girls problem (dom)

Elle est revenue. Elle est là. Elle est partout. Juste comme tu t'en remettais (ou presque). Juste comme t'avais décidé de jouer à autre chose, de passer par dessus tout ce que vous avez été. Enterrant les souvenirs un à un, après les avoir assassinés, poignardés, éventrés, éviscérés. Parce que tu y avais cru trop longtemps, au delà de la raison. Sois sage, qu'elle t'avait laissé sur un petit bout au creux de ta main, son odeur partout sur toi, dans toi, et elle, envolée comme le fantôme qu'elle se plaisait à être. Sois sage et je reviendrais ? C'est ce qu'elle avait secrètement promis et toi, t'y avais cru, du fond de ton lit dans ce même hôpital où tu passais désormais le plus clair de ton temps. Tellement con d'y avoir cru, jusqu'à l'abandon, celui qu'elle attendait pour revenir, pour mieux te torturer et ça fonctionnait. Surtout depuis que tes supérieurs t'avais présenté ''la nouvelle psychiatre''. Tu vivais tes journées dans une hypervigilence constante. La mâchoire serrée, la nuque raide. Peur qu'elle arrive derrière toi, qu'elle fasse des conneries, avec ses mains, avec ses lèvres. Merde. Rien que d'y penser, ça te mettais hors de toi. Besoin d'une pause, sinon t'allais péter un câble, défoncer la tête du gamin qui chialait trop fort dans la salle d'attente alors que vous finissiez de gérer les hémorragies d'un patient qui s'était fait massacrer par une voiture, du haut de son vélo. Évidement, la voiture avait gagnée. Jetant les gants pleins de sang avant de passer à la salle de bain, laver ce qui avait pu éclabousser sur tes bras à force de gicler de partout. Les médecins, les vrais, s'occupaient désormais d'elle. De ce qu'il restait d'elle. De son coeur qui battait peut-être aussi difficilement que le tien.

Tu faisais craquer ta nuque, pas une bonne idée, tu sais, y'a un meuf qui apparemment, c'est retrouvée paralysée après un craquement du genre, mais t'en a besoin. T'aurais besoin de mordre, d'hurler, de frapper, de détruire, pas de victime disponible, pas ici, pas maintenant. C'est pour ça qu'avec un regard derrière toi, tu rejoins le garage où l'ambulance est tranquillement stationnée, récupère votre paquet et le briquet dans un coin du garage, cherche sa tignasse. Retrouve le mec qui rangeait à l'arrière du camion. Tu lui lances une cloppe avec un simple :

« Allez, ramène-toi Lazaridis. » Nom de famille que t'es habitué de faire rouler sur ta langue, pas qu'à cause de lui, s'il savait. Tu forces un petit sourire avant de retrouver la porte du garage, dégager le passage pour pas être happé par une ambulance qui se ramène à toute allure. Tu ne tardes pas à embraser le bout de cancer, en aspirer la fumée, laisser la nicotine calmer tes nerfs alors que t'entre sans même attendre, dans le vif du sujet. Et tu sais même pas pourquoi c'est si facile de rager, de te confier à Dom. Pas qu'un simple collègue, pas vraiment un ami, parce que tu ne lui dis pas tout. Pas toutes les conneries que tu fais avec Théa. Pas toutes les horreurs de ton âme. « T'as rencontré la nouvelle psychiatre ?» Que tu craches avec dégoût, parce qu'elle est assez vipère pour avoir fait le tour, qu'elle soit venu rencontrer Dom, voir si tu lui avais déjà parlé d'elle, ou quelque chose du genre. Comme si elle était, encore, le centre de ta vie. « Belle salope...» Que tu vomis sur elle, haineux et tu ne le caches même pas. Belle salope pour laquelle t'aurais pu t'ouvrir les veines trop profondément, le regretter pendant que ta tête tournait trop fort. Non, t'avais préféré te couler avant que l'autre connard te sorte, foutre sa bouche contre la tienne et te fasse cracher toute ton eau. Si c'était pas de lui, tu serais déjà momifié et t'espère que la culpabilité l'aurais tuée, elle aussi, ou la rongerait, chaque putain de jour de sa putain de vie.