue résistante et si un froid a longtemps gelé leur relation, ils ont fini par s'y plier. par peur de la voir leur échapper. ça ferait tâche aux yeux du monde, des êtres fâchés avec les deux filles à qui ils avaient offerts le cadeau de la vie. les jours ont passés et les souvenirs se sont estompés. pas qu'elle avait préféré les oublier, elle s'en était simplement fabriqué de nouveau, quand les anciens restaient bien rangé, à l'abri. elle ne les chérissait pas moins pour autant, ils appartenaient seulement à une autre vie. elle ne communiquera pas avec les morts aujourd'hui delta. c'est à la population bien vivante qu'elle ira se confronter. et ça l'effraie plus que ceux qui ne peuvent plus bouger. elle ne craint pas les humains, elle sait se défendre. elle est simplement bien plus à l'aise avec le langage des corps, qu'avec le langage des mots. c'est aux abords d'une librairie qu'elle flâne. un coup d'oeil suffit à lui faire franchir la porte de la boutique. sa collection se devait d'être renouvelée, pour alimenter ses soirées de solitude. maintenant que tu n'avais plus d'homme à la maison. uniquement un homme à imaginer sur un lit, incapable de prononcer la moindre phrase. incapable de te balancer au visage toutes les horreurs et les vérités que tu méritais pourtant d'entendre. pour peu que ça ait un impact positif sur ta personne. ses pas la font écumer les rayonnages, ici et là. c'est sans surprise sur des romans orientés paranormaux qu'elle jette son dévolu. parce que sa personnalité transparaissait dans tous ses faits et gestes. la tête baissée, elle ne remarque pas la grande et élégante femme brune qu'elle percute de plein fouet. excusez-moi, j'suis vraiment... c'est ma faute. j'suis désolée. à la hâte, elle exprime ses remords, son inattention flagrante. et c'est en relevant les yeux que le ciel semble lui tomber sur la tête. parce qu'elle se tient là, aussi belle que dans tes souvenirs. si ce n'est plus. et à travers ses traits, tu distingues la petite fille d'autrefois. la soeur que tu as connu, sans jamais vraiment la percer à jour. la soeur qu'on t'a arraché de force. que ce soit tes parents, son mari ou la vie tout court. comme clouée au sol, elle n'opère pas un pas de plus. se contentant de l'observer, ne sachant pas comment elle réagirait. je... j'ai longtemps espéré tomber sur toi, mais j'imaginais pas que ce serait dans ces circonstances. des banalités, c'était peut-être bien tout ce qui leur restait. leurs vies à des années lumière l'une de l'autre avaient sûrement achevé de rompre le lien si ténu qui les avait un jour relié. |
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| Sujet: Re: parfum d'autrefois (quinn) Mer 31 Juil - 16:25 |
| Il y avait toujours eu mieux qu’elle. Toujours la perfection, aux côtés de la dégradation. Il y avait la belle blonde, et la mauvaise brune, l’enfant chérie, et l’enfant de malheur. Si quinn avait détruit le rêve familial, delta l’avait sauvé. Enfant prodigue, enfant prodige, la seule qui était aimée, la seule qui pouvait les faire sourire, la seule qui n’était pas seule, dans cette demeure dénuée d’amour. Dans ce lieu qui n’avait rien d’un foyer. Elle était seule. Pas delta. Et cela lui avait forgé une jalousie sans pareille, une envie qui s’était créée, et qu’elle avait dû garder pour elle. Enfant non désirée, déchue de tout sentiment, elle n’avait pas le droit de salir la beauté, elle n’avait pas le droit de tâcher la pureté qu’ils voyaient dans le regard de delta. Dans le regard de celle qui lui avait tout pris. Ou qui l’avait libérée. Celle qui l’avait emmenée dans des contrées plus obscures encore, dans une solitude plus grande encore. Plus de regards mauvais, plus de rancœur à son égard, il y avait uniquement du vide. Un néant aberrant, une petite fille qui n’avait plus rien, qui ne vivait plus, un corps qui survivait, et une envie de se trouver bien loin, de s’enfuir. Une envie de disparaître, une envie de fuguer. Elle aurait pu. Sans doute. Et elle en était sûre, ses parents ne l’auraient jamais remarquée. Sa sœur non plus. Famille inexistante, illusion d’une proximité qui ne faisait que plus mal en se rendant