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 creep. (kizuki)

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Message Sujet: creep. (kizuki)   creep. (kizuki) Empty Dim 10 Mar - 18:17

« Pourquoi tu les gardes alors ? » Tu baisses les yeux vers le sol, vers les papiers à moitiés signés, manque que la tienne. Pour une fois. Tu sais même plus quand, ni comment, tu les as récupéré. Tu sais plus grand chose à vrai dire. Même pas l’heure qu’il est. Ni le jour. Ni le mois.  Ni l’année. Enfin si l’année quand même, ça doit pas faire si longtemps que ça, hein ? Si ? Tu lances un regard interrogateur au berger allemand couché un peu plus loin, qui te rend un regard un peu perdu. Lui non plus il sait plus trop ce qu’il se passe. Lui c’est le seul qui t’fais penser à manger et à pisser, parce qu’il en a besoin aussi. Sinon t’es là ; tu ne sais pas depuis combien de temps. Trop à en croire le nombre de bouteilles et de boîtes de médocs éparpillés un peu partout dans l’appart. « Pourquoi tu ne les a toujours pas brûlées ? » Tu relèves les yeux vers Kizuki, toujours planté au milieu de la carrée. Assis en tailleur, tout beau, tout propre, en décalage total avec les lieux qui puent un peu. Et toi aussi. Ça fait des jours qu’il est là, et t’es à peu près sûr que c’est pas lui. Sinon il serait allé pisser. Sauf s’il le fait quand tu t’y vas. Tu sais pas, t’as pas trop réfléchi à la question. T’es trop stone pour ça. Tu tends la main pour attraper les papiers de divorce du bout des doigts. Tu grimaces parce que le mur ça fait mal au dos, et le sol ça fait mal au cul, et bouger ça fait mal tout court. « Si tu voulais le garder, tu serais en train de l’supplier. Tu n’aurais pas gardé les papiers. Et surtout tu ne serais pas planqué chez moi. » Tu l’entends sourire et ça t’agaces. Tu relèves la tête mais y a personne, juste Duff qui lève aussi la sienne, dans l’espoir que tu le sortes de cet appart déserté depuis près d’un mois.

Les doigts crispés sur le papiers, tu te demandes encore de quel droit tu fais ça. Pourquoi tu lui ferait ça, et pourquoi tu t’infliges ça encore une fois. Mais il semblerait qu’il y ait des trucs voués à se répéter dans la vie, et le tien, c’est de te faire noyer par ta culpabilité. C’est te manger ta propre connerie en pleine poire, et réaliser ben trop tard toutes tes erreurs. Ton truc à toi, c’est du parasitisme doublé d’un syndrome de Lima. Ton truc c’est aussi de vivre avec des œillères qui t’empêchent de voir tout c’que tu fous en l’air en essayant de régler un seul truc. Jusque-là, c’était elle. Et quand t’as signé ces putains de papiers, tu t’es pris en pleine gueule tout le reste. T’as passés des heures le cul posé devant le tribunal, à repasser en boucle ces trois dernières années dans ton crâne, débarrassées du flou artistique que t’avais balancé sur tes souvenirs. T’as passé des heures à relire les lettres et tu les relis encore, qu’elles soient de l'hôpital ou de sa propre main, t’as réussi à te persuader d’être responsable de la merde qui le ronge. De toute façon, vous avez à l’évidence des liens de parentés. Même si tu te sens plus proche d’Ebola dans ta façon de faire cracher le sang. Au final t’as passé des heures à essayer de retrouver sa trace.


