double the love ((aimee))

plus qu'une année.
plus qu'un avant la trentaine fatidique, avant ce nouveau cap, cette nouvelle dizaine. tu fermes les yeux un instant, le brouhaha qui te rappelle parfois celui d'une classe d'enfants. comme quoi les adultes font tout autant de bruits que ces derniers, et qu'il ne sert à rien de les brimer parce que les éclats de voix se font entendre. tu glisses une main dans tes cheveux, journée pas comme les autres, journée que tu partages avec aimée, que vous avez marqués il y a de cela vingt-neuf ans. un sourire tendre vient se dessiner sur tes lippes, tu tournes la tête pour repérer ta jumelle un peu plus loin.
journée prétexte a un repas de famille que tu trouves souvent trop ennuyant. discussion portée sur ta frangine et toi, avant qu'elle ne soit centrée sur vos vies respectives. tu te pinces les lèvres quand il s'agit de répondre aux questions à propos de nate, de votre relation. tu fronces un peu les sourcils, parce que t'as du mal à expliquer ce qu'il se passe réellement en ce moment. c'est compliqué. c'est tout ce que tu es capable de souffler. tu te mords l'intérieur de la joue et tu te lèves, échappant rapidement à la discussion avec tatie. tu t'approches d'aimee, attrapes sa main pour l'emmener rapidement avec toi, vos pas résonnant dans l'escalier de la maison familiale, un rire glissant sur tes lèvres. viens, on va se réfugier dans notre château-fort. que tu souffles avec un air taquin et enfantin, tandis que la journée doit lui semble aussi longue que pour toi. tu lâches finalement sa main pour pousser la porte de ta chambre de gosse, un sourire naissant sur tes lippes, tandis que tu y retrouves de nombreux souvenirs. mon dieu cette après-midi est bien trop longue. tu lâches avec une petite moue sur les lèvres. tu sais bien que vous devriez être en bas avec tout le monde, mais bon. t'as besoin d'être avec ta frangine et ça, ça changera jamais.

coupe de champagne à la main, tu souriais à ta petite soeur, alors qu’elle tentait d’en savoir plus sur ta vie amoureuse. mais tu n’avais rien à lui raconter. tu avais vingt-neuf ans et tu étais toujours aussi seule. pas envie de te caser, pas envie de passer à autre chose. c’était malheureux, mais tu n’arrivais pas à te sortir nano de la tête. amoureux oublié, amoureux disparu. tu n’avais jamais retrouvé sa trace, et du coup, tu n’arrivais pas à faire le deuil de votre histoire. tu esquivais donc les questions, les lui retournant pour en savoir plus sur sa vie privée. tu ne la voyais plus aussi souvent, maintenant. elle vivait avec des amies, et apparemment, elle avait trouvé un mec. ta petite soeur avait tant changée. elle était une vraie jeune femme maintenant, et tu avais du mal à l’accepter parfois. tu soupirais en tournant un peu la tête, croisant le regard de gabin un peu plus loin.

vingt-neuf ans. c’était votre anniversaire aujourd’hui.
prétexte à un repas de famille, prétexte pour voir les oncles, les tantes et les cousins.
même si tu détestais ça. passer la journée à table, demander des nouvelles de tout le monde.
c’était pas ton truc. mais tu faisais des efforts.

gabin terminait par s’approcher de toi, glisser sa main dans la tienne et tu te mordais les lèvres en le suivant sans vraiment hésiter. tu prenais une bouteille de champagne au passage, sous le regard agacé de votre père et tu montais rapidement les escaliers. vous retrouviez sa chambre d’adolescent, juste à côté de la tienne. chambre où le temps semblait suspendu. tu souriais et tu venais t’asseoir sur le lit. « ça fait plaisir à maman. mais oui, c’est vraiment trop long et ennuyant. » tu soufflais en haussant les épaules et en le regardant de longues secondes. tu t’approchais alors et tu venais te blottir dans ses bras. « je veux arrêter de vieillir. » tu murmurais alors avec une moue en soupirant un peu et en buvant une gorgée dans la bouteille de champagne.

tu le regardais à nouveau et tu te mordais les lèvres. « je pensais que nate viendrait. » tu murmurais en haussant un peu les épaules et en soupirant. t’avais eu des échos comme quoi c’était compliqué entre eux en ce moment, mais tu voulais vraiment savoir ce qui se passait. tu avais pardonné à nate, c’était pas pour qu’il recommence à faire du mal à ton frère. « comment il va ? » tu demandais alors. c’était surement pas franchement le meilleur moment de sa vie, vu qu’il avait enterré sa soeur il y a quelques semaines. elle était aussi ton amie, et tu avais eu beaucoup de peine en apprenant sa mort, surtout dans ces conditions là.

mais c’était la vie.
et la vie, parfois, elle était pourrie.
et tu pouvais comprendre que nate ne se sente pas d’assister à un repas de famille.
comment tu serais, à sa place ? comment tu vivrais si gabin venait à mourir ?
tu ne sais pas si tu arriverais à survivre sans lui.