ghosts above our heads

Jamais aveugle. s'il ferme les yeux, c'est souvent parce que lion le décide. conscient de préférer occulter des signes évidents plutôt que d'affronter des tourments. Il a toujours été lâche avec les émotions des gens au moins autant qu'avec les siennes. certains d'etre incapable d'apaiser les maux de quiconque puisque les siens le malmènent avec tant de hargne depuis ce qui semble être une éternité. mais il n'est pas stupide, fin observateur capable de déceler les émotions qui bataillaient sur les traits doux des anges perdus.
Cinq minutes à peine.
C'est le temps qu'il a fallu à Lion pour rejoindre aimee dans son antre à elle, croyant y trouver les liens qu'ils avaient depuis longtemps tissé.
C'est le temps qu'il a fallu ensuite, dans un échanges de banalités affligeante qui l'ennuie toujours de comprendre que ça n'allait pas.
C'est le temps qu'il a fallu, enfin, pour qu'il la jauge vraiment. Ses Iris cessant de jauger son propre nombril pour s’appesantir sur l'air chargé de mélancolie qui émanait d'elle.
Elle a les yeux clairs de ce bleu vert entre ciel et terre. Regard au goût d'infini. Dans les yeux d'aimee il y a le monde, l'avenir et le soleil.
D'habitude.
Aujourd'hui ils ont l'éclat triste des ouragan d'Amazonie, ou le vert se trouble sous un bleu d'orage. Aujourd'hui, ils sont fuyant, cherchant un ailleurs qu'il n'a pas entre ses mains. Lion n'a jamais eu rien d'autre à offrir que du vent et de la déception. Une vague douceur aussi éphémère que l'aurore et si jusqu'ici aimee le savourait dans un sourire aujourd'hui elle semble vouloir s'y soustraire. Si ce n'est son corps, son esprit du moins. Avec d'autres il en aurait suffoqué de rage, abjurant les promesses muettes qu'ils s'étaient faites. Avec elle pourtant, son regard s'adoucit dans un silence intrigué, oscillant entre curiosité et respect de son mutisme douloureux. Un pouvoir qu'elle a toujours eu, sans doute parce qu'elle n'exhalait que cette douceur comme un baume qui le rendait souvent plus doux qu'il ne l'etait vraiment. Il pourrait choisir de laisser glisser sa tristesse sur le vernis impeccable de leur hypocrisie soudaine mais ont-ils jamais été de ceux qui ne savent pas se parler? Lion sait d'aimee des histoires et des souvenirs qu'on ne raconte que lorsqu'on est vulnérable. Des murmures comme des secrets qui sont scellé au levé du soleil dans un coin de l'âme. Trop de chose qui l'incite autant à s'enquérir de ses émotions qu'a préserver sa pudeur. Il n'y tient pourtant pas, les frontières entre leur histoire et sa vie privée déjà ténue se dissolvent dans ses interrogations. « Tu vas me dire ce qu'il se passe?  » Sa question sonne comme une main tendue, de celle que Lion ne tend pas deux fois. Qu'il craint même de voir mordu, si peu coutumier du fait d'être celui qui écoute ou qui propose son épaule sans faire preuve de sarcasme ou de distance. Y a longtemps pourtant qu'il a apprit l’honnêteté quand il s'agissait d'aimee, dans uniquement dans les rares instants ou il se sentait assez en confiance pour la lui octroyer.

tu avais encore du mal à croire au tournant qu’avait pris ta semaine. comment maden avait-il pu se retrouver dans ton agence, trois ans après sa disparition de ta vie ? tu ne comprenais vraiment pas, et ça te bouffait. ça te bouffait de le savoir à new-york depuis tout ce temps sans savoir. ça te bouffait de le savoir avec cette belle brune qui avait l’air d’être un véritable rayon de soleil. ça te bouffait qu’il ait fait comme si de rien n’était en te voyant. ça te bouffait de ressentir toujours le même amour à son égard. oui, vraiment, tout ça te rendait dingue. triste. tu étais même en colère, qu’il soit réapparu comme ça. alors que tu étais en train de guérir, de votre rupture, de votre histoire au goût un peu trop prononcé d’inachevé. et ce soir, lion est là. et lion, il devine bien rapidement que quelque chose ne va pas, que l’absence de sourire n’est pas anodine. assise sur le canapé, contre lui, tu es pensive. tu as envie de pleurer, de hurler. tu relèves un instant le regard vers lui quand il te parle et tu mets quelques secondes à comprendre ses paroles. tu soupirais en glissant ta main dans tes cheveux. « je ne veux pas t’embêter avec ça. » tu soufflais simplement en haussant un peu les épaules et en soupirant doucement. tu posais ta main sur ton front et tu réfléchissais quelques secondes, te perdant une nouvelle fois dans tes pensées. tu ne savais pas si tu avais envie d’en parler. ça ferait surement remonter bien trop de souvenirs douloureux. ceux de votre rupture, mais tout ce qui s’est passé avant aussi. tu regardais une nouvelle fois le jeune homme et devant son regard insistant, tu finissais par capituler. tu te déplaçais un peu pour te mettre en tailleur sur le canapé et tu l’observais quelques secondes. « j’ai revu mon ex petit-ami, maden. c’est.. il est apparu, juste comme ça, dans l’agence immobilière. comme un fantôme du passé. » tu soufflais dans un long soupir en secouant la tête. comment c’était possible ? new-york comptait une population énorme. 8 622 898 habitants en 2017. comment tu pouvais tomber sur lui, au milieu de tous ces gens ? tu ne comprenais vraiment pas, c’était comme si la vie décidait de ne pas te laisser tranquille. tu n’étais pas heureuse de revoir maden. votre histoire s'était terminée dans la douleur, et tu n’étais clairement pas guérie de tout ce que vous aviez vécus ensemble. « maden et moi… c’était fort entre nous. il était l’homme de ma vie. c’est ce que je pensais du moins et depuis j’ai jamais réussi à avancer. alors le revoir, là, avec le même sourire, avec une brune à son bras… j’ai… enfin c’est juste dur. » tu murmurais dans une petite voix, alors que ta voix tremblait de plus en plus au fur et à mesure que tu parlais. tu reniflais un peu en fermant les yeux alors qu’ils s’embuaient de larmes et tu te retenais de pleurer un peu comme tu pouvais. « je suis désolée, t’es surement pas venu pour m’écouter raconter ma vie. » tu ajoutais dans un long soupir.