KING (harald)

KING

harald & amos

C’était indéniable, New York t’avais terriblement manqué. Certainement pas pour ses rues grise et son ciel bas, ces bâtiments de béton et de brique, et les trottoirs jonché de papier gras, non, non, certainement pas pour ça, mais au moins pour tout le reste. Pour les gens pressés, pour l’énergie qui s’en dégage, pour cette ville qui ne dort jamais, toujours bercée par les lumières criardes des magasins aux devantures aguicheurs. La vie New-Yorkaise, le rêve américain comme on peut l’imaginer, bien loin de ton village tranquille de Grèce. T’avais beau ne rien trouver de plus beau que les maisons blanches de Santorin, ses côtés écorchés et sa mer turquoise, New York a toujours, et sera toujours ton port d’attache. Ta maison. Ta résidence principale. T'étais d’ailleurs pas mécontent de retrouver ton petit loft du Queens, les grandes baies vitrées t’offrant une vue sur toute la ville, le piano à queue et ta collection de montres. Et puis surtout, t’avaient des personnes à retrouver ici, une en particulier. Lila. La belle Lila. La fiancée de ton frère. T’avais encore du mal à avaler la nouvelle. Fiancée. Prête à être épousée, une bague au doigt, une raison supplémentaire pour arrêter de la voir, pour tout arrêter avant qu’il ne soit trop tard. T’avais du mal à te faire à l’idée, peut-être parce qu’on ne t’avait pas prévenu directement, ni elle, ni Domenico, peut-être parce qu’il avait fallu attendre que ton plus fidèle ami te fasse part de la nouvelle. Tu savais que tu pouvais compter sur lui, dans tous les moments, t’aurais juste préféré que ce soit elle qui te l’annonce. Mais pour l’heure ce n'était pas au mariage que tu voulais penser, ni même à Lila, ni même aux business qui était le tien maintenant. Le décès de ton oncle avait chamboulé beaucoup de choses, remis en question plusieurs marchés, entre des partenaires plus ou moins fiables et il te fallait rester prudent. T'étais pas à l’abri qu’on essaie de renverser la vapeur, de te destituer de ton trône si rapidement acquis. Tu savais bien que t'étais pas à l’abri d’être entouré de quelques traîtres et qu’il te faudrait te méfier dans les prochains mois, les prochaines années, assurer tes arrières, étendre tes affaires. Ce soir t’allait concilier les deux : plaisir et travail. T’avais enfilé la chemise blanche sur le corps tatoué, la montre au poignet, les quelques pas, les quelques minutes qui te séparent du « Club 33 ». Il y a les lettres de néon blanc sur fond noir, la façade qui ne laisse rien paraître, ou presque. L’endroit est classe sans être trop chic, on y fait la queue sans pour autant devoir justifier de son pédigree pour y être accepté. Tu ne poses qu’un rapide regard sur ces filles qui se pressent sur les talons aiguille, le videur qui joue au dur, les toise en les provocants. Il te laisse passer. Évidemment. T’es le patron. Manquerait plus que ça. Tu te mélanges pas à la foule, aux corps pleins de sueur et d’alcool, aux odeurs de liqueurs bon marché et de tabac froid. Non, ta loge est bien plus prestigieuse, elle donne sur toute la salle principale, une vue d’ensemble sur les corps qui se trémousse. Tu les observes un instant, n’entendant pas la porte s’ouvrir derrière toi. C’est les bras grand ouvert, un sourire qui fend ton visage, que t’accueille Harald, torse contre torse, une tape dans le dos. « Frangin ! », Harald c’est un peu le frère d’une autre mère, un jumeau que l’ont t’aurait arraché à la naissance. Faut dire que tu l’as toujours plus ou moins considérer comme un frère, une partie de toi, un lien fraternel que tu ne saurais expliquer, une connexion que tu n’as même pas avec ton véritable frère, ton véritable sang. Tu t’approches de la table basse, coincé entre de confortables canapés. Tu soulèves la bouteille. « j’ai ramené du vin, de Grèce », le meilleur vin selon toi, tu le débouches d’une main habile, habitué, en verse un verre avant de tomber dans l’un des canapés. Tu lui montres le bar d’un geste de la tête. « sert toi si tu préfères quelque chose d’autres », il connaît les lieux, pour y avoir passé quelques soirées avec ton oncle avant que tu ne sois obligé de partir pour l’Europe. Tu te redresses, une clope déjà coincée entre tes lèvres. « Alors dit moi…, qu’est-ce que j’ai bien pu rater pendant tout ce temps ? », t’es impatient de tout savoir, de tout connaitre, de rattraper tout ce que t’as bien pu louper, qu’il te raconte tout.