Ça te fait bizarre de retrouver New York. Même si tu es plus habitué au Bronx, t’as aussi pas mal traîné dans le Queens. Tu t’imaginais pas retourner ici un jour, malgré le nombre de ceux qui rêvent d’y aller. Mes tes utopies à toi, elles ont jamais dépassées le stade embryonnaire, éliminé à coup de cintre, et d’un côté, c’est mieux comme ça. Ça t’aura évité de chuter de trop haut. Tu glisses dans la foule, un regard pour éviter de te manger un passant, un autre sur ton téléphone pour pas te paumer comme un connard de touriste. T’es pas là pour aller prendre un selfie sur Staten Island. T’as tout à coup l’estomac qui se fait la malle quand y a cette nuance de rose qui apparaît devant toi. Tu te mets presque à courir avant de t’en rendre compte, bousculant les autres péons sur ton chemin. Sauf que quand tu lui chope le bras, son prénom qui t’échappe, c’est pas le bon visage qui se retourne vers toi. Tu fronces les sourcils, et la pauvre nana que tu viens d’alpaguer blêmit un peu plus. « Pardon. » T’as fini par trouvé. Tu t’es cramé au moins trois clopes avant de te décider, et t’en as cramé deux autres le temps que quelqu’un se décide à sortir de son immeuble pour pouvoir y entrer. T’es pas persuadé qu’il t’aurait ouvert. Tu ne lui aurais pas donné tort. Tu montes, tu frappes, et t’attends. Ta main qui va glisser dans la fourrure du seul compagnon qu’il te reste, histoire d’y trouver un peu de courage.
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Message Sujet: Re: creep. (kizuki)   creep. (kizuki) Empty Mar 12 Mar - 15:46


Chandelle romaine. À vive allure, les souvenirs défilaient au rythme des paysages, tant et si peu à l'échelle de l'univers. Changer d'échelle, c'était cela la solution. Partir avec pour seule compagnie les espaces verts à perte de vue et la route qui s'offrait à lui. J'étouffe ici-bas et dans mon cœur qui débordant d'empathie en pâtit. Ses cheveux flottaient au vent comme tout autant de serpents - me voilà, mère nature ! Et il y avait les guitares qui résonnaient dans l'habitacle, résonnait la liberté tant désiré. Il avait quitté sa cage, était parti au petit matin, avant même le lever du soleil dans ces rues endormies. Il était parti après une longue discussion avec la lune ou quelque chose du genre, l'ayant regardé jusqu'à ne plus savoir le faire, avec à la main un peu d'herbe roulée et un verre.

The answer, my friend, is blowin' in the wind
Sans laisser de traces, Kurosawa avait pris le large en quête d'un monde meilleur, comme pour voir si l'humanité était moins égoïste ailleurs. Il n'y croyait pas dans le fond mais ne croire en rien, n'était-ce pas un peu être prêt à croire à tout quelques fois ? Tel aimer tant que l'on finissait par détester. Un rat s'était faufilé juste devant lui, et il avait sourit. La brise avait encore traîné sur quelques mètres un sachet abandonné, et il avait sourit. Un chat le regard mesquin l'avait observé passer, un de ces êtres humains aussi, et il avait à nouveau sourit. C'était la fin du monde de toutes manières et il se pouvait au final qu'elles ne les prennent même pas par derrière. Qu'à cela ne tienne. L’Armageddon sur un plateau l'argent et l'Homme continuait de croire qu'il n'avait aucune responsabilité dans cette péremption prématurée, si mignon.

Kizuki n'avait laissé qu'un poème au feutre sur les murs qui en avaient de toutes manières bien trop vu pour tout oublier, donnez-leur donc la parole allez !

Je rêve de partir pour un monde où mes mots auraient du poids,
Dans un de ces mondes où les gens ont la fierté d'être là.
Et ils créent, s'y abreuvent tous, font de leur souffrance des arbres
Merveilleux, gigantesques sources sur lesquelles leur génie se calibre.


Ce départ, il l'avait prévu depuis son arrivée, la coutume de disparaître. Pour accepter l'éphémèrité de la vie, ne fallait-il pas soi-même devenir une éphémèrité, plus éphémère encore que cette vie ? La mort ne pourra pas être si terrible, je suis mort des dizaines de fois qu'il se disait, abandonnant une fois encore sa chrysalide quelque part dans le sud des Etats-Unis. Dans sa valise, il n'y avait pas grand chose, il n'avait pas besoin de grand chose juste de certaines choses. Quelques livres ou cahiers, des vêtements colorés qu'il se traînait depuis des années, un vieil appareil photo, un ordinateur et plusieurs papiers enfermés dans une boîte sous clé - clé qu'il avait perdu cela dit.

