Baby i'm so sorry (Sashabh n°1)

Perdue. Dans tes pensées, dans le futur, quand t'es assises au bureau, au boulot. Tu rigoles quand un collègue passes, fait une blague. Tu rigoles, fort et bien, c'est presque crédible. Actrice vas. Tu fermes ton poste. Nerveuse. Pas certaine que t'as envie de la voir. Pas certaine de comment tu vas réagir. Pas certaine que tu sauras comment être gentille après les événements récents. Nash dit qu'elle tient à toi, Nash veut y croire. Ça te grince les dents. Tu ravales. Parce qu'au travers de la fenêtre tu vois son reflet, ses cheveux courts, sa dégaine de sale gosse, un personnage, que t'as longtemps voulu croire avant de t'en prendre plein la gueule. Tu fais pas exprès mon ton regard est grave quand tu la rejoins. Pas certaine de vouloir être là. Tu t'avances quand même, soupire, croise tes bras, tu veux pas être là. Pourquoi tu te forces, tu te forces toujours. Elle, elle s'est forcée pour toi ? Ou elle ne décide que de se forcer maintenant, se forcer quand il est trop tard. Elle te tend une clope, t'hésites, tu la prend, sans arriver à sourire pour autant. Tu la prend entre tes lèvres, attend en la fixant cruellement, l'envie de lui cracher qu'elle s'allumera pas tout de seule, qu'elle est pas comme toi. Tu cherches dans tes poches pendant qu'elle te sort un compliment. Et toi t'as juste envie de la mordre, lui faire payer chaque putain de tromperie, de mensonges. Parce que toi aussi, t'aurais voulu aller voir ailleurs, mais tu t'es retenue, par amour. Elle, elle savait pas faire, ne saurait probablement jamais. Elle sourit en plus. Et toi, tu sais pas si tu lui pardonneras un jour, si t'arrêteras de te venger. Tu dis rien, la dévisages, le frustration qui brûle au fond de tes yeux. Elle finit par se réveiller, venir faire danser la flamme près de tes lèvres.

« Elles faisaient tomber leurs culottes pour ses conneries là, tes pouffiasses ? » Que tu lui souffles, acide, t'es une pluie qui veut la noyer. Qu'elle souffre le quart de ce que toi, t'as souffert. Elle a allumé un feu en toi que tu ne connaissais même pas. Elle est peut-être restée le soleil, mais t'es devenue lunaire. « J'peux me payer mes verres, j'veux rien de toi. » Que tu lui siffle, cherchant peut-être quand elle mettra ses limites contre l'amertume de ta bouche. Elle propose une trêve dont t'as pas envie. Elle la trouve pas sexy, dark Sasha ? Le regard tueur, la superbe, le regard tueur, cette façon de fumer comme une femme fatale, les staredowns entre les goulées de charbon. Tu réponds pas, roules des yeux en commençant à marcher avec elle, loin d'elle. Tenant à tenir tes distances, ne pas laisser son bras effleurer le tien. Ne pas lui laisser espérer qu'elle a la moindre chance de te refaire le portrait cardiaque encore. Non, elle n'a plus son laisser-passer.

