the lightning strike (bass)

tu grattes, tu frottes, t'essuies. tu tentes de faire briller la vieille carcasse de cette bagnole sur laquelle s'étaient succédées pas mal de mains ces derniers jours. il faut ce qu'il faut pour trouver le point faible et n'en faire qu'un lointain souvenir. alors elle a accepté d'apporter la dernière pierre à l'édifice noa. elle aurait pu se sentir rabaissée au ménage, à ce job que l'on incombe d'ordinaire qu'aux êtres féminins mais il n'en est rien. elle met même du coeur à l'ouvrage parce qu'elle serait prête à faire n'importe quoi pour peu qu'elle se salisse les mains. y penser la fait souvent rire d'ailleurs. elle, la meuf pas normale. pendant que ses homologues féminines chialeraient pour un ongle cassé. elle a d'autres priorités, la mécanicienne. à commencer par admirer le fruit de ses efforts, avant de téléphoner au client pour lui signifier qu'il pouvait dès à présent venir récupérer son bien. tâche accomplie, il est temps pour elle de s'octroyer une petite pause bien méritée. juste le temps de passer laver le plus gros de ses mains souillées et d'attacher rapidement ses cheveux en un chignon négligé, puis elle fait signe à son oncle qu'elle sort prendre l'air. elle se pose devant le garage noa, laissant tout le loisir à ses poumons d'emmagasiner l'oxygène ambiant, bien loin de celui pollué des moteurs à l'intérieur. pourtant, ce n'est qu'un bien maigre répit qu'elle s'offre puisqu'elle en profite pour s'allumer une clope. une taffe, deux taffes. et son regard se perd dans le vague. c'est pas le mouvement du coin qui risque de la tenir en éveil, elle n'aperçoit même pas un chat à l'horizon. elle s'ennuie, elle soupire. une fois, puis deux. et machinalement, elle relève le regard pour accrocher un je-ne-sais-quoi. l'illusion d'une occupation éphémère mais bien réelle. sauf que ce n'est pas ce que ses pupilles rencontrent en la personne de bass. instinctivement, elle lève les yeux au ciel parce qu'il était bien la dernière chose dont elle avait besoin. elle sentait déjà pointer le ras-le-bol, l'exaspération et un tas d'autres jolis sentiments du même genre. j'te manquais déjà ou tu t'es perdu en chemin ? qu'elle crache ironiquement. trop peu habituée à le voir trainer dans les parages quand elle s'y trouve déjà. si tu cherches du taff, j'en toucherais deux mots au patron. si peu d'animosité dans sa voix, dans son ton, sans parler de son regard si chaleureux qu'il ferait fuir un ours. pas qu'elle soit tentée à l'idée de l'avoir à proximité, dans le fond, ça ressemble davantage à un reproche. une perche qu'elle balance pour qu'il essaie de faire quelque chose d'honorable, pour au moins une fois dans sa vie. la gosse reste intimement persuadée qu'il n'est jamais trop tard pour bien faire. la balle est dans ton camp, bass.