compte qu’elle n’existait pas. Elle n’existait pas, quinn. Elle n’avait aucun regard, elle n’avait aucune parole, sauf lorsqu’elle osait parler. Et une rancœur. Une rancœur que ses géniteurs oubliaient peu à peu, une rancœur qu’elle développait peu à peu. Parce que la seconde enfant avait le droit au bonheur. Parce que la seconde enfant était bien une ziegler, et que la première n’était rien de plus qu’une ziegler. Les deux facettes d’une même pièce, les deux facettes d’une même famille. La déchéance pour quinn, la renaissance pour delta. La seule qui semblait le mériter. La seule qu’elle aurait aimé aimer. Et pourtant, il y avait ce fossé. Ce fossé entre elles deux, deux sœurs qui n’avaient de fraternel que le nom. Deux personnes inconnues partageant les mêmes parents. Deux âmes qui auraient dû s’aimer, mais qui ne s’étaient jamais connues. Deux espoirs anéantis par un entourage bien trop oppressant, bien trop absent. Et elle avait cru être sauvée, femme d’une beauté éclatante qu’elle ne savait même pas reconnaître. Elle aurait dû l’être, sauvée, épouse d’un homme sur son cheval blanc, l’armure troquée par une blouse de docteur, l’épée par une langue aiguisée, aux capacités acérées, des mots bien choisis, un charme qui faisait rêver, la promesse d’être libérée, et l’espoir d’aimer. Parce qu’il n’y avait pas d’amour. Elle ne l’avait jamais eu dans son cœur, et n’avait accepté de se lier à lui que parce qu’il offrait de l’argent en retour. Achetée. Elle avait été achetée, et sa famille s’était bien vite débarrassée d’elle. Fardeau de trop, fardeau mal aimé, elle espérait encore, vingt ans auparavant. Elle espérait encore, à une époque, que l’amour viendrait, que les coups cesseraient, quand l’enfant naîtrait. Car seule sa beauté l’intéressait. Machine à faire l’enfant parfait, adn recherché pour faire d’un gosse une star, une splendeur qui pourrait aimer sa mère, qui pourrait suivre son père. Qui ne serait qu’un enfant. Qui serait l’héritier. Si seulement il était né. Si seulement elle l’avait mis au monde. Petit à jamais perdu dans le fond de son anatomie, problème de machinerie, et stérilité annoncée. Comme une ligature des trompes, sans en avoir jamais pratiqué une. Un malheur, qui n’arrivait pas seul, un malheur qui le réveilla, ce monstre en son mari, ce monstre en son époux, homme qui n’avait plus rien d’humain, intouchable, inatteignable, qui se vengeait depuis toujours sur elle. Sur elle, femme objet qui n’avait plus rien d’intéressant, à part cette fleur qu’il avait recousue. Esclave, dans sa propre demeure, esclave, dans sa propre vie, une femme brisée, qui avait un jour espéré. Une femme brisée qui avait un jour jalousé. Une femme brisée qui ne rêvait que d’une chose, recommencer, devenir la seconde. Recommencer, vivre à la place de delta. Rancœur oubliée, qu’elle ne pensait pas revoir, qu’elle ne pensait pas retrouver. qu’elle pensait enterrée au fin fond d’elle-même, de sa renonciation, de son abandon. Interdite au bonheur. Une pensée si longtemps exprimée qu’elle avait évincé toute la jalousie cloitrée au fin fond d’elle-même. Une pensée oubliée, qui l’avait conduite sur le chemin de la mort, sans comprendre qu’elle avait pourtant un ange gardien, sans comprendre pourquoi elle en avait un. Une. Une, qui veillait sur elle. Une qui la poussait à s’y rendre, dans cette librairie. Librairie qu’elle visitait souvent, éditrice à la recherche de nouvelles lectures, de nouvelles œuvres. Librairie qui n’était aujourd’hui là que pour satisfaire un besoin, que pour satisfaire une envie, un cadeau pour une sirène, celle qui l’enchantait, celle qui l’ensorcelait, celle qu’elle se retrouvait à aimer. Sa sauveuse, héroïne qui l’avait rattrapée sur le sentier de la faucheuse, qui avait retenu la paire de ciseaux de trancher le fil de sa vie. Il n’y aurait jamais dû avoir de problèmes. Juste un achat, juste un livre pour arya. Et pourtant. Comme une bête, fauve venu du passé qui voulait rouvrir d’anciennes blessures, qui voulaient trancher par-dessus les coups encore présents de son mari, sur son corps, delta. Delta. Delta, d’une blondeur incroyable. Delta, ses yeux qui la