toxique (gabin)

Nate ne comprend pas tout de suite ce qui se joue sous ses yeux. Il met la tension de Gabin sur le compte de la colère, ne remarque pas vraiment sa respiration qui se perd. Parce qu’il est trop occupé par sa propre colère, la jalousie toujours en voile devant les yeux, pour repérer les premiers signes. S’ils avaient encore été adolescent – période à laquelle les crises étaient les plus fréquentes – il serait certainement intervenu dès maintenant. Au lieu de continuer à lui parler sur ce ton toujours un peu trop agressif. Parce que Gabin n’a pas le droit de lui dire qu’il le connaît pas. Il n’a pas le droit de sous-entendre qu’ils devraient tout arrêter pour une crise de jalousie. Il sait qu’il ne pourrait pas le tromper mais ce qu’il perd de vue en lui disant ça, c’est la raison. Oubliant que ce n’est pas un simple code d’honneur qui l’en empêche mais un sentiment bien plus profond. Alors, il a peur qu’un mec passe et parvienne à lui donner envie de le tromper. Rien que ça, c’est insupportable. Même s’il ne le ferait pas. « si tu l'sais pourquoi tu continues de m'en accuser, putain ? » Par jalousie. Par possessivité. Par peur. Des choses plus fortes que lui, qui l’aveuglent, le rendent complètement con. Il ne répond pas, ne sachant pas ce qu’il pourrait dire pour justifier ce brin de folie. Il remarque distraitement que les poings de son mec se ferment et ça ne l’inquiéterait pas s’il ne ressentait pas de plus en plus agité. Plus qu’il ne devrait l’être pour une simple dispute.

Il termine par lui dire qu’ils ont réussi, par le passé, à rendre ce trait de sa personnalité supportable. Alors pourquoi est-ce qu’ils ne réussiraient pas à nouveau aujourd’hui ? La respiration de Gabin s’accélère et il commence à faire les cents pas. Tout son corps semble agité, il secoue la tête, peut-être un peu trop longtemps. Ce n’est pas normal. Nate le suit du regard, inquiet. « j'veux pas m'épuiser à essayer de te faire comprendre que je m'en bats royalement les couilles des autres mecs qui passent, que y'a que sur toi que j'pose mon regard, constamment. » Ses paroles l’atteignent, le rassurent un peu, même si elles sont en demi-teinte, imprégnées de la lassitude que tout ça lui évoque. « putain tu t'en rends même pas compte que t'es toute ma vie, que j'pourrais jamais te tromper. qu'aucun mec sera jamais à ta hauteur, ils sont tous loin derrière. » Nate n’a pas vraiment le temps de laisser ces paroles faire leur chemin vers son cœur parce qu’il en certain maintenant : son mec est en train de taper une crise d’angoisse.

Sa respiration est trop laborieuse, il ne tient plus sur ses jambes, tremble de tout son corps. Putain. Il n’a plus laissé son état dégénérer jusque-là depuis bien trop longtemps, il a complètement perdu la main, aveugle aux signes avant-coureurs et terrorisé de ne plus savoir quoi faire à partir de maintenant. Il ne sait même pas si c’est entièrement de sa faute ou si que Gabin a repris les crises ces derniers temps. Pourtant, il devrait le savoir. « Oh non, non, non ! Gabin ! », il dit en franchissant rapidement la distance qui les séparait. Lui ‘ordonner’ de ne pas faire une crise d’angoisse, c’est carrément stupide mais c’est le premier truc qui lui passe par la tête. « Je suis désolé. » S’excuser est tout aussi inutile, c’est trop tard pour ça. « Putain, ça marche comment encore cette connerie de cohérence cardiaque ?! 3 secondes et 5 secondes ? 5 et 7 ? », il réfléchit à voix haute, énervé contre lui-même, d’avoir pu oublier ça. Il sait qu’il doit se calmer lui-même s’il veut avoir une chance de calmer Gabin. Ils ont déjà vécu des crises bien pires, il se rappelle, alors il devrait pouvoir gérer celle-là. Gabin regarde-moi, il aurait dit à l’époque, quand il était encore sûr de ne lui évoquer que des sentiments rassurants. Aujourd’hui, ce n’est peut-être pas une si bonne idée que ça, vu qu’apparemment c’est lui le déclencheur.

Proche de lui, prêt à le rattraper s’il flanche, Nate pose une main sur le ventre de son mec. Il essaye d’adopter la voix la plus calme possible pour lui dire : « Respire par le ventre. Tu sais comment, Gabin, tu l’as fait plein de fois. » Tant pis pour les secondes exactes, c’est pas important, tant qu’il expire plus longtemps qu’il n’inspire. Ça devrait ralentir son cœur. C’est bien ça tout le but de cet exercice, non ? « Y a pas de danger. » La phrase lui revient directement du passé mais il sait qu’il doit s’adapter, la crise n’est plus liée à la potentialité que quelqu’un l’agresse à nouveau. « T’es toute ma vie aussi, bébé. Et j’ai confiance en toi, bien sûr que j’ai confiance en toi. Notre couple est solide. Tout va bien. » Il essaye de se concentrer sur les choses positives, sans encore savoir si ce sera suffisant, à quel point la crise est intense ou non. Il s’en veut à crever pour cette dispute, qui aura déclenché cette crise.