T'en profites pour la regarder de travers, refuser de la trouver canon, plutôt que de regarder devant toi. C'est donc ainsi que tes pas de gamines s’emmêlent pour ne ressembler plus à rien. Tu manques t'éclater solidement la gueule au sol. Tu te rattrapes sur elle. Frôlant tout de même le sol du bout des fesses. T'as envie de rire. Et d'hurler. Tu te relèves, grognes, chasse rapidement ses mains de sur toi. Peut-être que t'aurais du t'étaler de tout ton long, t'éclater le crâne. Parce que t'as trop fait confiance aux gens, Sasha, t'as trop espérer, trop aimé, trop pardonné, tu t'es trop fait baisée (pas dans le bon sens de la baise), tu t'es faite avoir, décevoir, belle tarte de la dinde. Justement. T'en a marres. Ton coeur tellement éclater qu'il ne ressemble plus à rien. Tu t'appliques, à ne plus t'attacher, ne plus donner d'importance à personne, sinon aux quelques rares personnes qui en ont déjà. Décevoir, la nature de l'humain, pas juste de hommes. Tu secoues tes vêtements, continues, marre, tu jettes ta clope, t'entres dans le premier bar que vous croisez, tant pis si c'est pas celui qu'elle veut. Tu choisis une table, t'y assois, retire ta veste, attend qu'elle prenne place. Qu'elle drague la serveuse, comme elle a toujours fait, quand t'étais trop conne pour voir qu'elle n'était pas seulement charmante. Non, non. T'y crois plus. Ça te dégoûte. Surtout quand tu te rappelles comment elle te rassurais, t'embrassant, te murmurant que t'étais la seule, qu'elle t'aimais. Deux mensonges. Te mentir, c'était une chose. T'étais une petite chose naïve qui gobait facilement les trucs, t'étais. Sauf qu'une fois qu'on te blessais, c'était le début de la fin. Une fois qu'un truc était cassé, c'était pour toujours. Comme vous. Ton regard est noir sur elle. T'as même pas envie de parler, de lui cracher toute ta haine. T'es même pas certaine que ça va l'atteindre, t'as pas envie de perdre plus pour elle. Elle va prendre ça pour une blague. Comme vous deux. Vous n'aviez été qu'un jeu. Qu'un divertissement, rien de vrai. Charmante partie de me ferais-je prendre ? Not anymore, baby.

T'aurais dû lui dire non. Lui dire d'aller se faire foutre. Qu'elle prendrait un café avec toi que dans ses rêves. Tu ne lui devais rien. Vraiment, rien. Sauf que non. Fallait que tu veuilles régler les choses, voir le bien en chaque être pourris. T'aurais pu la faire souffrir, lui faire supporter toutes ses soirées où vous êtes invitées, toutes les deux, où tu ne fais que glisser ton regard rageur et ton dédain sur elle. Assez longtemps, assez souvent pour qu'elle se sente pas la bienvenue, qu'elle parte. Vous vous posez dans un bar pourris, à une table pourris, à l'image de votre relation. Vous ne méritez certainement rien de mieux.

Elle commençe et tu fronces les sourcils, l'air dédaigneux de collé aux lèvres. Tu sais pas pourquoi t'es aussi méchante avec elle. Pourquoi t'as cette envie naturelle de la faire souffrir, de la voir ramper à tes pieds. Rire noir, mauvais, quand elle dit qu'elle n'est pas là pour te reconquérir. Tes yeux perçant sont fixés sur elle, les bras croisés sur ta poitrine.

« J'espère, parce que tu ne me reconquerras jamais. » Que tu souffles, haineuse. T'aurais bien aimé, qu'elle veuille une deuxième chance, t'aurais pu lui donner, pour mieux lui écraser le coeur après. T'as envie de lui dire de se casser, que t'en as rien à foutre d'elle, de si elle meurt, de si elle vie. Mais c'est pas vrai. Tu veux juste lui lancer une dangue en plein coeur. Parce que c'est un peu de sa faute, si tu aimes de moins en moins fort. Que t'as peur. Peur que bientôt, tu n'y crois plus, en l'amour, à toutes ses conneries. Elle sera pas la seule coupable, mais elle aura quand même mis son clou sur le cercueuil de ton myocarde.

Elle est peut-être sincère dans tes excuses. Peut-être. Mais tu laisses pas un chien te mordre deux fois. Tu lui fais plus confiance. Tu l'fais anesthésier. Elle ne te laisses pas parler, ni cracher du venin de nouveau. Elle tente pas de te récupérer, mais de sauver les meubles, certainement. Le serveur arrive, te laisses pas le temps de vraiment penser à si tu la crois. T'es méfiante. Tu cherches ce qu'elle veut vraiment. Tu roules des yeux quand elle commande deux pintes. T'en commandes qu'une, une noire, sourit même pas au serveur.

