The colour of my love. (Warston)

♛ I'll paint a sun to warm your heart.

Un match de baseball. Isabella Kingston se trouvant à un match de baseball. C’est dire à quel point sa vie a changé ces dernières semaines. Et c’est sans aucun doute une bonne chose. On ne le croirait peut-être pas, si on ne la connaissait pas. Car, à première vue, elle a tout perdu en l’espace d’un mois. Elle a renoncé à son mari, son travail, sa maison. Sa vie tout entière. Mais elle a l’impression d’avoir tout gagné bien au contraire. Elle a l’impression d’avoir une nouvelle chance d’être heureuse. Et cela, c’est à Nikolaï qu’elle le doit. Il sait la combler de bonheur comme personne ne l’a jamais fait avant lui. Alors, en cet après-midi ensoleillé, elle a décidé de lui faire plaisir en retour en l’accompagnant à ce match de baseball. A l’inverse de ce qu’on pourrait penser, c’est loin d’être la première fois qu’elle se trouve dans ces lieux. En vérité, quand elle était plus jeune, elle y accompagnait régulièrement son petit frère. Jim était dingue de baseball. Il ne pouvait pas en jouer. Avec son état de santé, il n’en avait pas le droit, de sorte qu’une partie d’elle s’inquiétait constamment pour lui. Elle se demandait si voir d’autres s’amuser comme il ne pourrait jamais le faire ne lui causait pas plus de mal qu’autre chose. Mais il avait toujours ce sourire radieux sur ce visage illuminé de bonheur. Elle l’accompagnait donc avec plaisir, un peu comme elle a accepté d’accompagner Nikolaï cet après-midi. Il semblait presque surpris qu’elle veuille venir avec lui, prétextant qu’elle n’était pas obligée de le faire. Mais chaque occasion d’être avec lui est précieuse. Elle le sait depuis le début, plus encore depuis qu’elle a dû se passer de lui des semaines durant. Et, comme pour lui prouver sa bonne foi, la belle s’est même affublée d’un petit pull de supportrice. Elle est bien loin de ses sublimes robes de soirée, certes, mais son minois est toujours maquillé avec grand soin. Elle veut surtout faire les choses bien avec lui, ne pas laisser leurs différences les séparer, comme cela a été le cas avec Luke. Elle ne veut pas le perdre, pas lui. Néanmoins, toute sa détermination est à relativiser alors qu’elle se retrouve seule quelques instants. Son petit-ami est parti faire un tour du côté du food-truck installé non loin d’eux pour satisfaire leurs deux appétits. Et, seule, elle s’ennuie plus vite devant du sport.  Elle n’attend ainsi guère plus de quelques secondes pour récupérer, dans son sac à main, un livre et entamer sa lecture. Loin des cris des supporters, la jeune femme possédant une capacité de concentration sans faille ne les entend même plus, trop occupée par son roman. Ce n’est que lorsqu’elle sent la présence toute proche de quelqu’un qu’elle relève la tête, croisant le regard de l’homme qu’elle aime. Aussitôt, elle referme le livre, comme prise en flagrant délit. – Tu as fait vite ! affirme-t-elle avec un petit sourire en coin. En vérité, non. Avec le monde qu’il y a dans les alentours, il a dû s’absenter une bonne quinzaine de minutes. Mais il faut bien qu’elle donne le change. Baissant la tête vers ce qu’il tient dans les mains, la jeune femme reprend la parole. – Alors, qu’as-tu trouvé de bon ? le questionne-t-elle alors que ses yeux gourmands se posent dessus. S’il y a une chose de bien dans le sport, c’est de pouvoir grignoter à l’infini. Ça, bien sûr, et le fait d’être avec lui.  

