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 ⇝ Did we ever see it coming ? (Aimee)

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Message Sujet: ⇝ Did we ever see it coming ? (Aimee)   ⇝ Did we ever see it coming ? (Aimee) Empty Ven 2 Aoû - 0:12

Les notes déchirantes et séraphiques flottent dans l'air. Ses doigts graciles tapotent fébrilement sur l'accoudoir de la voiture. Ses prunelles cherchent désespérément une ancre à laquelle s'accrocher. Le néant. Une désinvolture féroce suinte par tous les pores de ton être. Ce n'est ni infamie ni supplice de ta part. Tu es fait de la même matière que les songes, ces rêves impénétrables et insolents. Elle te connaît, elle ne s'en offusque pas, un crève coeur n'est rien s'il est notoire. Le fil rouge de ses pensées s'affiche presque sur ses traits délicats. La finalité n'a pas le même goût ni la même prononciation dans sa bouche que dans la tienne. Là où elle voit la consécration d'un lendemain, tu y vois seulement des mètres carrés et du mobilier. T'es pas le genre à t'extraire du présent pour t'envelopper dans ce doux voile erronément sécurisant du futur. Une fois dehors, l'alizé mord ta peau dorée alors que tu repousses négligemment ta mèche de cheveux en arrière. Ce temps ravive l'encre blanchâtre de ta peau, celle qui serpente de ta hanche à ton nombril. Fugace, tu ne laisses pas Chronos t'aspirer vers les ombres du passé. Ton regard se pose sur elle alors que ta main se faufile sur ses reins. Tu sens presque son souffle libérateur s'échapper de ses lèvres charnues. C'est là ? Tes mots brisent cet instant privilégié alors qu'elle acquiesce d'un signe de tête. Tu as la nette impression que chacun de tes pas te mènent vers une erreur sans précédent. Un non retour qui trouve ses racines dans un endroit que tu n'as pas nourri ni même bercé d'illusions. Elle t'a parlé d'une "colocation". Tu t'es dit que quitte à entremêler à plaisir vos deux corps fiévreux chaque nuit, autant avoir seulement une porte à franchir. Juste quelques pas séparant l'indéfini du défini. L'idée paraissait bonne. Paraissait. Tu ne saurais dire pourquoi ni comment mais une suprématie te hurle de ne pas franchir ces quelques mètres. Cela n'a plus rien à voir avec Charlie. C'était autre chose. Tu fronces les sourcils, conscient du dilemme qui te tiraille, comme la bouffée d'un vent contraire. Mad ? Tu te reconnectes à la réalité alors que ton prénom dans sa bouche éclate. Elle a peur que tu fasses machine arrière. Tu es capable de le sentir, de le palper presque entre tes doigts hésitants. Je te suis. D'un mouvement tu lui indiques d'avancer dans l'agence qui se tient devant elle. Les présages, tu n'y crois pas. Avant d'avancer, tu tournes ta tête, regardant derrière toi. Geste symbolique pour beaucoup mais là encore tu ne vois rien d'autre qu'un réflexe. Les spectres de ton passé tu les as laissé là où ils sont, dans une autre vie, dans un autre pays. Une fois à l'intérieur tu prends le temps de refermer la porte alors qu'une voix guillerette s'élève. Tu retiens une grimace, les voix chantonnantes t'ont toujours fait horreur. Tu te demandes souvent ce qu'elles ont à cacher. Tu entends Charlies blablater des critères que tu écoutes à peine, encore retenu par cet avertissement silencieux qui grossit. Tu en penses quoi ? Tu aurais aimé avoir la réponse exacte à cette question, comme à toutes les autres qu'elle aimerait te poser. Et pourtant ce n'est pas le cas. Tu t'apprêtes à répondre lorsqu'une silhouette apparaît dans l'encadrement de la porte en face. Putain. Tu n'as même pas besoin de relever le regard pour savoir. Fucking karma. Elle est là. Elle. Tu aurais aimé rire, de ce rire sardonique qui te qualifie si bien. Et là encore tu te mets des propres barrières. Dix secondes, c'est le laps de temps que tu as devant toi avant que ses prunelles écorchent les tiennes. Faire des choix est sans doute l'un des plus grands malheurs des hommes. L'un des plus grands obstacles. L'incertitude entre remord et regret. Quelle est l'option la plus facile ? Cette réponse il te la faut, maintenant. 3 ans. Aimee Ta voix est suave, égale à ce qu'elle a toujours été lorsque tu t'adressais à elle. Un subtil chaos entre exaltation et obscurité. Oui, mais à l'époque c'était votre chaos et vous dégueuliez sur la facilité des sentiments et des actes mièvres. Aimee.


