tes yeux disent (elisa)

Ce soir, il a littéralement été convoqué par Elisa dans un bar. Nate appréhende un peu. Encore quelqu’un qu’il a laissé derrière lui en partant en Europe. Il se rappelle de sa douceur. Il ne lui a jamais dit mais, Elisa, c’était un peu la seule femme de sa vie qui rayonnait comme ça, avec cette lueur qui réchauffe le cœur. Parce que dans son monde, avant, y avait que deux sortes de femmes : les femmes fatales, race dont sa sœur fait partie, belles mais froides, presque terrifiantes et des filles perdues, aux bas troués et regards éteints, comme si toute la vie leur était passée dessus. Grand écart entre le monde du paraître et celui de la rue. Deux extrêmes, exécutés par des actrices trop conscientes de leur rôle, dans tout ce bordel. Et puis Elisa : belle sans être menaçante, fragile sans être cassée. Des grands yeux pour vous câliner sans vous toucher. Il a développé beaucoup de tendresse pour elle, pendant toutes ces années où il était en couple avec son frère jumeau. Il aurait dû en profiter, à l’époque, pour le lui dire plus souvent. Parce qu’aujourd’hui, elle s’ajoute à la liste de ses détracteurs. Ce n’est sûrement pas pour le prendre dans ses bras qu’elle veut le revoir. Avec elle aussi, il a été sans cœur. Il a coupé les ponts. Pire que ça, en blessant son jumeau, il a blessé une partie d’elle. Il le sait ou, du moins, il pense le comprendre. Il est proche de sa propre sœur et il déteste tous ses ex. Surtout Mia, elle qui est partie sans raison, laissant littéralement Romy crever sur le carrelage, sans aucune force de continuer à vivre. Merde, la similarité est frappante. Mais lui, il a mieux fait les choses avec Gabin, non ? Non. Il grimace et s’allume une clope.

Ça va pas être une partie de plaisir. D’autant plus qu’elle doit être au courant d’absolument tout. Qu’il a couché avec Gabin, quelques minutes à peine après l’avoir retrouvé. Qu’il lui a demandé de le reprendre, de se remettre avec lui mais que son ex a refusé parce que c’était trop difficile de le laisser revenir comme ça. Alors, oui, Nate appréhende les reproches qu’elle pourrait lui faire. Il écrase sa clope devant la porte du bar avant d’entrer. Elle n’est pas encore là. Il s’assied à une table, commande une pinte de bière. Il est un peu fatigué, il a besoin de se détendre après sa journée de travail. Il commence sans elle. La première gorgée lui donne immédiatement envie d’allumer une seconde cigarette. Il regrette l’époque où on fumait dans les cafés. Regrette d’avoir été trop jeune à l’époque pour le faire. C’est absurde, comme regret. Elisa arrive peu de temps après, il lève la main pour attirer son attention, lui signifier où il est. Il se lève pour lui faire la bise, se sentant un peu gauche, comme à un rendez-vous tinder avec une inconnue ou quelque chose dans le style. Mais c’est mieux que rester assis comme un con, non ? Il ne sait pas quoi dire, ça fait si longtemps. Et, en même temps, les questions se bousculent dans son crâne. Tu vas bien ? Tu deviens quoi ? T’as une nouvelle chanson préférée ? Tu crois toujours aux fantômes ? T’es amoureuse ? T’es heureuse ? « Hey. Commande ce que tu veux, je t’invite. » Des paroles à peine mieux que le silence. Il se sent trop con, se rassied en détournant un peu le regard, tapote ses doigts sur la table, à défaut de pouvoir les occuper par une cigarette.

