distorsion. (prim)

bonnets vissés sur le sommet de vos cranes, les mains dans les poches de vos sweat, vous faites sensations quand vous rentrez à quatre dans le fast food. vous braillez plus que vous ne parlez, coups d'épaules et rires gras. certains s'offusquent déjà, quelques regards de travers de la part de celles qui pourraient être vos mères. mais vous les voyez pas, il n'y a que votre petit monde qui compte et les essais de rap ratés de leeroy. le nouveau notorious big, qu'il prétend. t'es aussi gras qu'lui, c'est tout. qu'il se prend en pleine face, tu pouffes comme un imbécile alors que les voilà déjà en train de faire du grabuge dans la queue. t'as les yeux rivés sur les panneaux lumineux, comme si t'allais changer d'avis alors que tu commandes la même chose depuis plus de dix ans: deux menus big mac xxl, frites et coke. j'espère que tu nous a pas affamé pour rien. qu'il te crache leeroy, alors que tu fronces les sourcils. sérieux, traverser deux blocs, pour graille un mcdo, y'en avait un au coin de... il réfléchit. ouais, on s'en fou. tu réagis pas. y'a bien une raison qui t'a poussé à leur casser les couilles, mais tu la vois pas au comptoir.
c'est votre tour, t'enlèves ton bonnet et le fourre dans la poche de ton jogging. elle est pas là, prim ? en guise de bonjour à la fille à casquette, elle te mate comme si le menu que tu demandais n'existait pas. eeeeeh, prim ! que t'appelles d'une voix forte, le regard au aguet. t'as les deux mains sur le comptoir, tu dépasses tout le monde d'une tête mais t'arrives pas à la trouver au milieu des équipiers. primrose, oh, viens m'servir, tu fous quoi en cuisine ! c'est comme si tu parlais à un fantôme, t'as la certitude qu'elle est là, elle est toujours là. la jeune femme parle, te demande ta commande, mais y'a ta vois qui couvre la sienne. hors de question de donner ton fric à une autre. t'es prêts à attendre une heure s'il le faut. oh, america ! que tu hurles comme si t'étais chez toi, t'as laissé le respect à la porte comme beaucoup d'autres choses. c'est que t'es pressé de la voir, ta meuf imaginaire. y'a la bande qui ricane, y'a leeroy qui se remet à chanter et tout le mcdo qui s'est retourné vers vous.

Elle aimait ça avant.
Bosser ici. elle trouvait ça cool quand elle y était pas obligé, qu'elle faisait ça pour faire autre chose qu'étudier – pour aider un peu rex aussi -. depuis que c'est devenu nécessaire pour survivre, elle exècre l'odeur de friture et le brouhaha incessant des clients. Se réfugie dans les cuisines dès qu'elle le peut, ici au moins, elle peut s'envoler ailleurs dans son esprit en faisant semblant de s'occuper avec amours des steaks hachés surgelés. Elle voulait tant devenir adulte prim, qu'elle s'attendait pas à ce que la vie ce soit ça. Certainement pas aussi drôle que les soirées étudiantes et le plaisir futile d'emmerder son frère. eeeeeh, prim! ça non plus ça l'amuse pas. Son corps se tend instantanément et ses yeux se ferment à la seconde invective.
c'est. pas. possible.
reconnaître moïse, c'est rarement difficile tant il sait se faire voir. Entendre plus encore quand sa gueulante enflamme tout le mcdo comme s'il était maître des lieux. Et sans doute qu'il l'est – ou du moins le crois – chaque fois qu'il passe les portes d'un endroit. Ça la fait sourire parfois prim, mais pas quand elle bosse. Pas quand y a les regards des collègues qui se posent sur elle avec surprise. Encore moins quand le manager est dans le pièce d'à côté. oh ! america Le soupir est bruyant quand il s'échappe de ses lèvres, la spatule qui tinte bruyamment sur le plan de travail, lâché dans une impulsion qui fait disparaître primrose des cuisines pour s'approcher rapidement du comptoir, les yeux ombrageux qui voudrait fusiller moïse et sa grande gueule. « mais ferme là putain ! Tu t'es cru chez ta mère ?  » ses dents sont serrées et si sa voix se voudrait discrète, elle la charge pourtant d'agressivité, comme si sa colère pouvait calmer un type comme lui. C'est déjà lui concéder une victoire de s'être montrée, elle a pas envie  de le laisser parvenir à la faire sortir de ses gonds. « je m'en occupe, tu me remplace en cuisine. » elle balance sa main dans les airs sans jeter un regard à sa collègue, finalement pas plus respectueuse que moïse dans sa manière de la congédier. Ses mains se pose sur les bords de son écran de commande. « vous voulez quoi ? » Pour ses potes elle sait pas, pour moise elle pose la question juste pour faire chier. Il prend toujours la même chose mais elle lui fera pas le plaisir de le traiter comme un client de choix aujourd'hui. « et j'te préviens, toi tu payes un supplément pour m'avoir obligé à bouger. » c'est son premier sourire.
