guilty. (siam)

il revoit son visage.
il revoit ses opales en rage.
il revoit ses lèvres finement dessinées courbées dans un élan romantique, un cœur comme nouvel apparat de grenat.
il revoit ses cheveux, fins et bruns, voleter sous le vent d'une brise légère venue les secouer quand ils s'accrochaient au mat (de leur vie).
il se souvient de ses mains entourant sa taille fine, des baisers qu'il déposait au creux de son cou gracile.
de la façon dont elle battait des cils.
et il se souvient surtout de sa façon à lui d'être un putain d'imbécile.
parce qu'il a laissé passer la femme de sa vie, parce qu'il l'a laissée sur le bas-côté, cette nymphe si parfaite qui le laissait fébrile.
il n'y avait que l'ambition dévorante qui lui déchiquetait le bas des reins, le besoin brûlant de changer de vie et de se hisser parmi les hautes sphères, d'oublier la pauvreté.
il n'y avait que l'idée qu'elle pourrait avoir une certaine utilité, pendant un temps donné, avant d'être abandonnée.
un an qu'il est parti. un an qu'il n'a pas cessé de penser à elle. il a été ignoble, et pourtant il n'a qu'une idée : être pardonné.
il sait que ça ne sera pas une tâche aisée, mais ash nolan n'est pas homme à laisser tomber (tout, sauf elle).
il est arya stark avec une liste de gens à voir, mais rien n'est plus important que de raviver le souvenir de son visage qui commence à s'effacer.
le queens n'a pas changé. et les pulsions qui poussent ses pieds à rejoindre le trajet du casino est toujours aussi forte. il ne doit pas céder.
c'est un autre homme dorénavant. du moins, il essaie de s'en persuader. sera-t-elle assez folle pour le croire et lui donner une autre chance ? rien n'est moins sûr. parce que siam a beau être un diamant à l'état brut, pas encore tout à fait parfait, elle est dotée de suffisamment d'intelligence pour laisser ash sur le pas de la porte et reprendre sa vie. celle qu'elle a mené pendant un an. peut-être même qu'elle l'a oublié… et ce serait le pire affront qu'on lui ait fait. n'empêche qu'il comprendrait.
le queens est le purgatoire qu'il s'est dédié. chaque coin lui rappelle une partie de sa vie, que ce soit les foyers, la famille dysfonctionnelle ou tous les moments passés à ses côtés. y'a irma, y'a maureen aussi, y'a quelques connaissances d'ici et là. le queens, c'est ce qui l'a forgé. alors il pourrait aussi bien le blâmer, se foutre à genoux devant siam et l'implorer en arguant que c'est la faute du queens, qu'il a jamais rien pu faire d'autre que de s'y plier.
que le queens, c'est pas toujours un beau quartier. que le queens, il arrive parfois à agripper les âmes faiblardes pour s'en emparer et les emmener dans un enfer édulcoré. le queens, il vous persuade que vous êtes intouchables, que vous êtes au bon endroit, qu'y'a rien d'autre que vous puissiez faire. vous laisser vivre, essayer de garder hors de l'eau, mais toujours ses algues qui vous alpaguent pour que vous continuiez de vous noyer.
mais c'est un mensonge tout ça, pas vrai ? ash, il a eu des occasions de se barrer. siam, elle était cette ancre à laquelle il aurait dû s'accrocher de toutes ses forces ; il sait qu'elle aurait tiré jusqu'à ce qu'il remonte dans un paquebot qu'ils auraient partagé pour vivre mieux, pour vivre ensemble, pour vivre d'amour et d'eau fraîche.
mais à ce moment-là (et p'têtre encore maintenant ?) c'est pas ce qu'il voulait ash. il a jamais envisagé d'pouvoir avoir une vie facile. une vie où y'a pas de problèmes, une vie où les jours s'enchaînent. et puis s'laisser vivre à ses crochets, être un gigolo qu'elle pourrait garder ou jarter en deux secondes de sa vie, ça a jamais été son idéal. parce que là, siam elle l'aimait.
mais y'en a d'autres qu'ont aimé ash nolan. et qu'ash nolan a aimé aussi. sauf que ça a jamais duré. même maureen, à qui il faisait une confiance aveugle, qu'il avait tant aidé (autant qu'son cœur pouvait le supporter), elle avait fini par l'abandonner. parce qu'ash nolan, il est imparfait. parce qu'ash nolan, il est insatisfait. parce qu'ash nolan, il est pas assez bien.
il est juste bon à être un p'tit chien.
qu'on siffle, qu'on éduque, qu'on accroche à un tronc d'arbre sur l'autoroute pour partir en vacances parce qu'il nous a déçu et qu'après tout, on peut en trouver un autre aussi bien. (bah bien sûr !)
en tout cas, ash, il est devant chez siam. ça doit p'têtre faire 10 minutes. ou 30 depuis l'temps. il réfléchit, il réfléchit, mais il a pas les couilles de frapper de son poing sur la porte fermée. ash nolan, il a pas souvent peur, mais là il est tétanisé. il sait pas ce qu'il va lui dire, il sait pas ce qu'il va faire, parce qu'il a jamais les bons mots ni les bons gestes. parce que siam, elle pourrait l'briser sans en avoir la moindre idée.
mais finalement, il prend une grande inspiration et son poing s'attarde quelques secondes sur la porte boisée. toc, toc. et il attend sans bouger, en respirant à peine, en priant tous les dieux (tous sans exceptions, alors qu'il y croit même pas) pour qu'elle soit là et qu'elle lui claque pas aussitôt la porte au nez.

