what are you hiding behind those pretty eyes (celiàn)

1/ Naissance. Celian est né dans une de ses familles maladroitement recomposées. Lui, il est bien le fils de ses deux parents : lui James – un militaire sévère aimant les plaisirs de la chasse, de la bonne bouffe et du machisme en général, persuadé que la place d’une bonne femme est aux fourneaux et à s’occuper des gosses – elle, psychothérapeute qui ne s’est permis de travailler que parce qu’elle pouvait le faire de chez elle. Mais avant de se marier l’un avec l’autre, James et Hestia étaient tous deux déjà parents une fois ; ce qui a valu au jeune Celian deux grands frères assez paradoxalement différents. Là où le premier fils de James était un dur à cuir dont le cerveau n’avait, semble-t-il, jamais été complètement parachevé au moment de sa conception, le premier fils d’Hestia était pour sa part un garçon tendre, sensible, pas vraiment de la trempe de l’idéalisme de virilité du père Weber, ce qui a sans doute valu à son demi-frère de n’être ni réellement heureux, ni réellement à l’aise. 2/  Sœur. James et Hestia ont eu ensemble une fille, deux ans après Celian, nommée Emma. Celian a toujours été beaucoup plus proche de sa sœur que de ses deux demi-frères, plus vieux, plus inaccessible, et plus différent de lui. Il a toujours pris son rôle de grand frère très à cœur, que ce soit dans l’aide qu’il apportait à Emma en général, ou dans son jeu de grand-frère à la fois trop protecteur et trop exigeant. Pourtant, de mémoire d’homme, il n’a pas souvenir s’être jamais réellement brouillé avec elle ; Emma était aussi forte qu’elle pouvait être douce, et bien souvent, c’est elle qui calmait la colère et les angoisses de son frère. D’aussi loin qu’il se souvienne, les deux ont toujours été un peu ligués contre le reste de la famille, leurs demi-frères ou leurs parents, toujours fourrés à faire les quatre cents coups ensemble. Toujours attentifs l’un à l’autre. Si parfois, Celian haïssait corps et âme ses parents pour leurs préjugés immondes sur la vie en général, sur l’éducation et le reste, il trouvait toujours de l’apaisement auprès d’Emma.  3/ Adolescence. Garçon puis adolescent pas tellement attentif à l’école, on ne peut pas vraiment dire que les professeurs de Cel lui aient promis un grand avenir. Pour la plupart d’entre eux, il finirait très certainement derrière la caisse d’un grand magasin, et lui s’en est toujours foutu de savoir ce que les gens pensaient – en dehors peut être de son très cher père qui prenait chaque réunion parents / professeurs avec toujours plus de sérieux et qui sautait sur l’occasion pour administrer à son fils indigne une bonne correction, alors qu’Hestia tentait, en vain, d’analyser les tréfonds de l’esprit de son fils pour trouver une explication à son côté je m’en foutiste. En réalité, dès son plus jeune âge, Celian savait déjà ce qu’il voulait faire de sa vie ; il serait flic. Pour venir en aide aux gens, pour rétablir l’ordre, pour bosser sur des enquêtes passionnantes – et tout le reste.  4/ Etudes. Une fois le lycée derrière lui, il s’est donc lancé dans des études pour devenir flic et intégrer la police. Et contre toute attente, malgré la désapprobation de ses parents qui ne voyaient pour lui aucun avenir dans les rangs de la police – et qui ne se montraient pas vraiment satisfaits par ce choix tant aléatoire que dangereux de carrière – et de ses deux frères aînés qui accueillirent son choix avec des regards hilares et plein de jugement – Celian parvint à intégrer les rangs de la police. Efficace, il se fit remarquer dès les premières semaines pour un sens du risque assez ïnoui, et pour une vision du métier qui le conduisait à obtenir d’excellents résultats – ce qui le mena à intégrer, finalement, au bout de plusieurs années de bons et loyaux services, la brigade criminelle de la police fédérale. 5/ Rencontre. C’est âgé d’à peine 25 ans que Celian rencontre celle qui deviendra sa femme. Elle vient déposer plainte un soir où il est d’astreinte au commissariat, pour le vol à l’arrachée de son sac à main et menaces d’agression. Elle a un œil au beurre noir, elle est un peu pâle, et lui, il est touché. Il l’écoute, il lui fait un café, et voilà qu’elle ne s’en va plus, qu’elle continue à lui parler, parfois de tout, parfois de rien, et le matin arrive, signant la fin de sa permanence. Depuis, ils ne se sont jamais quittés. Ils sont sortis ensemble rapidement, et Celian n’a pas attendu des années avant de lui demander de l’épouser ; il pouvait déjà l’imaginer dans sa jolie robe blanche, le sourire aux lèvres, à lui dire oui devant tout le monde. Ses parents ont accepté ce choix sans rien dire et ont assisté, émus, au mariage de leur fils. Ils se sont installés dans un appartement dans le Queens, et