(en coin)
une petite victoire.

Ton sourire est immense quand tu l’aperçoit enfin, s’intensifie quand elle te demande de fermer ta gueule. Elle sait, pourtant, que t’en es parfaitement incapable. Trop habitué à faire des tiennes depuis que t’es gosse. Tu te contentes de l’observer, ravi qu’elle décide de s’occuper de ton cas en envoyant sa collègue peu aimable en cuisine. Elle a l’air agacé, blasée, les expressions de son visage crient au meurtre. vous voulez quoi ? Tu ricanes, presque blessé qu’elle joue les innocentes. C’est pas la première fois que tu viens passer commande, ce sera pas la dernière. et j'te préviens, toi tu payes un supplément pour m'avoir obligé à bouger. son sourire en coin ne t’échappe pas, fait resurgir les instincts primaires. t’es beaucoup trop douce pour être cachée en cuisine t’façon. le dragueur de bas étages, jamais les bons mots, jamais au bons moments. Les phrases se créaient dans ton cerveau au fur et à mesure, rien ne semble jamais prémédité. Si ce n’est le coup d’épaule amusé d’un de tes gars. ouais, trop fraîche pour vendre cette merde. qu’essaye le rappeur, ses yeux charmeur sur la jeune femme qu’il détaille comme s’il ne l’avait jamais vu avant. et toi t’es trop lourd. tu l’enchaînes sans ménagement, tu joues les intéressants comme à chaque fois que tu te retrouves en face de primrose, celle qui dit toujours non. À croire que c’est le premier mot qu’elle a appris à articuler tant elle le place avec facilité. j’veux comme d’hab, tu lui feras pas le plaisir de répéter, c’est les gars qui se bousculent et qui enchaînent leurs commandes, n’ayant pas perdu à l’esprit le supplément demandé par primrose. C’est leur repas à tous que tu vas devoir payer. Les ogres réclament à bouffer comme s’ils n’avaient jamais rien avaler depuis des semaines, la commande atteint près de soixante dollars, ça te fait serrer les dents. vous avez peur de crever la dalle ou quoi ?! une bande d’imbéciles trop heureux. Tes yeux sombres remontent dans ceux de Primrose, sourire étincelant. et j’prendrais aussi un peu de ton temps pour t’emmener boire verre. c’est pas vraiment une proposition, c’est un fait qui se réalisera, ce soir, ou demain. Tu sors l’argent de la poche de ton jogging, des billets froissés que tu glisses sur le comptoir. Y’a trop, mais tu veux pas de la monnaie.