transperçaient. Delta, sœur d’un autre monde, sœur d’une autre vie, choyée lorsque quinn était rejetée. Delta, et sa voix qu’elle n’avait jamais oubliée, qu’elle trouvait énervante. Pas parce qu’elle était moche. Mais parce que c’était la voix de l’élue. Delta, qu’elle voulait renier. Qu’elle jalousait. Qu’elle retrouvait, en même temps que tout ce qui avait pu l’énerver. Delta, qu’elle ne voulait pas revoir. Membre d’une famille qu’elle ne désirait plus jamais aborder. Membre d’une famille qui l’avait saccagée. Membre de sa famille, qui ne lui était jamais venu en aide. Delta… que son regard fatigué voulait transpercer. Mais elle n’en avait pas la force, épuisée, éreintée par ce qu’elle subissait depuis maintenant plus de vingt ans. pourquoi ? Un simple mot. Une simple question. Pourquoi l’enfant chérie, pourquoi l’enfant aimée, qui avait tout reçu, qui avait tout obtenu, voulait-elle la revoir. Pourquoi lui balancer ces mots, qui faisaient naître la douleur dans son cœur. était-ce là une manœuvre malsaine pour la mettre plus bas que terre, encore ? manœuvre sournoise pour s’assurer que jamais la première des ziegler ne pourrait sourire ? pourquoi tu me fais ça ? Une question qui allait plus loin. Une prière qui remontait les années. pourquoi me voles-tu la vie qui m’était due ? pourquoi les as-tu écoutés ? pourquoi ne m’as-tu pas aimée, toi, au moins ? Pourquoi ?
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úrsu. bambi eyes. 2725 1435 31 désespérément seule depuis qu'elle s'est choisie, depuis qu'elle l'a trahi. brillante avocate à la destinée avortée quand elle fût recrutée par le gang des hellhounds. réduite à gérer le dollhouse, leur qg/club renfermant les plus sombres secrets. en pleine effervescence, à deux pas du dollhouse.
| Sujet: Re: parfum d'autrefois (quinn) Dim 25 Aoû - 19:55 |
| souvent, allongée sur ton lit avant de t'endormir, tu t'étais demandé ce qu'elle était devenue quinn. à la terrasse d'un café, tu avais cru l'apercevoir mille fois assise à une table attenante, un bouquin dans les mains. en faisant tes courses, percutée par un gamin, tu voyais la mère qu'elle était débarquer en trombe bafouillant des excuses pour son fils. à l'angle d'une rue, tu apercevais sa crinière brune, celle que tu lui avais toujours envié, et vos sourires se reflétaient. même dans les pires moments, tu craignais de la retrouver un jour, nue sur ta table en inox, pour une fin de chapitre qui vous aurait échappé à toutes les deux. des scénarios, elle s'en était fait des tas, pendant toutes ces années. parce que new york n'était tout de même pas assez grand pour les éloigner indéfiniment. c'était ce dont elle se persuadait quand la vérité était tout autre. même côte-à-côte, pendant leurs jeunes années, elles ne s'étaient jamais rapproché. alors ce n'était sans doute pas la ville et sa superficie qui orchestrerait les retrouvailles. une raison qu'elle s'était faite sans repousser l'espoir trop loin. pour ne pas se miner, en laissant le destin décider. elle ne compte plus le nombre de fois où elle avait voulu interroger les cartes et mille-et-un voyants, pour savoir. obtenir la confirmation qu'elle la reverrait un jour, pour y croire pour de vrai. autant de fois, elle s'était ravisée par peur de la réponse qui anéantirait peut-être toutes ses certitudes. se raccrochant à un idéal qu'elle n'atteindrait peut-être jamais. jusqu'à la collision. au propre comme au figuré. quand les corps se percutent, ce sont aussi les sentiments, les souvenirs et les rancoeurs qui se cognent. le sol aurait pu se dérober sous ses pieds face à une image si déconcertante, il ne fait que l'y ancrer. parce que quand tout semble foutre le camp, on se raccroche à ce qu'on peut. et la terre ferme reste le seul rempart de delta. à travers les uniques mots qui filtrent, il n'y a aucune chaleur. les émotions censées habiller les échanges avec les gens qu'on aime, les gens qui nous sont proches. ce n'est pas de la mauvaise volonté, ce n'est pas un rejet mesuré dans le but de blesser, c'est simplement un manque de pratique. elle ne sait plus comment faire delta, peut-être même qu'elle n'a jamais su. parce qu'elle n'a