Take a breath, take it deep
Calm yourself, he says to me
If you play, you play the key
Take the gun, and count to three
Sa main tremblante vient attraper le glock posé sur la table. Il ouvre lentement le barillet et y place la balle. Le bruit du barillet tourne, vient resonner dans son cerveau éteint par le whisky et la kétamine. Il place le revolver contre sa tempe, son souffle est chaud, ses gestes lents. L’homme au cigare lui renvoie la fumée sur le visage, un sourire amer accroché à ses lèvres, ses dents en argent brillent.
« Ton tour Andrews.» qu’il lâche en irlandais, les gars énormes derrière lui qui ricanent en observant l’écossais maigrichon abaisser le revolver. Froidement, il pose les mots, fermant les yeux comme pour se convaincre lui-même, comme pour se donner une dernière fois la force de rattraper ses erreurs
« Si je gagne. Si je gagne on oublie tout. Les dettes. L’argent... » il marque une pause et re ouvre ses grands yeux gris pour fixer l’irlandais au sourire falsifié.
« Et tu laisses ma femme et mon fils. Tu ne les touches pas. Jure-le. » Le nouveau ricanement de l'homme provoque un frisson glacé le long de la colonne d’Andrews.
« Parole d’irlandais mon p’tit » Et Milo Andrews inspire, expire, ferme les yeux. Il remonte le glock une nouvelle fois contre son crâne. Il appuie le canon contre sa tempe, il inspire il expire, et il appuie sur la détente.
La détonation du coup fait sursauter l’irlandais. Il grogne contre le sang qui arrose les billets sur la table. Il essuie sa veste des taches noirâtre et s’approche lentement du corps qui git sur le sol. Son pied cogne l’homme inerte, il observe l’expression du cadavre, les yeux perçant de ce père de famille qui avait tout perdu. Pauvre gars, qu’il pense secrètement puis il se retourne vers ses bras droits et souffle
« Amenez moi la jolie famille. » we battle too for men,
For they are women's children
Our lives shall not be sweated
Hearts starve as well as bodies
give us bread, but give us roses!
Siobbhan pliait le linge de la petite Ledottir. Elle repassait soigneusement ses petits chemisiers et rangeait parfaitement les piles dans sa grande armoire. Elle avait attaché ses longs cheveux roux dans un ruban vert, ses yeux derrière des petites lunettes rondes pour repérer tous plis dans le linge. Elle pensait à la famille Ledottir, qui l’avait si gentiment accueillis elle et son fils quand elle avait fuis l’écosse. Elle se rappelait encore et encore cette fameuse nuit où elle avait réveillé son enfant pour le prendre dans ses bras, fuir sans jamais plus se retourner. Elle se rappelait l’effroi lorsqu'elle avait compris que son alcoolique de mari les avait abandonnés. S’était tué pour de l’or, pour des dettes, pour tout un tas de choses qui s'écartent des valeurs de Siobbhan. Elle se rappelait aussi de ce groupe effrayant qui avait tout cassé chez eux alors qu’ils se cachaient, elle et Milo dans le grenier. Milo ne comprenait pas, et comment pouvait-il du haut de ses six jeunes années de vies. Alors Siobbhan lui avait raconté des histoires, des histoires merveilleuses où mr. Andrews était un soldat charmant et dévoué, un patriote, un père aimant, un héros, un mari parfait. Un imaginaire loin de la réalité. Car Mr Andrews revenait toujours le soir, l’odeur apre du Whisky qui lui collait à la peau, ses yeux injectés de sang et une cigarette mal roulée toujours planté à son bec. Siobbhan attrapa le panier à linge et rentra dans la chambre de la petite Nashandra qui jouait encore seule. Elle se demandait pourquoi Milo jr n’aimait pas cette petite. Pourquoi il restait toute la journée dans sa chambre sans jamais vouloir adresser un mot à l’enfant. Elle ne comprenait pas que son fils ne soit pas reconnaissant envers cette famille qui l’avait sauvé, accueillis avec tant d’amour et bienveillance. Siobbhan se comparait à Alfred, dévouée à la famille Wayne. Ca l’a faisait sourire parfois. Nashandra sauta sur l’écossais, la petite fille débordante d’amour que seule Siobbhan était capable de lui rendre. Elle l’élevait comme sa propre fille,se donnait entièrement à cette petite. Milo n’aimait pas ça et leur faisait bien comprendre.