Plus moïse sourit, plus prim se renfrogne. Sûrement parce que même en le connaissant bien, elle apprécie pas de se faire appeler comme ça – et encore moins d'être venu comme un chien qui répond à l'appel du maître – c'est rien que de l'égo de gamine trop fière pour accepter que moïse a toujours eu l'ascendant, même quand elle jurait que c'était faux, prête à grogner – ou  a mordre – canine enfoncé dans le vent. Rien de ce qu'elle fait n'atteint moïse, sûrement parce qu'à l'instar de rex, il est de ceux qui reste inatteignable pour elle. « t'es beaucoup trop douce pour être cachée en cuisine t'façon. » elle hausse un sourcil. « sérieux, ça marche encore ce genre de truc ? » elle retient pas le sourire railleur, conscient autant que lui qu'il sait mieux faire que ça. La dernière fois qu'une phrase dans ce genre à du la faire rougir, elle était encore au collège, à savourer les premiers émois qui ne mènent nul part. Il a dépassé ce stade y a longtemps moïse, plus lion que chaton. Bizarrement prompt à draguer avec humour quand elle le sait sûrement capable de mieux, tout aussi prêt à empêcher d'autre de le faire. et elle est là, avec l'impression tenace qu'ils se foutent un peu de sa gueule tout en sentant qu'elle se déride malgré elle – l'effet beauf, sans doute – un sourire qui se fait presque hautain quand il demande comme d'hab sans rien répéter. Moïse est roi et l'univers est là pour le servir. Elle secoue la tête dans un soupir qui ne trahis pas une once de lassitude, elle a lâché les airs effarouchées pour cet entre-deux mi-exaspérée mi-amusée devant la clique intenable. Pas mécontente quand meme de glisser deux happy meal dans l'énorme sac de leur commande plutot que les menus maxi best of de moïse – juste pour faire chier – comme la gamine qu'elle est – qu'elle a toujours été – les sacs en papier qu'elle pose sur le comptoir devant moïse alors qu'il l'invite à boire un verre. Le corps tendu, elle aime pas ses jeux-là prim, pas avec lui du moins. Incapable de savoir sur quel pied danser elle attrape les billets froissés, glissant dans la poche arrière de son jean ce qu'il a glissé en plus comme si elle avait l'habitude des pourboires dans ce trou à rat. « tu crois que j'ai ton temps moïse ? » comme si elle avait autre chose a foutre, un programme bien plus passionnant qui se profilait alors que les collègues refoulaient les clients retardataires et que les cuisines se vidaient. Un mensonge. « mais si c'est toi qui offre, j'peux peut-être faire un effort. » elle prend un ton concernée, presque tragédienne quand elle feint d'être émue par son offre. Elle sait jamais ce que cache les mots de moise, elle sait – par contre – qu'elle a jamais cessé de vouloir le comprendre.

tu crois que j'ai ton temps moïse ?
Ce n’est pas un non, ce n’est pas un oui. Alors tu hausses les épaules, en glissant les billets sur le comptoir, t’es pas du genre à les suppliers les filles. Jamais. Mais t’as le sourire charmant, qui paye, quasiment à chaque fois. mais si c'est toi qui offre, j'peux peut-être faire un effort. qu’elle finit par dire, ton ego gonfle d’un seul coup, les mecs ont déjà récupérer la bouffe et sont partis s’installer sur une table tout juste nettoyée. N’en ayant rien à faire de la fermeture quasi imminente du fast food. j’t’attend. t’aurai bien glissé un tu l’regrettera pas poupée, mais t’es pas sur de pouvoir le jurer. Tu rejoins tes acolyte bien trop vite, tu fouilles dans les sacs en papiers, une grimace se dessine sur ta gueule quand t’aperçois les deux happy-meal. Elle t’a bien eu Prim, et pendant que les gros lards se goinfre tu fais la fine bouche fasse aux hamburgers pour gosse. elle s’est bien foutue de ta gueule. que Jamal ricane, tu lui envoies une poignée de frite dans le visage, il ne s’en formalise pas et les mange. profitez bien d’votre bouffe. j’espère qu’elle les a pas empoisonné ! ils s’arrêtent nets, réfléchissent, pas longtemps, et recommence à s’empiffrer. T’essayes même pas de leur voler leurs vivres, t’sais trop bien qu’ils t’en laisseront pas une miette. Chacun sa merde, lorsqu’il s’agit de grailler.
Tu sais pas combien de temps s’est écoulé. Mais t’es dehors avec la troupe, tout les quatre une cigarette au bec, la fausse digestion. Tu sais pas pourquoi ils attendent avec toi, ils veulent s’assurer que mademoiselle Primrose te mettra un vent, mais tu les chasses presque à coup de pieds au cul quand tu la vois derrière les portes vitrées. Toujours un trop grand sourire sur les lèvres, le bonnet de nouveau enfoncé sur ton crâne. T’as tout l’air du vaut rien peu fréquentable. T’es fier, un peu trop, d’avoir réussis à la faire flancher, mais tu sais pas ce qu’elle va te réserver. Aussi tarée que ta frangine, c’est pas pour rien qu’elles traînent ensemble. Et bien que t’aies tout essayé, même en passant par Tania pour te vendre, t’as jamais eu droit au moindre rencard. à cause de toi, j’ai la dalle. que tu lui lances à peine a-t-elle franchi les portes. mais attend, on a l’droit de boire à ton âge ? t’arques un sourcil, l’air faussement sérieux.

