(hot) t'es dans ma tête, encore, en boucle. gautier

Soirée de merde, humeur exécrable, clients lourd, Tess n’a qu’une envie ce soir, c’est de rentrer le plus rapidement possible sauf qu’elle est de fermeture. Elle regarde tout ces gens rire et picoler tandis qu’elle se perd dans ses pensées, elle rumine et ça la rend folle. Elle voit les lèvres des clients remuer sans les entendre en s’adressant à elle, elle se contente d’hocher la tête robotiquement, leur servant des verres, encaissant l’argent.  Elle le fait machinalement, sans vraiment réfléchir jusqu’à ce que sa collègue pose son bras sur le sien pour la faire revenir à la réalité. Elle ne lui laisse pas le temps de parler, elle a besoin d’air. « J’prends une pause Kara. » Elle n’attend pas sa réponse, elle se dirige déjà vers l’arrière du bar avant de souffler un bout coup en s’agrippant au bord de la table, tête baissée. Sa main va chercher instinctivement son portable et elle tape nerveusement un sms à Gautier. Hey, j’peux passer la nuit chez toi ? Elle ne devrait pas, ça la bouffe plus qu’autre chose de l’avoir près d’elle et de retenir tout ce qu’elle ressent, surtout depuis qu’il se fait passer pour le petit ami de cette Poppy. Ça la rend dingue et elle a du mal à le cacher mais elle fait tout pour garder la tête froide, pour ne pas faire exploser cette amitié qui est bien plus que ça aux yeux de Tess. Son téléphone ne tarde pas à vibrer en retour et elle acquiesce doucement la tête devant son contenu, repartant dans la salle bruyante reprendre son service.

Deux heures du mat, sa collègue s’en va et Tess se retrouve seule dans la pièce. Elle termine les derniers rangements et elle s’apprête à s’en aller quand son regard s’arrête sur cette bouteille de vodka entamée sur une des tables, laissée à l’abandon par les clients trop soul pour la finir. Ses doigts agrippent le goulot et elle penche ce dernier pour verser le liquide dans un verre. L’odeur la fait d’abord grimacer, la première gorgée lui brûle la gorge mais elle s’y habitue vite. Elle reste assise seule, sur ce comptoir de bar, bouteille en main, laissant l’alcool parcourir ses veines.

Trois heures trente du matin, elle tambourine à la porte de Gautier, elle n’a absolument aucune idée de l’heure qu’il est. Elle a marché, titubé, difficilement jusqu’à chez lui et elle attend désormais qu’il lui ouvre bien décidé à passer la nuit ici. Elle n’aura pas la force d’aller plus loin de toute façon. Son front se pose doucement sur le mur froid à côté de la porte, ses yeux se ferment et elle attend.

Minuit passé, le portable de Gautier se met à vibrer. Le tirant de sa poche, le brun le déverrouille avant de lire le texto affiché à l’écran. Message de Tessa, qui demande si elle peut passer la nuit chez lui ce soir. Habitude qu’ils ont depuis que Gautier a hérité de cet appartement en plus du garage dans lequel il travaille. Alors, c’est tout naturellement qu’il lui répond : Pas de pb. A tte. Sachant que la jeune femme est de fermeture ce soir, cela lui laisse une petite marge de manœuvre. Remettant son portable dans la poche arrière de son jean, Gautier reprend la conversation qu’il avait laissée en suspend pour répondre à sa meilleure amie.

Deux heures trente. Le brun rentre enfin chez lui, écourtant la soirée qui commençait à s’éterniser. Et il connait parfaitement ce genre de plan. Soirée improvisée chez des amis, qui finira très certainement en boîte. Très peu pour lui. Surtout que Tessa ne devrait plus tarder. Et comme elle n’a pas de clef, Gautier n’a pas eu d’autre choix que de rentrer. Mais ça l’arrange bien au final. Une fois chez lui, il s’empresse d’aller prendre une douche, avant d’enfiler un bas de pyjama et un vieux t-shirt Iron Maiden, se brosser les dents pour enlever cet arrière goût de bière, et finalement s’affaler sur le canapé tout en lançant Netflix. Mais plus le temps passe, et plus la fatigue fait son œuvre, pour finalement le faire sombrer à la moitié de l’épisode qu’il venait de lancer.