Le reste du poème, il l'avait chantonné en fermant une dernière fois la porte de l'appartement : « Laissez-moi prendre mon envol pour cette terre de rêve d'école où la beauté demeure encore dans l’œil de l'enfant d'or. » Fou, ces voisins s'étaient assurément dit dans un ultime soupir.

Une fois arrivé à New York, ses yeux s'étaient illuminés et son cœur s'était mis à danser. Les conneries c'est fini, pas vrai ? qu'il lui avait murmuré. La Grande Pomme, il se sentait Patti Smith, persuadé que sa vie d'artiste décollerait ici comme cela été probablement écrit depuis le début de sa vie. En quelques semaines, il avait récupéré assez d'affaire pour créer son petit chez lui dans le queens vert. C'était cher, très cher pour son maigre budget mais qu'importait, il vivrait simplement. À petit oiseau, petit nid, pas vrai ? Juste de quoi manger, certainement pas trois fois par jour, ok. Mais il était bien, si bien, avec ses tapis et ses deux chaises dépareillés, quelques rideaux, une bonne dose de coussin, une vieille commode et, et, sa petite folie, quelques papillons encadrés. Comme s'il n'y en avait pas assez à l'extérieur, il avait assemblé une jolie collection de plantes vertes. Besoin d'oxygène. Se doutait-il à cet instant cependant que sa petite bonbonne arrivait justement à sa fin ?

Un coup retentit à sa porte, encore un instant de répit et cette gueule qui lui fit face. Il rit, rire nerveux. J'ai trop fumé, putain j'ai rien fumé. Bad trip, ah non, réalité. « Tu peux m'expliquer ce que tu fais là ? » Il laissa un silence face à ces deux univers qui se rencontraient, celui qu'il avait quitté et celui qu'il venait à peine de trouver. « Attends, t'es capable de ça ? » Rancœur. Amertume avalée. Puis il ne prétendait pas au nirvana après tout , le pardon pouvait attendre. Il appuya son épaule contre l'encadrement de la porte, croisant les bras. Alors tu viens pleurer à mes pieds encore une fois, c'est ça ? Parce que j'avais dit que tu perdrais tout à te baigner dans tes illusions, même moi, la bonne poire de service et que tu n'y croyais pas. Ha ! « J'ai l'impression d'avoir vécu cette scène trop de fois. » Il leva les yeux au ciel avant de finalement les poser sur le chien. « Lui mérite de ne pas crever comme un clébard sur le trottoir, toi par contre... »
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Message Sujet: Re: creep. (kizuki)   creep. (kizuki) Empty Sam 30 Mar - 17:28

Planté-là derrière sa porte tu ne te demandes même plus quoi lui dire. Tu ne t’imagines même pas les milliers de possibilités, d’univers étranges qui t’attendent (ou pas) de l’autre côté. Te n’appréhendes rien parce que tu appréhendes tellement que ton cerveau se fait la malle et préfère divaguer sur autre chose. Comme sur le verni de sa porte qui reflètent faiblement la lumière du couloir. T’as presque envie d’y souffler de la buée pour y faire un dessin. Comme les gosses qui se font chier pendant les trajets en voitures. Sauf que tu saurais pas bien quoi dessiner. T’as jamais été du genre à dessiner des cœurs ou des bites. Et faut bien avouer que cet art éphémère est largement dominé par ces deux figures. Alors tu t’abstiens de glisser tes doigts sur le contreplaqué. Même si tes pupilles y dessinent le schéma brouillon de ce que vous avez été. De toutes vos rencontres. De tout vos échanges. Toujours sur le fil du rasoir, ou le rasoir déjà bien enfoncé dans les chairs. Et tu comprends pas. Vidé, sans plus personne pour alimenter ta haine, t’arrives presque à l’oublier parfois. Et tu comprends pas. Tu comprends plus ce qu’il s’est passé depuis le Maine, jusqu’à ce moment précis. Et c’est le néant. Abyssal. Plus rien, juste ton esprit et ton corps en suspension. T’attends qu’il se passe un truc, n’importe quoi. Mais il y a plus rien, plus personne, plus que toi au milieu du cratère de la bombe à hydrogène que t’as fini par faire exploser. C’est le silence entre tes temps et tu paniques. Alors tu cherches un truc auquel te raccrocher, une réponse, des explications, tu remontes le fil de ta sinistre existence et t’arrachant volontairement la peau sur ses aspérités pour réveiller quelque chose en toi. N’importe quoi, mais quelque chose. Et ta seule vieille amie, prompte à répondre à tes appels de détresse, c’est la colère. Et ça recommence.

