hide and seek (elena)

Postée à l’entrée, Elena honore son contrat qui relève simplement de l’alimentaire, elle zone avec sa silhouette qui se fond dans n’importe quel groupe trop girly à son goût. Fille de l’ombre réduite au néant même dans son taff, elle trouve rassurante l’invisibilité et oscille lorsqu’on vient la perturber, comme lui. Elle le regarde sans ciller, pas certaine qu’il s’adresse réellement à elle, habituée à ce que les scanners la traversent pour de bonnes raisons afin de se poser ailleurs. La blonde s’évapore pour glisser une certaine distance et lui faire comprendre qu’elle s’en moque, de son existence et de la sienne par la même occasion. Les signaux sont mal interprétés si bien que dérangée, elle se retrouve presque à fuir en s’esquivant à travers la foule avant de caler un dernier avertissement face à l’insistant qui l’aborde toujours avec légèreté en troublant tout autant son calme pourtant apparent. Elle laisse couler une main sur l’épaule, deux avant qu’il ne l’attrape par le poignet pour tirer d’elle une réaction presque irraisonnée. Sa mémoire sélective occulte le bruit produit et le rappel à l’ordre du patron témoin de la scène exigeant qu’elle le lâche. « Recommence, c’est l’autre qui y passe » elle murmure dans une sobriété presque exemplaire au regard de la situation avec un sourire complètement déconnecté de cette réalité. La douleur semble arriver jusqu’au cerveau, ses traits se déforment sous ses opales qui reconnaissent rapidement les prémices de la souffrance pour l’avoir trop souvent vécue. Elena, elle est couverte de cicatrices qui ne seront jamais visibles. L'ukrainienne n’a jamais eu de copains prêts à dégainer pour panser ses plaies, comme lui. Ses prunelles suivent du regard la troupe de pseudo badboys du coin sans capter le regard désapprobateur des gens du coin comme si elle venait d’enfreindre une règle dont elle ignorait l’existence. Sauf que tout lui glisse dessus sans aucune accroche se faisant surface sans aspérité désormais. On lui demande de prendre l’air pour respirer un moment comme si sa boîte crânienne s’était réellement encombrée de l’instant passé. Elle veut bien faire semblant le temps de quelques instants.

Elena avise son collège d’un air peu concernée avant qu’il lui désigne discrètement le client. Ce qu’elle boit ? « Rien » elle répond d’un air atone rarement flattée d’être soudainement le centre d’attention. La poupée le dévisage longtemps sans les barrières de la convenance sociale qui ne lui ont pas été inculquées, faute de temps. Ses opales se voilent de surprise le temps de quelques secondes. « T’es le baby-sitter ? » elle se contente d’étirer son accent de l’Est trouvant des échos dans ces syllabes claquées. C’est un constat qui n’a en lui pas une once de provocation. On vient rarement l’irriter deux fois de suite habituellement, la connexion est suffisamment logique pour ne pas être soulignée. Elena joue toujours la transparence pour ne pas être importunée. « Qu’est ce que je peux faire pour toi ? » Elle demande directement, les opales délavées soutenant les siennes.

@Côme Bennett