jamais rien partagé avec cette soeur, hormis un toit, des parents et un nom. ça faisait joli sur les papiers d'identité, c'était du vent dans la réalité. pourquoi ? ses sourcils se froncent devant une question dont elle ne saisit pas le sens. pourquoi tu me fais ça ? encore davantage quand elle insiste. c'est la bousculade qu'elle te reproche ? tu t'en es excusé, t'as pas fait exprès. ou bien ce sont tes mots et l'espoir que t'avais de la retrouver. elle ne partageait pas cette envie ? ou alors c'est plus ancien. mais que pouvait-elle bien te reprocher quand vous n'aviez jamais été suffisamment l'une pour l'autre pour posséder le pouvoir de vous blesser ? le sentiment de légèreté qui aurait dû l'étreindre pour y être enfin arrivé, se dissipe lentement. ça aurait pu être un joli moment de retrouvailles entre deux soeurs que la vie, autant que les parents avaient toujours séparé. elles auraient pu se remémorer des petits bouts d'enfance ou apprendre à se découvrir à leur rythme. s'accorder à oublier hier. à la place, il n'y a qu'incompréhension et distance. elle s'était menti à elle-même quand elle avait naïvement cru que les années auraient suffit à gommer les imperfections qui parsemaient leur semblant de relation autrefois. quand elle s'était persuadée que le temps guérissait toujours les blessures. pourtant si proche d'elle, quinn lui paraissait à des années lumière et le mur qu'elle dressait entre elles lui semblait insurmontable. de quoi tu parles ? première cassure dans le silence environnant. qu'est-ce que je t'ai fait quinn ? deuxième cassure. c'est toi qui est parti, pas moi. troisième et dernière cassure. la plus dure, celle qui dit ce qui a longtemps tourmenté son coeur. ce qu'elle a retourné, sans rarement s'arrêter, dans un cerveau qui ne comprenait pas. qu'est-ce qu'elle avait bien pu faire pour qu'elle fuit sans jamais chercher à la revoir ? les plaies à peine recousues, d'un matériel défectueux, s'irritent à nouveau. le regard hurle la souffrance qui l'avait de nombreuses fois tenue éveillée, qui avait alimenté ses cauchemars de gamine abandonnée. soudainement, elle prend conscience qu'elles sont au milieu de nulle part, au milieu d'une librairie, comme hissé sur la scène d'un théâtre. sauf que le drame n'a pas à avoir lieu aux yeux du monde. il avait écorché suffisamment d'âmes pour ne pas avoir à y mêler des inconnus. viens par là. attrapant son bras, elle ne laisse place à aucune contestation, aucune résistance. jusqu'à l'angle de deux étagères, dans un coin en retrait, elle l’entraîne. à la recherche d'une intimité dont elles avaient besoin pour s'exprimer. pour apprendre à se parler, comme elle ne l'avait jamais fait. |
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| Sujet: Re: parfum d'autrefois (quinn) Sam 19 Oct - 20:43 |
| C’était comme insulte venue la frapper en plein cœur. Comme l’irrespect de trop, qui venait la bousiller. D’abord, il y avait eu ses parents. Leurs parents. Ceux de delta. Puis il y avait eu son mari. Son bourreau. Homme plus proche de la monstruosité que de l’humain. Il y avait le mal de la vie, il y avait eu la stérilité, les coups, et les pleurs. Les larmes qui ne faisaient que tacher le lit, tandis qu’il la prenait sans consentement. Il y avait eu les envies de suicides, et la tentative presque achevée, alors qu’elle s’était apprêtée à en finir, une bonne fois pour toutes. Il y avait eu les mauvais jours, et les pires jours. Jamais aucun de bon, jamais une seule fois. Puis il y avait delta. Delta, qui venait lui sourire, après lui avoir volé tant de choses. Delta, qui s’était imposée dans leur vie à trois, et qui avait encore plus repousser quinn. Delta, qui se croyait bonne sœur, dans tous les sens du terme. Delta, ce simple prénom faisait mal, écorchait son oreille, tandis qu’elle pleurait alors en silence, la nuit. Se demandant pourquoi ce n’était pas elle, la fille aimée. Pourquoi ce n’était pas elle, la blonde adorée… Et là, elle était là. tu n’avais jamais voulu une telle rencontre, quinn. Tu n’avais jamais voulu la revoir, cette femme qui t’avait volée l’unique chance que tu avais de restaurer les liens avec tes