il parait que la roue tourne. il paraît qu'avec le temps, tout s'en va, la douleur comme le chagrin. il parait que le coeur se répare mieux que l'égo. on lui en avait répété des phrases toutes faites, de la même trempe. dans le seul but d'anesthésier des blessures qu'elle ne parvenait pas à dépasser. mais tenter de lui foutre dans le crâne de telles absurdités n'avait jamais suffit à effacer. les impacts étaient encore marqués, ici et là, à même sa peau et juste en dessous. elle n'avait pas été faite dotée d'une armure siam. ressemblant davantage à une poupée de chiffon qu'à une guerrière en uniforme. alors elle tangue mais elle encaisse quand même puisque c'est ce que la vie lui impose. composer, elle a toujours sur le faire avec plus ou moins de succès. selon les personnes qui naviguaient à ses côtés. elle donne le change, elle fait semblant et puis au final, tout fout le camp. et c'est au milieu de nulle part, avec trop d'alcool dans le sang et de substances abstraites dans le corps, qu'on la retrouve bien souvent. les jours passent et le masque se fissure, elle n'est plus que l'ombre d'elle-même siam. quand son frère est là, ça s'atténue, ça va mieux un temps et quand il repart, la chute est encore plus abrupte. elle a essayé de coucher ses émotions sur le papier, comme si le simple fait de les déverser lui permettrait de les occulter à tout jamais. peine perdue, encore. pour celle qui ne sait pas faire usage d'un pansement.
ça toque contre la porte d'entrée, à peine de quoi la faire sursauter. elle n'y prête aucune attention, son père payait bien un type pour filtrer les arrivées et les sorties. autant qu'il justifie son salaire bien trop élevé pour une si petite tâche. pourtant, elle n'entend même pas une voix qui aurait pu prouver la présence d'un invité. même pas un bruit, ni même un souffle qui aurait confirmé l'éventualité qu'un intrus ait passé le perron de la demeure. il n'y a que le silence qui lui répond, ce pourquoi elle se relève dans le but d'atteindre l'immense porte boisée. au passage, elle ne manque pas de soupirer et de pester contre celui qui n'était pas là pour faire sa part du job et qui lui imposait de le faire elle-même. ne lui offrant dans le même temps aucune option quant au fait qu'elle ait envie de recevoir ou non celui qui se trouvait de l'autre côté. pourtant, elle actionne la poignée comme si elle venait de sauter dans le vide. et immédiatement, elle regrette. prise au dépourvue et complètement déstabilisée de le voir là. elle claque la porte sur un fantôme du passé dont elle ne voulait pas, dont elle ne voulait plus. il n'y avait que ce pan de bois pour les séparer, pour confectionner un cercle de protection autour d'une femme brisée. y'a tout les warning qui s'enclenchent, et chaque parcelle de son être qui la brûlent face à la détonation qui guette. c'est pourtant dans un élan de contradiction et de déraison mêlés, qui ne la caractérisaient que trop bien, qu'elle rouvre le battant, et fait face une nouvelle fois à ash. t'as un an de retard. c'est sec, dénué de toute émotion qu'elle ne s'autorise pas à avoir. et elle le laisse planté là, à la porte, s'éloignant déjà de lui autant que faire se peut. elle a dégringolé de dix étages sans protection, elle a été percuté de plein fouet par un train à pleine vitesse, elle a coulé à pic au milieu de l'océan sans gilet de sauvetage. il n'y a plus rien autour d'elle pour l'aider à reprendre pied, comme perdue au milieu d'un désert avec seulement l'horizon à perte de vue. elle voudrait pourtant lui balancer au visage tout ce qu'elle a sur le coeur, le frapper jusqu'à s'en écorcher les mains et les poings et lui faire faire un aller sans retour vers n'importe où pourvu qu'il ne revienne plus la malmener. mais les mots se meurent au fond de sa gorge, elle ne parvient pas à les déloger. au centre du salon, là jusqu'où elle imagine sans mal qu'il l'ait suivi, elle est toujours dos à lui. ne se sentant pas la force de le regarder, ni de l'affronter. t'en as jamais assez hein, elle souffle, avec un mal à peine voilé. ça ne lui a pas suffit de l'assassiner de ses discours dévastateurs et de se tirer comme s'il n'avait aucun coeur. il lui avait seulement laissé un temps de répit, qu'elle aurait pu mettre à profit pour passer à autre chose, et il était revenu s'infiltrer tel un poison vénéneux, comme pour lui faire comprendre qu'elle ne pourrait jamais en finir avec lui. qu'il serait toujours là quelque part, tapis dans l'ombre, prêt à lui asséner le coup de grâce.

_________________

qu'importe que reviennent, ces pensées qui m'aliènent. je saignerais mes veines, pour soigner mes peines,

» guilty. (azhar)
» guilty pleasure // hadès
» guilty pleasures. ( lonàn )
» habits (siam)
» SMS / lina ft siam.