tu soupirais en fermant la porte de ton établissement, jetant un coup d’oeil à ton portable et tu te pinçais les lèvres. t’étais à peine en retard, mais en retard quand même. tu te mettais en marche et tu te dirigeais vers la ville. ce soir, tu n’avais ni rendez-vous galant, ni rendez-vous avec des amis. non, tu avais convoqué nate pour pouvoir lui parler. t’arrivais encore pas à croire ce que t’avait avoué ton frère. et nate, à une époque, tu l’adorais. il avait rendu ton frère heureux, et de la même façon, il l’avait rendu malheureux. gabin, quand nate était parti, tu l’avais ramassé à la petite cuillère, et tu n’avais pas envie que ça recommence. et ça te tuait, que ton jumeau ait craqué aussi facilement. même si tu le comprenais, même si tu étais toujours de son côté, parce que c’était comme ça. mais là, tu avais du mal à l’accepter. parce que nate était parti, comme ça, laissant ton frère avec leurs projets. avec son malheur. et tu ne pouvais pas accepter qu’il revienne comme une fleur, sans que quelqu’un mette les choses au clair. et toi, tu étais prête à le faire, même si ça impliquait peut-être de te disputer avec gabin. tu faisais tout ça pour le protéger. tu terminais par arriver bien vite dans le bar où tu avais donné rendez-vous à nate et tu rangeais ton téléphone dans ton sac, observant autour de toi, avant de le voir, dans un coin du bar. tu te retenais de lever les yeux au ciel, il n’avait pas changé nate. il levait sa main pour te signifier qu’il était là et tu terminais par t’approcher en retenant un soupir, tu fronçais les sourcils quand il se levait et tu détournais rapidement la tête quand il venait te faire la bise. « t’es arrivé si récemment que t’as oublié qu’à new-york, on se fait pas la bise ? » tu soufflais, plantant ton regard dans le sien en arquant un sourcil. bordel, tu pouvais juste pas t’en empêcher. tu t’étais promis que tu ne serais pas méchante, pas virulente, mais il fallait croire que tu en étais bien incapable. le jeune homme soufflait qu’il t’invitait, que tu pouvais commander ce que tu voulais et tu continuais de l’observer pendant de longues secondes. tu terminais par t’asseoir silencieusement face à lui et tu remarquais qu’il détournait le regard en tapotant sur la table. « t’as vraiment un culot incroyable nate. » tu soufflais alors en continuant de l’observer. bordel, sans déconner. tu l’appréciais énormément, nate, avant. là, ce soir, t’avait simplement envie de le gifler. parce qu’il revenait comme si de rien n’était, parce qu’il remettait le grappin sur ton frère qui commençait à peine à se remettre de leur rupture. « est-ce que t’as au moins une foutue idée de comment j’ai récupéré gabin après ton départ ? il était anéanti putain ! » tu demandais un peu plus brusquement en arquant un sourcil et en soupirant, glissant tes mains dans tes cheveux.

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Elisa annonce directement la couleur en détournant la joue quand il veut l’embrasser. C’est pire que ce qu’il croyait. Elle n’aurait pas bronché, avant, que ça se fasse ou non à New York. « t’es arrivé si récemment que t’as oublié qu’à new-york, on se fait pas la bise ? » Il ne répond pas, s’assied, lui dit qu’elle peut commander ce qu’elle veut parce que c’est lui qui invite. Il ne sait pas quoi dire d’autre parce qu’il ne sait pas par quoi commencer. Elle aussi, il l’a laissée derrière. Même si ce n’est sûrement pas pour ça qu’elle est en colère aujourd’hui. « t’as vraiment un culot incroyable nate. » Il la regarde, attend la suite. Jusque-là, il ne peut pas la contredire. A part peut-être qu’il a plutôt tendance à penser que ça fait partie de ses qualités. Il ose et c’est pour ça que ça fonctionne bien dans son boulot actuel. Évidemment, ce n’est pas ce qu’elle veut dire. « est-ce que t’as au moins une foutue idée de comment j’ai récupéré gabin après ton départ ? il était anéanti putain ! » Il l’observe, cherche dans ses yeux des éclats de ce passé. Comme s’il pouvait voir, à condition de savoir comment regarder, se rejouer des scènes entre elle et son frère jumeau. Revoir les larmes de Gabin, peut-être. Mais il ne voit rien d’autre que de la haine à son égard. Il a envie de lui dire que ça ne la concerne pas. Qu’elle ne peut pas comprendre tout ce qui s’est joué là-dedans. Ne fut-ce que parce qu’il ne comprend pas tout lui-même. Sauf qu’elle a raison, c’est elle qui s’est retrouvée avec un Gabin en morceaux, alors oui, ça la concerne un peu. « Et tu penses que je l’ai fait pour le fun, peut-être ? » Il n’est pas parti pour lui faire mal. Il est parti pour fuir, lui-même, les dernières traces de sa famille, il ne sait pas trop. Il est parti en pensant revenir vite. Puis il a coupé les ponts pour se donner une vraie chance. Puis il a attendu parce que ça fait toujours mal, c’est toujours difficile le début d’autre chose et il a cru que ça passerait. Puis la douleur l’a assommé, assez pour qu’il se perde dans une nouvelle routine et que l’angoisse de revenir le paralyse, lui fasse enfuir la tête plus profond dans le boulot. Des excuses. Il n’aurait pas dû partir. Il n’a pas besoin de se l’entendre dire. « Qu’est-ce que tu me reproches d’ailleurs ? D’être parti ou d’être revenu ? T’aurais peut-être préféré que j’écoute plus jamais mon cœur et que je reste là-bas ? », il demande en élevant un peu le ton. Parce qu’il s’était plus attendu à ce qu’elle lui fasse la morale pour être parti. Mais ce n’est pas ce qu’il a l’impression d’entendre. Alors peut-être que oui, peut-être qu’elle aurait préféré qu’il ne revienne pas. Peut-être que Gabin était heureux sans lui, avant qu’il revienne. Il s’en rend compte, en le disant, qu’il n’y avait jamais pensé avant. Égoïstement, ça lui avait paru impossible. Gabin ne pouvait pas être heureux sans lui parce qu’il ne pouvait pas être heureux sans Gabin. « Tu penses qu’il est plus heureux sans moi ? », il demande, la voix à nouveau plus calme. Parce que c’est une vraie question. Est-ce qu’elle peut seulement lui répondre en étant objective ? Peut-être que s’il peut la croire, s’il a la certitude qu’il est plus heureux sans lui, il trouvera la force de le laisser tranquille. Mais est-ce que c’est encore possible, maintenant qu’il l’a revu ? Qu’ils ont recouché ensemble ?