tout était calme dans les environs jusqu'à ce que la foudre s'abatte sur le garage. et ce chaos ne répondait qu'à un seul nom : bass nobody lui-même. le tombeur de ces dames qui avait la fâcheuse manie de s'en vanter beaucoup trop aux yeux de noa. lui qui pourtant était toujours le premier à les rabaisser au rang de femmes à tout faire dès que l'occasion se présentait, se révélait bien moins regardant quand il s'agissait de les asservir à son propre plaisir. ce type-là, il prend, il profite, il manipule, le tout dans son propre intérêt. et au contraire d'un petit animal docile, elle refusait catégoriquement de se laisser dompter noa. il n'était pas encore né celui qui lui ferait courber l'échine. elle n'a pas un fond méchant, c'est simplement lui qui la force à le devenir. il appuie, il appuie, il appuie, jusqu'au moment où trop agacée, elle n'a plus d'autre option que de répliquer. un cercle infernal dont ils ne sortiront peut-être jamais. à moins que l'un des deux y laisse suffisamment de plumes pour décider de lâcher prise. quand il entre dans son champ de vision, la tentation d'ironiser est tellement forte qu'elle ne parvient pas la réfréner noa. c'est qu'elle ne comprend pas l'objet de sa venue. elle a cette impression de bousculer la petite vie de monsieur quand elle est à proximité, et pourtant aujourd'hui, c'est lui qui vient presque la provoquer sur son terrain. la contradiction à l'état pur, les lubies de nobody. un peu des deux ? elle secoue la tête de désespoir noa. décidément, elle allait vraiment finir par croire qu'elle était indispensable à son existence et qu'il s'ennuyait bien trop dès qu'il n'avait plus le loisir de s'enflammer contre quelqu'un. elle en l'occurrence. t'es toujours aussi canon, même avec les cheveux noués n'importe comment et quelques tâches d'huile sur le bout du nez. instinctivement, elle passe une main aux endroits stratégiques de son visage, n'ayant pas forcément envie de s'afficher tel un dalmatien improvisé. c'est ça que tu leur dis à toutes tes conquêtes ? et ça marche à tous les coups, hein. en général, il leur faut combien de temps avant de se retrouver à poil dans ton lit ? dix minutes ? un quart d'heure ? elle ne mange pas de ce pain-là noa. les petits compliments savamment posés ne lui font aucun effet, elle les voit venir. d'autant plus quand c'est bass qui en est l'auteur. le bâton de nicotine se retrouve pincé entre les lèvres de la gamine, avant qu'elle ne relâche la pression pour expirer la fumée salvatrice. elle est étonnamment détendue noa, alors que bass s'emporte à nouveau quand elle lui parle d'un vrai travail. j'ai pas besoin d'ton taff de merde, merci pour ta pitié. ma machine à sous m'convient très bien, et j'ai d'autres tours dans ma manche. j'roule sur l'or, ma petite. un léger sourire s'invite sur ses lèvres, tellement prévisible. elle hausse les épaules. c'est sûr qu'en arnaquant les gens, on finirait tous aussi riche que crésus. elle aime pas le ton qu'il emploie avec elle, elle aime pas le fait qu'il soit complètement à l'aise avec ce métier qui profite de la crédulité d'autrui, elle aime pas qu'il ne veuille jamais essayer de faire mieux. comme s'il n'avait plus rien à prouver à personne, comme s'il était au-dessus des autres. j'préfère largement ma place à la tienne. mais bon, j'suis pas étonnée d'une telle réaction de ta part. ça lui ressemblait, c'était à sa hauteur. alors elle n'était pas plus surprise que cela noa, seulement déçue. par contre j'veux bien que tu regardes ma caisse. j'ai pas trop confiance dans tes talents – t'es qu'une femme après tout, et les femmes ça fait la cuisine et l'ménage, pas le mécano. mais si ton oncle t'a filé ce job, j'lui fais suffisamment confiance pour t'faire confiance à toi aussi. sauf si tu griffes ma caisse. là par contre, elle rit jaune. c'était sans doute ce qu'elle avait entendu de pire depuis qu'il était arrivé. elle se tourne vers lui pour le fixer de son regard scrutateur, attendant de voir jusqu'où il serait prêt à aller. tu t'fous de ma gueule ? bass avait décidément un culot monumental. il disait ouvertement ce qu'il pensait de la position de la femme pour ensuite oser lui demander de jeter un oeil à sa bagnole. j'veux pas de ta pitié non plus. y'a des tas de clients dans le coin qui me confient leur voiture les yeux fermés. et toi, tu peux t'adresser à un mec qui ne risquera pas d'érafler ton piège à meufs. ce type était vraiment phénoménal. il était devant un garage où la petite wilson était la seule femme à exercer. il lui suffisait d'entrer à l'intérieur pour trouver une personne plus capable, à ses yeux, de remédier à son problème de carcasse. alors elle embaume sa vision et son esprit des vapeurs de nicotine dans l'espoir qu'elles l'aident encore à se contenir noa. parce qu'elle sent son corps se contracter et ses nerfs prêts à exploser. la détonation n'est jamais loin quand on se tient aux côtés d'un bass.