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Message Sujet: Re: ⇝ Did we ever see it coming ? (Aimee)   ⇝ Did we ever see it coming ? (Aimee) Empty Mar 6 Aoû - 22:41

tu retenais un long soupir en passant dans la salle de repos, à l’arrière de l’agence immobilière. tu posais ta main sur ton épaule en la faisant un peu rouler. elle te faisait souffrir, aujourd’hui. et inévitablement, faisait remonter tous les souvenirs horribles. ta collègue glissait gentiment sa main dans ton dos et tu esquissais un sourire, la rassurant rapidement. tu te servais un thé en piochant dans ton paquet de gâteaux et tu profitais de ta pause. tu entendais des nouveaux clients arriver dans l’agence et romy t’expliquait qu’elle s’en occupait. tu soufflais sur ton thé doucement et tu te mordais les lèvres, consultant ton téléphone pendant quelques minutes avant de finalement te lever pour rejoindre romy et sa cliente, vu la voix qui te parvenait. tu passais la porte et tu souriais poliment à la jeune femme. « bonjour. » tu soufflais gentiment avant de relever le regard vers l’homme, un peu en retrait et à moitié de dos. et ton coeur manquait de lâcher. tu t’arrêtais aussitôt, serrant tes doigts autour de la tasse pour ne pas la laisser tomber au sol. trois ans étaient passés, et il n’avait pas changé. les cheveux peut-être plus longs, mais il était toujours aussi beau. comme dans ton souvenir. fantôme ressurgit tout droit du passé. il prononçait ton prénom, de la même voix suave que tu avais dans ton souvenir. un long frisson parcourait ta colonne vertébrale et tu déglutissais un peu. « maden. » tu pronçais finalement, la voix très peu assurée, alors que tu reposais ton regard sur la jeune femme à ses côtés. et tu comprenais, soudain. ton coeur se brisait en mille morceaux, comme lors de votre dernière dispute, avant que tu ne quittes paris. tu avais l’impression de te sentir exactement comme au moment de votre rupture, et l’air te manquait soudainement. tu faisais demi-tour, brusquement, vidant ton thé dans l’évier et tu posais tes deux mains sur l’inox, les yeux fermés. tu hésitais. entre vomir, pleurer, crier. ton estomac se tordait et tu étouffais un sanglot. tu entendais romy s’excuser et venir te voir et tu ne savais absolument pas quoi faire. aller le voir, l’affronter ? ou fuir, comme tu avais fais il y a trois ans, incapable de rester dans la ville qui avait détruit ta vie. elle avait bien compris, tu avais parlé de maden des centaines de fois. « tu veux que je lui dise de partir ? » tu secouais la tête et tu soupirais un peu. non. non c’était hors de question. maintenant qu’il était là, tu devais aller l’affronter. parler. vous disputer. lui crier ta colère. peu importe. tu revenais alors dans la petite salle et tu plantais ton regard dans le sien. « on doit parler. » tu soufflais alors, la voix plutôt neutre, en le fixant longuement, ignorant complètement sa nana à côté qui semblait ne rien comprendre à ce qui se passait.
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