elle dit rien.
Elle sourit.
attends-moi si tu veux
elle pense juste à sa gueule quand il verra le happy meal. L'impression d'être une guerrière – en carton – mais guerrière quand même. Conquérante, presque, quand elle protège son périmètre, se laisse pas envahir par l'aura d'un moïse tout puissant qui sait si bien s'imposer. Et elle empêche pas le sourire éclatant quand elle jette un œil à sa table, ses potes qui avalent un repas gargantuesque pendant qu'il se bat avec quatre nuggets et un jouet en plastique. Ça suffit à lui donner de l'entrain pour finir sa soirée, rictus sur les lèvres quand elle nettoie les tables ou qu'elle passe le dernier coup de balai. Glisse un hamburger dans son sac avant d'abandonner son uniforme tâché d'huile pour rejoindre l'air frais de la soirée. Rejoindre moïse et ses mots qui fendent l'air. « ça peut pas te faire de mal, t'as pris du poids on dirait. » faussement sérieuse quand elle frappe son ventre, l'air amusé qui s'effrite aussitôt qu'il ose l'affront de lui rappeler qu'elle est toujours la gamine qu'elle était. La pique facile qu'elle parvient jamais à encaisser avec fierté. Prim tombe les deux pieds dedans, comme toujours, l'oeil noir qui fusille l'ingrat. « tu reviens déjà sur ta proposition moïse ? » les organes se serrent quelque part dans l'abdomen, elle voudrait en rire mais c'est plus fort qu'elle, prim s'étouffe, elle suffoque dans les eaux et moïse sur le rivage ressemble parfois trop à ceux qui l'ont quitté. Parfois trop à rex. Peut-être parce qu'il est devenu part de son monde – y a longtemps déjà – sans même qu'elle s'en aperçoive. Parce qu'il fait soudain parti de ceux-là.
Ceux qui disparaissent.
Ceux qui abandonnent.
Moïse plus que n'importe qui peut-être rien que parce qu'il est lui-même. Inconstant. Et si prim veut jurer qu'elle s'en fout, c'est un mensonge à elle-même qu'elle ne connaît que trop bien. Une expérience sur le long terme, trop fière pour avouer qu'ils sont trop rare ceux qui sont encore là, que – bien malgré elle – elle s'y accroche parce que c'est tout ce qu'il reste. « ou t'as juste peur de pas tenir la route face à moi. » elle marche a reculons, comme une main tendu. Le pousser a avancer – au cas ou il se désisterait vraiement – et le défi qui étincelle au fond de l'oeil. C'est un pari pour elle-même. Prim l'adulescente convaincue d'être grande. C'est se prouver à elle-même – et peut-être à lui – qu'elle a pas peur de ses vannes, pas peur d'être seule, pas peur de ses airs effrayants parfois.
peur de rien.

ça peut pas te faire de mal, t'as pris du poids on dirait. qu’elle balance en frappant de ses petits poings ton ventre, c’est qu’elle te ferait ravaler ton sourire avec ses conneries, que tes sourcils se froncent et que tu te vexes presque. gamin. du poids ? arrête tes conneries.. que tu réponds, pas si sûr de toi, t’as un coup d’œil pour ton bide, t’y passes même ta paume contre histoire de t’assurer que les abdos sont toujours bels et bien présents. un mec comme toi, ça prend jamais de poids, non ? c’est dans les gênes, il parait, c’est ce genre de connerie qu’on vous apprenait à l’école -ou pas. alors c’est à ton tour de lancer une pique. tu reviens déjà sur ta proposition moïse ? on pourrait le croire, mais il n’en est rien, tu secoues la tête de gauche à droite, un sourire toujours accroché sur les lèvres. elle se met à marcher à reculons et tu la suis, observant d’un œil soucieux ce qui se trouve derrière elle. ou t'as juste peur de pas tenir la route face à moi.