C’est finalement une heure plus tard qu’il émerge, réveillé en sursaut par la sonnette de l’entrée. L’esprit encore un peu embrumé, Gautier se dirige vers la porte, avant de la déverrouiller. « P’tin t’as d’la chance que j’dormais pas ! » qu’il lance à la volée tandis qu’il ouvre la porte, son visage encore à moitié endormi prouve le contraire. Et alors qu’il s’apprête à lancer une autre phrase, Gautier s’arrête en plein élan, réalisant qu’il fait face à… du vent. Avançant d’un pas, il perçoit finalement une silhouette sur sa gauche. Tessa, le front appuyé contre le mur, les yeux clos. « Tess ? Ça va ? » qu’il lui demande finalement, l’inquiétude perçant dans sa voix et qui ne fait que s’accroître lorsque son regard se pose sur le cadran de sa montre et réaliser le retard de la jeune femme.

Qu’est-ce qu’il lui a pris de boire autant ? Sa tête tourne, elle se sent mal, ne sait plus vraiment ce qu’elle fait ni où elle va. Elle a fait confiance à ce fameux dicton « boire pour oublier ». Quelle connerie. L’alcool ne fait qu’accentuer les choses, elle ressasse ces derniers mois et tout ce qu’il s'est passé. Ça l’énerve, bouteille en main, ça l’incite à boire encore plus. Et puis elle n’aurait jamais dû lui envoyer ce sms pour lui demander de dormir chez lui. Réveille-toi Tess, t’es pitoyable. Elle fait le strict opposé de ce qu’elle souhaite, elle se précipite chez lui. Encore une fois, parce qu’elle ne peut pas se résoudre à faire autrement. Elle a besoin de le voir, un peu comme un junkie accro à sa drogue. Elle garde ça enfoui en elle, il est bien plus que son meilleur ami, elle n'osera probablement jamais le lui avouer, hors de question que ce qu'ils ont volent en éclats à cause de son cœur qui fait des siennes.

Alors elle marche sans s’arrêter et quand elle arrive devant la porte de Gautier, un soupir, le soulagement d’être enfin arrivé, de pouvoir souffler un bon coup. Amorphe, elle attend les yeux clos, la fatigue s’emparant d’elle, les minutes semblent interminables jusqu’à ce que la voix de Gautier la fasse gémir doucement comme pour lui montrer qu’elle est encore consciente. « Crie pas comme ça » phrase à peine audible qui s’échappe de ses lèvres, le visage grimaçant, elle garde encore un peu les yeux fermés avant de lâcher un long soupir en s'écartant du mur pour croiser le regard de Gautier posé sur elle. « Ouais, ouais.. J'suis épuisée, j'ai l'impression d'avoir marché des heures » Elle fait un pas vers lui, démarche incertaine, sa main cherchant le mur pour trouver son équilibre. Elle empeste l'alcool et elle ne parle pas beaucoup parce qu'elle sait, même dans cet état, que quand elle boit trop elle parle sans filtre. Les mots qui sortent de sa bouche ne sont que banalités pour empêcher gautier de creuser et de chercher à savoir ce qui l'a mise dans cet état. « Je meurs de faim » Elle se faufile entre lui et l'encadrement de la porte pour pénétrer à l'intérieur de son appartement. Sa conscience commence à refaire surface et au fond d'elle, elle réalise que c'est une très mauvaise idée d'être venu ici en étant autant alcoolisée. Elle s'affale sur le canapé et pose ses yeux sur gautier en face d'elle en fronçant les sourcils. « C'est quoi cette tête? On dirait que tu viens de te lever » qu'elle balance avant de laisser un rire s'échapper de ses lèvres, complètement à côté de ses pompes, n'ayant aucune idée de l'heure qu'il peut être, qu'il l'attend depuis presque deux heures.  

