Dis-moi pourquoi tu perds ton temps à gâcher le présent.

(01) Toi t'es le seul et unique enfant Atkins et franchement s'il y en avait eu d'autre cela aurait probablement été un désastre. Tu préfères avoir été seul à vivre ce calvaire avec ta mère monoparentale. D'ailleurs celle-là c'est le genre de mère que personne n'a envie d'avoir. Le genre travailleuse du sexe, qui ramène ses clients à la maison alors que son petit est dans la chambre d'à côté. Junkie à l'os et surtout violente. Quant à ton père, tu ne sais pas qui il est, tu ne sauras probablement jamais qui il est non plus, mais tu te doutes fortement qu'il soit l'un des clients réguliers de ta mère. Du coup ça te fait peur de savoir qui s'est parce que tu les as vus défiler dans votre appartement miteux les uns après les autres ces mecs louche (02) Ton enfance a été de la merde et encore le mot est probablement faible. Tu étais le petit garçon que tout le monde fuyait à l'école. Tes vêtements étaient en piteux états, tu étais sale et surtout amaigris. Ta mère te nourrissait rarement. Pour elle c'était plus important de prendre sa dose de crack que de mettre à manger sur sa table. Tu étais le moindres de ses soucis, tout ce qui comptait pour elle c'était elle et sa foutue drogue. (03) Les services sociaux ont fini par se mêler de ta vie de famille. Les bleus sur ton corps ont alertés tes enseignants à l'école. Tu étais fragile, frêle à l'époque et surtout pas en âge de répliquer à ces nombreuses agressions physiques. Ta mère était méchante avec toi. Elle trouvait ça drôle que tu sois le jouet de ses conquêtes d'une nuit. Jamais ils t'ont abusé, mais certains t'ont frappé considérant que tu voyais des choses qu'il ne fallait pas. S'ils savaient, tout ce que tu as vu. Jamais un enfant ne devrait voir ce genre de choses aussi jeune. T'as vu ta mère allongée sur le sol de la salle de bain en sang et trop droguée pour subvenir à ses besoins elle-même. T'as entendu toutes sortes de cris la nuit. T'as vu la violence, mais surtout ce qu'elle peut faire des gens saouls. (04) Suite à ces histoires, on t'a placé en famille d'accueil. Tu dois en avoir fait pas moins de quatre. Elles ont toutes eut leurs lacunes, sauf l'avant dernière. Tu es tombé sur une dame seule que tu as tout de suite appréciée. C'était ton ange descendu du ciel. La seule personne en qui tu pouvais avoir confiance face à ce système de merde qu'est la justice. Sauf que cette dame prénommée Diana avait un cancer lorsque tu l'as connu. Malade, triste et surtout très seule dans la vie. Elle n'avait pas de famille et pourtant c'était une très bonne personne. La meilleure que t'as connu puis avant que tu connaisses Aly et Ras c'était la seule vraie famille que tu as eu. Aujourd'hui elle est décédée et sans que tu le saches elle t'a laissé un héritage. Une grosse somme d'Argent, mais tu ne pourrais y toucher que lorsque tu auras vingt-et-un ans. (05) Tu ne parles plus à ta mère depuis dix ans. Tu ne lui accordes vraiment aucune importance et franchement elle ne mérite aucune marque d'amour venant de ta part. En gros tu la détestes pour l'enfer qu'elle t'as fait subir. Elle t'as enlevé ton enfance te forçant même à vivre dans des familles qui n'étaient pas la tienne. Toi, tout ce que tu voulais c'était qu'elle te donne le minimum de l'amour d'une mère, mais elle ne t'a rien donné. Tu as longtemps espéré qu'elle arrive à s'en sortir histoire que vous puissiez avoir une vie bien normale et tranquille, mais en vieillissant t'as compris que c'était une cause perdue. T'as donc arrêté d'espérer. (06) Toi t'as toujours manqué d'amour. Longtemps tu as souffert, longtemps tu as cru que personne ne t'aimerais. Tu blâmes ta mère puisqu'elle n'a jamais agi comme un parent se devait de le faire. Tu la blâmes. Tu la détestes, au point que tu préférais qu'elle ne soit pas