As I sit in my seat and remain calm
And close my eyes and wait for the bomb
Here it comes!
Milo entendait la petite fille pleurer. Elle sanglotait contre son oreiller pour essayer d’étouffer le bruit de sa douleur. Le cœur du garçon se serra, se contracta et il ressentit un truc tout drôle qu’il n’avait jamais ressentie pour personne, encore moins pour celle ‘’qui lui piquait sa maman’’. Mais Nashandra pleurait ce soir-là, des larmes lourdes et vrai. Siobbhan se retenait de pleurer elle aussi, elle était partit faire du thé pour cacher sa tristesses à l’enfant. Alors Nashandra était seule dans son lit et Milo se retournait dans tous les sens pour s’empêcher d’y penser. Pour continuer de la haïr. Mais il n’y arrivait plus. Ses pieds d’adolescent touchaient le sol froid du manoir Ledottir. Il marchait sur la pointe des pieds pour ne pas qu’on l’entende, et il se dirigea vers la chambre de Nashandra. Ses pleurs étaient plus saccadés. Milo poussa tout lentement la porte, hésita puis vint s’installer sur le lit de la petite fille qui s’était relevé tout de suite et avaient commencé à effacer toutes ses larmes. Il ne savait pas trop quoi dire, parce qu’il n’y a rien à dire à une enfant qui venait de perdre ses parents. Encore moins lorsque ceux-ci étaient mort dans des conditions aussi violente. Alors Milo ne disait rien et attrapa la pile de livres au pied du lit de Nashandra et il en ouvrit un. Il lui prit sa petite main et la serra dans la sienne, et il lui souriait enfin, le premier sourire depuis qu’ils étaient arrivé dans cette maison. Et Nashandra s’était mise à sourire à son tour. Milo commença la lecture, l'enfant porta son pouce à sa bouche, sa tête venant se poser sur l'épaule de jeune garçon.
« petit garçon, demanda-t-elle poliment, pourquoi pleures-tu ?Peter avait appris les belles manières en assistant aux cérémonies des fées, et il savait se montrer extrêmement courtois. Il se leva donc et fit une superbe révérence. Flattée, Wendy lui rendit ce beau salut de son lit. -comment t'appelle-tu ? Demanda Peter. -Wendy Moira Angela Darling, répondit elle avec une satisfaction évidente. Et toi ?-Peter Pan. »Quand Siobbhan entra dans la chambre, consoler l’enfant, elle fut surprise et afficha un sourire tendre. Milo et Nashandra s’étaient tous deux endormis, le livre de Peter pan encore dans la main du garçon.
Take me on a trip, I'd like to go some day.
Take me to New York, I'd love to see LA.
I really want to come kick it with you.
You'll be my American Boy.