Il s’inquiète Gautier, lorsque ses yeux se posent sur Tessa. Il la regarde un moment, avant de lui demander si tout va bien. Son attitude, laisse à supposer que non. Comme si le poids du monde pesait sur ses épaules. Et évidemment, il n’en faut pas plus au brun pour s’imaginer tout et n’importe quoi. Et sa réponse, clairement, ne le satisfait pas. Encore moins lorsque Tessa passe devant lui pour pénétrer dans l’appartement, et que des effluves d’alcool viennent lui chatouiller les narines. Fronçant les sourcils, silencieux, Gautier pivote vers elle, tandis que cette dernière a bien des difficultés à faire un pas devant l’autre, avant de s’affaler dans le canapé. Circonspect, le brun referme derrière lui avant de se diriger vers sa meilleure amie. Et quand elle affirme avoir faim, c’est une mine accusatrice, bras croisés, qu’il lui offre.  « La faute à qui ?  T’as vu l’heure ? » qu’il lui répond, lorsqu’elle se met à rigoler. Signe supplémentaire qu’elle est bien éméchée. Affreusement sérieux, Gautier n’a pas la moindre envie de plaisanter, surtout pas lorsqu’il voit Tessa dans cet état. « T’es bourrée ? » qu’il demande sans vraiment attendre de réponse. L’odeur qui s’est dégagée d’elle quand elle est passée devant lui ne laissant pas la moindre place au doute. « T’as picolé et t’es rentrée toute seule… » qu’il conclut après un court moment. « Sérieux Tessa ! » qu’il la réprimande avec de grands gestes, vraiment remonté. Parce que Tessa a bu, qu’elle est venue jusqu’ici, seule, et à une heure avancée de la nuit. Parce qu’elle aurait pu faire de mauvaises rencontres. Parce que ce n’est clairement pas dans ses habitudes de boire, ce qui accentue encore un peu cette inquiétude qui lui tord le ventre. Et cette impression de déjà-vu qui le prend subitement. Poppy à la place de Tessa. De la drogue à la place de l’alcool. A croire qu’elles se sont passé le mot. « Vous avez quoi dans l’crâne putain ! » qu’il ne peut s’empêcher de lancer, se retenant pourtant de mettre le père de la blonde sur le tapis. Alcoolique notoire qui n’est en rien un exemple et qui aurait dû, pourtant, lui servir de leçon.

Elle se doute de ce qu'il doit penser d'elle en la voyant dans cet état, elle essaye de détourner son attention avec des futilités mais il n'est pas dupe. Les vapeurs d'alcools sont encore bien présentes dans son corps et leurs odeurs flottent dans l'air, impossible de se tromper. Tess fait la moue en haussant les épaules. Elle n'a aucune foutue idée de l'heure qu'il est. Elle se met machinalement à chercher son téléphone sur elle qui se trouve être introuvable. « Meeeerde mon portable.. » qu'elle ronchonne en ignorant royalement Gautier qui semble s'énerver seul en face d'elle. Elle a oublié toutes ses affaires au bar, dans son casier. Une bonne chose que ce dernier soit fermé à clés, elle se souciera de ça quand elle aura décuvé. « Pas du tout. » Elle relève la tête, les yeux rond comme des billes, elle se pince la lèvre, prise sur le fait par Gautier qui connait pertinemment la réponse à sa propre question. Inutile qu'elle essaye de faire de l'humour, elle risque de l'énerver encore plus alors elle se contente de faire sa moue innocente, celle qu'on a pris la main dans le sac et elle se sent relativement honteuse d'être dans cet état devant lui. Après tout ce qu'ils ont traversé avec leurs parents, elle n'assure vraiment pas ce soir. Et comme elle s'en doutait, Gautier continue dans sa lancée. Son ton monte et Tess ne peut s'empêcher de rouler des yeux en l'écoutant. « Commence pas à me faire la leçon ! J'suis pas une gamine, c'est pas la première fois que j'rentre à pied » bourrée, si. Mais ce n'est qu'un détail pour elle, elle s'apprête à rajouter qu'elle a sa bombe lacrymogène dans le sac mais elle ne l'a pas sur elle, ça ne mettrait que de l'huile sur le feu. Elle ne le connait que trop bien pour savoir qu'il ne lâchera pas comme ça, elle va l'entendre un bon petit moment. « Vous avez quoi dans l’crâne putain ! » Le visage de Tess se fige, elle perd ce regard malicieux et amusé qu'elle affichait jusqu'à maintenant, son sang ne fait qu'un tour. Elle se relève tant bien que mal pour faire un pas vers lui, le pointant du doigt. « T'avises même pas de me comparer à cette ...» Elle se mord la lèvre pour ne pas terminer sa phrase, une colère grandissante en elle mais elle ne veut pas déclencher une dispute, pas ce soir. « L'autre là ! » Elle le fusille du regard avant de lui tourner le dos pour souffler un bon coup. Elle doit sortir d'ici mais sa tête n'est plus aux commandes. « Et puis qu'est ce que t'en as à foutre sérieux que j'ai trop bu? T'es mal placé pour me faire des reproches avec ta nouvelle vie que tu t'es inventé de toute pièce, Ludwig ! » Voilà le terrain sur lequel elle ne voulait pas s'aventurer, trop tard. Elle serre les dents en secouant la tête, attrapant sa veste. « Tu sais quoi j'me barre » Elle n'y croit pas une seconde, d'abord elle est bien trop éméché,  sa démarche quand elle tente d'atteindre la porte, verrouillé de surcroît, parle pour elle et ensuite, il ne la laissera certainement pas retourner seule dehors. C'est une longue nuit qui s'annonce.  

