yeux disent le contraire (Prim)

On dit souvent de toi que tu es une gentille fille, Mila. C’est même la première qualité qu’on te donnerait. Mila la douce, Mila la gentille. Et toi, toi ça te va, d’être vu comme cette personne bienveillante qui ne souhaite faire que le bien, autours d’elle. Tu pourrais voir la lumière, dans l’âme la plus sombre, éprouver de l’empathie pour le pire des hommes. Tu es comme ça, aujourd’hui. Mais il y a quelques années, quand tu es arrivée à New York, ce n’était pas le cas, loin de là. Tu étais malheureuse, contrarié, et tu ne pouvais t’empêcher de trouver cette ville crasseuse, ses habitants, miteux. Et sans Prim, ce serait sans doute encore le cas. Si elle n’était pas venue vers toi, ce premier jours, dans cette nouvelle école. Si elle ne t’avait pas souri, tu serais restée renfermée et malheureuse. Prim, elle a changé ta vie, en quelques sortes. Vous avez beau être diamétralement opposé, ensemble, vous êtes plus fortes, et c’est ça, le plus important. Tu l’aimes profondément. Et si tu as, il est vrai, tendance à aimer tout le monde, avec Primrose, c’est différent. Tu ne vois pas seulement le bien, tu n’aimes pas seulement ses bons côtés. Non, tu l’aimes, tu l’apprécies pour ce qu’elle est, enterre, franche et parfois bruyante. A l’opposé de toi, et pourtant, compréhensive. Et c’est parce que tu l’aimes autant que tu lui mens depuis des jours, des semaines, des mois. A propos de son frère, mais de toi, aussi. Jamais tu ne lui as parlé de papa, ni de ses affaires louches avec Rex. Tu préfères protéger ce dernier de loin, parce que tu sais que Papa, il pourrait lui faire du mal, parce que tu sais que ça détruirait purement et simplement Primrose. Pour ta bonne conscience, tu préfères te dire que tu ne mens pas, que tu caches simplement la vérité, pour elle, oui, pour elle. Mais toi-même, tu as dû mal à le croire. C’est ce que tu es entrain de te dire, pendant ton cours de chimie, celui que tu aimes le moins, dans cette année universitaire. Tu attends simplement que la cloche sonne pour prendre la poudre d’escampette et rejoindre prim, justement, avec qui tu as prévu de manger, et peut être même passé l’après-midi, puisque tu n’as pas de cours -heureusement pour toi- alors quand la sonnerie retentit, tu es l’une des premières à ranger ton ordinateur pour sortir. En sortant du bâtiment -entièrement climatisée- tu te souviens d’à quel point il fait chaud, en ce moment. Tu as presque l’impression d’être de nouveau à San Francisco, Mila. Heureusement que tu as pensé à ne pas t’habiller trop chaudement, ce matin. Et encore, malgré le fin tissu de ta combinaison blanche, tu as quand même l’impression d’être dans un four. Tu presses un peu le pas pour finalement arriver devant la fontaine, où tu as rendez-vous avez Prim. Elle n’est pas encore là alors tu t’installes sur le rebord avant de sortir ton téléphone, pour envoyer un sms à Casey, plissant les yeux à cause du soleil.

Prim pèse comme du plomb, chaque jour, chaque nuit. Elle se pare d'une légèreté qu'elle traîne pourtant difficilement puisque toute son âme est encombré d'un milliers de regrets et d'espoirs déçus qui font le double de son poids. Traîne sa peine comme un boulet qu'elle cache derrière son grand sourire et sa voix trop forte, ses éclats de rire qui résonnent jusqu'à l'autre bout du quartier. C'est du faux la plupart du temps, si elle est joyeuse y a toujours un éclat de tristesse dans le fond de sa pupille, une mélancolie dans le coin de son sourire. Pas aujourd'hui. Aujourd'hui, elle se sent légère, plume en liberté qui vole au gré du vent, son sourire n'est pas feint et éclate comme des fragments de soleil. Aujourd'hui elle voit mila, alors tout va. Elle ressent toujours cette euphorie latente quand elle est en route pour la trouver, comme si elle rejoignait là le centre de sa vie. C'est pas entièrement faux. Si rex est le centre de tout, de son monde jusqu'à son âme, mila arrive juste derrière, rayonnante d'amour et de douceur. Un baume apaisant sur la vie de prim qui envie toujours ce caractère qu'elle porte en elle. Jamais honteuse d'avouer que, quand elle sera grande, elle rêve d'être comme mila. De sourire avec douceur, d'être compréhensive et attentive, d'user de ses mots comme on use de caresse et avoir un cœur prêt à donner tant aux autres. Magnifique dans tout sa délicate simplicité. Mila ressemble à une fleur, rose aux pétales parfait qui ne fane jamais. Couleur pâle mais beauté touchante. De mille façon, prim voudrait être mila, de mille autres elle veut le côtoyer et d'un millier d'autres encore, elle l'aime. De ces amours pures que prim n'accorde jamais aveuglément, craignant toujours qu'on la laisse un jour sur le bas côté, pourtant déterminé quand elle s'est jetée il y a longtemps déjà dans l'abîme de ses sentiments pour elle. Quelque chose de brut et sans fard, donné entièrement à elle sans ambiguïté ni doute. S'il y a bien une personne – qui n'est pas rex – à qui prim fait confiance c'est elle. Déjà convaincu qu'elle pourrait lui confier sa vie ou donner la sienne pour ses yeux clairs qui la couve toujours d'un regard doux. « j'suis en retard, pardon. » s'excuse comme chaque fois, pas coutumière de la ponctualité, prim laisse les heures défilés sans y prêter attention avant que le moment du trop tard n'arrive. Mais peu importe puisqu'elle est là et que mila l'est aussi. Peu importe puisque déjà ses lèvres embrasse la joue blanche de son amie avant de s'étirer dans ce sourire solaire qui n'appartient qu'a elle et ne naît que lors de ses rencontres avec mila. « ça a été, tes cours? » si prim est de celle qui évite les bancs de la faculté et se laisse glisser dans la douce joie qu'est cette liberté faites d'aucune obligations puisqu'elle les néglige toute elle s'intéresse au moins à celles de mila. Mila qui, dans les yeux de prim, à tout le talent et l'intelligence pour réussir. Finir reine ou présidente, chercheuse ou avocate éminente. Puisque, tout le meilleur qu'elle peut souhaiter, prim le lui souhaite à elle.