dans ta vie. Elle t'a fait vivre un enfer et t'a enlevé la possibilité d'avoir une certaine lumière dans ta vie. Heureusement pour toi, cette lumière tu as fini par la retrouver. Tu étais là dans cette salle de classe alors qu'y avait un tas de filles qui te faisaient des propositions obscènes - sans censure. Les unes après les autres tu les as repoussés. Franchement t'avais pas besoin de groupie puis de toute façon tu n’arrivais pas à comprendre comment cela se faisait qu'elles étaient autant attirées vers toi. Après tout t'es loin d'être le prochain modèle pour Calvin Klein. T'as essayé de souffler, mais cet attroupement te faisait un peu chier.  Mais toi tu ne dis jamais rien, tu les as donc laissé jacasser alors que tes yeux se sont posés sur elle. Cette jolie rouquine a attiré ton attention. Tu t’es donc mis à lui sourire en espérant fortement qu’elle te rende la pareille.   Jamais tu n’aurais osé croire que l’amour pour toi c’était possible et pourtant Aly elle t’a démontré le contraire. Puis y'a eu Rasmus avec qui au départ c'était plutôt tendu. Tu n'en a jamais fait de cas parce qu'au départ tu n'avais de yeux que pour Aly, puis voilà avec le temps les choses se sont tassées. Aly a fini par vous choisir tous les deux. Cela t'a dérangé un peu parce qu'au départ c'était toi et Aly contre le monde - jusqu'à ce que Rasmus se joigne à vous deux. Tu t'es rapidement rendu compte que lui en vouloir ne te servait à rien. En fait tu avais besoin d'elle comme de lui. Ils étaient devenus ta raison de vivre, ton mode de survis.(07) T'es sur le point de frôler la folie alors qu'Aly vient de vous lancer un boulet de canon. Toi t'es atteint par le projectile directement au coeur. T'as mal, t'as mal pour elle. En fait tu aurais pris toute cette souffrance pour toi pour la libérer de ce fardeau qui en réalité semblait bien normal. Tu ne comprends rien, mais t'en viens à t'énerver. Tes poings sont serrés et t'es prêt à bondir sur tout ce qui bouge tellement t'es en colère. Tu as du mal à contrôler ton impulsivité. Toi t'agis avant de réfléchir. Tu le sais que tu fais mal les choses, mais souvent c'est trop tard. Ton corps s'arrête quelques instants de bouger. Tu essaies de respirer - de te calmer alors que c'est au tour de Rasmus de s'énerver. Tu comprends sa réaction - sa réflexion, mais encore faudrait-il que Aly prenne conscience que c'est mal. Il aura fallu qu'une dispute éclate pour lui faire prendre conscience à la rouquine qu'il n'y avait absolument rien de normal dans ce que son père lui faisait faire.(08)Ton patron c'est un gros idiot qui ne pense qu'au fric. T'es sous-payé pour tout le boulot que tu te tapes. Tu fais des heures de fou, tu as limite plus de vie tellement tu passes tout ton temps dans ce bar. Tu récures les toilettes, tu fais la vaisselle, les commandes et tu en passes. Tu le détestes ce boulot, mais le problème c'est que tu en as besoin - ça t'aide à payer les factures. Alors t'es resté une fois de plus tard la nuit. C'était la folie à l'intérieur tandis que toi tu t'es arrêté quelques secondes pour souffler - fumer ta clope. Ton dos appuyé contre l'établissement tu regardais les gens passer. Puis tu l'as vu. Cette bagnole. Elle te donne le haut le coeur, tout comme elle fait monter la colère en toi. Tu le sais à qui elle appartient et si seulement tu n'avais pas été sur ton quart de travail tu aurais été l'affronter. Sauf que cette fois t'es resté tranquille, ruminant chaque détail que tu connais de cette sordide histoire. (09) Tu ne l'as dit à personne que tu as vu le père d'Aly. Tu as gardé ce détail pour toi, oui parce que tu t'es promis que tu allais t'occuper de lui. Tu ignores dans quel genre de guérilla tu t'es embarqué, mais tu comptes bien tenir ta promesse. Ton corps se crispe à l'idée que ce soir tu pourrais le croiser de nouveau et cette