Évidemment, quand Gautier comprend que Tessa à bu, il se met à vriller. S'il était encore à moitié endormi il y a dix minutes à peine, cette fois il est pleinement éveillé. Gardant très difficilement son calme, il finit par s’emporter face à l’attitude de la jeune femme qui ne semble clairement pas comprendre toute la gravité de la situation. Et bien sûre, éméchée, Tessa ne manque pas de répliquer à son tour. « C’est pas la question et tu l’sais très bien ! » qu’il répond dans l’instant lorsqu’elle affirme que ce n’est pas la première fois qu’elle rentre seule. Ça, Gautier est bien placé pour le savoir. Et même quand elle est sobre, ça ne lui plaît pas d’avantage. « Et en plus injoignable ! Super ! Et s’il t’était arrivé un truc hein ? » qu’il continue de s’emporter en faisant référence à son téléphone perdu. Laissant clairement paraître l’inquiétude qu’il peut avoir à son sujet. S’il lui était arrivé quelque chose… Et puis, le brun finit de faire le parallèle avec Poppy et le fait qu’il a dû venir la chercher après un accident, à peine une semaine plus tôt. Et il se demande, un court instant, si c’est un truc de nana, ou si c’est juste pour le faire chier lui.

Comprenant que Gautier parle de l’héritière, Tessa réagit au quart de tour. Se levant d’un bon, non sans difficulté, elle fait face à son meilleur ami pour exprimer son mécontentement, pointant sur lui un doigt accusateur. Surpris sur le coup, Gautier finit par attraper l’index tendu de Tessa dans sa main, un léger sourire en coin. Faut dire que la voir réagir comme ça, en plus du fait qu’elle ne tient clairement pas bien droit, est assez amusant. Loin de se douter du pourquoi du comment d’une telle réaction. « Cette quoi ? Vas y dis ! » qu’il lui lance, gardant toujours son doigt emprisonné entre les siens. S’attendant à une insulte envers Poppy, la réaction de Tessa ne manque pas de le faire légèrement rigoler malgré le sérieux de la situation.

Tessa finit par s’éloigner, non sans lui lancer un regard de tueuse. Mettant sur le tapis cet arrangement qu’il a avec Poppy. Se faisant passer pour un riche héritier depuis quelques mois. Argent à la clef. Arquant un sourcil, Gautier attend que sa meilleure amie finisse sa tirade. « Mais quoi ? C’est quoi le rapport ? » qu’il demande sans comprendre où elle veut en venir. Attrapant sa veste, Tessa finit par se diriger vers la porte d’entrée, en titubant. « Parc’que tu crois vraiment que j’vais te laisser partir dans cet état ? » qu’il demande sans attendre de réponse, passant devant elle en quelques enjambées à peine pour finalement se mettre entre elle est la porte. « Tu t’es vue ? » qu’il demande alors, croisant les bras, bien décidé à ne pas la laisser filer comme ça. « Tu vas retourner dans le salon, poser ton cul sur le canapé et me dire pourquoi t’as picolé ! » qu’il annonce alors d’une voix dure, sur le ton de l’ordre. Connaissant suffisamment Tessa pour savoir qu'elle n'a pas bu uniquement pour le plaisir d'être saoule.