Elle termine et tu ne dis rien, tu la fixes en silence. Elle te fais des promesses. Elle sait dire des beaux mots, Shabh, ça pas changé, ça. Prison, ou pas. Toi, t'es juste perdue, de plus en plus perdue entre un bordel sentimental, une carrière qui n'part pas comme tu voudrais. De envies récurrentes de tout foutre en l'air, de te foutre en l'air.

« On sait toutes deux que les promesses, tu les tiens pas, Shabh. » Que tu lui souffles, lui remettant à la gueule tout ce qu'elle avait pu te promettre, te jurer, elle vallait quoi sa parole maintenant ? Après tout ça. Le serveur reviens, vous donnes vos consommations vous informe qu'il vous fera payées après. T'as envie de lui souffler qu'elle aussi, elle te le payeras (et tu parles pas d'la bière). Tu prends une bonne gorgée de ta bière noire, essuie tes lèvres du revers de la main. Puis tu rigoles doucement, lentement. « T'sais c'est quoi l'pire, Shab ? Si tu m'avais dit que tu voulais une relation ouverte, que tu voulais aller voir d'autres filles, j'taurais dit oui. Mais l'problème c'est surtout que tu t'es jamais vraiment donné la peine de m'aimer bien.» Il sont accérés, tes crocs et c'est qu'un début. Tu serres les dents, prend une pause, une autre gorgée de ta bière. Tu prends ton temps, c'est à toi de parler. T'avales tranquillement ta gorgée avant de remettre tes dents dans ses crocs. Laissant ton doigt jouer, tourner sur le rebord de ton verre. « Ça t'plait, hein, de te torturer pour une fille qui a jamais voulu de toi ? Ça donne un sens à ta vie ?» Que tu te moques en parlant de cette fille dont elle parlais dans ses textos que t'avais subtilisés quand vous étiez encore ensemble. T'es puérile, quand tu ris sombrement, tes yeux tueurs posés sur elle. Tu comprends pas toi-même, la noirceur, l'envie de lui faire aussi mal, de l'éloigner de Nash, de la faire retourner dans son petit trou, la faire couler. Tu croises tes jambes, portes ton attention loin d'elle, laisse ton regard couleur sur l'assitance dans le bar. « Crois-moi, Shabh, tu ne me veux plus dans ta vie. Parce que cette fois, c'est moi qui vais t'faire du mal.» Que tu la préviens. Le début de la fin. Même pas certaine que ça la fera fuir, la masochiste. Que ça ne l'encourageras pas encore, davantages à s'accrocher à toi comme à l'encre qui la fera couler.

Tu ne te connaissais pas comme ça. De la haine plein les dents, comme du venin et de l'acide à la place du coeur. T'aurais juste voulu être le centre de son univers. Que la plus belle fille qu'elle ait vu, au monde, ce soit toi, pas une autre. Tu mérites ça, non ? C'est pour ça que t'es vénéneuse, parce qu'elle te ramène à ça. Elle te ramène à la terrible conclusion que t'es pas assez bien pour être LA fille de personne. Ça te donne envie de prendre n'importe qui, le premier ou la première venue, juste pour dire que t'es pas seule. Ça te donne envie de ne plus jamais aimer. Qu'on n'abuse plus jamais de toi comme ça. Elle pense peut-être que c'est juste elle, juste sa faute. Toi non plus, elle est pas le centre de ton monde, il y en a eut avant, après et avant qu'elle ne revienne comme un fantôme qui ne veut pas mourir, tu l'avais oublié, t'avais commencé à rêvé dans d'autres bras. T'avais oublié son nom, son odeur, le goût de sa langue contre la tienne. Tu veux juste provoquer le mort-vivant, l'atteindre où ça fait mal et l'empoisonner. Qu'elle enroule ses mains autours de ta gorge, qu'elle te giffle ou te griffe, qu'elle te donne une bonen raison de ne plus jamais lui adresser la parole. Parce que même après tout ce qu'elle t'a fait, tu pourrais lui pardoner. Et t'en a marre, de te faire marcher dessus, de continuer à t'attacher à des gens pour qui t'es toujours au second plan, pour qui t'es même pas un second rôle, juste quelqu'un qui fait de la figuration, perdue dans le floue derrière l'image, sans même une voix ou un visage. Tu ne veux pas être un petit amas de bleu délavé dans la vie de qui que ce soit. Et pourtant, tu savais depuis le début, qu'elle était pas fait pour toi Shabh, toi et tes rêves trops grands, toi et tes envies du monde entier. Et pourtant ça t'avais plu de l'appeler ta petite amie, de rentrerà la maison pour aller la retrouver. Ton rire est encore plus froid quand elle te souffle, nonchalente, qu'il lui faut plus qu'un chagrin d'amour pour avoir mal. Le dédain qui reviens de nouveau. L'envie de lui craché qu'elle a aucune idée de ce que toi, t'as vécut, de qui, toi t'es au fond. Tu pinces les lèvres, ravales. Elle à pas à savoir, tu ne lui montrera plus tes blessures. Ce sourire arrogant que tu voudrais juste lui arracher des dents. Elle se perd en explications, en promesses, la belle menteuse.

