need a place to hide. (noé)

oh, i hope some day i'll make it out of here, even if it takes all night or a hundred years, need a place to hide, but i can't find one near. -- @noé beauchamp

Le ciel semble s’assombrir au gré de ses humeurs, au gré de son état. Elle n’a pourtant pas pour habitude de broyer du noir, Peyton. Elle n’a pourtant pas l’habitude de broyer du noir, la brune solaire, toujours un sourire aux lèvres, l’entrain dans la voix et la chaleur dans le cœur. T’avais pas l’habitude, du moins, Peyton. Pas l’habitude, avant que la maladie ne vienne t’envahir. Avant que la maladie ne vienne briser ta vie, briser tes rêves. L’insuffisance cardiaque comme seul tombeau, balayant une à une ses envies d’ailleurs, ses désirs de redevenir l’oiseau libre qu’elle a toujours été. D’incarner de nouveau l’esprit nomade, hors de toutes limites, loin de toutes les conventions, ne vibrant que pour voyager, découvrir le monde. Vivre. Vivre. Tout simplement. Et t’avais jamais imaginé que vivre pourrait devenir si difficile, Peyton. T’avais jamais imaginé que la moindre petite tâche pourrait devenir insurmontable. Parce qu’à terme, c’est ce qui arrivera. Tu le sens, de plus en plus. Et elle s’évertue à le cacher, refusant d’être considérée comme une infirme. Elle s’évertue à le cacher, refusant d’effacer sa personnalité au profit de la maladie. Seule sa grande sœur sait, et elle ressent déjà que quelque chose a changé, Peyton. Elle tait donc ses pensées, préférant se terrer chez elle, lorsque la fatigue est trop prenante. Comme en ce début de soirée. Jusqu’à ce que la sonnette de son appartement ne la force à se lever. Une visite à laquelle elle ne s’attend pas, mais elle ouvre, tout de même. Elle ouvre, tombant sur Noé. Cette âme rencontrée lors d’une soirée. Cette âme qui n'est autre que son parfait opposé. Parce que tu vois bien, Peyton, que vous n’avez rien en commun, l’une avec l’autre. Que vous êtes différentes en tout points. Et pourtant, il y a cette lueur, cette connexion entre vous qui a provoqué cette entente bien trop forte. - Hey… Un sourire en sa direction, sincère, et la brune se décale légèrement pour laisser entre la rousse. - Je ne m’attendais pas à te voir, ce soir. Tu vas bien ? Elle ne s’attendait pas à la voir, mais elle n’en est pas moins heureuse. Parce que Noé, elle peut, à coups sûrs, lui faire tout oublier. Parce qu'avec Noé, elle ne ressent pas cette éternelle sensation, d'être coincée, littéralement bloquée avec cette maladie. Parce que Noé, elle ignore tout, et c'est parfait ainsi.

(c) calaveras.

Ce soir, elle en avait assez, Noé. Après une énième altercation avec ses parents et son épiderme lilial, couvert d'ecchymoses, s'alliant avec les taches de rousseur pour former une sublime constellation le long de ses galbes, elle avait pris son sac, maigrement rempli, pour fuir. Ce soir, la nuit était fraîche, déboussolante et ses pieds marchaient, sans savoir où aller, la tête vide, une capuche vissée sur le crâne, pour qu'on ne puisse pas la voir, se protéger de la pluie. Funambule sur le fil de la vie, abritée des lumières éblouissantes des lampadaires, ses petits pieds pataugeaient dans quelques flaques, éclaboussaient le goudron, pour se divertir, bien qu'aucune expression ne passait sur son faux visage d'ange. Levant les yeux sur l'épicerie de nuit qui lui arrachait les yeux, Noé achetait quelques friandises, ce genre de nourriture qui lui était interdit à la maison et se remplissait la panse, en se baladant dans les quartiers. Cela faisait des heures que la jeune actrice flânait, musardait dans les ruelles, à se perdre puis retrouver son chemin grâce à son cellulaire, à admirer les âmes heureuses qui rôdaient dans les rues, les enviant parfois, un sourire triste aux lèvres. Puis, il y avait ce coin d'habitations qui lui rappelait quelque chose, la truffe curieuse, à la manière d'un félin, Noé approchait, jetait un coup d'oeil aux prénoms sur les boîtes aux lettres. Elle attendait quelques secondes qu'un voisin passe, pour se faufiler dans l'immeuble et se planter devant la porte de Peyton, les yeux rouges du froid, des larmes, ce sourire bancal aux lippes. « Bonsoir. » Qu'elle murmurait, la tornade, en se frayant un passage à l'intérieur de cet appartement chaud. Elle était gelée et tremblante, Noé, à s'être baladée sous la pluie, des heures, le sucre de quelques bonbons sur le nez, les joues rosées. « Tout va bien, et toi ? » L'avantage d'être actrice, masquer ses émotions, comme elle le faisait si bien, malgré l'évidence du mensonge dans son regard brun, dans son attitude bancale, les bleus sur le corps.

oh, i hope some day i'll make it out of here, even if it takes all night or a hundred years, need a place to hide, but i can't find one near. -- @noé beauchamp

Observatrice. Elle n’a que trop bien vu le monde pour ne pas l’être. Elle ne sait faire que cela, au fond, observer, les yeux pétillants, à la recherche de nouveaux trésors, de nouvelles découvertes. A la recherche de nouvelles aventures à vivre. Elle se contente de ce simple plaisir, Peyton. Du moins, elle s’en contentait, avant de tomber malade. Avant de réalise qu’elle était tombée malade. Et lorsqu’elle a rencontré Noé, elle s’est laissée entraînée par cette fille tellement différente d’elle. Et au fond, c’est une force, parce toutes les deux, vous êtes capables de vous apporter bien plus que vous ne l’imaginez. Parce que toi, Peyton, t’as peut-être besoin de cette nouveauté. Besoin de te prouver que tu peux encore vibrer. Vibrer, même à des kilomètres de la vie que tu menais. Vibrer, alors que ton essence même s’éteint, petit à petit. Elles s’entendent, toutes les deux. S’entendent et se retrouvent, malgré tout, l’une en l’autre. Alors lorsqu’elle voit le visage triste différent de Noé, trempée par la pluie, par les larmes, elle ne peut que discerner que quelque chose ne va pas, Peyton. Qu’elle ne se trouve pas ici, chez elle, au beau milieu de la soirée, sans aucune raison. Encore moins sans prévenir. - Tu n’as pourtant pas l’air d’aller bien… Sa voix est douce, elle ne cherche pas à la brusquer. Elle n’est pas la meilleure personne pour rassurer, pour consoler, Peyton. Parce qu’elle n’a jamais eu ce rôle. Parce qu’elle est le bout en train de la famille, présente pour divertir, pour changer les idées d’une famille brisée. Mais pour les personnes qui comptent, elle fait son maximum. Capable de déplacer des montagnes. - En plus tu es toute trempée… Viens avec moi au salon. Sans plus attendre, l’artiste attrape sa main, l’entraîne avec elle jusqu’au canapé. Elle se saisit alors d’un plaid qu’elle lui donne pour qu’elle puisse se réchauffer. - Tiens. Tu veux un chocolat chaud ? Un café ou un thé ? Tu ne la connais pas beaucoup, Noé, mais elle entre peu à peu dans ton cœur. Et tu sens que derrière cette image, cette apparence sûre d’elle, elle renferme bien plus de choses. Belles ou sombres, mais bien plus profondes.

(c) calaveras.

» need a place to hide / casey.
» Don't hide my sun (Quinn)
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