Le ton monte, Tess essaye de se défiler mais c'est mal connaître Gautier et pourtant dieu sait qu'elle le connait par cœur. Elle a merdé, elle n'aurait jamais du se pointer chez lui dans cet état, il va la pousser jusqu'à ce qu'elle crache le morceau et elle n'a clairement pas envie de lui confier pourquoi elle s'est jetée sur l'alcool ce soir. Elle se voit mal lui balancer en pleine figure que c'est à cause de lui et de ce qu'elle ressent, ce secret elle le garde bien enfoui en elle. Elle lève les bras au ciel quand son meilleur ami commence à dramatiser, le coup du téléphone n'aide en rien à le calmer. «  J'suis là, saine et sauve alors arrête maintenant tu deviens lourd ! » T'es pas mon père lui traverse l'esprit, des paroles retenues au bord de ses lèvres tandis qu'elle soupire encore en secouant la tête, exaspérée par la tournure que prend cette nuit.

Elle était plutôt calme jusqu'à présent malgré les réprimandes de Gautier, ça l'amusait plus qu'autre chose, simplement agacée qu'il l'emmerde en plein milieu de la nuit avec ce qu'elle trouvait être des futilités. Sauf qu'il a fallu qu'il l'évoque Elle. Parce qu'elle a bien compris de qui il parle dans sa phrase, ça ne peut être que Poppy et Tess voit rouge en une fraction de seconde. Et ce sourire amusé qui se colle sur les lèvres de son meilleur ami, ça ne fait qu’accroître cette colère. Quand il lui attrape le doigt qu'elle pointe en sa direction, elle grimace, tente de se dégager en reculant d'un pas. Aucune insulte ne sort de sa bouche contrairement à toutes celles qui traversent son esprit, il sait très bien ce qu'elle pense de toute manière.

Quand enfin elle se dégage de son emprise, elle réplique en l'attaquant sur sa double vie. Elle ne le comprend plus, tous ces mensonges pour se faire passer pour ce qu'il n'est pas, ça la dépasse. «  Tu me soûles là Gautier, laisse moi passer j'veux pas rester chez toi ! J'veux rentrer ! J'aurais pas du venir » Elle le pousse sans vraiment y mettre de force pour qu'il s'écarte de la porte, geste inutile. Tu t'es vue? Elle relève les yeux vers lui, l'interrogeant dans regard, les bras ballant. «  J'ai trop bu et alors ? J'ai encore le droit de me bourrer la gueule si j'en ai envie » Son sourcil qui s'arque quand il lui ordonne de retourner s'asseoir. Même pas en rêve, ses bras se croisent sous sa poitrine, ses yeux défiant les siens. «  J'bouge pas d'ici et j'vais .. » Coupée dans son élan, elle laisse sa phrase en suspens, la pièce qui tourne étrangement autour d'elle. Ni une ni deux, elle décampe laissant Gautier en plan devant la porte pour se réfugier dans les toilettes, la tête au dessus de la cuvette. Elle reste plusieurs minutes sans bouger attendant la sentence du trop plein d'alcool tomber mais rien. Elle souffle, passe une main sur son visage avant de se rendre dans la salle de bain. Elle a une tête à faire peur, des larmes de fatigue perlent au coin de ses yeux rougis. Elle laisse couler l'eau pour en remplir ses mains avant de se la mettre sur le visage. Elle sent qu'il n'est pas très loin, elle ne veut pas débattre encore des heures sur son état. «  J'ai pas envie de parler, me force pas, j'suis pas bien. C'était une soirée de merde c'tout » Mensonge, elle ment très mal Tess et pour essayer de faire passer la pilule et tenter de lui faire oublier tout ce qu'il vient de se passer, elle se retourne pour venir caler sa tête contre le torse de Gautier.