le club 33.
la nouvel héritage d'amos. c'est là qu'il t'a donné rendez-vous. une soirée de retrouvaille qui promet des merveilles. oscar te dépose, ouvrant la porte de la rolls-royce, tu t'en échappes téléphone accroché à la main, comme toujours. une chemise noire, coincée dans un pantalon sur mesure, tu avances sans même regarder devant toi. connaissant les lieux par cœur depuis ton adolescence. t'as pas un coup d’œil pour les gamines en mini-jupe, ni pour les mecs ayant fait tout les efforts du monde pour se mettre sur leur trente et un. c'est le videur qui te fait relever le regard, un léger sourire se dessine sur tes lèvres alors qu'il te tape la bise -c'est que c'est le même depuis presque une décennie. il t'ouvre la porte, tu ranges enfin l'appareil dans la poche de ton jean. les corps s'échauffent déjà, les vapeurs d'alcool te font froncer le nez et t'as un air de dégoût quand un type en sueur te bouscule. tu presses le pas, pour rejoindre la loge privée de monsieur lazaridis. t'ouvres la porte comme si tu étais attendu, un large sourire sur la gueule maintenant que tu l'aperçois. son accolade te ferait presque chaud au coeur, tu le gratifies d'une frappe virile dans le dos. amos, le frère que tu n'as jamais eu. l'ami d'enfance, qui a pris une place plus qu'importante au sein de ta vie. faudra que tu penses à changer la population de ce club. que tu lui lances, les sourcils froncés. maintenant que monsieur est patron, il pourrait resserer les vis. j’ai ramené du vin, de Grèce le meilleur selon amos. tu observes la bouteille qu'il soulève, pourquoi pas. il sert un verre, tu viens t'écraser sur le canapé non loin de lui pour en faire de même et porter l'alcool à tes lèvres. t'as de la chance, t'as choisi une bonne bouteille, pour une fois. tu ne lui fais pas de cadeau, jamais. il est bien la seule personne à te savoir autrement que le parfait fils à maman, propre sur lui en toute circonstance. il connait l'autre visage, mesquin et sauvage. tu n'as pas un regard pour le bar, pas pour le moment. peut-être une fois cette bouteille descendue. Alors dit moi…, qu’est-ce que j’ai bien pu rater pendant tout ce temps ? tu l'observes, tes yeux clairs dans les siens quand tu lâches : mis à part la décision la plus idiote que ton frère à décidé de prendre ? cette putain de promesse de mariage, pathétique, ridicule. même pas foutu de s'apercevoir qu'il se fait baiser de tout les côtés. tu lèves les yeux au ciel, t'écrasant dans le dossier du canapé. je crains n'avoir rien d'autre à t'apprendre de croustillant. tu réfléchis quelques secondes. j'ai acheté une nouvelle villa. miami, il faudra aller l'inaugurer. sourire en coin. oscar est toujours un putain d'incapable mais tu ne changeras de chauffeur pour rien au monde. et j'ai revu la fille saab. tu avales ton verre d'une traite avant de te reservir. et toi, comment tu appréhendes, cette nouvelle vie ?  

KING

harald & amos

Harald est un frère pour toi. Bien plus que ce que Domenico l’a été pendant de très longues années, bien plus que ce qu’il est aujourd’hui. Peut-être parce qu’Harald est comme toi, le même esprit, la même façon de voir la vie, les mêmes conceptions. Et là, en le tenant dans tes bras un cours instant tu te revois, des années en arrière, alors que ton oncle venez d’acquérir le club, la pleine transformation de l’endroit, celui qui deviendra ensuite le fameux « club 33 ». Tu te revois facilement plus jeune, quelques poils à la barbe, vos premières fois. Premiers verres de vin, premiers verres de champagne, premiers rails, premières filles payaient par Tonton. Vous en avez passé des soirées ici, dans la loge qui donne sur toute la pièce, le dancefloor à vos pieds et une des plus belles vues de New York… Enfin pas selon Harald ce soir, voila qu’il te taquine sur la fréquentation du club, te dit de penser à la changer. Tu ricanes, toi tant que les filles sont jolies et habillé court, ça te va bien comme ça. Ne t'en demande pas plus, change de conversation pour lui offrir du vin, ramené tout droit de Santorin. Là encore il te taquine et tu prends à la légère sa remarque, tu le connais trop bien pour te préoccuper de quelques mots acerbe sortant de sa bouche. Tu laisses d’ailleurs tes lèvres trempées dans le liquide rougeâtre, te délecte des saveurs ensoleillées des vignes grecques. C’est vraiment ce qu’on a fait de meilleur. Tu te poses en face de lui, lui demande alors les nouvelles, tout ce que t’a pu rater pendant ces derniers mois loin d’ici, tout ce qu’il ne t’aurait pas encore dit. Il rebondit sur la décision de ton idiot de frère, celle de demander la main de la femme que t’aime. Qui vous aime. Tu peux pas l’oublier ça Amos, que tu’n'es pas le seul dans le tableau, pas le seul prétendant. Tu secoue la tête, l’air dépité. « M'en parle pas… pour une fois qu’il ose prendre une décision… », tu soupires, « à croire que le mariage de nos parents ne lui a pas servi d’exemple », tu lève les yeux au ciel, te laisse tomber dans le fauteuil en soupirant. Harald est bien le seul à tout savoir de ton histoire, de ton père cet incapable, de ta mère cette traîné. Toi t’a jamais été mordu de mariage et de flonflon, de petits fours et de "coupette" de champagne. Mais tu comprends qu’on puisse vouloir appartenir à Lila… Cependant tu n’approuves pas la décision de ton frère, non, c’est sur, mais tu seras le le jour du mariage. Derrière eux, à les observer, les voir se dire oui. Tu seras là, avant, après, pendant, toujours, dans son ombre. Il t’annonce alors n’avoir plus grand-chose à t’apprendre, ah si, la villa, à Miami, te propose d’aller l’inaugurer. Tu lève ton verre vers lui, signe d’approbation, tu’a toujours aimé le soleil de Miami, un peu moins les gens qui y vivent. Oscar n’a pas changé. Un incapable. Toi tu l’aurais déjà viré, et tu ne comprends toujours pas l’attachement qu’Harald peut avoir pour ce type-là. Une figure paternelle peut-être. Il balance sur la fille Saab avant de finir son verre, sans en dire plus. Tu fronce les sourcils, sans que tu n'ai le temps de lui poser une question, le voila qu’il te demande comment tu appréhende cette nouvelle vie… Tu hausse les épaules. « il a fait les choses bien pour la succession, après avoir remis certaines personnes à leur place, ça devrait bien se passer… », tu l’espères du moins. « mais attend… », tu te penches un peu en avant, vers lui, « dit m’en plus sur la fille Saab », tu ricanes déjà, un sourire intéressé au coin des lèvres.

