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| l'amour crève dans les rues (ismaël) | |
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| Sujet: l'amour crève dans les rues (ismaël) Dim 25 Aoû - 1:17 |
| les nuits se font plus douces. plus lentes aussi. il y a une certaine sensualité qui fait languir et paresser les temps d'été. la valse des êtres peine à retrouver son rythme d'antan. la clientèle privilégiée s'ankylose d'avantage de tout son poids au fond des canapés. en se relevant parfois, ils oublient quelques billets dans les commissures du cuir. les employés ont le visage habillé d'une nonchalance qu'on ne leur connaissait pas, las d'avoir passé leur saison piégés dans un caveau que même la lune ne parvient pas à colorer. les nouveaux adhérents exaltent leur découverte dans des sourires trop abyssaux, la fierté présomptueuse et pleine d'orgueil. leur dédain s'illustre même au comptoir - lorsqu'ils commandent un whisky glace qu'ils se forcent à finir malgré les grimaces qui leur flottent à la bouche. la mélancolie semble s'être abattue sur une majeure partie du nebula. nana a disparu. emportant avec elle ses pêle-mêles de débâcles et de décences, d'ordre et d'abîme, d’harmonie et d’anarchie. nevaeh s'est enfuie aussi, sûrement à la main de malone. et comme toujours, il n'y a que les éclats d'échos et les rumeurs ronfleuses pour affabuler les raisons de leurs évasion. et puis, il y a les touristes. les vacanciers du queens, qui se savent ici pour un moment éphémère, un instant précaire qui ne durera que du temps de dizaines de cigarettes et d'un seul éthylisme. ils sont de ceux qui ne veulent rien apprendre et qui n'ont rien à savoir. de ceux qui jouissent d'un shooter ou d'une simple musique. de ceux qui se foutent de suinter sous les projecteurs clignotants de la piste de danse, de ceux qui baisent les lèvres sans avoir croisé un regard et de ceux dont la frivolité est un délice à partager. les touristes, ce sont les préférés d'eden. ces silhouettes inconnues, qui se déhanchent contre les ombres, et qui, à l'avènement de l'aube, ne reviendront jamais plus.
l'étoile des podiums s'est revêtue d'un slim et d'une chemise par-dessus sa lingerie fine et ses talons aiguilles. cette nuit encore, elle a courbé son corps devant de vierges prunelles. avides de curiosité et dépourvues de cette lueur de prescience infondée, qui s’immisce pourtant aujourd'hui dans les yeux fatigués et rasoirs d'habitués, dont elle fuit le contact par peur de se faire éreinter. eden ne veut garder de ces sorgues fainéantes et câlines que l'hédonisme lascif qu'il en a découlé. invitée à s'assiéger avec un groupe d'étrangers mexicains, elle leur promet de leur revenir dans un instant, après avoir tiré profit de son barman favori. elle commande ainsi une poignée de remontants de fin de service, et jette enfin coup d’œil à ce qui l'entoure. c'est à ce moment qu'elle le voit. ismaël. accoudé au bar, comme le noctambule indécent qu'il a toujours été. il est encore envie, pense-t-elle. et ça suffit à raidir le moindre de ses membres, à paralyser l'entièreté de son portrait d'une stérilité morne. elle, qui eût rêver son décès, qui eût penser le comparer à un touriste, un touriste qui ne reviendrait plus jamais. son éternel cliché de meurtrier revient fissurer ses espoirs de passé enterré.
elle soupire et se déplace le long du comptoir, la démarche appesantie qui dévoile une grâce paradoxale, malgré le poids de l'oisiveté de ces nuits d'été. « un bourbon frais ? tu ne changeras jamais. » s'introduit-elle, sur un ton tout-à-fait impartial. tu ne changeras jamais, tu reviendras toujours comme le putain de parasite que tu es. elle capture son attention sans s'éterniser dans le fond de ses pupilles faussement étonnées. « c'est dingue, ça. je pensais bien recevoir la visite d'un sartier ici, mais je ne m'attendais plus à retomber sur - le, king en personne. » fait-elle en haussant les épaules, relevant un sourcil. caustique, piquante, impavide. la mort pour lui ne serait même pas suffisante à lui faire payer son absence.
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| Sujet: Re: l'amour crève dans les rues (ismaël) Lun 9 Sep - 0:31 |
| c'est sur un coup de tête qu'il a pris la fuite. il a refusé de réfléchir, a tout envoyé valser sans prendre la peine de se retourner. toutes des salopes. tous des connards. c'est ce qu'il s'était répété, des jours entiers. un mantra aux saveurs de trahison. c'est de cette façon qu'il s'était donné le change, persuadé que des milliers de kilomètres, des îles paradisiaques et des journées saupoudrées d'opium l'aiderait à franchir le cap. anesthésier son cerveau, jusqu'à en crever. fabuleux échec. puisque à présent, il se trouvait accouder au bar du nebula. le regard dans le vide, le cerveau bouillonnant et un verre de bourbon accroché aux lèvres. l'alcool comme meilleur exutoire. écraser ses neurones à coup de liquide ambré, encore, toujours. il crèverait d'une cirrhose à même pas cinquante ans, le foie dévorer par les excès d'une jeunesse partie en fumée. malheureusement, il n'avait aucun plaisir à être ici ismaël. il n'y arrivait plus, à faire semblant maintenant que ses pieds avaient touché le sol américain. tout semblait plus simple les orteils enfoncé dans l'eau turquoise, tout semblait plus simple lorsque chaque bâtiments de la ville ne lui rappelait pas celle pour qui il avait posé genoux à terre. tout semblait plus facile. plus logique. plus certain. - un bourbon frais ? tu ne changeras jamais. cette voix, il l'avait souvent rêvé en trois mois, elle lui avait rendu les battements de son cœur, mais ne l'avait pas fait se crisper comme maintenant. il se mord la lèvre inférieur le blond, quand il tourne son visage vers eden. c'est dingue, ça. je pensais bien recevoir la visite d'un sartier ici, mais je ne m'attendais plus à retomber sur - le, king en personne. leurs pupilles s'accrochent à peine une demie-seconde, il détourne son visage, ricane en fixant un point invisible devant lui avant d'avaler la fin de son verre. - désolé de te décevoir, qu'il lâche en hochant les épaules, il accepte et repose ses yeux clairs sur elle, malgré lui, ses iris glissent sur le corps, lui aussi si souvent fantasmé durant son absence. aussitôt il la hait. si fort, que le verre claque sur le comptoir, d'un geste princier il réclame un autre whisky, j'vois que tu danses encore, pour combler les fins de mois, il serre les dents, pas parce qu'elle offre son corps à qui paie ses dettes. mais parce qu'il se rend compte que les autres femmes n'avaient aucune saveur. tu as pensé à moi, eden ? il arque un sourcil, dis moi à quel point tu m'as détesté, dis moi à quel point tu me détestes.
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