elle n'avait pas besoin de lui sur son terrain. cet endroit qu'elle considérait pourtant, à juste titre jusque-là, comme son échappatoire. celui où elle respirait un air pas encore pollué des idées moyenâgeuses d'un wilson ou de l'égocentrisme d'un bass. sauf que comme toujours, ce dernier n'en avait fait qu'à sa tête, allant jusqu'à venir la provoquer sur son lieu de travail. elle n'aime pas être dérangée quand elle bosse noa. elle a coutume de dire qu'il y a un temps pour chaque chose. et là ne sonnait clairement pas l'heure d'un règlement de compte qui se répétait bien trop souvent ces derniers temps. c'est avec une phrase toute faite dont lui seul à le secret qu'il apostrophe noa, qui ne se gêne pas pour le rembarrer aussi vite. elle se moque bien de ses compliments tout droit sorti d'une pochette surprise, elle n'en croit pas un mot. elle entend bien lui faire savoir, une fois encore, qu'elle ne se laisserait pas berner aussi facilement que toutes les petites bimbos qui squattaient son lit chaque soir. c’est plus ou moins ça. sauf toi. ça la fait brièvement sourire qu'il comprenne le message ou qu'il fasse juste semblant. te fatigue pas va, j'voudrais pas blesser ton égo. retourne plutôt là où tu n'as qu'à claquer des doigts pour les faire tomber, ça t'aidera à le regonfler. elle ne sait pas pourquoi elle a ce sentiment qu'il préfère la facilité à la qualité. alors que le jeu pourrait s'avérer bien plus intéressant si seulement il acceptait de batailler un peu. mais un bass ne devait pas être homme à se rabaisser, il préférait forcément être adulé. et c'était tout sauf le genre de noa de battre des cils devant un mec de sa trempe. il ne lui restait plus qu'à se contenter d'espérer ou alors à abandonner l'idée de la faire plier un jour. pour autant, elle aussi s'essaie à ce jeu-là. peut-être qu'elle avait une maigre chance de lui faire entendre raison au sujet de ce qu'il appelait son boulot, mais qu'elle jugeait plutôt de piège à gens trop naïfs. elle qui était si certaine que c'était devenu de notoriété publique que les jeux de fêtes foraines n'étaient que des attrapes-nigauds. elle continuait pourtant de voir chaque jour des new-yorkais tomber dans le panneau. elle en était peinée mais se souvenait très vite qu'elle n'était pas la sauveuse du monde. j’aurais pas mieux dit. j’comprends pas pourquoi les gens le font pas plus… enfin, si y’en avait trop, ça marcherait plus. mais bass, il plaisante trop. il se joue des autres et ça la débecte noa. elle n'arrivait pas à comprendre qu'on puisse manquer de scrupules à ce point-là. tu sais ce qui m'amuserait moi ? c'est de voir quelqu'un t'y prendre à ton tour. le jour où tu tomberas sur plus fort que toi. parce que ça existe bass, arrête de te prendre autant au sérieux. il se voit tellement supérieur au monde qu'il en oublie parfois l'essentiel, les règles élémentaires. personne n'est invincible, on a tous son maître quelque part, ne reste plus qu'à poser le doigt dessus. et s'il fallait, noa serait prête à le chercher des années durant si seulement ça pouvait permettre à monsieur nobody de fermer son clapet une fraction de seconde. elle estime même que sa place à elle est bien plus enviable que la sienne à lui. parce qu'elle ne berne personne au moins, elle n'a rien à se reprocher contrairement à ce type. elle ne doutait pourtant pas du fait que c'était le cadet de ses soucis, pour lui qui était bien trop centré sur son petit nombril pour se préoccuper des autres autour. quand elle pense à tout ça, elle se rappelle toujours de ce qu'elle déteste chez lui, de ce pourquoi il a le don de l'irriter autant. et comme si ça ne suffisait pas, il en rajoute une couche. toujours plus, ça deviendrait presque son crédo. tu