fois beaucoup plus proche. T'es sorti en douce prétextant qu'il n'y avait plus de lait et que tu allais revenir. Tout le monde t'a crue dans l'appartement et pourtant t'es vraiment un piètre menteur. Ta cigarette entre les lèvres, les mains dans les poches de ta veste, tu descends la rue qui mène directement au bar où tu travailles. Tu ne comptes pas y entrer, mais tu le sais qu'il traîne dans les parages  - son père. Tu le sais que tu verras sa voiture passer dans cette foutu ruelle, tu la vois chaque fois que tu bosses. D'ailleurs le voilà, lui et son air confiant. Il conduit sa bagnole comme si c'était le véhicule royal. T'as envie de rire tellement tu le trouves ridicule. Tu t'approches de sa voiture alors qu'elle est arrêtée. Tu t'es trouvé une barre de fer l'autre soir derrière le bar -tout près d'une benne à ordure. Capuche sur ta tête, tu fracasses son pare-brise. Tu tapes sur le capot de toutes tes forces. Tu comptais le faire sortir de sa voiture, mais tu n'as pas eu besoin de le faire. Il est sorti, t'a crié toutes sortes de choses non-censurée, puis il s'est approché de toi. Plus grand, plus imposant que toi. Tu t'es retrouvé au sol la gueule en sang. Malheureusement pour lui tu n'y es pas resté bien longtemps. Tu as agrippé cette barre puis l'a frappé un peu partout sur son corps, mais pas assez fort pour l'achever - pourtant tu aurais aimé qu'il ne soit pas de ce monde. Tu t'es arrêté puis t'as foutu le camp, le laissant là dans son sang avec ses blessures. (10)  Son père, tu l'as tabassé sans retenue. Tu n'as demandé l'avis de personne. Même que tu l'as fait sans te soucier des conséquences et si quelqu'un t'avait vu. Tu pourrais être en prisons à l'heure qu'il est, mais voilà t'as jeté cette barre de fer puis t'es rentré sans le lait, la gueule en sang. Tu as tenté de cacher ta blessure, mais en vain. Ça se voyait à des kilomètres, même si toi tu étais plus vif, plus rapide, mais il a quand même réussit à te coller son poing sur la gueule. Encore heureux que tu n'aies pas été assez sonné pour que cela te transporte direct aux urgences. Ça devait être la rage qui t'animait- la vision d'Aly lorsque t'es rentré un soir après le boulot qui t'as fait retrouver toute cette force. (11) Tu n'as jamais dit à Aly ni même à Rasmus ce qui s'est passé ce soir-là. Ton visage ensanglanté parlait de lui-même, mais une fois de plus t'as menti. Tu leur as raconté une histoire bidon comme quoi tu as voulu venir en aide à une vieille dame qui se faisait voler son sac à main et que tu avais cette tête parce que ses agresseurs ont répliqués. C'était du gros n'importe quoi. L'histoire ce tu ne gardes pas que ce secret pour toi. Ton patron est sur le point de te rendre fou. Les quarts que tu tapes la nuit viennent de plus en plus difficile. T'es fatigué, à bout. Tu as donc flanché et commencé à consommer - en cachette. Au départ tu te contentais de café, de boissons énergisantes, puis il est venu un temps où il te fallait un truc plus fort. Ton corps n'étant plus capable de fonctionner il te fallait trouver un moyen de faire le booster. Ce n'est pas le bon moyen tu en conviens. Ton attitude finira par te trahir, tout comme tes yeux rougis, ton nez qui passe son temps à renifler. TU ne contentes plus que d'amphétamine, mais bien de tout ce qui t'aide à rester un minimum éveillé.   (12) Non seulement tu n'as parlé à personne de ta consommation abusive, mais tu as aussi omis de préciser que ta mère est revenue dans le décor. Tu doutes que ces intentions soient bonnes. Tu as plutôt l'impression même que tout est une question d'argent. Elle n'est pas là pour toi, mais plutôt pour ton argent. Elle te fait peur, tu la détestes et plus le temps passe plus t'as l'impression que tu finiras par lui ressembler. Tu dois donc stopper ta consommation avant d'atteindre le point de non retour.