Moon. {ft romeo romeo pourquoi es tu romeo ?}

jamais il ne pourrait manquer un rendez-vous comme celui-ci. il peut bien tout annuler, plaquer n'importe quelle fille, se faire passer malade auprès de n'importe quel client pour retrouver un ou plusieurs membres de sa bande. des amis unis comme les doigts d'une seule main depuis de longues années maintenant. ils font partie des rares personnes sur qui romeo peut compter sans se poser de questions. il peut bien faire toutes les erreurs du monde, ils seront là, toujours. alors quand le numéro de gabriel s'affiche sur l'écran pour proposer une sortie dans un bar bien trop habitué à leur présence, il n'a pas besoin de réfléchir plus longtemps pour accepter. ce soir c'est deux frères qui comptent se retrouver pour passer une soirée sans se poser de questions, sans prises de têtes inutiles, sans non plus compter les verres d'alcool ingurgités. ce n'est pas si souvent qu'ils se rendent ivres, mais cette soirée sera l'exception à la règle. dans son habituel retard romeo se prépare pour sortir en trombe de son appartement. il ne se presse pas particulièrement pour rattraper l'heure qui tourne sans lui, il a toute la nuit pour profiter de ce bar, intérieurement il se lance même le pari de ne rentrer qu'une fois que le jour pointera à nouveau le bout de son nez. il ne tarde pas à retrouver la silhouette du tatoué à l'extérieur du bar, une cancéreuse entre ses lèvres alors qu'il attend patiemment. il faut des montagnes entières de malheur pour enlever la bonne humeur communicative de cet homme, cette même joie qui force romeo à afficher un sourire amusé sur ses lèvres. c'est après une accolade suivie d'une bise naturelle pour le saluer que la voix du dealeur résonne. « je vais nous chercher un verre, ensuite tu me racontes comme tu vas. » c'est plus une affirmation qu'une question. parce qu'il se préoccupe réellement de l'état de gabriel, ce gamin dans un corps d'enfant qui ne pense qu'à être généreux sans penser à lui-même. il ne peut pas lui en vouloir, il est le premier à cacher sa part sombre. l'encré se dirige vers le bar comme prévu pour commander deux pintes de bière, c'est un bon début pour entamer la soirée. il ne tarde pas à refaire irruption aux côtés de gabriel, lui tend le verre avant de lui même coincer une cigarette roulée entre ses lèvres. « alors, motivé pour passer une belle nuit blanche ? » c'est une question dont il connait la réponse. ensemble ils sont toujours prêts à conquérir le monde, prêts à laisser tomber les masques pour laisser entrevoir leurs vrais visages.

la mauvaise humeur qu'il traine comme un boulet à sa cheville, les soucis auxquels il accorde parfois trop d'importance, toutes ces chose s'envolent dès qu'il se retrouve en compagnie de ces rares personnes qu'il considère comme des amis à part entière. il n'y a qu'à voir le sourire qui est scotché sur son visage quand il revient avec les deux pintes de bière, triomphant à l'idée de connaitre une nouvelle nuit blanche où l'alcool risque de couler à flots, pourvu que ça dure tant qu'ils le peuvent encore. la question est à peine posée que la rétorque n'attend pas. c'est toujours comme ça entre eux, bref, un peu brutal parfois, mais au moins la sincérité parle pour eux. s'il savait gabriel, s'il savait à quel point il peut avoir une facette sombre romeo. il observe son ami du coin de l’œil alors qu'il trempe à son tour ses lèvres dans le liquide ambré. tout comme lui il reste une âme perdue, un fantôme qui gagne suffisament sa vie avec le fruit de ses deals sans se préoccuper du reste. à un tel point que pour ce soir le téléphone est fidèlement enfoui au fond de sa poche, les clients peuvent bien attendre de l'affronter demain avec une gueule de bois annoncée. « rien d'autre que de revendre du rêve en poudre à des accros. » il est comme ça romeo, il a la méprise facile quand il s'agit de juger des junkies qui lui servent pourtant à ramener de l'argent à la fin du mois. il goûte une nouvelle fois à sa bière avant de reprendre. « et de ton côté, la quinqua va bien ? » toujours un brin moqueur quand il s'agit d'aborder le sujet de sa femme de compagnie, il le respecte pourtant puisque c'est une manière de s'en sortir comme une autre. le sourire amusé reste pourtant fidèlement accroché aux lippes de romeo qui laisse son regard trainer sans aucune gêne sur les personnes présentes dans le bar qui est vite devenu comme un repère pour cette bande de bras cassés. « j'espère que tu ne comptes pas repartir seul ce soir, il y a de quoi faire. » c'est le prédateur qui prend le dessus. hors de question pour lui de délaisser son ami pour les bras d'une jolie créature, mais dans les dernières minutes d'une longue soirée il peut se passer beaucoup de choses.


@gabriel dixon