the lightning strike (bass)

l'univers avait encore fait des siennes, bouleversant l'espace temporel et ce qui était habituellement de notoriété publique. avec bass dans les parages, il n'aurait dû être question que de renvoi de balles incessant. jusqu'à ce que finalement, l'un des deux se décide à se laisser ravir la victoire. et c'était d'ailleurs le spectacle qu'ils avaient offert d'entrée de jeu, fidèle à leur ressentiment commun. des piques lancées exactement là où il fallait, dans l'espoir de faire réagir l'adversaire de la meilleure des manières. ils avaient acquis l'art et la manière de s'illustrer à cet exercice à force d'entrainement. à force de se détester, plus par fierté que par réelle réponse à l'affront. ils avaient tout fait à l'envers depuis le début. pourtant, dans l'esprit lucide de noa, il ne pouvait pas y avoir de retour en arrière. parce que bass n'était pas homme à se rabaisser, encore moins face à une femme. parce que bass était de ceux qui se dressaient face à tout et à tout le monde. enfin ça, c'était ce qu'elle croyait encore quelques minutes auparavant... avant qu'il ne fasse voler en éclats toutes ses certitudes, avec en prime, l'image qu'elle se faisait de lui. quant à son tour, elle semble le surprendre de la même façon, par son honnêteté. elle se veut transparente à cet instant noa, parce qu'elle est fatiguée de se battre pour des broutilles, pour des détails dont elle se fichait royalement, pour une foutue guerre d'égo qui ne les mènerait à rien, si ce n'est à mettre en péril une bande qui semblait déjà avoir tout pour réussir. en vérité, elle sait pertinemment ce qui ne fonctionne pas entre eux. ça passe par le comportement déplacé de bass et par leurs caractères qui s'agrippent à chaque échange. alors elle lui dit tout ça, ce qu'elle ressent. que malgré toute leur bonne volonté, ils seront sûrement amené à ne savoir se supporter qu'à intervalles irréguliers. un jour, ce sera oui. le lendemain, ce sera non. et elle se voit difficilement vivre les choses autrement noa. la monotonie l'aurait à l'usure. et ça la fait sourire en même temps que lui. comme si finalement, ils s'accordaient sur certains points. puis y'a les rires qui succèdent au reste, parce que c'est le seul rempart que noa possède face à la gêne. et c'est quand il lui parle de lilian, de ce qu'il n'a pas su voir, qu'elle comprend la mesure de ce qu'il l'a affecté. il parait au-dessus de tout bass, quand on le regarde de loin, quand on ne le connait pas assez. mais quand on prend le temps de lui parler plus en profondeur, de lui accorder l'intérêt qu'il mérite, il se montre bien plus attachant que de prime abord. finalement, elle est heureuse de connaitre aussi cette version de lui. personne n'est jamais tout noir ou tout blanc chacun s'efforce simplement de masquer ses facettes les plus fragiles pour n'apparaitre que difficilement atteignable. parce que c'est plus facile que d'être le faible sur lequel on s'acharnera. et c'est sûrement l'une des raisons qui fait que bass et lilian n'ont toujours pas mis leurs non-dits sur la table. pour son bien à elle, mais surtout pour leur bien à eux, elle l'encourage à faire le premier pas, sans réellement savoir s'il prendra la peine de l'écouter. elle n'était personne et il n'avait jamais pris en compte son avis, qui sait s'il allait commencer aujourd'hui ? les probabilités restaient bien maigres. kurt… il est en chien sur toi ? j’veux dire, il se passe quelque chose entre vous ? la question la surprend tellement qu'elle est n'est pas sûre de vraiment la comprendre. pardon ? elle dit avant que son regard ne se repose sur lui. non mais t'es sérieux bass ? elle est choquée que qui que ce soit puisse envisager qu'elle irait risquer de foutre en l'air une amitié comme la leur pour une histoire de cul. s'il existait bien quelqu'un sur cette planète qui refusait de tout mélanger, c'était bien elle. habituée à tout compartimenter, elle n'entendait pas tenter le diable à plusieurs reprises. kurt c'est mon pote, il se passera jamais rien entre nous. comme il ne passera jamais rien ni avec bass, ni avec lilian. il y avait bien assez de mecs sur terre pour qu'elle sache trouver son bonheur sans toucher à ceux-là. tu veux pas qu’on aille le boire maintenant, le verre ? une fois encore, ça l'étonne. elle ne pensait pas que le rendez-vous était pour aujourd'hui. elle était censée finir sa journée et rentrer chez elle le sourire bien dissimulé à l'idée de retrouver la maison du christ. et puis on avait changé ses plans. ou plutôt, bass les avait changé. t'as bien fait de venir me voir aujourd'hui toi. elle commence parce qu'elle le pense, parce qu'elle était