parents. Ses parents, plutôt. Tu n’avais jamais pu comprendre comment elle avait pu garder un tel sourire, en te voyant, alors que t’avait été livrée à un mari sans pitié, achetée avec de l’argent sale. Comme elle pouvait croire que t’étais partie, quand tous les vœux de ta vie revenaient au même moment. Ce départ. Cette vente. Cet esclavagisme. elle ne comprenait pas, visiblement. Ou se faisait un plaisir de ne pas le comprendre. Ne savait-elle pas, enfant chérie, que quinn était l’enfant horrible ? que leurs parents n’avaient jamais voulu d’elle, qu’elle n’était que la ratée qu’on avait vite donnée à l’homme le plus sadique au monde, contre quelques milliers de dollars ? ne savait-elle donc pas pourquoi elle avait joui d’une éducation riche, et d’un tel niveau de vie ? parce que oui, leurs parents étaient pauvres, avant cet évènement. Parce que oui, quinn leur avait tout donné, même sa vie, pour qu’ils puissent jouir d’un peu plus de luxe, tandis qu’elle les voyait pour la dernière fois, horrible cauchemar encore ancré dans son esprit. sérieusement ? de quoi je parle ? elle en était outrée, et elle avait mal. C’était comme une blessure qui jamais ne s’était effacée, comme le trou béant qu’elle avait dans la poitrine depuis plus de vingt ans, de trente ans, de quarante ans. c’était comme revivre ce moment, encore et encore. Comme se retrouver, encore une fois, dans cette chambre, alors que leurs parents ne la voyaient pas, ne l’aimaient pas. Dans ce salon, alors qu’elle était de corvée, et que jamais delta n’avait à subir ce genre de pratiques. Dans cette voiture, les larmes aux yeux, à l’idée de partir ainsi, vers un inconnu qui ne lui apporterait pas de bonheur. Vers un avenir qui la détruirait. tu ne savais pas, quinn. Tu ne savais pas si elle cachait son savoir, ou si elle ignorait tout. Et d’une certaine façon, tu t’en voulais de lui répondre avec de la glace. Mais la douleur était encore grande, et le sol semblait se dérober sous tes pieds, alors que tu étais prise de court, par cette rencontre qui ne faisait qu’apporter les mauvais souvenirs. et elle n’eut pas le temps de répondre. Juste le temps de se sentir encore plus mal, alors qu’on lui reprochait désormais une décision qu’elle n’avait jamais prise. Et alors qu’elle était amenée de force à l’abri des regards, elle grimaça, son bras lui faisant mal. Et se libéra de cette prise en gémissant, tout en se tenant le bras. ce n’était pas delta, ça. C’était lui. Lui, celui qui la battait chaque soir, chaque matin, chaque nuit. Lui, celui qui la détruisait, depuis tellement de temps. ça va pas ? demande, la prochaine fois ! mais elle n’aurait pas écouté. Et delta le savait. et tu sais quoi ? je vais te dire quelque chose… je ne suis pas partie ! elle n’en pouvait plus. rien que de voir delta, elle avait l’impression que tout son cerveau lui envoyait les signaux de détresse qu’elle avait ressentis toute sa vie. mais je suis sûre que « tes » parents t’en ont parlée avec fierté. De comment ils se sont débarrassés de l’intruse ! parce que ça faisait tellement mal. D’être traitée en objet, avant d’être accusée en personne. et au fond de toi, tu espérais sans doute que delta ne sache rien de cette histoire. tu voulais qu’elle l’ignore, parce que cela pourrait expliquer bien des choses. Tu voulais qu’elle l’ignore, parce qu’avoir une famille pourrait peut-être te sauver la vie. alors joue pas les innocentes. et elle était mauvaise. Et de mauvaise foi. Elle avait cette douleur depuis tellement longtemps, que la rancœur s’était aisément installée. Et elle n’était plus elle-même. devant elle, elle n’était plus qu’un pâle reflet d’une vie morne, d’une existence bafouée, d’un esprit démoli. Elle n’était plus que souffrances, et larmes, bien que ces dernières restaient dans ses yeux, sans sortir. Elle n’était plus que le résultat d’une vie à subir, prendre des coups. Une vie cauchemardesque. Qui résonnait dans sa voix, tant elle avait mal. Qui résonnait dans ses paroles, tant elle souffrait.
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| Sujet: Re: parfum d'autrefois (quinn) |
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