stop your bullshit /nevaeh

w. @Nevaeh McGrath

T’as perdu la force de te rebeller depuis bien trop longtemps. Écraser par la vie impitoyable, tu ne cherches plus à te relever. Il y a eu cette fois, où tu as essayé de faire de la résistance. Commun un adolescent prépubère, tu t’es révoltée et tu as crié ‘assez’. Mais comme un adolescent, on t’a remise à ta place. Vite fait, bien fait. C’est du passé et aujourd’hui, tu accueilles les emmerdes à bras ouvert, d’une douce étreinte, comme des amis de toujours. Résiliée, tu ne cherches plus à te battre. Et puis c’est bien trop fatiguant. C’est plus simple de recevoir sans te poser de question. Là encore, lorsque Nana t’a appelé pour venir au club, tu ne t’es pas posé de question. C’est un ordre et tu le fais, aussi simple que cela. Et cela même si t’es déjà occupée avec un client. Alors tu l’as déposé au bord de la route. Un simple ‘désolé, j’ai une urgence’ et t’es partie. Il t’a engueulé ce type. Il t’a hurlé dessus et t’a traité de tous les noms. T’as même eu le droit à pas un mais deux doigts d’honneur et t’a souri, touchée par son geste. T’as hésité de faire de même, de lui donner aussi satisfaction mais tu as renoncé. Baissée la fenêtre, sortir ton bras, lever un doigt, c’est trop d’effort alors t’es partie.

T’arrives au club, Nana te dit de ramener la princesse. Dans deux minutes, elle arrive, le temps de prendre ses affaires et faire ses adieux à ses copines. Mais les minutes filent et t’a eu le temps d’écouter tout l’album de Billie Eilish. Tu regardes ta montre et fronces les sourcils. Cendrillon est en retard, essaierait-elle de ramasser sa pantoufle de verre ? Tu décides d’aller mener ta propre enquête. Introuvable à l’entrée, tu pénètres dans l’antre des âmes en perdition. Certains essaient de t’arrêter. Une main sur le bas de ton dos, susurrer des mots suaves à tes oreilles. T’es pas indifférente, le diable te tente pour te détourner du but. Mais pas ce soir, demain peut-être tu craqueras. La princesse est bien trop précieuse et c’est dans les toilettes que tu la retrouves. Seule, mal au point, ses cheveux qui tombent sur son cou, une impression qu’ils l’étouffent. Elle suffoque. Elle a les yeux injectés de sang et le mascara qui dégouline. Elle se tient le poignet. Et tu te demandes si ce n’est pas elle qui a fracassé le miroir ou quelqu’un d’autre. Vos regards se croisent et ton regard a l’effet d’une détente. Nevaeh se lève brusquement et se précipite dans une cabine. Elle crache ses tripes et boyaux.

– Hey toi, j’ai besoin que tu me gardes la porte d’entrée. Tiens, en voilà cinquante, t’auras vingt de plus si t’es toujours là quand je ressors.

As-tu dit à un mec qui passait devant la porte des toilettes des filles. Tu lui balances les billets et il te regarde d’un air dubitatif. Il attend une suite, des explications, des réponses. La seule réponse que tu lui donnes c’est un regard insistant et il t’obéit. Tu refermes la porte et tu t’accroupis près de Nevaeh, une main sur son dos et l’autre qui soutient ses cheveux.

– Tu es affreuse Nevaeh… C’est quoi cette fois ? une mauvaise note ou encore un garçon ?

C’est ce qu’elle te dit toujours, à chaque fois que tu la ramènes fracassée chez elle. Mais toi t’es pas conne même si tu joues les connes. Là, tu n’as plus envie de faire semblant. Tu pourrais l’ignorer comme tu l’as toujours faite. Et elle t’apprécie probablement pour cela. Tu lui laisses toujours son espace mais pas cette fois. Ç’en est trop. Tu ne peux plus la laisser se détruire et fermer les yeux.