 « Good boy. » Que tu souffles, que tu la nargues, compli-merde qu'on dirait à un chien. Who's a good boy ? Good boy qui perd ses yeux de bâtard dans les tiens. T'as des envies de foutre la merde. Tu sais pas quand ça passera, quand tu seras contentée, quand tu te diras, c'est assez. Quand elle arrêtera d'être le bouc émissaire, de se bouffer la rage de d'autres ont mis dans ton ventre, la déception, la connerie. Tu jètes tout sur elle, parce qu'elle est là, la bouche ouverte et qu'elle avale. Faudrait peut-être lui dire, que ce n'est pas que sa faute. Tes yeux la brûle un peu, quand t'abandonnes ta bière, quand tu t'approches. Que ton regard chaud de mer méditéranéenne coule sur elle, de sa poitrine à sa gorge, à ses lèvres, à ses yeux.

« Ba vas s'y. Prouves-le. » Que tu la nargues, sans trop qu'elle sache si t'es serieuse, avec ton corps qui s'approche, menace de se cogner au sien. Avec l'une de tes mains qui glisse sur sa cuisse, avec ta tête qui se penche, tes lèvres qui s'avancent, tu souffles quand l'embrasse, sans que toi, tu ne le fasse vraiment. Ta langue qui remonte sur tes dents quand ton sourire s'aggrandis près du sien, que tu te relèves, que tu la laisses là, en plan, un peu comme toi, elle t'a laissé en plan et se barrant en prison. Parce que techniquement vous n'avez jamais vraiment rompus. Techniquement, vous seriez toujours ensemble. Surtout qu'elle est aussi, ta dernière ex, même si y'en a eu bien d'autres pour toi, après elle. Tu fous le camp, pas trop loin, juste dehors, juste fumer encore, comme ça, sans avertir. Comme ça, juste pour faire chier. Qu'elle suive, qu'elle courre, qu'elle rampe. Tu veux valloir la peine, qu'elle se brise pour toi, qu'elle montre à quelle point elle souhaite t'avoir dans sa vie. Parce que c'est elle qui vient t'avoir tout près. Même, si, vu votre cercle d'amis, vous avez pas beaucoup le choix. Nash t'as dit qu'elle préférait te revoir avec elle plutôt qu'avec n'importe quel idiot, tu t'es presque étouffée sur ta langue en riant. Tu sais pas dans quel monde imaginaire elles vivent, mais c'est pas le même que le tiens.