La discussion part en vrille. Enfin, si on peut appeler ça une discussion. Bien sûr que Gautier réprimande Tessa, affiche clairement son exaspération de la voir dans cet état. Et il n’y va pas par quatre chemins pour le lui faire comprendre. Fidèle à elle-même, réaction très certainement exacerbée par l’alcool qui coule dans ses veines la jeune femme lève le ton, à deux doigts d’insulter son meilleur ami. Pas besoin de mots, Gautier sait parfaitement ce qu’elle pense. Et quand elle décide de partir, il s’interpose. Hors de question de la laisser filer dans son état. Il s’en voudrait affreusement si quelque chose lui arrivait. Serrant les mâchoires pour éviter de faire une remarque sur le père alcoolique de Tessa, lorsque cette dernière affirme qu’elle a le droit de se bourrer la gueule si elle en a envie. Pour toute réaction, Gautier roule des yeux, cachant très mal son exaspération. Mais très vite, sa meilleure amie s’arrête en pleine phrase, l’air d’avoir vu un fantôme. Et, en une fraction de secondes, elle disparaît. Courant sans attendre vers les toilettes. « C’est pas vrai... » que souffle Gautier en secouant la tête de gauche à droite avant de la rejoindre à pas normal, tandis que Tessa se rend dans la salle de bain. Appuyé sur l’encadrement de porte, bras croisés, tête légèrement penchée, Gautier ne dit rien et se contente de l’observer alors qu’elle se passe de l’eau sur le visage. Mais même s’il ne dit pas un mot, ses yeux rougis ne lui échappent pas. Rien ne lui échappe lorsqu’il s’agit de Tessa…

Lorsqu’elle s’exprime enfin, Gautier ne dit rien. Faisant un signe pour dire qu’il n’ajoutera rien de plus. A quoi bon remettre de l’huile sur le feu ? Tessa semble avoir compris que picoler était la pire des idées. Et quand elle pose son front sur le torse de Gautier, les bras de ce dernier viennent l’encercler. « J’aime pas quand t’es comme ça. » qu’il lance finalement après quelques secondes de silence, tout en posant son menton sur le sommet du crâne de la blonde. « J’m’inquiète moi. » qu’il ajoute, tout en resserrant son étreinte. Et il reste comme ça un moment, quelques minutes sûrement, avant de finalement s’éloigner. « Tu devrais prendre une douche. » qu’il lui dit, avant de l’embrasser sur le front. « Tu pues » qu’il ajoute sur le ton de la plaisanterie avant d'aller éteindre la télé et s'affaler sur son lit. Du Gautier tout craché.

Fuir, sortir de cet appartement, s'éloigner de lui semble être la meilleure solution dans la tête de la blonde. Son esprit embrumé ne lui est d'aucune aide, il se referme à chaque minute qui passe, elle refuse de parler à son meilleur ami parce qu'elle se sent beaucoup trop vulnérable. Elle n'est pas en position de force, clairement pas et elle refuse que les effluves d'alcool s'expriment pour elle. Impossible d'atteindre cette foutue porte, Gautier lui barre la route, elle ne fait pas le poids pour le faire bouger et elle n'a pas le temps de réfléchir à une nouvelle solution qu'elle se sent rapidement très mal.  La tête au dessus des toilettes, elle prie pour ne pas rendre devant lui, ça ne ferait qu'envenimer un peu plus cette situation déjà qu'elle se sent honteuse et ridicule de s'être montrée à lui dans cet état pitoyable.  

L'eau sur son visage lui fait du bien, elle prend quelques secondes pour reprendre son souffle, se remettre les idées en place et elle lève le drapeau blanc. Elle ne veut pas se battre plus longtemps avec Gautier et au vue de leur caractère respectif ça peut durer des heures. Avec un peu de chance, en se montrant moins à cran il passera outre son état et arrêtera de lui poser des questions. Et ça fonctionne, il capitule pour ce soir. Pour marquer cette trêve elle se colle à lui, un moment d'affection suspendu dans le temps, ses yeux se ferment quand elle sent les bras de Gautier autour d'elle, son souffle contre son front. « J'veux pas que tu t'inquiètes, ça va, vraiment. T'en fais pas. » Qu'elle le rassure dans un murmure, elle tente de se convaincre elle même qu'elle va bien alors qu'en réalité elle est perdue, elle ne sait plus où elle en est, son cœur explose un peu plus chaque jour. Quand l'étreinte se rompt elle relève la tête pour plonger son regard dans le sien. Ses yeux se plissent devant la remarque de son meilleur ami tandis qu'un sourire amusé vient se glisser sur ses lèvres, ses mains qui le poussent doucement hors de la salle de bain, la porte qui se referment pour la laisser seule dans la pièce. Ses vêtements tombent sur le sol, elle reste immobile de longues minutes sous l'eau chaude qui s'écrase sur sa peau, les yeux clos, laissant l'alcool commencer à s'évaporer. Elle retrouve un peu ses esprits même si elle n'a pas encore totalement désaoulé quand elle sort de la douche.