c'était pas vraiment dans tes plans, cette montée d'angoisse. pourtant tout va bien ces derniers temps, t'en sais trop rien. c'est p'être le fait d'avoir évoqué une possible rupture, simplement sous le coup de l'énervement, d'avoir osé penser que ça pourrait ne plus aller entre vous. parce que nate, c'est toute ta vie, vraiment. tu peux pas, tu peux pas t'imaginer, aujourd'hui, loin de lui, surtout depuis son retour en ville. quand il était à l'autre bout du globe, c'était différent. mais vivre dans le queens et savoir qu'il y vit aussi sans que vous soyez ensemble, c'est impensable pour toi. ça faisait longtemps, ouai. tu fermes les yeux, faisant les cent pas un court instant, avant de sentir ton corps flancher un peu trop, tu préfères t'éloigner un peu, regagner un mur, pas si loin. y'en a beaucoup des murs dans la rue, c'est pratique ça. tu glisses une main tremblante contre ton visage, t'as ce poids sur la poitrine et c'pas plus agréable que cette sensation de manquer d'air. tu desserres un peu ton écharpe autour de ton cou, la respiration sifflante. oh non, non, non ! gabin ! si t'étais en était de le faire, tu aurais pu lui dire que c'est pas t'engueuler la solution, mais si t'étais en état de le faire, il n'aurait pas prononcé ces mots de cette manière-là. tu sais pas franchement combien de temps, tu vas réussir à rester debout sur tes jambes. tu fermes les yeux, un bras appuyé contre les briques glaciales du bâtiment à côté de toi, mais tu t'en fiches bien d'avoir froid. je suis désolé. putain, ça marche comment encore cette connerie de cohérence cardiaque ?! 3 secondes et 5 secondes ? 5 et 7 ? tu fermes doucement les yeux, c'est pas l'agitation de nate qui t'aides à te calmer, pour l'instant. tu viens appuyer ton front contre la brique froid, t'as l'impression de crever de chaud dans ta veste. tu essayes vraiment, de contrôler ta respiration, mais ça semble un peu compromis pour le moment.

tu sens sa présence, à nate, pas très loin de toi, sans doute pour te rattraper si tes jambes décident que ça fait trop longtemps que t'es debout et qu'elles en ont marre. tu sursautes un peu quand il vient poser sa main contre ton ventre, relevant la tête vers nate, les yeux sans doute un peu trop brillant. manquerait plus que tu te mettes à chialer sans aucune raison et t'auras réussit à faire la totale en une seule crise, qui semble bien trop lointaine des autres. respire par le ventre. tu sais comment, gabin, tu l'as fait plein de fois. tu fermes les yeux une nouvelle fois, essayant de te focaliser sur ta respiration, dans le tumulte qui retournes actuellement ton esprit. et puis t'as bien, dans les bras de nate, c'est vrai ça. y'a pas de danger. tu secoues faiblement la tête, non, y'en a pas, mais c'est pas ça le problème, c'est plus ça depuis de longues années. ça te renvoi un peu en arrière, y'a des années déjà, quand c'était beaucoup plus souvent, que tu paniquais, quand tu te sentais pas bien à l'extérieur et que t'étais totalement apeuré une fois la nuit tombée sur la ville, si t'était pas accompagné par nate. t'es toute ma vie aussi, bébé. et j'ai confiance en toi, bien sûr que j'ai confiance en toi. notre couple est solide. tout va bien. non tout ne va pas bien, tu ne serais pas en train d'angoisser si c'était le cas. mais t'arrives à te calmer un peu. au moins de quoi retrouver un semblant de respiration, même si elle reste un peu trop rapide. tu t'éloignes un peu de nate, tes bras serrant ton torse, fermant les yeux un court moment et déglutissant doucement. ce serait con que tu t'étouffes, en plus de ça. tu reviens glisser tes doigts contre ton visage, tu sais plus quoi lui dire, franchement. c'est si contradictoire, comme situation. un coup, il te pense capable de le tromper juste parce que tu as osé ne pas lui dire que tu sortais avec des collègues et le coup d'après, votre couple va parfaitement bien. peut-être que c'était le cas avant son départ, pas maintenant. tu secoues faiblement la tête de gauche à droite. tu restes silencieux encore de longues secondes, pas certain que ta voix soit assez assurée pour parler. un petit soupir t'échappe. je ... t'es toujours essoufflé. je ferais mieux d'aller me reposer. tu souffles simplement. t'as pas faim, de toute manière. c'pas la bonne idée d'aller au restaurant ce soir. vaut mieux que tu rentres. puis t'es toujours en colère contre nate, pour tout ce qu'il a pu dire. tu te pinces les lèvres et viens embrasser doucement le brun, fermant les yeux un instant. tu retiens un petit soupir, t'aurais vraiment aimé que la soirée se passe bien. tu fermes les yeux un court instant, avant de t'éloigner pour regagner ton appartement.