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C’est une belle journée, une belle journée pour un match de baseball. C’est indéniable. Mais cela ne signifie pas pour autant que c’est ce qui passionne le plus l’ancienne responsable de communication. Elle n’est pas une grande fan de sport, Isabella. Sans pour autant le dénigrer, comme beaucoup d’intellectuels pourraient le faire, ce n’est pas ce qui l’attire le plus. Elle préfère un bon roman de la littérature britannique à n’importe quel match de n’importe quel sport. Si elle est venue dans ce stade, en vérité, c’est uniquement pour l’homme qu’elle aime. Parce que cela lui fait plaisir de lui faire plaisir. Et cela lui fait même plaisir de suivre ce match tant qu’il est à ses côtés. Être avec lui tout simplement. Mais il faut bien admettre qu’à la seconde où il s’est éloigné d’elle, les joueurs de baseball sont tout de suite devenus beaucoup moins intéressés aux yeux de la belle Latina. Elle ne se préoccupe ni d’eux, ni de tous les supporters en folie autour d’elle. Et elle doit bien détonner dans ces gradins si mouvementés. Mais elle oublie déjà son livre lorsqu’elle retrouve la présence tant appréciée de Nikolaï. Elle se sent un peu, comme, prise en flagrant délit alors qu’il la fixe de ce regard accusateur. Presque outré, en fait, qu’elle ose lire un bouquin au beau milieu d’un match de baseball. Un petit sourire amusé apparaît sur le coin des lèvres de la jeune femme alors qu’elle referme déjà son roman, non sans avoir préalablement remis son marque-page à la dernière page qu’elle a eu le temps de terminer. – La plume de George Orwell est superbe aussi tu sais. affirme-t-elle comme pour se justifier, un air innocent sur les lèvres. Mais elle range néanmoins le livre dans son sac à main pour accorder à Nikolaï au match toute son attention. Il s’installe à ses côtés avant de lui tendre la nourriture qu’il a achetée pour eux. Elle ne relève pas le manque d’équilibre du repas qu’il juge « parfait », elle se doutait bien qu’un restaurant cinq étoiles ne les attendrait pas ici. – Ça a l’air très bon. assure-t-elle avec un beau sourire sur les lèvres. Plutôt conciliante, Isa. Elle parvient à coincer la boisson comme elle peut entre deux sièges puis demande avec une petite moue. – Pourquoi ne font-ils pas des porte-gobelets comme au cinéma ? Ce serait tout de même plus pratique. Conciliante mais pas trop. Elle attrape une frite qu’elle croque pour la goûter quand elle entend la question de son petit-ami. Aïe. – Mais non, je ne m’ennuie pas. C’est très exaltant d’être ici. tente-t-elle néanmoins avec le plus de conviction possible. Mais il la connaît un peu trop bien. La surprendre en train de lire un livre a dû l’aider à réaliser aussi. Seulement elle est tout de même heureuse d’être ici, Isa. Heureuse d’être avec lui.   

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Elle aurait préféré qu’il ne la retrouve pas en pleine lecture ou, au moins, pas si vite. Indéniablement. C’est un petit peu embarrassant pour Isabella d’être surprise en flagrant délit en train de faire autre chose alors qu’elle a tant insisté pour accompagner son petit-ami à ce match. A la vérité, elle avait juste envie d’être avec lui. Mais elle n’imaginait pas que le temps serait si long durant ce match de baseball. D’autant plus avec l’absence, même brève, de Nikolaï. Cependant, il est enfin de retour à ses côtés, déjà offusqué qu’elle manque le spectacle incroyable qui s’offre à elle. Alors qu’elle se justifie en évoquant l’auteur qu’elle était en train de lire, la jeune femme l’entend à cet instant lui affirmer qu’il ignore totalement de qui elle parle. Ses yeux s’arrondissent tout de suite de stupeur. – Tu plaisantes ? Elle l’espère. Elle espère vraiment qu’il plaisante. Tout le monde connaît Orwell. Si ce n’est pas pour l’avoir lu, au moins pour l’avoir étudié en cours, ou… Juste de nom, bon sang. Elle est réellement sous le choc, Isa. Il lui faut plusieurs secondes pour encaisser le coup alors qu’il est déjà en train de la taquiner pour autre chose… Leur nourriture. – Et que crois-tu ? Je viens aussi pour manger ! assure-t-elle avec un sourire malicieux alors qu’elle commence à déguster ses frites comme pour prouver ses dires. Elle n’irait pas jusqu’à s’extasier sur un tel repas mais, de temps en temps, elle ne dit pas non. Seulement Nikolaï paraît bien décidé à l’embêter. Il lui parle comme si elle n’était jamais sortie nulle part… Avant d’éclate de rire. Une petite moue apparaît sur le visage de la belle. – Tu te moques de moi. déclare-t-elle d’une voix un peu boudeuse. Et elle qui voulait lui faire plaisir. Il semble d’ailleurs, tout doucement, le comprendre puisqu’il lui confie avoir du mal à croire qu’elle s’amuse… Il ajoute même qu’elle déteste ce moment. Mais non, ce n’est pas vrai. – Bien sûr que non, je ne déteste pas. Je t’assure. Elle ne veut pas donner l’impression qu’elle juge ce qui est, pour lui, une véritable passion. Puis, elle aime bien, à condition qu’il reste avec elle. – C’est ta faute… Il ne fallait pas me laisser toute seule. ajoute-t-elle d’une voix craquante avant de lui voler la frite qu’il a entre les mains pour la terminer. Et, quelque part, c’est vrai. Elle s’ennuie toujours de lui quand il est loin d’elle.