Tu ne comprends pas. Pourquoi elle est encore là, pourquoi elle court, pourquoi elle s'acharne. Ce qu'elle veut de toi, pourquoi est-ce qu'elle n'as pas peur de toi, quand tu la regarde avec ses yeux là, quand tu lui craches tout le mal que tu comptes lui faire. Tu comprends pas pourquoi elle tient encore à toi, plus peut-être qu'elle n'a jamais tenu à toi quand il le fallait, quand c'était important, quand tu pleurais pour qu'elle le fasse. C'est son tour de pleurer maintenant, quand tu l'embrasses pas, quand tu fous le camp, parce que tu ne lui vendras plus ton âme, huh ?

Elle revient, elle rampe. Tu t'intoxiques en la fixant qui allume sa cigarette à son tour, qui évites le drame. Parce que tout ce qui est émotivement plus fort qu'une farce, ça toujours été trop fort pour Shabh. Son foutu nom que tu savais écrire et dessiner du bout de ta langue alors qu'elle ne s'était jamais donné la peine de bien se perdre d'amour pour le tien. Elle revient à la charge, avec ses blagues, avec ses conneries. Elle te remercie, elle te rappelle que, quelque part, vous n'avez jamais vraiment rompu. Elle te sourit, tu n'y arrives pas, pas vraiment. Tu remontes bien le coin de ta lèvre, mais c'est pas sincère. Quand elle te taquine, comme quoi, les autres n'avaient pas son talent au lit. Ton sourire se fait enfin un peu sincère. Un peu mauvais, quand elle se pose à tes côtés, plante ses yeux dans les tiens. Quand elle te supplie de lui donner dix jours pour te prouver qu'elle en vaut la peine. Qu'elle a changé. Sauf que peut-être que c'est toi, qui n'a pas changée. Tu aspires lentement la nicotine en la fixant, haussant tes épaules.

« Nash se défendait bien, quand même. » Que tu lui lances à la gueule avant de faire un pas, un mouvement de hanche vers elle. Pour jouer, pour provoquer, pour voir ce que ça donne. Parce que t'as rien à perdre, parce qu'elle ne peut pas vraiment te rejeter, parce qu'elle te manque un peu. Ça te manque de te détruire contre elle, contre ses doigts qui tordent quand elle se fâche un peu. Tes yeux brulants, ton bassin qui tangue vers le sien alors que tu viens tout juste de lui jeter une bombe à la gueule. « Mhm, je sais pas, j'me souviens plus de tes performances, faudrait me rafraîchir la mémoire. » Que tu provoques encore, ton index remontant vers sa mâchoire, dans une énième arrogance. Comme si tu ne te souvenais pas d'elle et de vos corps haletant jusqu'à se briser. Comme si t'avais oublié sa langue qui se donnait jusqu'à ce que tu t'en tordes. Comme si t'avais oublié ses câlins, son odeur partout dans tes draps, ses tatouages que t'avais appris par coeur. Malheureusement, tu n'avais rien oublié. Pas la chance de Nash d'avoir jeté quelques souvenirs de trop, même si c'était tout sauf de la chance.

T'es cruelle et tu le savais, tu le voulais, laissant tomber ce nom de plomb, juste pour attiser colère, jalousie, pour te sentir encore, un peu désirée. T'aurais pu bluffer, sauf que non. T'avais fait la connerie, celle que tu balançais sous son nez pour retrouver un peu de ce qui te rendait dingue en elle, ce qui te faisait miauler à chaque fois que sa possessivité venait raidir son corps de rage. Comment tu la trouvais sexy quand elle serrait un peu ta mâchoire entre ses mains, quand elle pouvait t'encastrer gentiment dans un mur. Ses émotions fortes qu'elle avait su tirer de ton ventre là où beaucoup te laissait inertes. La proximité que tu lui impose comme un vieux souvenir zombie que tu voudrais ramener à la vie. Le souffle plus court pour mieux sentir le sien, est-ce que ça la fait encore vibrer quand t'es près d'elle comme ça ? Quand tes hanches dansent un peu, la nargue. Est-ce qu'elle se souvenait de vos nuits, celle où vous vous donniez jusqu'à ne plus avoir la moindre once d'énergie. Jusqu'à être deux belles causes perdues. Jusqu'à s'assurer qu'elle avait les jambes trop molles pour courir ailleurs en voir une autre. Parce que t'étais pas conne, tu t'en doutais des autres meufs, mais tu fermais les yeux. Tu fermais les yeux pour mieux foutre en bordel vos vies. Et ça te brulais la langue, de lui demander combien d'autres pouffiasses étaient venues la voir en prison, hein ? Est-ce qu'on s'était donné le mal, hein ?

