i forget where we were. (elisa)

Ça m’a fait mal de te perdre, Lily. C’était comme une chute en plein vol. J’ai eu peur de me ramasser. Peur de ne jamais me relever. J’ai perdu un peu de moi avec ce trop peu de toi. Je suis même pas sûr qu’il était possible de te mesurer quand on décidé de couper court à ta vie. Mais je ne suis pas affaibli. Je vis pour deux maintenant. Je vis plus fort. Je voudrais que tu sois fière de moi, mais je ne suis pas sûr que tu le sois. Parce qu’il y a toujours cette partie de moi qui vit dans l’ombre. Cette partie de moi qui flirte avec l’obscurité. Ne m’en veux pas Lily. J’ai besoin de maintenir l’équilibre entre le bien et le mal. Cet équilibre est la seule certitude qu’il me reste. Dani replace une mèche de ses cheveux bruns derrière son oreille. Sous ses pieds, un petit cercueil vide quelques mètres sous terre. Il s’agenouille doucement, caresse la pierre qui se tient devant lui. Cette pierre tombale improvisée. Il reste là, à même le sol, jusqu’à ce qu’une silhouette approche. Son regard se lève pour s’accrocher à un visage qui lui arrache un mince sourire. Alors il se relève. « Elisa. », la salue-t’il. Il se tourne vers elle, sourire discret sur ses lèvres. « Je ne m’attendais pas à te voir. » Ses yeux noisettes l’observent, et il reprend. « Ici, je veux dire. On aurait pu tomber l’un sur l’autre au rayon confiseries d’un supermarché, ou même au coin d’une rue. Il ne faudrait pas que ça devienne une habitude, que de se retrouver derrière le cimetière. » Il hausse les épaules. « C’est un peu glauque, même si ce n’est que la deuxième fois. », ajoute-t’il en lui lançant un clin d’oeil amusé. La matinée commence seulement. Le soleil est levé depuis plusieurs heures mais tout est encore calme. Il n’y a qu’eux pour profiter des premiers chants des oiseaux.

tu ne saurais expliquer ce que tu ressentais en te baladant entre les pierres tombales du cimetière calvary. tu adorais cet endroit, et tu savais déjà que c’était ici que tu voulais reposer, quand ton heure serait venue. morceau de verdure au milieu du béton du queens. et cette vue incroyable sur la skyline de manhattan. oui, c’était parfait ici. et tu aimais y venir. tôt le matin, ou tard le soir. tu avais toujours eu un regard très sain sur la mort. c’était ton métier. ça ne te faisait pas peur. toi, tu aidais les gens dans leur deuil, tu leur offrais ce qui te semblait le mieux pour faire oublier un peu la douleur. tu ne ressentais ni peur ni crainte en te baladant entre les caveaux, simplement de la paix. tu soupirais doucement et tu t’arrêtais, en voyant dani agenouillé à terre, un peu plus loin. tu affichais un sourire tendre. c’était toi qui l’avait aidé à créer cette petite tombe, pour cet enfant qu’il n’avait jamais eu l’occasion de voir ou de toucher. l’histoire de dani t’avait émue, et beaucoup touchée. alors tu n’avais pas vraiment hésité quand il t’avait demandé de l’aide. il terminait par t’apercevoir et tu t’approchais encore un peu. « bonjour dani. » tu soufflais avec un sourire, glissant ta main dans tes cheveux, posant ton regard sur le soleil encore doux, derrière les buildings. tu l’observais et tu ne pouvais t’empêcher de rire un peu à ses mots. « je viens souvent ici. ce cimetière, c’est un peu mon havre de paix. » tu expliquais en observant autour de toi et en haussant les épaules. beaucoup de personnes trouvaient ça étrange. « et le supermarché ou la rue, c’est surfait. au moins le cimetière c’est original. » tu murmurais en plaisantant un peu, l’observant quelques secondes. tu venais alors caresser doucement la petite pierre tombale. « bonjour lily. » tu soufflais en te recueillant quelques instants, effectuant une prière dans ta tête. « comment vas-tu ? » tu demandais alors en te tournant vers le jeune homme.

@dani hoenikker