w. @Jill Giménez

Fatigante la danse qui faisait tournoyer de ton âme à ton esprit. Tourmentée dans les méandres d’un passée qui faisait office de seconde peau. Une putain de balade dont tu ne contrôler même pas le rythme. Triste équilibre entre la légèreté d’un instant éphémère et le déchirement d’une douleur sans nom. Tu te sentais tel prise au piège dans une chute sans fin arriver au bout que tu faisais inlassablement par tomber de nouveau.  Comme si, l’infime espoir de t’en sortir un jour était celui qui continuer de te faire prisonnière de ta souffrance. De ces démons qui consume ton être tout entier. Tu débâtais contre un ennemi invisible. Le sournois qui finissait toujours par l’emporter dans le silence de maux qui ne se voyais pas. Imprévisible douleur dans le moment ou tout aller bien et celui d’après ou il n’y avait que la mort qui semblait t’ouvrir des bras réconfortant. Il ne suffisait de rien pour te laisser de nouveau happer par ce qui te déchirer. Te tuer lentement sans que tu ne puisses rien y faire. Impuissante face à ta propre destruction. Pourtant, tout semblait si bien aller en apparence. Il suffisait de peu pour le convaincre le monde. Un sourire délicat et le regard pétillant qui ne brûler en vraie que de la lueur de la tristesse. Une tristesse sans fin. Sans nom. Un verre dans une main et le corps qui se déhanche sous une symphonie électrique qui soulève ton corps à t’en oublier toi-même l’espace d’un instant. Mais,  la réalité ne s’oublie pas. Elle ne s’efface pas la garce. Elle revient toujours. Violente et assoiffée de reprendre ces droit. Il ne suffisait de rien pour que tu retombe dans les prémices de l’enfer qu’étais ton esprit. Oh, oui, ta vie à l’air si parfaite en apparence mais tu n’es qu’un robot avancent dans celle-ci. Comédie servie à tous ceux qui l’achetaient si facilement. Parfois, parvenant même à t’en convaincre toi-même. Te convaincre que tout aller bien ou que tu devais te résoudre à faire comme-ci. – tu n’as pas mal Nene, tu vas bien Nene… fait le pour eux Nene….- Les même paroles que tu laissais tourner en boucle dans ton esprit quand tu perdais le fil de la comédie. Quand tu avais trop bu pour retenir les larmes ou quand un pote avait décidé de laisser glisser une mai un peu trop pressente sur ton corps. Il suffisait de tellement peu des mots de ton frère ou de Nana. De toute cette putain de monde qui pensent tout savoir. Oh que oui, tu vas bien Nene. Tu allais bien. T’étais belle à danser et à te mêlais parmi tes amis comme si t’étais la gamine la plus heureuse du monde. –Réveil-toi Nene, tu n’es rien d’autre qu’une gamine perdu qui ne sais même plus comment respirer.- C’étais-ça, surement un verre de trop, ou la fatigue et tu étouffais. Tu te réveillais de ta léthargie en te demandant ce que tu foutais-là. Envie de rentrer ou te t’échapper. T’enfermer de nouveau dans cette douce solitude que tu trouvais si réconfortante. Te cacher pour te libérer de toi-même et de ces chimères qui encercle ton cœur. « Jill vas te ramener chez-toi… » que Nana te lances mais, toi, tu n’as envie que d’une chose : disparaître. Qu’on t’oublie un instant. Qu’on te laisse te perdre en paix ou qu’on arrête de contrôler des pans de ton être tiraillé de tous les côtés. Tu voulais une pause, qu’on te laisse juste un instant pour reprendre ton souffle. T’avais cette putain d’impression de constamment être en train de courir après l’inaccessible ou quelque chose que tu ne désirais même pas. « Super… » que tu laisses se perdre dans la foule réalité ou sarcasme t’en savais plus rien. Le corps que tu traînes jusqu’au toilette ou bien loin de la sortie est comme une coquille vide. Tu n’as plus le cœur à la fête Nene. Tu n’as plus le cœur à rien pour ce soir. Le regard qui s’accroche au miroir et le reflet de la gamine que tu ne reconnais même pas. Tu ne te reconnais plus Nene. Peut-être bien que tu n’as jamais su qui tu étais dans le fond ?!... Tu t’y perds dans ce reflet inconnu et la colère qui bouillonne ou cette souffrance qui reprend ces droits. Tu te donnes envie de vomir de ce masque que tu sers à tout le monde alors qu’en réalité tu n’es que ça. Une enfant perdue au bord d’un chagrin qu’elle n’arrivera jamais à surmonté. Tu leurs en veux de ne rien voir. T’en veux à la terre entière. Le poing qui s’écrase contre ce fichue miroir dans un fracas sans nom de verre qui se brise sous tes doigts. – tu as mal Nene mais, tu ne sens plus rien…- Le poignet que tu te tiens dans des minutes qui te semble être des heures et cette tête qui te tournent dans ce combat que tu même contre toi-même. Le corps meurtrie dans un coin et cet air que tu cherches désespérément dans un instant ou un regard te croise et s’en est fini. –Tu ne peux pas jouer éternellement Nene, pas après ça…- Ton corps qui se libère de la tension ou qui vomis littéralement la douleur. Étrange sensation de soulagement ou d’apaisement tu ne sais pas trop mais, c’est comme te libérer d’un poids invisible. Un putain de poids que personne ne comprend. Personne ne voie. T’es bien dans ton mal Nene et pendant un bref instant là, avec Jill dans ces fichus toilette tu ne te caches plus. Tu ne mens plus sur qui tu es. –Regarde Jill, regardes bien mon vraie visage. Le rien que je suis…- « Ce n’est rien… je suis… fat…iguée » c’était tout mais, t’avais pas la force de le dire. Plus la force de rien. Toujours une excuse mais, ce soir, tu n’y croyais même plus à tes conneries.