dois être pas mal sous une bagnole, avec juste ton p’tit cul qui dépasse du capot… alors ouais, j’préfère aussi que tu restes à ta place, et moi à la mienne. souvent, elle se demande comment il fait pour ne jamais être à court de répliques. et surtout, pour tout le temps toucher pile à l'endroit où ça la fait monter dans les tours. elle en a marre de ses sous-entendus parce que c'est que du vent qu'il sert à toutes les meufs qui croisent sa route. bass n'était mené que par son engin et elle apprécierait tout autant de ne pas avoir à en faire les frais. ferme-la bass. et arrête d'être obsédé par mon cul, ça en devient gênant. d'autant plus qu'il n'aurait jamais le loisir de l'admirer à l'oeuvre alors qu'il garde ses remarques désobligeantes pour lui. il semblait s'en satisfaire bien assez pour deux. elle aspire une taffe de nicotine comme pour se calmer de ce qu'elle entend encore passer la barrière de sa bouche. voilà que maintenant, il comptait sur elle pour prendre soin de sa caisse. ce mec n'en ratait jamais une, champion du monde de l'hypocrisie. elle ne l'entend pas de cette oreille noa. elle ne se rabaissera pas à lui faire ce cadeau. elle préfère perdre un client comme lui et en bichonner d'autres qui le méritaient bien plus. elle ne faisait pas la manche au point de tout accepter de n'importe qui. et bass n'étant personne, les conclusions s'imposaient. primo, mon piège à meufs n’en est pas un. mon charme est l’unique accessoire qu’il me faille pour les faire tomber dans mon lit. deuzio, j’ai jamais eu de pitié pour toi ou pour personne et j’en aurai jamais. surtout pas pour toi ; tu vaux mieux que ça. elle hoche la tête, plus pour se foutre de sa gueule que par réelle approbation. comment t'expliques que ça fonctionne pas sur moi alors ? jusqu'à preuve du contraire, elle était toujours habillée en sa présence et elle n'avait encore jamais visité son lit. de plus, ça ne faisait absolument pas partie de ses plans à court terme. tertio, oui je me fous de ta gueule. et là pour toute réponse, elle lève son majeur à son intention parce qu'elle est fatiguée de parler dans le vent. parce qu'il la fatigue tout simplement. et comme si ça ne suffisait pas, elle prend un coup dans l'épaule. inarrêtable celui-là et prenant un peu trop la confiance avec elle aussi. j’ai grossi le trait, noa. j’suis pas aussi misogyne que ça… j’pensais que tu le savais. elle hausse les sourcils alors qu'il lui offre un regard de merlan frit. je sais – et je te jure sur tout ce que j’ai que c’est vrai – que t’es très douée. en plus, je disais la vérité au moins sur ce point : je fais confiance à ton oncle. s’il t’a donné ce job, je suis sûr que c’est mérité. elle hoche la tête encore, parce que son oncle n'était évidemment pas assez con pour l'engager si elle ne savait rien faire de ses dix doigts. il y avait des limites à toute main tendue. t'as pas encore compris que la flatterie ne marchait pas avec moi ? elle le dit sans le quitter des yeux, elle ne se démonte pas noa. parce que ça fait trop de gentillesses d'un coup pour sa personne, venant de lui. mais j’comprendrais que tu veuilles pas de ma caisse. si elle le regarde toujours de la même façon, elle a l'impression étrange que dans son regard à lui, quelque chose a changé. sans pour autant être capable de déceler quoique ce soit. et elle qui n'a jamais eu droit à ce genre d'échange, elle ne sait pas comment le gérer alors elle détourne les yeux un peu trop rapidement. c'est quoi le problème avec ta caisse ? et c'est un demi-sourire qui prend possession de ses lèvres. t'as faibli noa, t'as pas tenu le cap. elle avait déposé les armes une fois, mais ça ne recommencerait pas de sitôt s'il lui donnait des raisons de le regretter.