c’est un rire qu’elle t’arrache à présent, t’accélères le pas, pour pouvoir te mettre à son niveau. on sait très bien que si on part sur ce terrain là, j’vais devoir te ramener sur mon dos jusqu’à chez toi Prim, tu la taquines, comme toujours, les yeux brillant d’une étincelle joueuse. à moins que ce soit pour ça, que tu m’as affamé ce soir, pour me ramener sur ton dos après le troisième verre. vous ne marchez pas longtemps jusqu’à trouver le premier bar, tu pousses la porte et tout de suite tout les regards se tournent vers toi. t’as pas la gueule du client habituel, mais t’avances comme si tu étais en terrain connu. tu t’installes à la première table libre, et quand Primrose se met en face de toi, t’es déjà en train de grimacer. y’a vraiment des gens pour écouter ce genre d’merdes ? la bande son, c’est définitivement pas ta came, et quand tu déplies la carte, la même grimace sur ta gueule. c’quoi ça ?! ... il est où, le rhum ?!

Presque légère, quand moïse vérifie ses abdos avec inquiétude. presque mais primrose empêche pas le rire de s'échapper et c'est un arrêt sur image. Un son à garder dans un coin de sa mémoire parce qu'ils sont trop bref ces derniers temps. Facilement irritable, toujours sur la défensive surtout avec moïse il a aussi – au moins – la faculté de lui faire occulter les fantômes pour quelques secondes. Peut-être parce qu'il ressemble un peu à rex parfois, peut-être simplement parce qu'elle le connaît depuis longtemps - à défaut de bien le connaître – une accalmie qui ne dure jamais longtemps, ressurgit trop vite au moindre mot mal choisi. Des blagues qui n'en sont plus pour elle, même si elle s'évertue à prétendre y être hermétique. Les piques deviennent des défis, prim facilement malléable pourvu qu'on sache mettre du sel sur les plaies même sans le faire exprès. « me tente pas trop, j'ai toujours rêvé d'avoir un fidèle destrier. » pourtant non, mais qu'importe. Prim s'est jamais rêvé princesse, c'est le lot des filles nées avec son background, une destinée floue qui n'inclura jamais les paillettes et le faste. Eduqué par un frère qui n'avait rien d'un prince – même si elle aimait souvent le voir comme ça – les tiares sont pas pour les filles dans son genre. Celles qui savent même pas qui elles sont. « tss-tss, tu crois que j'vais te ramener ou que ce soit ? On m'a dit de jamais rester seule avec un mec bourré. » l'air est mutin, quand ça l'arrange prim se fait fille sage. Digne petite sœur qui écoute les préceptes d'un frère. Un mensonge dans le fond, puisqu'elle ne les a jamais suivi. Elle serait pas ici, si c'était le cas, bien consciente que rex aurait jamais voulu qu'elle se trouve ici, que ce soit avec moïse ou un autre. Elle le suit pourtant dans le bar, sourcil haussé, presque surprise. Pas certaine qu'il sache ou il met les pieds, assurée qu'il n'en sait rien quand, déjà, il râle en jaugeant les alentours – sans doute autant que les clients le jauge lui – Moïse et le peuple banal ne se rencontrent sans doute pas souvent, la collision est aussi inévitable qu'elle est tangible. Visible dans la réciprocité du dégoût. « y en a dans le daiquiri, ils te mettront même une jolie petite ombrelle avec. » pas vraiment le genre de moïse de commander des jolis cocktails qu'il sirotera avec classe et distinction. Éloigné de l'image calme du bar, il ressemble davantage à ceux qui traîne sur un banc public en buvant son rhum directement à la bouteille. Il fait tâche dans un décor trop propre. Tâche de couleur sur un fond monochrome. Il a l'avantage, au moins, d'être l'aventure tel que les gamines dans son genre la voit : faites d'instabilité et de non-sens. Peut-être parce qu'elle n'a jamais connu que ce monde-là. « n'importe quoi avec de la vodka » le serveur tique, prim joue l'adulte assurée. Une vieille habitude qui ne la quitte jamais, elle s'accorde pas une seconde d'hésitation, s'enfonce seulement dans son siège avec une maîtrise factice.