Je te donne. (Nikolaï)

✩ Mes défauts, mes plus belles chances, mes différences.

Emmitouflée dans sa couette, comme un nem, Cassey est profondément endormie malgré l’heure avancée de la matinée. On dort beaucoup trop bien dans ce lit pour en sortir, surtout quand on a si peu dormi la veille. Elle est arrivée à New-York il y a déjà trois jours mais elle a déjà vécu de sacrés moments. Tellement qu’elle en a négligé de revoir son grand frère adoré. En arrivant, elle l’a bien appelé, elle l’a même fait tout de suite, mais il n’était pas disponible pour elle. Puis, c’est elle qui a dû annuler, effrontément, leur rendez-vous de retrouvailles quand elle est tombée sur… Une connaissance. Et, finalement, ils ont tous les deux un peu trop fait traîner les choses. Aujourd’hui, elle compte bien voir Nikolaï. Mais elle ne s’attend pas à ce que cela soit si… Tôt. Et pourtant… Sans qu’elle s’y attende, la jeune femme est soudain tirée de son profond sommeil en entendant les toquements effrénés de la porte de sa chambre d’hôtel. Elle grogne un peu et tente surtout d’en faire abstraction pour se rendormir. Mais c’est peine perdue. Les bruits sont de plus en plus présents. Alors elle finit par sortir du lit, un air plutôt mécontent sur le visage, pour se lever enfin. Elle ne porte qu’un débardeur et une petite culotte mais ne prend pas la peine d’enfiler quoi que ce soit. Elle part ouvrir d’un geste assez brutal la porte pour incendier celui qui ose la réveiller.

– Ça va pas de… Elle s’arrête net quand elle voit le visage de son mystérieux visiteur. Ce n’est pas un employé de l’hôtel comme elle l’a imaginé, ni quiconque qui mérite qu’elle l’incendie. C’est… Son frère. Nikolaï. – Niko ! Elle lui saute dans les bras, en fait, elle se jette carrément sur lui comme un koala qui s’accrocherait à son arbre. Elle oublie toute sa mauvaise humeur de manière instantanée, elle n’y songe plus du tout. Elle est si heureuse de le voir, si heureuse de le retrouver enfin. Il lui a tellement manqué, son grand frère. Il faut dire la vérité. Nick est le seul homme constant dans sa vie. Le seul qui est là depuis le début, et surtout, le seul qui le sera jusqu’à la fin. Elle a eu besoin de lui tellement de fois depuis qu’il est parti. Avec Arya, avec ses problèmes d’argent, avec tant de choses qu’il ignore. Mais il vaut sans doute mieux qu’il ne sache pas tout. Pour l’heure, elle est juste immensément heureuse de le retrouver enfin. Alors qu’elle retrouve finalement la terre ferme, la jeune femme part déposer un gros baiser contre sa joue, puis elle le regarde avec son joli sourire sur les lèvres. – Tu m’as tellement manqué tu sais !

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Toute sa mauvaise humeur disparaît à l’instant où ses yeux se posent sur la personne qui ose venir la réveiller alors qu’elle était si bien plongée dans les bras de Morphée. Nikolaï, c’est lui qui est là. Alors, évidemment, elle ne pense plus ni à son sommeil, ni à son lit, ni à rien du tout. Des mois… Des mois qu’elle ne l’a pas vu. Il lui a tellement manqué, sûrement bien plus qu’il ne l’imagine. Car elle n’est pas du genre à appeler ses proches tous les jours pour prendre de leurs nouvelles, Cassey. Elle est tellement occupée dans sa vie survoltée qu’elle en oublie celle des autres. Elle peut même paraître égoïste, parfois, mais cela ne signifie pas pour autant qu’elle ne tient pas à eux. Qu’elle ne tient pas à lui. C’est juste qu’elle n’a pas toujours l’art et la manière de montrer à ceux qu’elle aime… Qu’elle les aime. Mais l’absence de Nick ne l’a pas laissée indifférente, tout comme le fait de le retrouver enfin ne la laisse pas de marbre. C’est même tout le contraire parce qu’en le voyant, elle se rend compte plus encore qu’elle ne le savait déjà à quel point elle est heureuse de le retrouver. Sa réaction est immédiate, instantanée. Elle se jette dans ses bras. Elle aurait pu en faire basculer un autre mais son grand frère est très fort, elle a de la chance. Elle le serre dans ses bras quelques instants sous les rires du jeune homme. La reposant au tout de même au sol, il commence déjà à la taquiner en lui affirmant qu’elle est toujours aussi agréable au réveil. – Et encore, t’as de la chance d’être toi. lui dit-elle avec malice. Au fond, c’est faux. Elle a un petit côté caractériel mais elle redescend souvent aussi vite qu’elle est montée. Si cela n’avait pas été Nikolaï mais un employé de l’hôtel, elle aurait crié une fois, avant de retrouver son entrain habituel. Elle n’est pas bien difficile à vivre, Cassey. Ou peut-être juste très difficile à suivre. Sourire aux lèvres, elle se pousse néanmoins pour le laisser entrer, refermant la porte derrière eux. Elle attrape le premier jean qu’elle voit dans sa valise pour l’enfiler à la va-vite. Il faut dire qu’un rien l’habille. Mais quand elle entend la remarque de son frère, elle affiche une tête outrée. – Alors ça, c’est faux ! Ce n’est arrivé qu’une fois ! Et elle avait une très bonne raison… Un homme. Bien sûr, un homme. Elle passe la main dans ses cheveux légèrement en bataille avant de se diriger jusqu’à la cafetière à sa disposition. – Tu veux un café ? demande-t-elle en lançant déjà la première tasse. Elle, elle en a besoin. Surtout alors qu’elle est réveillée si brusquement. Mais elle n’en veut pas à son frère, en fait, elle a envie de rattraper tout ce temps perdu, là tout de suite. – Et puis, tu sais, je t’ai appelé dès que je suis arrivée, mais t’as refusé de venir porter mes bagages, c’est ta faute si on ne se voit que maintenant ! lâche-t-elle innocemment avant de laisser échapper un petit rire espiègle. Cela fait beaucoup trop longtemps qu’elle ne l’a pas embêté.