« et tu penses que je l’ai fait pour le fun, peut-être ? » « oh je t’en prie nate. ne te cherche pas d’excuses. ça marchera pas avec moi et tu le sais très bien. » nate, il te connaissait, et nate, il savait très bien que tu ne pardonnais pas quand ça touchait ton frère. tu t’en foutais, de pourquoi il était parti. il l’avait fait, il avait laissé ton frère. il disait l’aimer, il disait vouloir faire sa vie avec lui alors tu ne comprenais pas. ça n’avait aucun sens à tes yeux. tu étais rarement tombée amoureuse, mais pour toi l’amour, c’était pas ça. c’était pas abandonner sa moitié de cette façon, et ne plus donner de nouvelles pendant quatre ans. quatre foutues années. tu glissais tes doigts dans tes cheveux en l’observant et tu soupirais, essayant de dégager de ton cerveau l’image de ton frère et de nate en train de coucher ensemble. « tu l’as pris pour quoi au juste ? tu reviens et t’attends pas une heure pour le foutre dans ton lit ? mais à quoi tu joues nate ? » tu demandais, de plus en plus agacée. tu le regardais en arquant un sourcil alors qu’il te demandait ce que tu lui reprochais, au juste et tu riais nerveusement, face au ton qu’il élevait aussi de plus en plus. tu soupirais un peu et tu croisais les bras sur ton torse. tu n’avais pas l’impression que cette conversation allait mener à quelque chose. tu savais même pas où tu voulais qu’elle mène. tu voulais juste protéger ton frère, tu ne pouvais pas accepter que tout recommence. tu restais silencieuse et tu relevais le regard vers lui quand il te demandait si gabin était plus heureux sans lui. tu secouais la tête en étouffant un petit rire sarcastique. « arrête nate. arrête. parce que la réponse tu la connais. et le pire dans l’histoire, c’est peut être ça tu vois ? tu savais très bien qu’en partant comme ça, tu le ferais souffrir, tu savais très bien qu’il ne s’en remettrait pas. peu importe les foutues raisons qui t’ont poussé à partir, j’en ai rien à foutre. mais tu vois ? gabin il est incapable d’être heureux sans toi, et t’as mis quatre putain d’années à t’en rendre compte. » tu sifflais, alors que ta voix s’étranglait dans ta gorge. les larmes te montaient aux yeux et tu secouais la tête, détournant rapidement le regard pour ne pas pleurer face à nate. tu soupirais et tu fermais les yeux, la souffrance de gabin avait aussi été la tienne. parce que vous êtes jumeaux, parce que tout ce que l’un ressent, l’autre le ressent aussi. c’était comme ça. « je veux qu’il soit heureux. et il n’y a qu’avec toi qu’il le sera. mais je te jure nate, que si gabin pleure une nouvelle fois à cause de toi, je serai beaucoup moins compréhensive. » tu soufflais en te pinçant les lèvres, plantant ton regard dans le sien.

