young hot and broke (caïn)

Des bruits de pas résonnent sur le plancher grinçant de l'appartement, témoignant de l'agitation qui règne dans l’habitation. Par l'embrasure de la porte, si quelqu'un venait à y jeter un œil, il pourrait apercevoir des vêtements fuser dans tous les sens. Des ébats d'amoureux ? Non, juste Rose en proie à une énième crise vestimentaire - et sûrement à deux doigts de faire criser les voisins du dessous si elle n'arrête pas d'arpenter la pièce avec tant d'animosité. Débardeur, veste en jean, jean troué, chaque vêtement traverse la pièce à la volée pour finir maladroitement sa course sur le lit, ayant été extirpé de la pile de cartons recouvrant le sol, qui menace de s’écrouler depuis maintenant plusieurs jours. Tirant sur l’une des boîtes en bas de la pile qu’elle parvient à ouvrir à moitié, elle trouve enfin le haut noir qu’elle cherchait. La montagne de vêtements sur le lit commence à prendre une taille inquiétante, mais la blonde passe devant sans y accorder un regard, se ruant dans le salon pour enfiler des chaussures et attraper son trousseau de clé avant de quitter la pièce.

En temps normal, Rose n’est pas très bordélique. Elle aime savoir où sont les choses et a d’ailleurs la sale manie de tout ranger quand elle a besoin d’évacuer le stress. N’ayant pas eu de chambre à proprement parler avant ses onze ans, elle a pris plaisir à soigneusement organiser la sienne une fois qu’elle lui a été octroyée. Elle en ferait bien de même pour son nouvel appartement si ses horaires de travail le lui permettaient. Fin l’avait déjà bien aidée cette semaine, et elle n’avait pas voulu lui imposer le rangement de son dressing en plus du reste. Aujourd’hui, c’est son premier week-end dans son nouveau logement, c’est le moment propice pour se consacrer au reste des cartons qui encombrent encore les lieux, c’est ce à quoi elle aurait dû se consacrer dès le réveil. Mais à la place, Rose est en train de courir à l’autre bout de la ville pour aller chercher une table basse.

Après avoir supporté cinq minutes de bavardage avec la voisine du premier (qui tenait à lui présenter son nouveau chien Molaire, c’est un gentil chien Molaire, un carlin, mais il a un abcès à la patte, du coup elle pense l’emmener chez le vétérinaire, mais pas celui de la rue smith, ce sont des voleurs) un feu rouge grillé et quelques insultes versées, la voilà qui débarque à pas pressés dans le hall d'entrée d’un énorme bâtiment. Un coup d’oeil rapide lui permet de constater que le couloir à lui seul fait deux fois la taille de son nouvel appartement. Elle tente de reprendre son souffle et de ne pas avoir l’air d’une folle furieuse tandis qu’elle passe devant le réceptionniste -qui a franchement une tête à s’appeler Alfred- et se dirige vers l’ascenseur, enfonçant le bouton de l’étage que son interlocuteur lui indiquait à l’interphone quelques secondes plus tôt. Une sonnerie retentit, des portes s’ouvrent, et elle reste un instant bouche bée devant la cage au sol de marbre et au plafond doré. La seule chose qui lui vient à l’esprit tandis que l'ascenseur l’emporte à plusieurs dizaines de mètres dans les airs, c’est qu’à ce stade elle ne serait pas surprise si c’était James Bond qui lui vendait cette foutue table basse.

Mais ce n’est pas James Bond, comme elle le découvre quelques minutes plus tard après avoir sonné à ce qu’elle espère être le bon appartement. Ce n’est pas James Bond mais c’est peut-être mieux, ou c’est peut-être une catastrophe. Elle hésite encore sur le sujet tandis qu’elle fixe d’un air ébahis son interlocuteur se tenir dans l’embrasure de la porte. Il ressemble bien trop au garçon sur lequel elle bavait au lycée pour que ce ne soit une coïncidence. Le nom lui revient en tête en un éclair, ce qui n'est pas étonnant puisqu'elle a passé une année entière à l’écrire sur ses cahiers et l’entourer de petits cœurs : c’est Caïn qui vient de lui ouvrir la porte. Et elle est encore sous le choc Rose, donc quand elle essaye de lui expliquer qu’elle vient pour le meuble, ça ressemble plus à :
- Je viens pour Rose, enfin la table, c’est moi Rose, la table basse.