bass et noa n'étaient jamais d'accord sur rien. et elle n'était pas préparée à devoir introduire, argumenter et conclure sur tout un tas de sujets, aussi diversifiés soient-ils. elle voulait simplement se poser, profiter de sa pause pour souffler, même juste quelques minutes mais il ne lui en laissa pas le temps. et comme à chaque fois qu'elle le voit, elle se pare à l'attaque noa. pas du genre à se laisser écraser, elle est plutôt prête à montrer les crocs. surtout avec bass. elle ne sait même pas pourquoi elle s'est immédiatement dressée contre lui, dès le départ. elle n'a pas la mémoire des détails. tout ce qu'elle sait, c'est qu'il avait dû hurler au marquage de territoire quand elle avait débarqué. et s'il y avait ajouté un mot de travers, elle avait achevé son jugement sur sa personne. pas de demie-mesure avec noa, elle et son instinct qui ne la trompait que rarement. si kurtis l'avait acceptée au premier coup d'oeil, lilian avait mis le temps et bass, lui, n'essayait même plus. elle s'en fichait pas mal dans le fond. parfois, elle jouait là-dessus pour l'agacer encore plus et d'autres, elle se réfugiait dans l'indifférence. chacun à sa place, tant que tu joues pas dans mes pattes.
elle l'écoute parler de ses fêtes foraines, de ces honnêtes gens qu'il entube sans le moindre état d'âme. et ça lui brûle la langue parce qu'elle n'a qu'une envie, c'est de le faire taire. de le voir s'écraser face à quelqu'un qu'il ne saura pas maitriser. à ce moment-là, elle se sentira reine noa, quand bass aura chuté de son trône. eh bien tu sais quoi, noa ? on est deux. j'attends ça avec impatience. en attendant, il se range à son avis et ça la fait rire intérieurement. elle imaginait très difficilement qu'il fanfaronnerait tout autant le jour venu. mais elle espérait vivre assez longtemps pour profiter du spectacle. il a beau l'irriter chaque jour que dieu fait, elle se sentirait bien mieux si elle pouvait avoir une relation saine avec lui. pas des échanges gorgés de sous-entendus à chaque fin de phrase. ce qui ne risquait pas d'arriver s'il ne se décidait pas à faire cesser son radar de mec en chasse. elle n'avait pas l'intention de jouer dans cette catégorie noa, elle passait son tour aisément. sauf qu'elle avait beau le dire sur tous les tons, il restait sourd à ses propos et revenait à la charge. elle n'avait aucune envie de provoquer des histoires dans le groupe la gamine. ni de tout mélanger. ni même de se lancer là où n'était pas sa place. ces gars étaient ses potes, point barre. et pourtant, il abat toutes ses cartes bass. avec plus ou moins de précision, avec plus ou moins de talent. et toujours, elle reste de marbre noa. non, elle n'est pas qu'un morceau de viande. non, elle ne sera pas qu'un trophée en plus à rajouter à sa longue liste de succès. non, elle ne craquera pas. elle se plait à croire qu'elle sera plus maligne que les autres. et elle se contente de lui renvoyer ses nombreux échecs au visage. rien ne marche avec toi, princesse. elle retient un rire noa, parce qu'elle a vraiment l'air de tout sauf d'une princesse. mais si ça pouvait lui faire plaisir, elle n'allait pas le contrarier pour si peu. ce n'était pas encore un cas d'extrême