C’est difficile, la colère d’Elisa. Ses mots et ses yeux qui lui reprochent son erreur, durement. Il n’aurait pas dû partir. Elle a raison. Dans sa colère, dans ses reproches, elle a raison. Et pourtant, il a aussi un peu l’impression que ce voyage était inévitable. Qu’il avait besoin de passer quatre ans à parler la langue de sa mère au quotidien, en Allemagne. De construire quelque chose tout seul. Loin de l’Amérique. C’était douloureux souvent, presque tous les jours. Finalement même lui ne comprend pas très bien ce qu’il s’est joué pour lui. Pourquoi ça lui a pris tant de temps que ça pour revenir. Alors comment l’expliquer à la jumelle de l’homme de sa vie, qui lui en veut parce qu’elle a pu voir, elle, en direct, le mal que ça lui a fait. Pendant que Nate choisissait la technique de l’autruche, fuyant tout contact. Il lui dit qu’il ne l’a pas fait pour le fun, certainement pas, à défaut de pouvoir lui dire pourquoi il l’a fait. « oh je t’en prie nate. ne te cherche pas d’excuses. ça marchera pas avec moi et tu le sais très bien. » Il ne pousse pas le vice jusqu’à lui demander ce qui marcherait avec elle, si les excuses ne prennent pas. Ses yeux accrochent sur ce geste qu’elle a, quand elle passe sa main dans ses cheveux. Ça lui rappelle tellement Gabin, même s’il a les cheveux beaucoup moins longs bien sûr. « tu l’as pris pour quoi au juste ? tu reviens et t’attends pas une heure pour le foutre dans ton lit ? mais à quoi tu joues nate ? » Il lève les yeux au ciel, serre la mâchoire de colère. Comme s’il avait été le seul à prendre cette décision. Il ne l’a pas violé, Gabin, à ce qu’il sache. Sur le papier, c’est vrai que c’est peut-être pas le meilleur des comportements. Et que ça peut le faire passer pour un enfoiré uniquement intéressé par son cul. Mais c’est pas le cas, putain. Et il ne se voit pas expliquer à sa putain de sœur jumelle que le cul fait partie des fondations de leur relation. Merde, ça le saoule de se faire engueuler pour ça. « Je m’excuserai pas pour ça, Elisa. » Parce que ce n’est pas comme s’il regrettait. Ce n’était pas le truc le plus intelligent à faire mais il est à peu près sûr qu’il le referait. Il essaye de se calmer, de revenir sur terre.

Il peut sentir tout le mal qu’il a fait à Gabin, à travers elle. Alors peut-être que si elle est autant en colère, maintenant, c’est parce qu’elle pense qu’il n’aurait pas dû venir. Où est-ce qu’il en était Gabin, dans sa vie, avant qu’il ne revienne ? Il lui a dit qu’il était célibataire. Ou en tout cas, que c’était ce qu’il disait aux mecs qui venaient le draguer depuis quatre ans. Alors, il n’a pas mis les pieds au milieu d’un nouveau couple. Mais peut-être qu’il est peut-être mieux sans lui ? Peut-être que Nate est encore plus égoïste qu’il ne le pensait et qu’il est le seul à avoir besoin de leur relation, d’eux, pour être heureux ? « arrête nate. arrête. parce que la réponse tu la connais. et le pire dans l’histoire, c’est peut être ça tu vois ? tu savais très bien qu’en partant comme ça, tu le ferais souffrir, tu savais très bien qu’il ne s’en remettrait pas. peu importe les foutues raisons qui t’ont poussé à partir, j’en ai rien à foutre. mais tu vois ? gabin il est incapable d’être heureux sans toi, et t’as mis quatre putain d’années à t’en rendre compte. » Encore une fois, entre ses lèvres, Nate a l’impression d’être un génie du mal qui aurait orchestré tout ça dans l’unique but de faire souffrir son frère. J’ai le droit d’avoir une vie aussi ?, il s’empêche de lui demander, casant cette réplique dans la catégorie des choses qui rajouteraient bêtement de l’huile sur le feu. Pourtant, en tant qu’être humain doué d’émotion complexes et d’un parcours de vie unique, toute sa vie ne tourne pas autour de Gabin. Même s’il l’aime. Même si c’est très certainement l’homme de sa vie sans lequel lui non plus ne peut pas être heureux. Même s’il sait très bien qu’il aurait dû rester. Ce n’est pas si simple. « Ok. Tu veux pas d’excuses. Et t’as raison, t’as pas besoin de savoir le pourquoi du comment. Mais je suis là maintenant, ok ? Et j’ai pas l’intention de me barrer à nouveau. Je reste. Pour de bon. »