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Ils se sont éloignés depuis le départ de Nikolaï de Los Angeles. Jusqu’à ce jour-là, ils ne se voyaient pas tous les jours non plus, mais ils se voyaient quand même. Il suffisait qu’elle ressente le manque de son frère pour traverser la ville et le retrouver. Mais cela a changé quand il est parti, indéniablement. Ce qui est resté intact, c’est l’amour qui les unit. Car c’est ça, la famille. Ils n’ont pas besoin de se voir constamment pour savoir qu’ils ne s’oublient pas, pour savoir qu’ils s’aiment. Où qu’ils soient, il y a toujours une part de l’un dans l’autre. Et puis, leur complicité, elle, ne peut pas disparaître. Ils ont passé trop d’années à vivre ensemble pour la perdre. Leur manière de se retrouver suffit pour le prouver. Riant légèrement à la question de son frère, Cassey finit par le libérer en regagnant la terre ferme. Elle se rhabille rapidement d’un jean avant de s’approcher déjà de la cafetière mise à sa disposition pour leur préparer deux cafés. – Tu t’es dit que je n’aurais rien de prévu à 7 h du mat’ ? Bon, elle exagère sans doute un peu. Elle est du genre à extrapoler, Cassey. Mais elle n’a aucune idée de l’heure qu’il est à vrai dire. Alors qu’il prend ses aises sur son lit, la belle se retourne enfin vers lui, laissant échapper un rire significatif à ses paroles. Il la connaît beaucoup trop bien. Elle pense un instant à cet homme, Wesley… Puis, reporte son attention sur Nick. – Comment tu as deviné ? dit-elle simplement. Elle approche de lui alors qu’il la scrute quelques instants comme pour s’assurer qu’elle est toujours entière. Elle a manqué de ne plus l’être, en fait. Mais elle ne veut surtout pas en parler, pas avec lui. Encore moins quand il lui dit quelque chose d’aussi adorable. Elle lui tend une tasse de café, puis s’assoit confortablement en face de lui. - Toi aussi, tu m’as beaucoup manqué. Je n’avais personne pour réparer tout ce qui n’allait pas. déclare-t-elle d’une voix malicieuse. Mais, en réalité, c’est bien ce qu’elle a ressenti. Autant pour les problèmes éventuels de sa maison que… Ses problèmes à elle. Il a toujours su la sortir des situations les plus compliquées, Nikolaï. Sans lui, on peut dire qu’elle a clairement fait n’importe quoi. Mais elle ne veut pas y penser, encore moins alors qu’elle retrouve tout juste son frangin. – Bon, dis-moi tout, je veux tout savoir ! Avec Claire, c’est vraiment fini ? Qu’est-ce qui s’est passé ?

