l'coeur en miettes. les miettes rassemblées dans le creux des deux mains, présentées au plus puissant, l'
offrande. elles sont forgées. elles sont glacées, solidifiées dans les derniers sentiments.
l'tonnerre d'un cri trop arraché à pleins poumons, perdu dans les méandres des souffrances. chagrin, larmes d'une gamine trop belle coulées sur le visage de poupée. d'une trop jeune pour tout ça, retenue entre les poignes trop fermes.
détonation.
ça hurle en échos, se répercute, s'entrechoque, créer la fusion de l'explosion. blanc contre noir, froid contre chaud, vie contre mort, amour contre silence à jamais, pour la perdition d'un corps chutant contre un sol trop dur. béton froid, béton témoin des vies. les belles, les heureuses, les ignobles, les malheureuses tributaires du l'
atrium.
détonation.
ça pullule les sentiments. rassemble le patin désarticulée, reforme les mouvements des membres démembrées.
briser pour réparer
casser pour la souffrance.
raccommoder d'un fil différent pour marquer les cicatrices.
pour mieux recommencer avec délectation.ça tire sur les ficelles de la marionnette le choc du second corps, la vie quittée sur les terres du
sanctum, pour le relâcher, le sien. il s'écrase, mange le sol de pierres blanches, prend la poussière délicate dans le mouvement. il rampe dans les pleurs. il rampe dans les soubresauts d'un corps incontrôlable, juste pour rejoindre le premier sans vie. juste pour pouvoir prendre entre ses mains des joues encore chaudes. simplement pour s'concentrer sur des yeux ouverts, dernier regard, de celui qui ne clignera plus.
détonation fictive.la rêvée. celle qui lui permettrait de rejoindre ses parents.
sous leurs yeux, elle rampe, la gamine, vers le second pour les rassembler. comme si c'était la promesse. deux corps rapprochés pour un au-delà meilleur.
l'corps qui s'abîme, les genoux qui s'égratignent.
l'organe qui se meurt, le coeur qui dégueule.
quand ça s'repose sur elle, les mains. quand elles traînent l'corps à bout. de tout. de vie.
quand elles la créent, les décisions, la rancœur.
là, les premiers hurlements. aiguille à travers sa peau, poupée marquée comme le jouet d'un enfant. premières horreurs entre les paumes, contre les corps. premiers coups, premières larmes.
là, les seuls silences. les années passées. les années à la forger. silence qui énerve. alors c'est plus fort, jusqu'à la plainte arraché. jusqu'à l'effondrement.
cours ! halètements d'enfants, deux gamines dans un monde nouveau. deux femmes, trop jeunes qui se sauvent. deux adultes trop jeunes ayant vécu l’intégralité des enfers d’une vieille femme.
deux mains abîmées et sales qui attrapent les épaules trop frêles. dernière force puisée, elles redressent dans l’aide.
t'arrête pas putain ! Injure punie par les lois sacrées. elles flagellent les cordes pénitentiaires, laissent les marques trop rouges sur les corps trop parfaits. là, où on ne voit rien. là, où rien ne détruira leur beauté visuelle, par delà les tissus, par delà les morceaux de peau. ils se cachent, les hématomes. ils visent, les bourreaux, au moment des punitions, synonyme de purification.
trop belles. maudites. trop tentantes. enfants du diable amenant à la perversion.
ça pousse, l'accompagne sur la terre inconnue, là où au fond s'trouve la liberté. là où elles la pensent être. les pieds nus martyrs.
les martyres de juda.pourtant, ils finissent par ralentir. les pas, ceux de la blonde. c'est un corps qui recule face à celui qui avance, qui finit par se stopper à son tour.
dégage de là ! deux corps qui s'arrêtent, deux visages qui se jaugent dans les douleurs. l'sacrifice de l'une pour l'autre. encore. une tête qui se secoue, une grimace du détresse qui déforme les traits, un non soufflé avec la bile, la boule coincée menaçant de se répandre à leurs pieds.
dégage de là putain. violence des mots, échos des sentiments contraires.
jt'aime salomé. casse toi. continue tout droit et t'arrête surtout pas. des pas qui reculent, s'éloignent pour un dernier regard.
non pas pour un au revoir.
pour l'adieu.
et les corps courent vers deux chemins différents.
vie contre survie.
sauveurs contre geôliers.
vie contre mort un cri dans la nuit.
ses dents s’entrechoquent, mordent trop fort. le cuivre se répand, se mêlent à la terre.
c’est la première fois qu’elle prie. réellement, sans faire semblant.
c’est la première fois qu’elle supplie le seigneur. véridiquement, dans l'accablant.
pour sa survie. celle de son amie, pour sa fuite.
allez, salomé. elle hurle, se débat, écrasée sous le poids de la masse.
où tu vas salope ? c’est la première fois qu’elle implore le seigneur.
pour la fin de sa vie.
pour une mort rapide. une immédiate, avant les supplices futurs.
avant d’échouer aux pieds de juda.
encore.
brisée et trop faible. le corps en miettes, le corps mort des accoues et des supplices. le coeur endormi. l’humanité retirée. les pensées envolées bien trop loin, dans un monde meilleur imaginé depuis toujours pour la survie. il est beau, celui-ci. parallèle, elle rêve du monde extérieur sans doute trop idéalisé, trop enfantin. trop beau.
juste pour voir le petit garçon derrière la clôture.
juste pour oublier le fait qu’elle n’est plus qu’une poupée de chiffon.
disloquée, avant de passer entre les mains du guérisseur dans la plus grande des tortures. on la tue pour lui redonner la vie. elle se brise pour qu’on lui recolle les éclats.
juste pour mieux recommencer.
alors, elle hurle les enfers quand elle se retrouve sur le dos. elle se prête à l'appel de l'ennemi juré de juda pour qu'il lui vienne en secours.
tout sera plus beau qu'ici. ferme ta gueule sale chienne. un coup sur le visage. puis un second. juste assez pour qu'elle tourne de l'oeil, pour que la gerbe d'hémoglobine lui arrive au bord des lèvres.
juste assez, mais c'est pourtant le coup de trop. une main qui s’interpose, une voix qui se pose par dessus les aboiements des chiens au loin et des cris masculins.
qu’est-ce que tu fous putain ? juda va... et les mots se perdent en même temps que le poids du corps sur sa taille se retire. ils s’envolent vers les cieux en s’entremêlant à ses pensées et sa lucidité. elle sombre dans enfer du dessous au moment où elle se sent soulever de terre. elle s’éloigne de celui qu’elle voudrait rejoindre pour repartir dans celui qu’elle connaît si bien. beaucoup trop.
vis, salomé. survis, aglaé,
meurs, plutôt.
hors de contrôle, le corps à demi-mort que l'on repose sur le paradis. à bout de force, les mains trop tendres qui la quittent pour revenir. éponge humide qui passe sur son visage. douceur et sauvetage dans une traîtresse illusion sur sa lèvre fendue. les yeux papillons, la vision floue pour percevoir la tête masculine.
je suis désolé... soufflé.
elle sombre.
les minutes comme des heures, de retour. les yeux qui se risquent à l'ouverture fine pour le voir, l'homme de dos qui s'éloigne,
avant de sombrer,
encore.