Il ne peut pas nier que ça le rassure énormément d’entendre de la bouche de sa sœur que Gabin est incapable d’être heureux sans lui. Aussi égoïste cela soit-il. Il n’est pas parfait. « je veux qu’il soit heureux. et il n’y a qu’avec toi qu’il le sera. mais je te jure nate, que si gabin pleure une nouvelle fois à cause de toi, je serai beaucoup moins compréhensive. » Il soupire un peu, la regarde. Il est soulagé qu’elle soit au moins d’accord sur le fait qu’ils peuvent être heureux ensemble. Ça devrait vouloir dire qu’elle ne va pas être tout à fait contre lui dans cette histoire, à le dissuader d’accepter de le revoir ou quelque chose dans le style. « Elisa... », il commence, la voix plus douce, cherchant ses mots. « Je peux pas te promettre de plus jamais le faire pleurer. Ça marche pas comme ça, tu le sais bien. On se disputera encore. Comme tous les couples. Mais je te promets que je l’aime. Je te promets que je veux que son bonheur. Et je te promets que je l’abandonnerai plus. Si je sors de sa vie, ce sera parce qu’il me l’aura demandé. » Après tout, c’est possible aussi. Ça le détruirait mais c’est possible. Il l’aurait presque mérité. Tout ce qu’il dit est vrai. Il n’abandonnera plus jamais Gabin, ne refera plus jamais cette erreur. Rien ne pourrait le forcer à le faire. Même s’il doit perdre son boulot parce qu’ils veulent le faire revenir en Europe ou quelque chose comme ça. Il ne partira plus. Plus sans lui. « Je sais qu’il vous faudra du temps à tous les deux pour me pardonner. Mais vous serez bien obligés parce que je bougerai pas de là. » Jusqu’à ce qu’ils comprennent qu’il est là pour toujours et que leur vie sans lui dedans, c’est de l’histoire ancienne. Il ne sait pas combien de temps ça prendra mais il n’a pas vraiment le choix. Sa vie n’est pas en Europe mais ici.

tu soupirais un peu, te pinçant les lèvres longuement, écoutant le jeune homme te parler. tu avais besoin d’être rassurée, tu avais aussi besoin de comprendre pourquoi il était parti, et pourquoi il revenait maintenant. pourquoi il avait abandonné ton frère, pourquoi il l’avait laissé là, comme ça. ça t’avait fait tellement de mal de voir ton frère souffrir une nouvelle fois. tu plongeais ton regard dans celui de nate, et tu hochais un peu la tête à ses mots. t’étais pas d’accord sur tout, mais il y a une chose que tu savais c’était que gabin aimait nate. qu’il l’aimait vraiment, et que pendant toutes ces années, personne n’avait réussi à le faire sourire, personne n’avait su rallumer la flamme que nate avait éteint à son départ. tu te calmais peu à peu, sachant pertinemment que ça ne servirait à rien de t’énerver. tu appelais le serveur, commandait un café long, laissant le jeune homme commander face à toi. « pourquoi tu es parti ? » tu terminais par demander, après l’avoir laissé parler, après avoir laissé un long silence entre vous. tu soupirais un peu et tu t’enfonçais un peu dans ton siège, croisant les bras sur ta poitrine. ce n’était pas un reproche, pas cette fois. tu essayais de comprendre, de t’intéresser à ce qui avait pousser nate à s’en aller. « gabin n’a jamais cessé de t’aimer, tu sais. » tu soufflais alors faiblement en te pinçant les lèvres et en haussant les épaules. même si c’était quelque chose que tu ne concevais pas, l’amour. ça ne t’était jamais tombé dessus après tout. tu savais pas si tu allais vivre ça un jour. mais gabin, il connaissait ce sentiment. et ça devait être un sentiment très fort pour qu’il n’ait jamais cessé d’aimer nate, même si il l’avait laissé pendant plusieurs années. tu soupirais doucement en glissant tes doigts dans tes cheveux et tu te recoiffais un peu, fermant les yeux quelques instants. « je sais même pas pourquoi je suis venue te faire la morale alors que… je sais même pas ce que vous pouvez ressentir. » tu murmurais finalement en soupirant un peu et en te pinçant les lèvres. c’était vrai, après tout. mais tu faisais ça pour ton frère, parce que tu refusais de le voir s’accrocher à un homme qui le ferait souffrir à nouveau. et peut-être que dans le fond, tu avais peur de ne plus voir ton frère, qu’il ne fasse plus aussi attention à toi maintenant que nate était revenu. peut-être que tu étais égoïste, peut-être que tu avais peur de te retrouver seule dans votre grand appartement. le serveur revenait avec vos cafés et tu le remerciais d’un petit sourire, avant de poser tes mains sur ton café pour te réchauffer un peu. « je suis désolée de m’être emportée. » tu soufflais finalement en haussant les épaules, portant ta boisson à tes lèvres pour en boire une gorgée. tu devais passer pour encore plus folle que tu ne le paraissais. mais nate te connaissait, aussi. vous étiez même plutôt proches, avant. et il savait que quand il s’agissait de gabin, tu pouvais devenir vraiment virulente, parce qu’il était ta moitié, la chair de ta chair et le sang de ton sang, et qu’il n’y avait surement pas plus forte relation que la votre.