Mais pas là, pas maintenant. Tu la maintiens encore à distance la garce, essayant de trouver quelque chose d’autre de cette putain dans les décombres qui t’encerclent. T’es pas sûr de c’que tu vas trouver, mais tu te dit que ça peut pas être plus mauvais. Tu l’espères au moins. Encore un effet secondaires des antidépresseurs ça. La porte s’ouvre et t’as presque envie de sourire. Sauf que t’en es pas vraiment capable. Roses, putain, ils sont toujours roses ses cons de cheveux et ça a un côté curieusement rassurant. Un truc qui a pas changé depuis la dernière fois que tu l’as vu en tout cas. Effroyable dernière fois. Mais t’y penses pas, et tu dis rien, tu restes juste planté là à détailler lentement les traits de son visage. T’as l’étrange impression que tu les avais oubliés. Que le seul truc net qui te soit resté incrusté sur la rétine soit sa nuance de rose. Ou alors peut-être que t’avais jamais pris la peine de faire attention. Tu sais pas. T’façon t’as le crâne trop endommagé ces dernières semaines pour te fier à tes impressions. C’est peut-être juste ça. Encore un truc effacé par les traumas physiques et chimiques que subit ton cerveau.

Finalement si, tu souris. Un peu. Il t’a pas refermé la porte au nez. Il te gueule pas dessus non plus. Et il n’est certainement pas content de te voir. Alors non, il n’y a pas que sa coloration qui n’a pas changé. Pas trop. Son aplomb, son calme, l’acerbité et sa facilité à aller trancher directement où ça fait malle en quelques mots. C’est tout c’qu’il y a de plus normal. Dans votre normalité à vous deux. « J'ai l'impression d'avoir vécu cette scène trop de fois. » Tu hausses les épaules doucement. « Mmh … j’crois que c’est le moment où je devrait te coller un pain d’ailleurs. » C’est mauvais, froid. Un cruel rappel à tout ce qu’il pouvait y avoir entre vous à la fin. Mais ça t’oblige aussi à étouffer un truc qui ressemble à un rire. T’es au bout Seth. T’as trouvé un paquet de biscuits rassis sous les décombres, alors ouais, t’es content. Tu t’permets de taper dans les gâteaux et de faire le l’humour. Même si tu vas sans doute vomir tes tripes dans pas longtemps. Tu baisses les yeux quand il évoque ton précieux compagnon à quatre pattes qui vous avise tous les deux, l’air de se demander s’il a droit d’être content de revoir un vieux copain ou pas. « Bah tant mieux, j’ai pas obtenu sa garde dans le divorce et l’autre en veut pas. » Tu renifles, pas très convaincu par cette seconde blague pourrie et relève le regard vers Kizuki. Tu sondes le fond de ses iris, ignorant le regard qu’il peut poser sur ta personne, à la rechercher d’autre chose. « Comment tu vas ? » C’qu’il y a d’effroyable entre vous, c’est que cette question te terrorise bien plus que son attitude passive agressive et ou que tes plaisanteries malsaines. Parce qu’il a le droit de t’attaquer, et toi t’en as l’habitude, l’habitude de le détruire au moins autant que tu ne l’es. Ça fait longtemps que t’as perdu le droit de savoir s’il va bien ou pas. Mais c’est une vraie question. Parce que tu veux vraiment savoir. Et il n’y a pas milles façon de la poser. Alors c’est seulement maintenant que tu serres les dents, prêt à te faire démonter sur place pour avoir osé outrepasser tes droits. Mais aussi parce que tu n’es pas bien sûr de savoir quelle réponse tu as envie d’entendre.
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Message Sujet: Re: creep. (kizuki)   creep. (kizuki) Empty Mer 10 Avr - 21:38

Comme des enfants. A valser entre les « on n'est plus copains » et les « on fait la paix ? », tu vois au final on ne s'en sort pas si mal, on continue d'exister. Leur relation était aussi grotesque que leur allure, pas un entre les deux pour redresser leurs travers, comme le jour et la nuit en perpétuel conflit. Dans le fond, ils devaient aimer cela. Inuzuka qui revenait et Kurosawa qui ne lui fermait même pas la porte au nez. Si vraiment l'animosité était trop forte, ils n'en seraient pas là.
Non vraiment, ils s'aimaient. Peut-être l'un un plus que l'autre parfois. Mais lequel ? Et quand ?