d'une humeur parfaite pour gérer les évènements et parce qu'elle avait bien besoin d'un peu de positivité, d'un peu de répit. de quelques sourires et pas mal de rires. et jamais elle n'aurait pensé avoir tout ça avec bass. comme quoi, tout arrivait. j’suis trop chamboulé de t’avoir dit ce que j’avais sur le cœur pour réussir à t’emmerder comme avant sans un peu d’alcool. elle soupire, en se retenant de rire. fais gaffe, tu régresses. tu perds des points bass. lui, que rien ne semblait jamais atteindre. lui, qui semblait toujours plus fort que tout le monde. lui, qui avait toujours les mots qu'il fallait, mais surtout les mots qu'il ne fallait pas. j'suis déçue, j'te pensais plus doué que ça. elle hausse les épaules, plus pour l'emmerder que par vérité. mais ok, laisse-moi cinq minutes. le temps de se retourner, le temps d'aller avertir son oncle qu'elle écourtait son après-midi, le temps de leur assurer qu'elle arriverait deux heures plus tôt le lendemain s'il fallait, le temps de récupérer ses affaires aussi. et un peu le temps de se préparer psychologiquement à ce qu'elle allait faire, ce qu'elle n'avait jamais envisagé avant qu'il ne se pointe sur son lieu de travail, à vrai dire.
et quand tout fût réglé, elle était finalement prête à quitter les lieux noa. fais gaffe, on pourrait te voir avec moi, ça ferait mauvais genre. pour ton image j'veux dire. un léger sourire en coin s'immisce sur ses lèvres. après tout, s'il avait tout fait pour que ça vrille entre eux, c'était bien qu'il ne voulait pas être associé à elle, non ?

elle ne sait plus réellement où ils en sont tous les deux à l'heure actuelle. les sentiments contraires s'additionnant et se percutant bien trop rapidement pour qu'elle puisse en saisir le sens caché. tout ce qu'elle croit pouvoir affirmer, c'est que les orages habituels semblent s'être dissipés. et que les nuages se sont éloignés. finalement, peut-être que ce qui les liait pouvait être facilement comparable à des évènements météorologiques. changeant et tellement imprévisible, à leur image. et alors que la menace s'efface, elle abaisse les armes noa, dans l'attente de la prochaine confrontation qui exigera de reprendre le combat. elle s'adoucit, en même temps que lui et pour la première fois, elle a l'impression qu'ils communiquent pour de vrai. ce qu'elle n'avait sûrement jamais fait avec lui. l'un comme l'autre ne recherchant pas ce genre d'échange, à coups sûrs. les messages passent et tout prend doucement un sens dans l'esprit embué de la brune. si elle ne lui donnera pas d'excuse, elle accepte ce qu'il lui explique. parce que dans le fond, sa démarche est louable. pouvait-elle lui reprocher de s'être inquiété pour son pote et de s'être senti vraiment con quand il n'avait pas su capter les signaux ? à sa place, elle aurait certainement réagi de la même manière. aussi identiques étaient-ils sur bien des points. et quand elle est presque sûre que la tempête est déjà loin, il fout encore tout en l'air en glissant sur le mauvais terrain. il met son nez dans des affaires qui ne le concernaient aucunement. qui cela pouvait bien intéresser de savoir ce qu'elle faisait de son cul ? lui apparemment. et elle se sent d'autant plus irritée que quelqu'un puisse imaginer qu'elle irait jusqu'à se taper ses meilleurs potes. à ses yeux, un ami reste un ami, ça n'ira jamais plus loin. et kurtis était sûrement l'une des plus précieuses personnes qu'elle avait la chance de compter à ses côtés. jamais ô grand jamais, elle n'irait risquer de tout gâcher, à moins d'être tombé sur la tête. et il est au courant ? elle est tellement prise au dépourvu qu'elle ne trouve pas toutes les réponses qu'elle devrait avoir. j’veux dire, t’es la seule nana qu’il semble réussir à approcher – c’t’handicapé. j’m’inquiète pour lui t’sais. elle hausse d'abord les épaules, un peu perdue face à de telles révélations qu'elle n'avait pas vu venir. je sais pas, enfin oui. j'pense. il lui met presque le doute avec ses insinuations, elle s'en veut maintenant. elle se fustige intérieurement, réfléchissant à plein régime pour s'assurer qu'elle n'ait pas mal agi à son égard, qu'elle n'ait pas fait clignoter de faux signaux, qu'elle n'ait pas envoyé le mauvais message. et elle se serait bien passé de ces prises de tête noa. pourquoi tu me demandes ça ? il t'a parlé de quelque chose ? elle est étonnée qu'il s'intéresse à ça d'aussi près. pour quelle raison le ferait-il si on ne lui avait pas mis la puce à l'oreille ? parce que pour une fois, il est trop subtil bass. habituellement, il est beaucoup moins délicat, préférant de loin mettre les deux pieds dans le plat sans se formaliser de quoique ce soit.