ce futur mariage n’augure rien de bon. il sera une nouvelle mascarade, une pièce de théâtre menait à la perfection par des acteurs hors pairs. une caméra cachée qui aura pour unique victime, dom, le petit frère d’amos. c’est ce qui t’a poussé, à tout dire à ton ami une fois la nouvelle parvenue jusqu’à tes oreilles. une façon de plus de montrer à qui va ta préférence. alors quand le frère réponds, tu ne fais qu’écouter, hochant la tête lentement en accord avec ses dires. ton frère ne tire jamais de leçon. c’est un fait, mais il est au même niveau que vous, bercé depuis son enfance par des exemples bidons. vous ne tirez aucune leçon vous aussi, vous avancez dans la vie sans vous soucier des autres. évoluant sur une route déjà tracée pour vous même avant votre conception. pouvez vous vraiment lui en vouloir ? non. mais encore une fois, cette partie qui est la vie, est faite selon vos propres règles. tu enchaînes alors, sur quelques nouveautés. des banalités. une nouvelle acquisition, l’apparition d’une ex. tu t’intéresses à lui, son héritage. t’écoutes avec attention. tu sais que je serai là, en cas de problèmes. bien que tu n’en as pas l’air, tu tu montres pattes blanches, il n’en est rien. tu sais dans quoi traîne Amos, les affaires qui sont maintenant les siennes. t’as les épaules solides en cas du moindre soucis, mais tu connais sa poigne de fer. sa réputation n’est plus à faire, et monsieur saura se faire respecter de tous. dit m’en plus sur la fille Saab. il s’est penché vers toi, son sourire est le reflet du tiens. tu t’installes comme un prince sur le fauteuil, t’avales une nouvelle gorgée de vin avant de vous en servir deux nouveaux verres. j’sais pas si tu te souviens, mais y’a presque sept ans, nous étions en couple il doit se rappeler de l’histoire, l’une de tes seules relations, ton meilleur contrat. c’etait pour mes mères, tu sais, pour que ma mère, Tina, obtienne un plus de voix pour sa place de procureur. il fallait qu’on se mette la famille Saab dans la poche. tu ricanes mauvais, tes yeux clairs plantés dans les siens. ca s’est terminé en drame, tu te rappelle ? t’arques un sourcil. bref. tu soupires, avant de continuer. je devais lui faire signer des papiers, la semaine dernière, pour un putain de tableau... j’ai terminé la tête entre ses cuisse à l’arrière de la rolls royce. un vrai délice. t’as un sourire carnassier sur le visage, parce que Kàra, tu la connais comme convoitée. et parce que tu retrouves le plaisir de partager tes histoires avec amos. vous qui avez tellement partagé, des coupes de champagne jusqu’aux femmes. d’ailleurs tu sors ton téléphone de ta poche quelques secondes, pianotant sur l’écran, t’assurant que le cadeau que tu lui as réservé arrivera bien à l’heure. une femme, comme il les aime, pour vous remémorer les souvenirs de vos premiers émois adolescents, ici même, dans cette loge.