Ensemble, ils soulevaient tout un tas de questions d'ailleurs – de l'extérieur comme de l'intérieur – tels des romanciers de leur temps. Pour parler roman, ils savaient faire dans le romanesque. A grands coups de poings dans la mâchoire, de genoux dans le ventre, et les quatre fers à terre. Pourquoi s'arrêter ici ? Ainsi, plus tout à fait entiers, ils s'assemblaient certainement, faisant l'amour, crachant la haine. Les griffes dans la peau. Ils écrivaient une histoire à la Murakami, hors du temps mais coincés dans le temps.

Aussi noir pouvait-il être, l'humour chez le japonais au chien n'avait pas une grande place. « Comment tu vas ? », néamoins. Explosion atomique d'émotions sous le visage impassible de Kizuki. Non, ça, on n'en parlait pas. Jamais. Il n'y avait guère le temps pour les petites attentions. C'était le chaos ou rien. Le jeune homme avait bien essayé de partager ses états d'âme balayés alors et réduits en bouillie visqueuse par Seth. Sans intérêt, vraiment. Comme à chaque fois que la cacophonie sentimentale se réveillait, il préférait laisser dominer le silence. C'était son mécanisme de défense pour ne pas trop en dire, pas trop mal dire, rester presque juste et sympathique. Presque. Parfois, les mots lui échappaient ok ou bien il les admirait agir tels qu'il les avait dressé. Était-ce vraiment juste dans le fond de se donner l'autorisation de recadrer certaines personnes ? Qui était-il pour cela ? Un amer paradoxe qui entre quelques séances de méditation divaguait. Altruiste, mais pas trop, la compassion attendait lorsque son ego était touché.
Oui décidément la route était encore bien longue jusqu'au Nirvana.

« Je vais... bien, dit-il en hochant la tête. Non vraiment, ça faisait longtemps que je n'avais plus ressenti quelque chose comme ça ! » Kizuki leva alors légèrement le nez vers le plafond, inspirant un grand coup, le sourire aux lèvres. De son appartement s'évadait une légère odeur d'encens et ses sens étaient toujours en éveil dans ces situations-là. « Aurais-je des raisons de croire que tu t'en veux ? » A ses souvenirs en effet, Seth n'avait pas posé cette question depuis... il n'aurait même pas su le dire. Peut-être ne l'avait-il jamais posé d'ailleurs. Ce n'était pas quelque chose entre eux, il y avait toujours la tension qui prenait le dessus avant quelconque formalité. Pourtant, il aurait aimé l'entendre parfois, il ne le cachait pas. C'était ce qu'il aurait pu traduire par « ça s'rait con que ça n'aille pas et même pas à cause de moi parce que jt'aime bien quand même ». Oui, il aurait voulu entendre ces mots lorsque tout s'était effondré.

« Des mois passés à reconstruire ce que j'étais, à poser les briques une par une, en intérieur comme en extérieur. » C'était dur putain. Il étouffa un petit rire qui aurait pu tout aussi bien traduire l'extase comme la mélancolie. Chapelier vous divaguez. « Je suis vivant tu vois. » Bien que ses phrases semblaient détachées de tout, comme perdues sur un fil invisible, il savait que cela résonnerait en Inuzuka. Cela résonnerait en lui oui, aussi borné pouvait-il être. Ce qui se cachait derrière ces mots était en réalité une histoire inachevée.