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Ils sont différents tous les deux. Ils sont aussi opposés que le jour et la nuit. Elle le sait, Isabella. C’est certainement ce qui l’a tant attirée chez Nikolaï. Il était… Tout ce qu’elle n’avait jamais connu, tout ce qu’elle n’avait jamais eu. Mais se retrouver face à son petit-ami qui lui avoue ignorer complètement l’identité de l’un des auteurs les plus marquants du vingtième siècle, c’est un peu trop pour elle. Et ça se voit, irrémédiablement, elle ne peut pas se taire. Même si elle ne disait rien, son regard stupéfait parlerait pour elle. Mais plus il parle, plus le jeune homme l’achève davantage. – Il est l’auteur de 1984, ne me dis pas que tu ne le connais pas, Nikolaï, s’il-te-plaît. demande-t-elle, dépitée, presque désespérée. Elle veut bien qu’il ne soit pas passionné de littérature mais… A ce point, non. Ce n’est pas possible. – Il va falloir y remédier le plus tôt possible. assure-t-elle finalement, bien décidée à lui faire lire ce classique, qu’il le veuille ou non. Mais il paraît déjà avoir trouvé sa vengeance puisqu’il n’hésite pas une seconde à la taquiner. Il ne se prive pas, d’ailleurs, se moquant ouvertement d’elle alors qu’elle fait tout pour s’adapter à ce monde qu’elle ne connaît pas… Qu’elle ne connaît plus. – Tu ne me prends pas au sérieux, n’est-ce pas ? demande-t-elle le ton toujours boudeur, même si un petit sourire en coin apparaît sur ses lèvres. Elle ne peut pas le nier, ce n’est pas sa cuisine de prédilection. Mais elle est loin d’être offusquée ou dérangée, elle (re)découvre simplement. Seulement son petit-ami n’est pas dupe. Il se doute bien qu’elle n’aurait jamais mis les pieds dans ce stade, si cela n’avait pas été pour lui. A ses paroles, elle le contemple plusieurs secondes sans lui répondre, un peu hésitante, avant d’expliquer finalement. – Eh bien, je ne suis effectivement pas la plus grande supportrice des gradins. Mais je ne m’ennuie pas ! Je ne peux pas m’ennuyer si tu es avec moi. déclare-t-elle d’une voix tendre, sourire amoureux sur les lèvres. Même si, très vite, son regard se fait plus malicieux alors qu’elle lui met tout sur le dos. La réaction de Nick la fait rire avec légèreté alors qu’elle hoche vivement la tête en signe d’acquiescement. – Bien sûr.Tu me laisses toute seule en terrain inconnu. Tu ne devrais pas t’éloigner de moi une seule seconde. Elle aime autant l’embêter qu’il apprécie de le faire avec elle. Mais lorsqu’il reprend la parole d’un ton un peu plus calme, elle le contemple d’un air plus sérieux, plus sincère aussi. – Je suis heureuse aussi. J’ai envie de tout partager avec toi. Et elle s’approche de lui, tout doucement, pour déposer un baiser salé contre ses lèvres.

