dancing in the grey / arya

Il y a une frontière entre Louve et Arya. Un trou béant que l'orpheline s'efforce de remplir, cherchant à se connecter avec cet être qui semble être son opposée. Elle veut tout connaître de cette inconnue aux yeux torturés, découvrir ses secrets les plus enfouis et toucher son cœur du bout des doigts. Ce n'est pas par désir de mêler leurs deux corps alcoolisés qu'elle reste, mais parce qu'elle profondément intriguée par la personnalité qui se dessine derrière les jolis traits du visage d'Arya. La vérité que Louve pourrait rester des milliers d'années aux côtés de cette dernière, à déchiffrer et résoudre les mystère qui tournent autour d'elle. Elles ne se connaissent pas vraiment, survolent à peine les cicatrices de leur âme et pourtant, Louve voit de la profondeur dans chaque mot échangé. Elle imprime le visage d'Arya dans son esprit, retient le timbre de sa voix et boit ses paroles comme elle enchaîne les shooters. Et quand elle entrevoit la douleur profonde dans l'entièreté des syllabes glissant hors de ses lèvres, Louve s'autorise un toucher qui réchauffe son cœur malade. Il veut dire beaucoup – sans pour autant exprimer assez puissamment ce qu'elle ressent. Sa main posée sur la sienne, peau contre peau, elle tente de lui faire comprendre qu'elle est là – que ce soit pour une nuit, une semaine, un mois, une année, une éternité. – Je viens de Los Angeles. Los Angeles qui se trouve à l'autre bout du pays, ville différente de ses paysages à son fuseau horaire. Louve peut comprendre les difficultés qu'éprouve Arya. – J'ai toujours rêvé d'aller à Los Angeles, qu'elle affirme avec un léger sourire. Ses rêves sont nombreux et tous consistent à un ailleurs, à une vie loin du Queens et de l'état de New York. – Et toi ? Tu as toujours vécu à New-York, dans le Queens ? Sa main retirée de celle d'Arya, Louve revient tapoter l'un des verres sur le comptoir. – J'ai grandi à New York, mais pas dans le Queens. Ce quartier est son refuge, sa promesse d'une nouvelle vie. Je viens du Bronx, en fait. Elle détourne le regard pour le pauser sur le bois dégueulasse, ses ongles venant le rencontrer dans un mauvais rythme. Le dire lui rappelle d'où elle vient, réveille les douleurs au plus profond de son être. Ça fera sept ans en septembre que je suis arrivée dans le Queens. Louve relève les yeux vers Arya, un nouveau rictus venant étirer ses lèvres mouillées. C'était difficile, au début, mais je m'y suis fait. Il n'y a pas de raison que ce ne soit pas le cas pour toi.

@arya warren

Louve ne sait pas pourquoi elle se raccroche à l'inconnue à ses côtés. Pourquoi elle ressent ce besoin de la garder près d'elle comme si son départ signifiait l'apocalypse. C'est certainement le vide qu'elle sent creuser sa poitrine ou la souffrance venant embrumer ses opales. Il y a un lien qui se forme entre elles, invisible et puissant – quelque chose de presque aussi intense que ce qui relie une mère à ses enfants, des jumeaux, des âmes sœurs. Louve le ressent dans ce contact initiée d'elle-même, dans la sensation de sa peau contre la sienne et de la chaleur qui l'accompagne. Et si elle voudrait la toucher jusqu'à ce que la Terre explose sous leurs pieds, c'est par respect qu'elle se décide finalement à retirer sa main, celle d'Arya semblant y avoir laissé des marques qu'elle est la seule à entrevoir. Cette dernière s'ouvre doucement, annonçant sa fraîche arrivée et la vile abandonnée derrière elle. Louve ne peut s'empêcher de rêvasser un court instant et de s'imaginer à l'autre bout du pays, loin de Blaise et de la violence qui l'accompagne, loin du Queens et de la noirceur qui ne cesse de se propager à l'intérieur de son être. – Je pourrais peut-être t’y emmener, un jour, qui sait, que sa compagne du moment affirme, étirant toujours plus le sourire qui orne le visage de l'orpheline. Il y a quelque chose, là, au fond de ses entrailles. Ça réchauffe son corps entier, fait battre son cœur un peu plus fort. – J'adorerais ça. Ce n'est qu'un murmure, mais elle sait qu'Arya a entendu. Que de toute manière, entre elles, les mots sont superflus. Très vite, la question lui est retournée et son visage perd de son éclat. Son passé, elle le préfère enterré. Son passé, elle souhaiterait ne plus jamais en parler. Cependant, elle le laisse quand même s'échapper en essayant de ne pas s'y noyer. – Comment tu en es venue à venir vivre dans le Queens ? Louve ressert son emprise sur le verre entre ses doigts, détournant le regard pour le poser sur le peu de liquide qui y reste. – C'est... compliqué. Elle n'offre que ça, mais c'est déjà assez. Comment expliquer sa vie dans son intégralité ? Comment parler de son enfance et adolescence ? Des années sous cachetons et du sauvetage de Blaise avant qu'elle ne s'écrase complètement ? C'est impossible. – C’est gentil à toi d’essayer de me réconforter, qu'ajoute Arya, sentant certainement le malaise qui s'est fait un nid dans la boîte crânienne de Louve. Cette dernière retrouve doucement son sourire et relève des yeux plein de bienveillance vers elle. – C'est normal. Rien n'a jamais été aussi naturel. Je peux me permettre de te poser une autre question ? Louve pose un coude sur le comptoir, puis son menton dans sa paume pour avoir une vue complète de son acolyte. Une fois que cette dernière a acquiescé, elle demande : Qu'est-ce que tu fais ici, dans ce bar miteux où se retrouvent les hommes les plus lourds de New York City ? Il y a bien une raison, Arya, pour que tu te mettes en danger comme ça.