La dernière fois qu'ils s'étaient vus, plus rien ne tenait debout – comme aucun d'eux d'ailleurs. Bien moins encore que de coutume. Il y avait le corps de Kizuki qui s'effaçait derrière le cancer jusqu'à ne plus savoir le cacher. Au fur et à mesure, il était probablement devenu cette entité noire qui recouvrait tout sur son passage et il s'en voulait. Mais Seth pour ne pas changer, qui se défonçait, à tout défoncer, sans sourciller, sans même se soucier. Logiquement, il y avait eu les points sur les « i », puis le point final.
Et plus de signal radio, seul, la radiothérapie.
« Si c'est pour détruire ces briques à nouveau, je t'invite à faire demi-tour. » Il recula amèrement, le regard fixe et la main déjà sur la poignée de porte.
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Message Sujet: Re: creep. (kizuki)   creep. (kizuki) Empty Ven 19 Avr - 0:36

C’était pas si dur. C’était pas si dur en fait, et c’est ce qui te surprend le plus. Tu l’écoutes te répondre, et non t’as mal nul part. Il y a rien qui s'effrite, rien qui tangue, le niveau de noir qui ne s'accroît pas dans ton cerveau. Non, tout va bien. C’est presque simple en fait et c’est ce qui est inattendu. Tu fourres tes mains dans tes poches pour garder un peu de constance. T’es pas à l’aise. T’as jamais été à l’aise avec les civilités. Surtout avec lui. Vous avez jamais versé dans le normal. Bonjour, s’il te plait, merci, au revoir. Pardon. Vous connaissez pas.

Tu hoches la tête comme un gamin pris en faute à sa supposition. Ouais. Non. Ça dépend, tout dépend. T’es un con, alors y a des trucs t’es content qu’se soit arrivé. Traumatisme par procuration. Tu lui a fait absorber ta souffrance pour que toi tu survives. De gré ou de force. Mais t’as pas pensé aux dommages collatéraux. Jamais. Mensonges. T’y as pensé, quelque fois. Avec une certaine délectation. Peut-être parce que c’est moins dur quand on est pas seul. Même dans la chute. Ou juste parce que ouais, t’es un con.

« Des mois … » C’est tout ce que tu arrives à dire, pas trop fort, parce que tu veux pas l’interrompre. Des mois alors. D’accord. C’est long. Toi t’en sais rien. La dernière fois que tu l’as vu, t’as l’impression que c’était il y a trois jours. Ou il y a un an. Ou il y a des mois, oué. C’est peut-être pas si mal au final. Pas trop long, pas trop court. Enfin toi tu t’en fous, tu sais pas, ça change rien. Mais ça doit être pas trop mal pour lui. Question de timing tout ça. « Si c'est pour détruire ces briques à nouveau, je t'invite à faire demi-tour. » Tu secoues lentement la tête. «  Nan … j’suis pas venu pour ça. » C’est pas une question, et c’est pas une réponse non plus. La vraie c’est : pourquoi t’es là ? et c’qui va avec, c’est … t’en sais rien. Pour tout, pour rien. T’aurais des tas de trucs à lui dire, mais y a rien de très important, ou des trucs trop énormes. Même pour toi. Tu restes mutique, t’essayes de faire le tri, de choisir ce que tu pourrais bien lui dire. Mettre de vrais mots sur la raison de ta présence ici, qui justifient le séisme que tu viens provoquer sur le pas de sa porte. Qui menace les fondations de ce qu’il a essayé de reconstruire.

« J’ai rêvé de toi. » Mauvais choix de déclaration, mais ça te fait sourire. Ça pose des pavés pour ta pensées, et pour ta langue qui se délie un peu plus. « Enfin j’ai halluciné. J’étais pas mal drogué ces derniers … mois apparemment. Et t’étais là. T’étais presque tout le temps-là. A … faire ton truc là. Appuyer là où ça fait mal en balançant des vérités. J’ai essayé de t’en coller une, une fois. Mais j’t’ai passé à travers et j’me suis viandé. Ça devait être beau à voir. Pour une fois que t’a réussi à me mettre au tapis c’est con que t’ai pas été là. » Tu divagues. Lucidement. Tu racontes pas de conneries, c’est vrai, mais c’est pas ton genre de parler autant. D’en dire autant. Et avec le sourire qui plus est. Tu marres même, une main qui vient passer contre ta nuque. Ca commence à te lancer. T’espère que tu vas pas avoir une visite hallucinée maintenant. Deux Kizuki, tu penses pas être en mesure de gérer. « J’ai cru deux secondes que t’étais revenu me hanter. Et puis j’me suis dit que je t’aurais pas assez manqué pour ça. »[/b] C’aurait été con qu’il s’encombre de toi-même dans la mort. Même pour une vengeance. T’aurais encore trouvé le moyen de le faire chier. Comme là. Tout de suite.
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Message Sujet: Re: creep. (kizuki)   creep. (kizuki) Empty Mar 23 Avr - 15:40