Toi, si. Toujours attachée aux fantômes de vos rires se fracassant, son ventre nu contre le tien. Ses marques possessives sur ton corps, les baisers que tu lui volais dans la rue, devant qui voulais bien voir. Tu sais même pas pourquoi elle était si dure a oubliée. Plus dure que Rémi, que les autres, avant, après ? Peut-être parce que techniquement, vous étiez toujours ensemble. Que tu possédais encore la moindre parcelle de son corps, son odeur et elle aussi ? Est-ce qu'elle est venue au café pour te plaquer en règle ? Parce que t'as de moins en moins envie de la laisser filer. L'envie de lui laisser un autre chance, parce que t'es un peu perdue, beaucoup blessée. Parce que tu t'es jamais sentie aussi aimée que dans ses bras, même si en fait, c'était peut-être pas ça. Sauf qu'elle t'abandonnerais, hein, comme tout le monde, parce que t'étais qu'une amie, parce que t'étais pas assez, hein ? Tout trembles en toi, surtout quand elle s'éloigne pour être sage, que ça te bouleverse plus que ça ne le devrait. Parce que tu comprends pas, merde, c'était quoi ton problème. Quoi la raison pour laquelle elle avait jamais su t'appartenir autant qu'elle avait voulu te posséder. Pourquoi t'avais jamais eut l'impression de vraiment avoir son coeur, rien que les seins pointés devant, jamais ce qu'il y avait au fond de ses tripes.

« Elle s'est pas fait priée, pour passer après toi, elle. » Que tu la nargues, ton corps de nouveau rejeté sur le rivage, trop loin du sien. Est-ce que tu fous la merde ? Oui, probablement, tant pis. Tu ne réfléchis pas, cette rage au ventre, cette envie de la noyée en toi, quittes à ce que ce soit ta propre fin. De la faire rager, de faire bouillir son sang aussi, de lui faire boire le venin avec lequel elle t'avait tuée, toi. De lui faire voir rouge, lui donner envie de détruire, au pire, de te détruire toi. Le regard vipère sur elle, reptilienne prête à la dévorer en retour, mais avant que tu ne fasses briller tes crocs sous la lune, sa question, sa petite voix. Celle qui vient de bruler. Putain de brulure de cigarette contre ta peau diaphane. « Nan, juste dans mon lit.» Que tu lui craches avant qu'elle ne se radoucisse encore, réussisse à déterrer ton cœur de là où elle l'avait ensevelis. Tu t'approches, de nouveau, doucement, le détaillant longuement, sans expression précise, cherchant la solution qu'il n'y avait pas. Y a ta main qui remonte à sa nuque, fouille sa peau pour y trouver de la tendresse, de la compassion, mais n'y trouve que la haine, celle qui peut-être pourra être expiée si tu la détruis un tout petit peu. Peut-être beaucoup. La colère joint tes lèvres aux siennes. Elle comprend pas que t'as juste besoin d'exorciser ses démons qu'a plantés dans ton ventre. Ta bouche rageuse qui conquert la sienne, tes mains sur son ventre qui la pousse au mur lorsque que tu regoûtes la fumée sur sa langue. Assez pour fermer les yeux et vous oublier un moment, te perdre dans vos souffles, dans les maléfices de l'addiction qu'elle a su être pour toi. Parce que tu sais que tu moment que ta bouche cesse de grogner contre la sienne, c'est vers sa gorge que voudrons ses glisser tes lippes, mordre sa clavicule, qu'elle soit ta détenue, maintenant. Encore, pour mieux se détruire. Vous le faisiez si bien, non ?