pourtant, aujourd'hui, elle a décidé de lui laisser le bénéfice du doute noa. une amabilité dont elle ne lui ferait pas don tous les jours et qu'elle espérait le voir apprécier. elle s'assoit sur ses réticences, pensant sûrement à raison, qu'elle ne risquait pas grand chose sinon d'être déçue une fois de plus. elle ne tomberait pas de si haut que ça quand on y repensait. elle a bien besoin de boire quelque chose, de changer de décor et de parler. il lui offre cette porte de sortie et pour une fois, elle lui en sait gré. ce qu'elle ne manque pas de lui signifier, sans savoir s'il saisirait la perche. mais lui, préfère s'arrêter sur les points qu'il perd selon ses propres mots. on peut pas contenter tout le monde. elle secoue la tête, pas franchement étonnée par l'état de la réponse. tant mieux s'il semblait se contenter de satisfaire certaines personnes. ce qu'il ne savait pas, c'était qu'elle était la plus difficile à ce niveau-là, mais qu'elle était surtout la plus impartiale. peut-être que ça lui suffisait de miser sur la plus petite marche après tout, elle n'avait aucun droit de regard là-dessus.
elle lui demande un petit temps juste histoire de rassembler ses affaires et de quitter son lieu de travail. puis elle le retrouve à la sortie. elle ne résiste pas longtemps à l'envie brûlante de reprendre ses bonnes vieilles habitudes. parce qu'en l'emmenant boire un verre, il met délibérément un mouchoir sur tous les reproches qu'il avait pu lui balancer à la gueule depuis qu'ils se connaissaient. on ne sort pas en compagnie de quelqu'un qu'on estime si peu normalement. c'est ce qu'elle ne se gêne pas pour lui faire remarquer. sa présence pourrait tellement ternir son image qui devait graviter parmi les hautes têtes de new york. j’suis pas sûr, t’sais. t’es tellement jolie qu’tu vas rendre jalouses toutes les meufs du bar et ce sera plus facile pour moi de pécho. t’es mon porte-bonheur, mon faire-valoir. encore une fois, elle ne sait pas comment elle doit le prendre. il ne joue jamais dans la même classe bass. tantôt les reproches pleuvent, tantôt les compliments s'invitent. si bien qu'elle en perd le nord et tout le reste des points cardinaux. j'sais pas exactement comment j'dois le prendre, mais j'viens pas admirer le loup en chasse. si il avait l'intention de la trainer là-bas pour repartir au bras d'une créature comme celles que lui seul savait trouver, elle aimait autant rester ici dès maintenant. elle n'entendait pas servir de bouche-trou noa, très peu pour elle. c'est à cela qu'elle pense très fort alors qu'il prenne la direction d'un bar en bas de la rue. pas trop éloigné de son lieu de travail, elle aime bien l'ambiance qui l'habite. à moins que j'sois pas du genre partageuse, elles oseront peut-être pas s'y frotter, qu'elle ajoute finalement. certaines femmes sont des tigresses qui détestent qu'on s'approche de leur terrain de jeu et personne ne savait qui elle était, ni même le rôle qu'elle tenait dans l'histoire. alors peut-être que j'vais simplement gâcher toutes tes chances de pécho aujourd'hui, au lieu de les alimenter. elle hausse les épaules dans un sourire mi-figue, mi-raisin. il ne saurait absolument rien des cartes qu'elle comptait jouer à ce moment-là. ce pourquoi elle aimait décidément beaucoup cette idée. ils passent tranquillement la porte de l'établissement et se dirigent vers l'une des seules tables encore libres à l'intérieur. elle jette un regard alentour, observant les new yorkais qui les entouraient. qui avait dit que c'était à lui de se trouver de la compagnie ? elle aussi pouvait avoir envie d'une distraction, même éphémère. j'crois que si kurt était là, il trouverait vraiment la situation loufoque. elle rit déjà rien que d'y penser, tout en prenant place face à son interlocuteur. parce que toute personne les connaissant un minimum tous les deux, savaient pertinemment qu'ils n'avaient rien pour s'entendre plus de dix minutes d'affilée. alors pour prendre un verre...