Nate regarde Eisa. Les émotions que sa présence lui évoque sont nombreuses, assez complexes. Tout d’abord, il y a le souvenir de ce qu’il a aimé chez elle dès le début. Sa douceur, et ce soleil qui semble émaner d’elle sans portant vous brûler les yeux. Ses expressions, ses tics, sa façon de parler ou d’occuper l’espace, qui lui font tant penser à Gabin et qui déclenchent chez lui de la tendresse, presque malgré lui. Il y a aussi qu’il comprend sa colère et que ça lui fait mal, parce qu’elle est juste. Même si ses reproches ne sont pas clairs – lui en veut-elle plus d’être parti ou d’être revenu ? –, ils sont légitimes. Alors, oui, il y a la culpabilité, d’être parti, d’avoir fait mal à Gabin, de lui avoir fait mal à elle. Mais il y a aussi un fond de colère, de lui envers elle. Parce qu’elle l’étouffe. Parce qu’elle invoque les liens du sang pour se permettre de foutre son nez dans les affaires de son couple. Une situation déjà bien assez compliquée comme ça, qu’il n’est pas sûr de comprendre tout à fait, et qu’il n’a donc pas la ressource de lui expliquer.

Tout cela pris en compte, il essaye de se calmer, de parler plus doucement, de penser à elle et ce que ça a dû lui faire vivre, la douleur de son jumeau. Elle commande un café, Nate reprend une bière. Elle reste silencieuse, longuement, Nate attend, patiemment. « pourquoi tu es parti ? », elle demande finalement. Elle soupire. Il la regarde. Ça te regarde pas., il pense. C’est pas méchant, c’est pas contre elle, c’est juste qu’il n’y a sûrement pas, sur terre, de sujet qui soit plus difficile pour lui à aborder que celui-là. Son obsession pour la fuite. C’est trop lié à sa famille. Trop lié à tout ce qu’il y a de fucked up dans sa vie et dans celle de Romy. Des trucs qu’on peut pas comprendre, quand on a grandi chez les Curtis. « Je pensais que t’en avais rien à foutre. », il répond, sur la défensive, lui rappelant ses paroles. « J’ai pas envie d’en parler. Je suis parti voir si j’arriverais mieux à régler mes problèmes en Europe. La réponse est non. C’est tout. » Surtout pas seul d’ailleurs, surtout pas sans Gabin, son meilleur allié. « gabin n’a jamais cessé de t’aimer, tu sais. » Non, il ne sait pas et n’est pas persuadé d’y croire. Il le voudrait, parce que lui n’a jamais cessé de l’aimer, mais après cet abandon, il en doute. « J’aimerais que t’aie raison. » C’est égoïste mais c’est réellement ce qu’il souhaite alors, à quoi bon le cacher ?