les premiers temps, leur amour a ressemblé au soleil qui se lève sur les fenêtres ouvertes d’une petite chambre dans les pays du sud, en plein été.  6/ Boulot. A côté de ça, Celian n’a jamais vraiment cessé de travailler comme un acharné, montant les échelons au sein de la crim, travaillant sur des affaires qui, au fur et à mesure du temps, forgeraient son caractère, entérineraient sa distance avec les gens, avec les choses. Et il s’est mis à devenir plus secret, plus renfermé au fur et à mesure qu’il collectionnait les cadavres et les enquêtes sordides, qu’il récupérait les victimes et côtoyait les fous. Sa femme, elle, de son côté, parvenait difficilement à accéder à ses pensées sombres – et l’horreur de son métier n’a pas fait reculer Celian, bien au contraire. Il ne s’est jamais dit qu’il voulait arrêter, pourtant Dieu sait que la pratique du métier de flic, ce d’autant plus au sein du service de la crim, n’avait pas grand chose à voir avec ce qu’il faisait avant. Pas grand chose à voir avec ce qu’il idéalisait, sa vision de la justice, de l’entraide. Des grandes causes et des beaux gestes.  7/ Bavure. Un jour, son chef a fait une connerie. Il a descendu un otage – et il a laissé filer le type responsable de la prise d’otage. L’équipe entière de Celian a été profondément choquée par les évènements, et c’est à lui qu’on a donné le poste de son chef – c’est comme ça qu’il est devenu l’adjoint de la Crim dans le Queens, ne rendant de compte qu’à un vieux commissaire préférant la paperasse avec lequel il forme depuis lors une équipe du tonnerre puisque lui préfère largement aller sur le terrain. Il s’en fiche pas mal de risquer sa vie, d’ailleurs, ce qui a souvent agacé les membres de sa famille ou sa femme – mais qui lui a valu d’être décoré. Pas que ça l’intéresse particulièrement d’être décoré, du reste. Mais il l’a été.  8/ Mort. Quelques années après son mariage, la sœur de Celian meurt. Elle est retrouvée assassinée dans une ruelle du Bronx et c’est l’occasion pour le flic de s’apercevoir que sa sœur fréquentait en cachette de sales types qui ont vraisemblablement eu raison d’elle pour une histoire de drogue. Il a enchainé profonde dépression et violence camouflée après sa mort ; il ne s’en est naturellement jamais vraiment remis. C’est à cette époque, sans doute, que sa technique toute particulière d’interrogatoire se développe et fait ses premiers effets – Celian n’a plus grand chose à perdre selon lui. 9/ Boisson. Il picole beaucoup, le flic. Jamais pendant le service, évidemment, mais quand même. Il apprécie les verres de whisky qu’il enchaîne sans y penser, il boit de la vodka. Il a le verre facile quand il s’agit d’oublier un peu le deuil, ou les enquêtes difficiles. 10/  Enfant. Sa femme voudrait des enfants ; lui il sait très bien ce que ça veut dire, d’avoir des gosses. Alors eux qui s’écharpent déjà un peu continuent de s’éloigner. Mais voilà, Celian, il a pas envie de prendre le risque de s’attacher à qui que ce soit qu’il pourrait perdre – il a pas envie de faire des enfants pour lesquels il passera sa vie à s’inquiéter, Papa poule mort de trouille à l’idée que l’un de ses gosses ne tombe sur un des psychopathes qu’il a l’habitude de fréquenter. Et elle, elle comprend pas, alors elle crie, elle casse des vases. Elle le gifle. Elle le supplie. Elle pleure. 11/  Infidélité. Il la trompe. Sans vergogne, avec d’autres femmes qu’il couche dans un lit d’hôtel sans y penser, qu’il embrasse sans y croire. Il la trompe parce qu’elle, elle le dégoûte. Elle est trop capricieuse, elle crie trop. Il a mal à la tête, il est fatigué. Il n’a pas envie de l’entendre supplier encore et encore, il sait bien que leur vie part en vrille. Il y a ces questions dans le fond de son crâne – il y a les hommes qu’il regarde de travers, et le reste. Mais elle, elle n’est déjà plus qu’une image – pourtant, il n’a pas envie de la pousser dans le gouffre qui s’ouvre à ses pieds. Il n’ose pas lui demander le divorce, il attend qu’elle le haïsse suffisamment pour le faire elle même. Il court après autre chose, après d'autres bras, mais l'admettre serait sombrer, et il n'est pas prêt. 12/ Insomniaque. Celian dort très peu. Il passe le plus clair de ses nuits à réfléchir, à regarder la télé, à bouquiner ou à lire des trucs sur internet ; car le flic bourru qui n'aimait pas l'école aime se cultiver, il aime apprendre des choses, il aime se renseigner. Et comme il ne parvient pas à se vider suffisamment la tête pour dormir, il compense le temps passé à remuer dans son lit en allant lire des trucs sur tout, sur rien, sur internet. Et il boit des litres et des litres de café dans la journée - qu'il couple d'une manière excessivement saine avec des quantités astronomiques de cigarettes. Un vrai plaisir.