Il croisait souvent Nash et sa bande de potes en soirée. Et il aimait pas trop ce groupe de jeunes orphelins qui s'amusaient à faire croire à sa petite soeur que la vie était un grand terrain de jeu. Elle souriait et ça le rendait heureux mais l'influence qu'avait ces vermines le faisait pas trop rigoler. Milo avait bien grandit, petit con de dix-huit piges qui s'amusent à baiser tout c'qui bouge. Une fille, un mec chaque soir, un défilé dans des lits d'inconnus. Il aime ça, ça l'rend vivant. Sa clope au bec et ses coquards sur le visage, il s'amuse à faire grincer les dents de Siobbahn qui ne supporte plus de voir l’échec scolaire et les mauvaises fréquentations de ses deux gamins. Parce qu'ils étaient devenu une famille tous trois. Une famille heurté par le chagrin et la rage. Milo tournait mal. A se foutre sur la gueule avec des rugbyman, à rentrer trop ivre et casser de la vaisselle, à fumer ses joints pour calmer ses poings. Et le sexe, le sexe, le sexe d'un jeune adulte idiot qui s'lance des défis pour faire passer le temps. A finir au pieu avec sa prof de français et lui soutirer du fric pour pas tout balancer. Gamin idiot et sans morale qui pense être roi du Queens. Gamin solitaire qui rencontre le chaos beaucoup trop tôt. Siobbhan lui fout une claque un soir et le regrette quand elle apprend qu'il a une liaison avec une riche femme mariée. Elle hurle quand le mari l'apprend et tente d'le buter. Et Siobbhan fatigue, vieillit, portant à bout de bras une fille qui croit encore aux fées et un garçon qui rit quand il brise un cœur. Siobbhan avait découvert à son tour le whisky, regrettait chaque gorgée en se rappelant l'odeur de son défunt mari. Mais plus ils grandissaient, plus l'écossaise était seule dans ce manoir. Ce n'était qu'une gorgée par ci, un verre par là, une bouteille ici, un coma là. Elle se cachait lorsqu'elle buvait et ni Milo ni Nash ne s'en rendait compte. Et Milo finit par quitter le manoir, se trouve un taf de barman dans un club de la mafia Irlandaise.
Run away, turn away,
run away, turn away, run away
(crying to your soul)
Run away, turn away,
run away, turn away,
run away (crying to your soul)
Vingt-six années de vies sur terre. A accomplir une liste de gens avec qui il a passé la nuit. A sortir dans les bars. A bosser dans un bar. A organiser des combats de boxe illegaux. Milo Andrews a vingt-six ans et se fout de tout. Se fout de rien. Gamin insolent à la main légère. Petit géni de la triche et de la mauvaise foi. Parieur hors paire, joueur légèrement addict, et grand frère aimant et trop protecteur pour être parfaitement sain. Et Milo continue de jouer avec les femmes, les hommes, avec ce qui le rend vivant; faire l'amour, sauvagement, tendrement, betement de tout les adjectif possible. Ca se calme pendant l'hiver 2019. Quand il commence à maigrir, à blanchir, à entendre "oh putain Milo t'a une sale gueule qu'est-ce qui t'es arrivé?" ou alors des "merde milo ça va? t'es tout blanc t'a besoin d'eau?" quand son visage de gueule de bois lui colle au visage sans qu'il touche à une goutte d'alcool. Il tousse, il se fatigue, il s'épuise lorsqu'il marche, se lève ou parle. Le moindre effort est insurmontable. Il passe son temps à lutter contre son corps, écartant d'un revers de la main la moindre idée qui pourrait décrire son état.
Il se retrouve à monter des escaliers du manoir, des haut le coeur lui donnant la nausée, des perles de transpiration sur son visage maigre. Il gravit chaque marche avec tant d'effort mais son corps lâche, il voit flou puis ne voit plus. Son corps s'écrase sur l'escalier en marbre, sa tête cogne le coin de la marche et le sang commence à noircir le blanc immaculé. Il perd toute notion de la réalité, étalé ainsi en attendant la mort. Il entend un hurlement au loin, devine les mains de sa sœur qui le secoue, tente vainement de l'arracher à Morphée.
quand il se réveille, il entend les bip d'un ordinateur, il sent les fils connecté à son corps, il entend les brouhaha des médecins qui se bousculent dans sa chambre d’hôpital. Quand on remarque enfin ses yeux ouverts, ils s'approchent, il l'observe, il lui prenne la température et tout le bordel qui va avec. Y'en a un a l'expression grave qui s'approche qui le regarde et qui lui jettes à la gueule.
Vous avez le VIH Mr. Andrews. à Vous êtes à un taux de lymphocyte T CD4 inférieur à 200/mm3...c'est à dire un stade avancé. De quoi renvoyer le petit Milo à morphée.