« je sais même pas pourquoi je suis venue te faire la morale alors que… je sais même pas ce que vous pouvez ressentir. » Et pendant ce temps, Nate avait pourtant cru que c’était facile à rencontrer, comme sentiment. Parce que ça avait été si facile avec Gabin. Alors qu’Elisa n’a toujours pas rencontré ça, même quatre ans plus tard. Parce que la vérité c’est que c’est vachement rare, comment sentiment. Surtout de cette force. « je suis désolée de m’être emportée. » Nate sourit, hausse un peu les épaules. « T’inquiètes, c’est normal. » Ouais, il ne se serait pas attendu à une autre réaction. « Je regrette aussi d’avoir élevé la voix. Puis c’est vrai qu’au final, moi non plus je sais pas ce que vous ressentez. J’ai pas de jumeau. L’important, c’est que tu peux dormir tranquille, parce que je ne partirai plus. » Elle peut arrêter de s’en faire. De toute façon, mais il ne lui dit pas, même si elle était la femme la plus effrayante de la terre, elle ne pourrait rien empêcher entre son frère et lui. Advienne que pourra. Et il a vraiment envie de faire tout son possible pour sauver leur relation, faire marcher les choses.

« j’ai pas envie d’en parler. je suis parti voir si j’arriverais mieux à régler mes problèmes en europe. la réponse est non. c’est tout. » tu l’observais de longues secondes et tu te pinçais les lèvres doucement en acquiesçant. ça ne servait à rien d’insister. et puis c’était fait, maintenant. les années étaient passées, nate était parti, et il était désormais revenu. peu importe ses raisons, les faits étaient là. tu portais ta boisson à tes lèvres lentement et tu fermais les yeux un instant, retrouvant le regard bleuté de ton ex beau-frère. tu penchais un peu la tête sur le côté. « je le connais, nate. j’ai vécu avec lui. il t’aime toujours. crois-moi. » tu soufflais en esquissant un petit sourire, essayant de le rassurer, de le réconforter. tu ne savais pas si ça pouvait apaiser ses craintes, tu ne savais même pas franchement pourquoi tu tentais de faire en sorte qu’il se sente mieux. peut-être parce que tu l’appréciais, des années en arrière, et que ça n’avait surement pas tant changé que ça, malgré ce qu’il avait fait à ton frère. tu n’étais pas du genre haineuse, de toute façon. ça te passait au dessus, tout ça. tu voulais simplement que ton jumeau soit heureux. et tu savais que ça passait par nate, parce que leur histoire était inachevée, et parce que ce qui les liait était vraiment très fort. tu soupirais un peu en glissant tes doigts dans tes cheveux et tu hochais un peu la tête à ses mots. « on l’aime tous les deux à notre manière. et je sais que t’es quelqu’un de bien, nate. je sais aussi que votre histoire n’est pas terminée, qu’elle continuera. et oui, effectivement j’espère que tu ne partiras plus jamais. ou du moins, que tu ne l’oublieras plus si tu le fais. » tu soufflais en terminant ton café, te pinçant les lèvres en souriant un peu. tu l’observais de longues secondes et tu te perdais quelques instants dans tes pensées. tu savais ce que c’était l’amour. l’amour fraternel, l’amour amical. mais l’amour, avec un grand A, celui qu’on trouve qu’aux côtés d’une seule personne, ça non tu ne savais pas. peut-être que tu n’avais jamais rencontré la bonne personne, ou peut-être que tu te protégeais trop pour ressentir ses sentiments si forts. tu avais peur d’être vulnérable, peur qu’on te fasse du mal. tu soupirais longuement à nouveau, et tu reprenais la parole. « par contre, je ne te cache pas que le reste de la famille t’en veux aussi beaucoup. et que certains sont moins compréhensifs que moi. » tu soufflais en penchant la tête sur le côté, un peu désolée pour lui, pour le coup. ça n’allait pas être facile, mais il s’en doutait surement déjà. ton portable sonnait et tu fronçais un peu les sourcils, t’excusant d’un regard en décrochant. les morts continuaient de mourir, pendant ce temps là. tu raccrochais quelques secondes après et tu esquissais un sourire. « je suis désolée, j’ai du travail. on se reverra sans doutes bientôt, de toute façon. merci pour le café. » tu murmurais en venant déposer un baiser sur sa joue, avant de t’éclipser rapidement du café.

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