nécessité. aurais-tu finalement saisi ce que j'me tue à te répéter depuis des lustres ? merci, on va enfin pouvoir avoir des rapports moins fébriles toi et moi. elle attendait ça depuis tellement longtemps qu'elle peine à s'en sentir soulagée tant elle connait le bonhomme. changeant d'une seconde à l'autre, l'insaisissable bass. n'épiloguant pas davantage dans le vent, elle en revient à sa bagnole. bien trop gentiment d'un seul coup, elle lui tend la perche, pas encore franchement décidée sur l'issue qu'elle donnera à l'exercice. pour l'heure, ça ne lui coutait pas grand chose de le laisser lui exposer la situation. elle fait un bruit bizarre au moment où j'tourne la clé. après franchement, je m'y connais absolument pas… mais j'sais que c'est pas le bruit habituel. elle ne le quitte pas des yeux alors qu'il poursuit son discours. ma caisse a été un peu modifiée, t'sais. pour les courses de bagnoles… j'me demande si j'me suis pas fait enculer par le précédent mécano. un sourire malicieux s'inscrit sur ses lèvres tandis qu'elle secoue la tête négativement. non, bass nobody ne se fait enfler par personne. elle s'amuse à le caresser dans le sens du poil une fraction de seconde, lui qui se plait à asseoir sa suprématie un peu trop souvent, à qui veut bien l'entendre. on t'a jamais dit que j'étais la seule personne fiable dans le coin ? celle-là, il ne l'avait pas volé. si il avait fait taire son égo de mâle alpha un peu plus tôt, il aurait peut-être eu moins de problèmes. mais elle n'est pas chienne noa, ni même vantarde. si ta batterie n'est pas déchargée, c'est peut-être juste ton démarreur. et il ne serait pas le premier dans ce cas. ils en avaient vu défiler plusieurs au garage depuis le début des vacances. si les fortes chaleurs ne vous avaient pas épargné, les voitures ne l'avaient pas été non plus. j'te paierai, évidemment. elle avait presque envie de lui dire qu'elle ne s'était pas adoucit au point de lui faire des cadeaux gratos. elle était gentille mais elle tenait à son salaire complet à la fin du mois. ne serait-ce que pour balancer à la gueule de ses parents qu'elle était suffisamment libre pour faire ce que bon lui semblait. j'prends pas les paiements en nature par contre. là, c'est toi qu'a cherché noa. elle essaie de garder le cap tant bien que mal parce qu'elle a juste envie d'éclater de rire alors que lui semble si sérieux. et j'veux bien te payer un verre aussi. et là, elle reprend toute sa contenance. pardon ? elle trouve même pas les mots à répondre tant elle est prise au dépourvu. c'était bien la dernière chose à laquelle elle s'attendait. ok. et dans sa surprise, elle accepte le marché sans même y faire gaffe. t'es vraiment bizarre nobody. elle le dit simplement, sans méchanceté aucune, sans le lâcher des yeux aussi. comme si elle cherchait à y déceler quelque chose. le moindre indice pouvant l'éclairer sur lui. parce qu'elle se pose mille-et-une questions. parce qu'elle ne capte pas ses changements de comportement constants. parce qu'elle ne sait plus quand elle peut le croire et quand il ment. parce qu'elle ne sait pas qui il est vraiment, ni même ce qu'il cherche à être. mais c'est pas grave, elle aime bien les énigmes noa.

