Shall we dance ? {Taby}

La méfiance d'Amy monta d'un cran en observant la réaction du prêtre. Il avait l'air vraiment choqué par ce qu'elle venait de lui dire. Pourtant, il s'agissait de ce qu'il avait écrit. Ou peut-être pas... Certainement pas même, au vu de la question qui suivit. « Il ». Qui ça, « Il » ? Qui se jouait ainsi d'elle ? L'humeur de l'héritière commençait à changer. « Toute son amitié... Sans doute » ? Un soupir échappa à la quarantenaire qui cessa de danser pour capter à nouveau le regard bleuté de l’ecclésiastique. « Tu ne m'as pas envoyé ces fleurs. Qui, Toby ? Qui se joue de moi ainsi ? » Ca ne resterait pas impuni. Et surtout, il semblait que cette personne soit de mèche avec le prêtre. « Pourquoi avoir dit qu'elles venaient de toi ? Ce n'est manifestement pas le cas. » La colère pointait le bout de son nez, car il s'agissait là d'un jeu dangereux auquel le prêtre et... son ami ? jouait. N'avait-il pas compris à qui il avait à faire ?

Subitement, le regard de son interlocutrice change. Amy s'arrête brusquement de danser, tout en gardant Toby contre elle. Son regard s'ancre dans le sien, alors que la quadragénaire semble comprendre qu'il y a anguille sous roche. Toby rougit, instantanément, alors qu'avec cette autorité naturelle, Amy lui demande d'expliquer la situation. Elle semble sur le point d'exploser, d'entrer dans une grande colère. Le professeur les regarde, intrigué, mais ne dit rien, même s'il doit être probablement frustré de ne pouvoir continuer son cours. Mais, après tout, il est payé à l'heure, alors...
"D'accord, ce n'est pas moi qui les ai envoyées." répond finalement le prêtre, s'écartant un peu. Non pas qu'il ait peur du courroux de la brune, mais il préfère prendre ses distances un moment, cherchant ses mots. "C'est Winston qui a fait envoyer ses fleurs. Il m'a dit qu'il n'osait pas te le dire, et qu'il aimerait que je fasse comme si c'était moi." explique délicatement le trentenaire. "J'ai trouvé ça bizarre, mais comme il a insisté, alors j'ai accepté. Par contre, je ne pensais pas qu'il écrirait un petit mot en mon nom... Et surtout pas quelque chose de si... hum... intense?" dit-il, baissant les yeux. "Je crois que, soit ton majordome a le béguin pour toi. Soit il pense qu'on ferait un beau couple." rajoute finalement l'abbé, avant de se mettre à rire, tant par la nervosité, face à la réaction à venir d'Amy, que par le comique de la situation.

Le mensonge prenait fin. Toby avouait enfin qu'il n'était pas l'expéditeur de ces fleurs. Evidemment qu'il ne l'était pas. Mais Amy ne s'attendait pas à cette explication pour le moins... inattendue. « Winston ? » Où son majordome avait-il donc la tête ? A s'amuser ainsi ? Ou était-ce vraiment de l'amusement ? Elle le connaissait, ce n'était pas dans ses habitudes de se jouer d'elle. Il pouvait la taquiner, mais restait toujours respectueux, presque paternel avec elle. Elle doutait vraiment que ce soit une déclaration d'amour de sa part, pas ce genre d'amour. Par contre... l'autre option...

Amy soupira, sa colère redescendant aussi vite qu'elle était montée. Après tout, Toby n'y était pour rien, dans toute cette histoire. Et elle pensait véritablement que Winston avait de bonnes intentions, bien qu'un peu... tordues et basées sur absolument rien. « Je suis en train de me demander si ce jour où nous avons fini enfermés dans ma chambre ne serait pas une de ses manigances. » Il s'était excusé ensuite, prétextant un oubli puis un somme irrésistible, elle n'avait pas eu le cœur à lui remonter les bretelles. Elle aurait peut-être dû. Mais ça n'aurait rien changé à cette histoire de fleurs, le connaissant. Winston, Winston... « Si c'est le cas, je suis désolée pour ça. » Enfin, sans ça, ils ne se seraient peut-être plus vu depuis. Elle, elle n'aurait probablement même pas essayé de reprendre contact avec le prêtre.