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Il aura fallu qu’il vienne la tirer du lit pour qu’ils se retrouvent enfin. Ils auraient pu prendre rendez-vous, dîner ensemble ou même simplement s’appeler pour passer l’un chez l’autre. Mais non. Rien n’est jamais bien simple chez les Warren, c’est bien connu. Pour autant, elle est heureuse, Cassey. Vraiment heureuse de le retrouver. Assise négligemment en face de lui, sur le lit encore défait, elle se sent pour la première fois à la maison dans cette grande ville qu’elle ne connaît pas encore. Car c’est ce qu’elle aime le plus dans leur relation, elle est complice, toujours, malgré le temps ou la distance. Il la connaît par cœur, Nikolaï. Il est même sans aucun doute l’homme qui la connaît le mieux. Ce qui est un peu dommage pour elle, en soi, mais assez significatif du lien qui les unit. Il se souvient autant de sa capacité à flemmarder au lit que de celle, plus utile, d’obtenir ce qu’elle veut, de qui elle veut. Quand il lui répond simplement qu’il la connaît, la belle se contente de sourire avec amusement. Elle sourit un peu moins quand il lui affirme qu’il est prêt à mettre son nez partout dans ses affaires. – Je ne te le conseille pas, tu serais beaucoup trop gêné de ce que tu découvrirais. rétorque-t-elle d’une voix malicieuse, parce qu’elle sait très bien qu’évoquer ses dernières frasques est encore le meilleur moyen pour garder tout le reste bien secret. D’ailleurs, c’est plutôt à elle de l’interroger. Et elle ne s’en prive pas. Elle veut tout savoir sur sa séparation avec Claire. Ses deux mains autour de sa tasse de café, elle écoute son frère avec attention bien que… Il se montre beaucoup trop lacunaire pour elle. – Ouais, c’est vrai que vous donniez tout sauf envie de se marier. dit-elle avec une petite moue, sans grand tact, il faut bien l’avouer. Mais ils ne mâchent pas leurs mots dans la famille. – Mais, j’veux dire, qu’est-ce qui vous a décidé ? Est-ce que c’est toi ou elle qui en a parlé ? J’paris que c’est toi. Et j’paris que c’est après que t’aies rencontré cette femme. Car elle se rappelle bien que la Claire, elle était tout de même assez accrochée. Elle l’aimait bien, Cassey… Jusqu’à ce qu’elle trompe son frère. Mais peut-être si elle se tait enfin, elle aura toutes les réponses à ses interrogations.

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Alors qu’il est question de sa vie tumultueuse et bien trop compliquée, la jeune femme tente habilement de noyer le poisson. Elle prétend à son frère qu’il serait gêné de connaître les détails de son existence alors qu’en vérité, il serait surtout inquiet. Beaucoup trop inquiet. C’est pour cette raison qu’il est hors de question, pour Cassey, de lui dire un seul mot. Ainsi, quand elle l’entend commencer à l’interroger, elle est un instant déstabilisée. Surprise, surtout, qu’il lui demande si tout va bien. Elle ne montre pas du tout le contraire, pourtant, pourquoi lui pose-t-il une question pareille ? – Hein ? Mais oui, ça va ! Je n’ai plus besoin que tu viennes me porter secours, tu sais, je suis une grande fille maintenant. assure-t-elle avec ce ton insouciant, affichant même un sourire amusé. – J’voulais juste dire que si tu fouinais trop dans ma vie, tu devrais te retrouver face à la liste immense de touuuuus mes amants, c’est tout. déclare-t-elle en haussant les épaules avec – une fausse – nonchalance.  Elle en rajoute volontairement, uniquement pour lui faire oublier toute inquiétude, dans l’espoir que l’embarras vienne remplacer une curiosité qui ne la rassure pas du tout. Elle a suffisamment de problèmes pour gérer un grand frère trop protecteur. Buvant une longue gorgée de son café, la jolie blonde veut surtout en savoir plus sur tout ce qu’elle a manqué de la vie de Nikolaï. Déjà, il a divorcé. Ce n’est pas rien. Quand il lui fait remarquer que tous les mariages ne sont pas comme le sien, sa cadette fait une petite grimace, pas du tout convaincue. Il y a des jours où elle rêve du prince charmant, Cassey. Et puis, il y a ceux où elle est beaucoup plus lucide. Elle ne se mariera certainement jamais, elle. Mais elle n’est pas le sujet. Se concentrant sur la voix de son frangin, elle s’exclame suite à ses révélations. – Parce qu’elle avait aussi un mari ? Bah putain, j’espère qu’elle ne compte pas te tromper toi aussi. Sinon, elle aura affaire à elle, à coup sûr. Elle boit une nouvelle gorgée de son café alors que son regard se pose sur Nikolaï. Comme si elle voulait vérifier qu’il était bien heureux, subitement. – Et alors, comment elle est ? Je veux tout savoir.