elle avait toujours été une fille patiente noa. persévérante même. pas du genre à lâcher le morceau quand elle avait quelque chose en tête, une mission à accomplir ou un but à atteindre. et si bass était l'initiateur de ce qui les séparait aujourd'hui, elle ne serait pas la première à se rendre. elle continuerait de renvoyer les coups, avec plus ou moins de virulence. elle lui prouverait qu'elle n'avait pas peur de lui, ni même de se mesurer à lui. jamais un mot plus haut que l'autre, elle n'afficherait aucun tort que l'on pourrait lui reprocher par la suite. elle se contenterait de se montrer innocente et intouchable. c'était sûrement ce genre de comportement qui rendait fous les autres alors elle en jouait. et même si elle ne l'avouerait jamais, ces duels constants l'amusaient, la stimulaient. elle avait cruellement besoin de ces éclats noa, pour raviver ses couleurs. ce pourquoi, elle ne flanchera pas, préférant de loin attiser les flammes. puis ce qu'elle n'espérait plus fini par arriver. bass semble assimiler le fait qu'il n'obtiendra jamais gain de cause avec elle. il ferait bien mieux d'arrêter les frais dès maintenant et d'économiser son énergie. pour ne pas changer les bonnes habitudes, elle ne peut s'empêcher de souligner cet état de fait. parce qu'autant elle refuse de s'avouer vaincue, autant elle ne manquera pas de fanfaronner quand la victoire lui pend finalement au nez. elle n'est pas vantarde pour un sou, elle a seulement envie de montrer à bass que comme elle l'avait précédemment prévu, elle était la plus forte des deux. 1 - 0.
et même si ça l'aurait arrangé qu'on lui vienne lui offrir un tel succès sur un plateau d'argent, elle savait pertinemment que le nobody n'était pas venu pour ça. il doutait peut-être encore de ses talents en matière de mécanique, mais toujours était-il qu'il avait avancé le sujet lui-même. qui pouvait prétendre qu'ils n'étaient pas sur le chemin de l'entente cordiale à défaut de se vouer une confiance aveugle ? il restait encore quelques pas à franchir pour une vie remplie de surprises. il lui confie ses malheurs ou plutôt ceux de sa caisse et noa écoute religieusement pour une fois, ne masquant que trop peu le choc qui la prend quand il avoue s'être fait entuber par un autre mécano. l'occasion est trop belle pour passer à côté parce qu'à l'écouter, il semble ne prendre que les bonnes décisions, peu importe les circonstances. j’suis content que tu t’en rendes compte toute seule. elle secoue la tête, elle aurait pu parier cette réflexion. bass était définitivement le fan numéro de mister nobody, il se vouait un culte assez sensationnel. elle laisse échapper un rire, pour toute réponse, parce qu'il savait trouver les mots qui collaient à toutes les situations, tant que celles-ci n'étaient pas trop sérieuses du moins. et comme s'il déteignait sur sa propre personne, elle lui reproche presque d'avoir été chercher l'aide d'un inconnu quand elle aurait pu faire tellement plus. j’ai p’têtre pas voulu l’entendre. ça serait pas étonnant d’ma part, hein ? elle lève les deux mains pour affirmer son innocence noa. c'est pas moi qui l'ai dit. elle sentait déjà les reproches déferler en cascades. mais pour l'heure, il s'était lui-même enterré sous ses propres échecs. elle n'avait été que la spectatrice assidue de la scène, la jeune wilson. pourtant, elle n'enfonce pas le clou et se contente de parler de ce qu'elle sait. de démarreur en l'occurrence. et si elle ne refuse pas d'être payée parce qu'elle n'est pas encore prête à travailler gratuitement, elle souligne que l'argent est le seul donc qu'elle acceptera. je n’sais pas pourquoi mais j’m’en serais douté. c'était peut-être une bonne journée en fait. les répétitions incessantes de noa semblaient prendre enfin sens dans l'esprit de bass. comme quoi les miracles arrivaient toute l'année. cela dit, j'te remercie de flatter mon égo. elle dit dans un sourire. pour diverses raisons, il était évident qu'elle ne se lancerait pas là-dedans mais elle acceptait encore les compliments. non seulement, ça ne lui coutait rien et en plus, c'était toujours plaisant à entendre. et tout à son euphorie, elle s'écoute même accepter un verre qui ne l'engageait à rien lui non plus. tant qu'elle ne se mouille pas trop noa, ça lui va. mais te fais pas des films hein. elle s'est sentie comme obligée de le préciser quand il s'est avéré surpris qu'elle ne le remballe pas. après tout, son objectif dans la vie n'était pas d'emmerder bass. simplement de se protéger.