Un long t-shirt à gautier sur le dos, ses long cheveux mouillés qui lui tombe sur les épaules, elle le rejoint dans la chambre. « Voilà m'sieur, fraîche et presque clean » qu'elle lance sur le ton de l'humour tandis qu'elle pose ses fesses sur le bord du lit. Elle n'ose pas l'approcher, elle garde ses distances, elle sait comment ça se finit quand elle se retrouve trop proche de lui, elle n'arrive plus lui résister. « J'ai l'impression qu'on se perd avec toute cette histoire.. » Sa pensée dite à voix haute, dans un murmure, elle se pince la joue intérieurement, loin d'elle l'envie de repartir dans une polémique, elle avait juste besoin de le dire  « La douche m'a réveillé, j'peux dormir sur le canapé si t'es crevé.. J'pense pas réussir à m'endormir tout de suite. » Au moins, elle ne prendrait aucun risque, elle peut esquiver à nouveau, même si il y a de fortes chances qu'il trouve ça étrange.

Gautier finit par baisser les armes, voyant que Tessa ne va pas bien, ses mots ne faisant que le confirmer. Il connait suffisamment sa meilleure amie pour savoir qu’elle ne s’est pas mise à boire jusqu’à être bourrée, sans raison. Mais pour ce soir, cette nuit, il n’insistera pas. Par contre, demain matin, et en fonction de comment sera la situation, il compte bien en savoir plus pour découvrir ce qui a bien pu la conduire à de telles extrémités. Tessa dans ses bras, la tension semble redescendre et l’apaisement prendre place. Et c’est comme s’il n’était rien arrivé, alors qu’il lui propose de prendre une douche, affirmant non sans plaisanter qu’elle en a grandement besoin. Poussé en dehors de la salle de bain, la porte se refermant derrière lui, Gautier vient s’échouer sur son lit. Allongé sur le dos dans le sens de la largeur, bras derrière la tête, il fixe le plafond, perdu dans ses pensées, jusqu’à ce que Tessa réapparaisse de longues minutes plus tard les effluves de gel douche dans son sillage. Quand elle s’assoit sur le bord du lit, Gautier se redresse, plisse les yeux. « Hé, c’est l’un de mes t-shirt ça ! » qu’il s’exclame alors, le vêtement bien trop grand pour le modèle réduit qu’est sa meilleure amie. « Ça vaut le coup de laisser des fringues ici hein ! » qu’il ne peut s’empêcher d’ajouter pour la taquiner. Comme si ça l’embêtait alors que pas du tout. Gautier s’en fout. Assis en tailleur, Gautier fronce les sourcils face à la remarque de Tessa. « Qu’est c’que tu veux dire par là ? » qu’il demande, ne comprenant pas où elle veut en venir, de quoi elle veut parler. Puis, rapidement, la blonde change de sujet, proposant de dormir sur le canapé. « Ce serait bien la première fois tiens ! » que Gautier lui lance, taquin, pas certain d’avoir déjà vu dormir Tessa ailleurs qu’avec lui, dans son lit. Pour beaucoup, cette relation fusionnelle est beaucoup trop ambigüe et pourrait prêter à confusion. Mais pas pour eux. Du moins, pas pour lui… « M’enfin, c’est peut-être mieux oui. Pas envie que ton mec me fasse une scène. » qu’il ajoute, d’un ton devenu plus sérieux. « D’ailleurs, il sait qu’t’es là ? »