@arya warren

☾ ☾ ☾
{ she finds it hard to trust someone }
crédit/ tumblr ☾ w/@louve koroleva

Les projets lancés d’une parole légère. Les projets qu’elle s’imagine déjà, avec cette parfaite inconnue. Les projets qu’elle ne fait plus, les projets qu’elle ne rêve plus, depuis qu’elle se ferme au monde. Depuis qu’elle a cadenassé son cœur. Les projets qu’elle balance pourtant, laissant parler son instinct, laissant guider ce qu’elle ressent. Ce sentiment bien présent. Ce sentiment qui la fait planer. Cette inconnue avec qui elle se sent bien. Etrangement bien. Pour la première fois depuis longtemps. Et tout s’efface. La souffrance. Les crises. La rancœur. La colère. Il n’y plus rien. Rien à part le visage de Louve, son sourire qui incite celui d’Arya, sa réponse douce, claire, qui enivre son cœur.Elle adorerait, et toi aussi, Arya. T’adorerais partir avec elle. Peu importe où. Peu importe quand. Et cette idée qui ne quitte plus son esprit alors qu’elle reprend, espièglement. - On ira. L’assurance. L’envie de s’évader. De s’évader avec celle dont le contact est une bouffée d’oxygène. L’envie de s’évader avec celle dont elle n’oubliera pas le nom, le visage. Celle qui l’intrigue, qui l’attire, bien plus qu’elle ne le voudrait, bien plus qu’il ne le faudrait. T’as fermé ton cœur, Arya. Pourtant, quand tu vois son visage s’assombrir, ça te fait quelque chose. Une question jetée, à laquelle elle n’a visiblement pas envie de répondre. Le regard fuyant, l’esprit embrumé par un passé peut-être un peu trop douloureux. Et elle ne veut pas, Arya. Elle ne veut pas lui faire mal avec cette question. Elle ne veut pas lui faire mal avec ses mots. Et pour l’apaiser, elle pose doucement sa main contre son bras. La tendresse s’évade du bout de ses doigts délicats, rejoignant la peau de la louve. Aucun mot ne sort, son geste suffit. Son geste suffit pour lui dire ce n’est rien, ne t’en fais pas. Elle n’attend pas plus. Pas plus de mots. Pas plus de paroles. La savoir ici lui suffit. Mais elle reprend à son tour la parole, l’envie brulante de lui poser une question. Une question à laquelle elle ne s’attend pas, et qui pourtant, prend tout son sens. - Je suis passée devant. Et… Peut-être que c’est justement ce que je cherchais. Peut-être. Peut-être que c’est ce qu’elle veut, se détruire. Le mystère qui plane, parce qu’au fond, elle a du mal à savoir elle-même. Du mal à se dévoiler. Du mal à se montrer. Elle. Arya. La vraie Arya. - Et puis je t’ai trouvé, toi. Le regard qui se plonge dans le sien, avec sincérité. Les mots qu’elle ne dit pas mais qui se font pourtant entendre. Et je suis contente de te connaître, Louve. Contente d’être tombée sur toi, ta beauté, ta douceur, et tout ce que tu dégages. Ce début de relation dont elle a fiévreusement besoin, ce soir.