et étrangement, elle se rend compte des changements de tons et des changements de comportements du brun. parce qu'en une demie-heure de temps, elle a l'impression d'avoir vu plus de facettes de lui qu'elle n'en avait encore jamais vu en dix années. et ce constat passe la barrière de ses lèvres dans une phrase assez énigmatique de prime abord. dans le sens où elle pourrait vouloir dire beaucoup de choses selon les interprétations de chacun. mais pour une fois, sa remarque n'est pas acide. et étrangement aussi, il ne le prend pas mal. seraient-ils enfin capables de se comprendre un minimum ? peut-être étaient-ils en train de se révéler plus proches qu'ils ne voulaient le laisser paraître. elle est toujours concentrée et fixée sur lui, à la recherche d'un indice noa, quand il la sort brusquement de ses réflexions. noa… j’voulais t’dire… oh, c'est le genre d'introduction qu'on n'est pas souvent sûrs de bien déchiffrer ça. j’suis… j’suis désolé. la forme de ses yeux est plutôt proche de deux billes tant il la scotche de ces quelques mots inattendus. pourtant, elle ne dit rien et le laisse poursuivre. toutes ces années, j’me suis monté la tête contre toi alors que t’avais rien fait. si ce n’est être là pour lilian quand moi j’ai même pas compris qu’il allait pas bien. elle baisse les yeux à son tour parce qu'elle n'est pas à l'aise avec ça. elle ne voulait pas se montrer indispensable ou au-dessus de lui, et elle ne recherche pas ce genre de compliments déguisés non plus. elle se contente de faire ce qu'elle juge juste, sans attendre de contrepartie. j’suis qu’un con, mais j’aimerais bien qu’on reparte à zéro tous les deux. elle est complètement sonnée noa et plus vraiment capable de remettre ses idées dans l'ordre pour en tirer quelque chose de bon. tu veux bien faire un effort pour moi, noa ? alors que j’en ai jamais fait pour toi ? il est presque touchant quand il se montre sous ce jour-là bass, c'est ce qu'elle se dit quand elle retrouve son regard. sauf qu'elle n'a plus aucune clé pour gérer le phénomène. elle ouvre la bouche pour amorcer une réponse qui ne vient même pas. ce qu'elle sait intimement, c'est qu'elle n'a jamais cherché à le repousser, c'est lui qui a fait tout le boulot alors elle a refusé de se rabaisser pour ne pas perdre pied. je sais pas ce que tu crois savoir de moi bass, mais j'ai jamais rien eu contre toi. j'ai juste jamais compris ce qui te dérangeait chez moi alors j'ai essayé de me faire oublier sans me laisser faire pour autant quand t'avais décidé de m'attaquer mais j'veux pas te faire la guerre. elle hausse les épaules et elle mise sur la carte de l'honnêteté elle aussi, plutôt que de se barricader derrière des prétextes bidons pour se sauver la face. tu sais ce que j'crois moi ? qu'on se ressemble trop pour éviter que ça vrille. victimes de ce que la vie avait fait d'eux. ils étaient peut-être destinés à s'aimer autant qu'à se détester. et toi comme moi, on s'ferait chier sans ça. un fin sourire s'immisce sur ses lèvres parce que c'est un fait. elle a besoin de tempêtes et d'orages autant qu'elle réclamerait un ciel dégagé par endroit. tantôt noir, tantôt blanc. un sentiment et son contraire. jamais de demie-mesure. bon, tu veux pas recommencer à m'emmerder, j'le gère mieux finalement. elle se reprend noa et elle rit pour la contenance. parce qu'elle n'est clairement pas à l'aise dans ces situations trop sérieuses. et elle l'est encore moins avec lui. tu sais, lilian ne t'en veut pas et j'suis sûre que ça vous ferait beaucoup de bien vous parler. des mots pour apaiser des maux, cachés des deux côtés. eux qui représentaient tellement les uns pour les autres. alors si sa nouvelle mission était de recoller les morceaux entre ces gars, elle l'acceptait bien volontiers.