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Ils n’ont pas eu la même vie tous les deux. Isabella, elle n’a jamais eu personne pour l’éduquer, pas au sens propre du terme. Jusqu’à ses quatorze ans, il y avait bien sa mère. Sa mère lui a appris beaucoup de choses. Elle lui a appris à danser. A faire des cocktails. A s’occuper d’un enfant. A apprécier la musique, toutes sortes de musiques. Et, plus que tout, elle lui a appris à aimer. Mais l’art ou la littérature, la culture en général, elle l’a apprise toute seule, Isa. Peut-être que c’était une façon, pour elle, de sortir de cette vie beaucoup trop décousue, cette vie où l’argent venait à manquer. Cette vie qui devenait de la survie. Alors, indéniablement, les livres ont une grande importance pour la jeune femme. Ils ont une place prépondérante dans sa vie. C’est sûrement pour cette raison qu’il est aussi difficile pour elle d’admettre que son petit-ami soit aussi peu intéressé. Aussi ignorant sur le sujet, au point de ne pas connaître un si grand classique. Face à son regard interloqué, elle le fixe, quant à elle, d’un air dépité, peinant encore à y croire. – Il s’agit du titre ! Et je t’assure que tu aimerais beaucoup, cela parle de la société qui serait sous surveillance. C’était extrêmement novateur à l’époque, c’est encore complètement dans l’actualité. Cela lui plairait… Elle est sûre que cela lui plairait. Mais il lui brise son rêve en un instant en lui rappelant qu’elle aime un homme qui n’apprécie pas la littérature. – Tu peux ne serait-ce qu’essayer. répond-elle d’une petite voix, espérant bien qu’il change d’avis. Elle ne veut pas le changer, Isa, vraiment pas… Mais elle a envie de partager ce qu’elle aime avec lui. C’est peut-être parce que leur couple, officiellement, est encore tout nouveau. Ou peut-être aussi qu’elle refuse de sentir leurs différences les séparer… Comme cela a été le cas avec d’autres avant lui. Ils n’en sont toutefois pas là. Il est encore en train de la taquiner. Et, alors qu’il tente de la rassurer, la Latina voit bien qu’il est loin de lui accorder le bénéfice du doute. Il surenchérit en lui rappelant qu’elle est le genre de femme à amener un livre à un match de baseball. – Il n’empêche que je suis là. assure-t-elle avec un petit sourire, presque fière. Elle commence enfin à déguster son hot-dog quand elle entend ses paroles. Elle relève la tête vers lui pour croiser son regard. – Tu es pire qu’une drogue Nikolaï Warren. avoue-t-elle sans le quitter des yeux, mais pas trop fort non plus. Elle n’a plus peur d’exprimer ses sentiments, pas avec lui, mais elle n’est pas du genre à les exposer devant autant de personnes. Même si, à l’exception des deux amoureux, tous sont obnubilés par le match qui se déroule sous leurs yeux. Un sourire ravi apparaît sur le visage de la belle à la promesse de son petit-ami. – Tu m’en vois ravie. assure-t-elle d’une voix malicieuse. Elle hoche la tête d’un air assuré à sa question, bien confiance pour le coup. – Tous, tous, tous. Tout ce que tu voudras. précise-t-elle néanmoins car elle ne veut pas non plus l’oppresser à rester constamment avec lui. Elle est prête à sacrifier un peu de son temps pour faire quelque chose qu’elle n’apprécie pas forcément… Si c’est à ses côtés. Elle profite de son baiser tout autant que de sa petite déclaration. Elle ne prête plus du tout au match, ni même au monde qui les entoure. Son regard le dévore sans un bruit. – Ah oui… Vraiment ? Elle rapproche son visage du sien pour déposer un baiser contre ses lèvres, puis un autre dans son cou, juste pour lui murmurer à l'oreille. – Est-ce que cela signifie que tu voudras bien lire 1984 pour moi ? Elle ne perd jamais ses objectifs de vue, Isa.