Follow me to the exit (harald)

Tu laisses ta main traîner sur son épaule, sur le tissu qui recouvre sa peau, la veste de bonne manufacture. Ton rire cristallin pour répondre à ses paroles, tu joues l’idiote, la blonde trop facile, la blonde qui tombe vite dans ses bras, celui qui entoure tes hanches, froisse le tissu d’une robe rouge qui recouvre tes courbes –tu la trouves d’ailleurs de plus en plus serrer, pas encore témoins de la vie que tu portes en toi, mais toi, tu ne vois plus que ça-. Monter sur des talons de douze, tu le laisses te tripoter, son regard lubrique plongé dans tes iris. Tu ne coucheras pas avec lui ce soir. Parce qu’il n’en vaut pas la peine, parce que ce n’est pas nécessaire. Parce qu’il t’aura déjà tout donné avant même que tu n’as besoin de le déshabiller. Et puis tu ne peux pas t’arrêter là. Non ce soir t’as un plan d’attaque, une tournée des clubs, des plus beaux endroits, des plus belles soirées. Tu dois faire un max de blé cette nuit, séduire à tour de bras, vider les poches. Il devient urgent de te faire un petit paquet de fric que tu pourras ranger bien au chaud quand ton corps ne sera devenu qu’une montagne difforme de chair et de peau abritant un alien non désiré. Tu ne pourras plus travailler quand ta grossesse se verra. Que ce soit pour les photos sur papier glacé, ou les petites combines pour séduire et voler, tu sais bien que ce ne sera plus possible. Et tu n'as pas l’intention d’aller réclamer de l’argent à qui que ce soit. De toute façon personne ne t’aidera. Tu laisses éclater ton rire, te penche un peu vers lui, tes cheveux frôlant sa peau, tes lèvres carmin s’approchant de son oreille. Tous les gestes aux ralentis, comme pour sentir son sang bouillir un peu plus longtemps sous sa peau. Tu glisses une main le long de son bras, sens ses poils s’hérisser, te voilà penché un peu plus sur lui, jusqu’à venir murmurer quelques belles paroles à son oreille. Tu lui parles de choses futiles, conversation sans fond, tu laisse deviner ce que tu peux bien porter sous ta robe, puisque c’est la question qu’il vient de te poser. Et tandis que ta bouche se fait aguicheuse, ta main descend un peu plus encore, le long de son bras, atteignant la poche de sa veste. Un portefeuille, fin, surement en cuir, t’extirpe ce qui semble être des billets. Tu compteras plus tard, les glisse discrètement sur le côté de ta robe, aux accroches de tes bas. Puis c’est à deux mains que tu attrapes la sienne, des caresses le long de ses doigts, tes yeux qui ne lâchent jamais les siens. Jamais. La montre que tu fais déjà glisser hors de son poignet, que tu renfermes déjà dans le tien. Tu frôles son bras de ta poitrine généreuse. Un baiser a la commissure de ses lèvres comme pour l’achever. « Je reviens… », une longue caresse pour lui faire oublier son poignet plus léger, tu tourne les talons, direction les toilettes, le fond de la salle. T'as peu de temps. Tu fais vite, ton épaule rencontre celle d’un homme, tu ne lui accorde aucun regard, continue ta course vers la sortie.