i take you to be my sweet nemesis (ismaël)

eden caresse sa vengeance du bout de ses rêves. le talion ne sera jamais aussi langoureux, la justice ne sera jamais aussi fidèle qu'à travers cette promesse d'éternel. le tuer maintenant, si vite, quand bien-même elle lui transmettrait toute sa haine dans une rite oculaire, pendant que ses mains s'occuperaient de lui serrer les veines, le priveraient de son oxygène, en sourire, échangeant pour la dernière fois leur amour mortel, ce serait trop facile. mais, accepter aujourd'hui de se fiancer à lui, porter la bague symbolique de sa mère autour de son annulaire, aspirer à un mariage proche, un oui sempiternel, c'est un homicide bien pire, qui ne lui vaudra aucun retour de bâton. eden échappera à la prison, au damne, au blâme, à la criminalité. eden vengera charles, en toute impunité. ce n'est pas un choix, c'est une évidence. l'épouser, c'est surtout la preuve implacable qu'elle veut le faire souffrir. surtout, parce qu'eden, elle paraît quand-même sacrément amoureuse. un philtre pour fléau, la volupté pour oppression, le lyrisme pour menace, l'idylle pour colère. il n'y a plus que le sacrifice. qui relie leur amour à la mort. qui les tient. les retient. les étrangle et les étreint.
le goût de ses lèvres n'a jamais été si bon qu'à l'instant. passionnellement sien, elle l'embrasse comme s'il s'agissait de la première fois. comme si sa langue devait ré-apprivoiser la sienne et comme si sa bouche devait lui devenir obsessionnelle. eden, elle refait de ce baiser une nouvelle addiction, le présage de leur union. l'impatience de ceux qui n'aiment pas a raison de leur moment. mais eden, elle a le cœur trop assagi pour lever son majeur au conducteur de derrière. "tu sais combien tu peux prendre pour kidnapping ?" demande-t-elle, à voix douce, innocente, ses yeux clairs perdus dans l'empire des siens. sa main glisse dans ses cheveux, ses doigts lui caresse le crâne, alors que, sans contrôle, elle perd toute capacité à concevoir un monde sans lui. "mais je suis pas contre quelques jours à jouer les otages. par contre, je préfère te prévenir tout de suite, je n'ai pas d'argent. la seule rançon que tu vas pouvoir obtenir, c'est une compensation en nature." elle tente de dissimuler un sourire qui fend la commissure de ses lèvres, alors que ses yeux finissent enfin par divaguer sur une route qui s'épuise au fil de leurs kilomètres. "on va où tu veux pourvu que je n't'ai que pour moi." inlassablement, son regard se rive (encore) sur le visage d'ismaël. eden se rapproche de lui, se plaît à le déconcentrer au volant, lui déposant sans sagesse des baisers brûlants dans le cou. "emmène-moi là où tu préfères être sur cette putain de planète. je veux connaître l'endroit qui t'apaise, qui te rend libre, celui qui te rappelle de bons souvenirs mais où t'es prêt à en créer de plus beaux avec moi." eden, elle veut qu'il lui partage ses merveilles. dans le chaos de leurs fiançailles et l'incompréhension de ses sentiments, elle pense à en faire bon usage. à le faire tomber amoureux dans les plus beaux endroits qu'il n'ait jamais connu. mais demain, au réveil, elle ne pensera plus qu'à une chose, eden. s'enquérir de toute l'intimité du meurtrier, l'anéantir encore plus sur un lieu de crime qui lui sera familier.

eden, c'est le remède.
qui soigne tes maux à coups de griffes, répare ton âme, ranime le palpitant endolori de ses sourires.
eden, c'est un poison, un démon.
qui s'insinue dans ta vie, dans tes veines depuis trop longtemps.
à tel point que tu trouves la sensation agréable, à tel point que tu ne pourrai vivre sans ta dose journalière. comme un junkie réclamant sa dose, aujourd'hui tu as coché la case overdose. elle va t'arracher le coeur, s’enivrer de ses derniers battements puis viendra le tour ton âme. l'exorcisme te sera fatal. c'est une carcasse pourrissante qu'elle laissera derrière elle. tu pourrais en avoir conscience, du piège qui se referme lentement autour de toi, qui grignote petit à petit tes chaires. tu pourrais en avoir pleinement conscience, si ton corps tout entier n'était pas anesthésier par ce qu'elle te fait ressentir. toutes ces sensations plus grisantes les unes que les autres: la haine dévorante, le désir brûlant et maintenant, l'amour impulsif.
tu sais combien tu peux prendre pour kidnapping ? tu ne peux réprimer ton sourire, gardant le silence alors qu'inconsciemment tu calcules les risques, quelques années de plus derrière les barreaux pour enlèvement rajouterait une belle ligne à ton cv. tes yeux oscillent entre la route et le visage d'eden ses remarques ne font qu'accentuer l'envie de t’enfermer quelques jours avec elle pour seule compagnie. ton cerveau turbine déjà, envisageant chaque scénarios, passe de la nuit pseudo-romantique à celle d'ébats douloureux. elle accentue ton manque d'attention par des baisers au creux de ton cou, t'enfonces la pédale de l'accélérateur. direction l'aéroport.
deux billets, trois bouteilles de champagne et sept heures d'avions, et deux taxis plus tard.
c'est le sol de Paris que vous foulez, les Champs-Elysées. c'est ici que courent tes meilleurs souvenirs, que tes racines s'entremêlent, la ville chérie du paternel. qui aurait pu être la tienne si tu n'avais pas tout foiré. c'est la ville de tes premières fois, les premières cuites, les premières baises, les premiers manquement aux règles. c'est digne d'un film d'auteur, quand tu plonges tes yeux dans les siens et que tu l'embrasses comme un amoureux transi. ismaël sartier rangé au placard -pour quelques heures, quelques jours- se transforme en jeune fiancé. bienvenue chez moi. que t'articules en un français qui laisse à désirer. peus-tu encore rêver ? peut-elle encore rêver ?
deux choix s'offrent à toi: on refait ta garde robe pour les jours à venir t'as un sourire en coin, alors que t'observes le trop plein de boutique autour de vous. ou, on teste les limites de mon amex dans le premier palace qui te fait de l'oeil. tu as choisis la destination, c'est à elle que revient la suite des hostilités. tu lui offres ta vie, ton monde, tes souvenirs en patûre.

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