Seth et Kizuki, c'était une évidence, l'évidence de deux âmes en perdition, trop détachées pour voir la vie en face, trop attachées pour ne pas y faire face. Une saleté d'ironie. Pendant des années, Inuzuka avait semé le chaos dans les champs de son existence, pleurant dans les bras de Kurosawa lorsque l'heure de la récolte venait. C'était drôle à voir. Celui qui se croyait fort en écrasant les autres trouvant du réconfort à sa manière dans les bras d'un bisounours - peut-être plus dérangé de l'intérieur encore. Le Yin et le Yang en quelque sorte. Ce qu'ils avaient toujours eu du mal à admettre assurément c'était qu'aucun des deux n'était tout blanc ou bien tout noir, mais sacrément déséquilibrés pour sûr.

Le fait était que Seth avait voulu noircir le monde autour de lui pour éviter le contraste avec ce qu'il passait en lui. Quant à Kizuki, il s'entourait exactement de ce genre de personnes. Peut-être pour la raison purement égoïste qu'était celle qui lui permettait d'oublier les tourments de sa propre marée noire ou parce que - l'altruiste - ressentait cela comme une mission ou quelconque croyance du genre qui lui permettait de garder encore un peu d'espoir.
Ils n'avaient dans le fond rien d'autre que leur présence respective. Et c'était l'exacte raison pour laquelle ils se faisaient face, bien à des kilomètres du passé où ils avaient laissé leurs traces.

S'il y avait une chose qui résonnait, une chose qui n'avait pas changé, c'était qu'Inuzuka était à côté de ses pompes. Certainement juste de l'autre côté pour une fois, celui où l'on réalisait qu'il n'était pas fondamentalement mauvais. Mais loin d'être bon. « J’ai rêvé de toi. » Il sourit, c'est pas drôle, c'est nul en fait. Kizuki l'écoutait débiter son histoire tandis que son ego s'enthousiasmait un peu à l'idée qu'il n'avait pas fini oublié, que durant ces mois d'ailleurs il n'avait cessé d'exister. Même isolé et le cœur rance. Silence. Le besoin de contenir son esprit aussi qui se tordait face à la simple annonce des drogues - la nostalgie d'un passé pourri mais qui avait l'avantage sur le futur d'être connu. Donc réconfortant. L'appel des vices comme exutoires était réconfortant, putain. Bien sûr Kurosawa ne pouvait s'empêcher de penser qu'en laissant rentrer Seth dans sa vie, il se tirerait une balle dans le pied et retomberait. Mais au final, est-ce que la chute n'avait pas déjà commencé ?

Distance.

« Tu me voyais donc mort. » Pas de question, affirmation, acide constatation. Une expression mythologique, mi-soupir mi-rire se glissa entre ses lèvres. « Et t'as rien fait ? » Sa voix monta légèrement dans les aigus, marquant à la fois la question et la peine immense qu'il étouffait au fond de sa gorge. Hochant la tête, il reprit « Donc là, après tout cela, tu espérais que je ris un petit peu avec toi et qu'éventuellement je t'offre un toit parce qu'évidemment tu n'as pas su te démerder seul ? » Il n'avait aucune idée de ce que Seth avait fait durant tout ce temps, à part se défoncer, bon il n'avait du faire que cela dans le fond. « Il est mignon... » Et il esquissa une moue malicieuse. « T'inquiètes, j'ai compris, tu reviens pour ta gueule. Parce que t'as besoin de moi, pas pour ce que je suis mais ce que je t'apporte bien sûr... Sinon tu serais venu me voir quand j'en avais besoin, de toi. »
Il ne lui laissait plus qu'une chance de se justifier, de lui faire entendre ce qu'il voulait entendre - une once d'espoir dans les débris.
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