« Je lui en parlerai, ça ne se reproduira plus, » promit la brune. « Désolée que tu aies eu à subir ça. » Mais elle préférait encore cette explication qu'une blague déplacée de la place du prêtre, même si elle doutait, au fond, qu'il soit capable de ce genre de choses. « Tu aurais mieux fait de refuser sa demande, Toby. Tu sais dire non, des fois ? A part à moi ? » railla la brune, un peu moqueuse et soudainement plus détendue.

Toby n'avait pas su refuser ce petit mensonge à Winston, même s'il n'avait pas compris pourquoi le vieil homme désirait faire ainsi les choses. Cependant, il n'y avait rien de mal dans le fait d'envoyer des fleurs, alors notre abbé n'avait pu qu'accepter et jouer le jeu. Mais celui-ci prenait fin, car Amy avait découvert le pot aux roses, notamment à cause du petit mot que le majordome avait glissé avec le bouquet, un petit mot trop fort pour que ce soit Toby qui l'ait écrit. Car le coeur de Toby appartenait malheureusement à une autre.
Le trentenaire se mit à rire lorsque l'héritière lui indiqua qu'ils n'étaient peut-être pas restés enfermés par hasard, l'autre fois. "C'était pas une mauvaise idée, finalement, on s'est réconciliés." indiqua-t-il, toujours en riant, du culot de Winston. "Ne sois pas désolée, tu ne le contrôles pas. Et puis, c'est... mignon, tu ne trouves pas? On dirait un roman à l'eau de rose!" dit-il, lâchant un clin d'oeil, bien qu'il se doute que la demoiselle n'apprécierait peut-être pas son humeur joyeuse.
"Je sais, j'aurais dû, mais... Je ne voyais pas le mal, je pensais que c'était de la timidité mal placée." Ce qui était bizarre vues les années de service du vieil homme. "Je te dis non tant de fois?" demanda-t-il ensuite, haussant les sourcils et s'avançant vers Amy de nouveau.

Réconciliés, c'était un bien grand mot. Mais leur « relation » ne s'était pas terminée aussi abruptement qu'elle aurait pu. Depuis, Amy était à nouveau sur ses gardes, méfiante, envers ce prêtre à qui elle avait, pendant peu de temps, donné sa confiance. Peut-être que ce que Winston avait fomenté était digne d'un roman à l'eau de rose, mais la fin ne serait certainement pas celle dont il avait rêvé. « Peut-être. Mais il aurait dû se renseigner sur les protagonistes principaux, avant cela, » ricana l'héritière. Car selon les paroles du prêtre, ce dernier n'était plus l'homme d'un seul dieu, il était aussi l'homme d'une femme. Une femme qui ne le méritait certainement pas et se jouerait probablement de lui. Mais Amy avait décidé après leurs conversations à ce sujet qu'elle ne s'en mêlerait plus. Toby vivait son premier « amour ». Il se brûlerait les ailes, il souffrirait, il apprendrait. Ainsi allait la vie, pour tout le monde, il ne ferait pas exception. Et même si elle aurait pensé autrement, il ne l'écouterait pas, il le lui avait bien fait comprendre lors de leur dernier échange.

Et oui, il aurait dû refuser. Bien sûr, il ne pouvait pas prévoir le tour que préparait Wiston. Celui-là... Ils allaient avoir une bonne discussion tous les deux. Quant au nombres de fois où Toby lui disait non... « Hé bien, si on considère ce que tu m'as dit concernant le fait que tu es incapable de dire non ou tenir tête à quelqu'un, oui, Toby. Tant de fois. A croire que je réveille ton côté dominateur, » s'amusa la brune en se replaçant contre son cavalier. Rodrigo soupira, exaspéré de cette pause intempestive. Il recommença à leur donner des instructions, remettant la musique au passage. « Ce n'est pas un mal, cela dit, mais ce serait bien de l'appliquer aux autres aussi. Je suis à peu près certaine d'être la seule à y avoir droit... je me trompe ? » Est-ce qu'il avait refusé de faire quoique ce soit autre qu'à elle ? Déjà, Winston avait profité de ce trait de caractère très « tobyesque », nul doute qu'il n'était pas le seul.

» Taby ♦ Soirée masquée
» Taby ♦ Lève toi et marche !
» Taby ♦ Petits mouchoirs