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feat Rose Markle

☾☾ Réveil difficile pour le nouveau prince de la pauvreté, le beau brun qui s’est amusé une énième fois à faire la fête du vendredi au dimanche matin. Surement qu’il devrait calmer ses pulsions fêtarde Caïn mais bordel, qu’est-ce que ça fait du bien de profiter, de ne pas penser durant quelques heures aux problèmes du quotidien. La bringue dont il profite bien différemment depuis quelques temps, depuis que sa vie toute entière a changé en réalité. Avant, faire la fête c’était quelque chose de simplement amusant, juste de quoi profiter d’une sortie entre potes et aussi, d’afficher à tout le monde dans les carré v.i.p. qu’il avait les meufs et les bouteilles les plus bonnes à sa table. Maintenant quand il va faire la fête, c’est pour se libérer d’un quotidien de galérien, c’est pour reprendre son rôle de jeune héritier qui lui sied si bien. Juste un soir ou deux dans le mois où il reprend la vie qu’il aime tant, une vie dont il n’avait même pas conscience avant que tout change. Mais déjà, le week-end est quasi terminé, déjà il va devoir se remettre à trouver des solutions pour vivre encore un mois dans cet appartement ainsi que trouver de quoi se nourrir, de quoi montrer au monde que les Scorza vont bien, que y’a pas de quoi s’inquiéter l’héritier ne va pas se mettre à faire la manche d’aussitôt.

Mais par contre, il commence à vendre ses affaires. Si il y a quelques semaines il apprenait l’existence des friperies, depuis quelques jours c’est sur craiglist qu’il passe son temps le rital. Le beau brun qui se met à vendre tout ce qui ne lui sert pas dans l’appartement. Caïn qui s’est rendu compte qu’il y avait tout un tas de chose dans ce loft aménagé dont il n’avait même pas la connaissance, des choses qu’il n’a jamais utilisés alors autant se faire du fric dessus. Puis y’a aussi les meubles qu’il trouve simplement inutile, plus à son gout – bizarrement lorsqu’il n’a plus d’argent, monsieur commence à être regardant sur ce qu’il aime ou non dans son appartement, well – et y’a cette table basse vendue quelques heures après qu’il ait posté l’annonce, le meuble qu’à son humble avis il a dû utiliser peut-être 4 fois juste pour poser son cendar ou ses pieds à l’occasion. Car finalement, il n’a jamais trop eu à vivre dans cet appartement puisqu’il était toujours en vadrouille aux quatre coins du monde à vivre sa meilleure vie, il n’y a que depuis un an qu’il est quasi que cloîtré ici. C’est que maintenant qu’il découvre réellement son appartement et puisque certaines choses n’ont aucune utilité, autant que ça serve à la personne qui est venu proposer une centaine de billet pour lui acheter, ça lui fera toujours ça en moins à trouver pour payer le loyer.

C’est donc après une trentaine de minute à se battre avec lui-même et son matelas trop confortable qu’il s’est enfin décidé à se lever Caïn. Juste le temps de boire un café, prendre un cachet pour son mal de crane et filer à la douche. Le jeune homme qui vient à peine de finir de s’habiller lorsque l’interphone se fait entendre, le garçon qui se dirige de sa démarche nonchalante jusqu’à celui-ci, ouvre la porte de l’immeuble en appuyant sur un bouton et prévient la demoiselle qu’elle doit monter au dixième étages. En attendant, le tatoué se permet de passer devant le miroir accroché dans l’entrée, passe une main dans ses cheveux encore légèrement mouillés pour les mettre vers l’arrière avant de jeter un dernier œil à la table basse qui bientôt aura quitté les lieux. Et déjà, il se dirige vers la porte, l’ouvre et attend sagement que la personne arrive. Le temps qui semble toujours deux fois plus long dans ces circonstances mais enfin, les portes de l’ascenseur s’ouvrent, une petite silhouette féminine fait son apparition et bug un instant devant lui.

Caïn qui ne remarque même pas tout ça, regarde juste la jolie fille devant lui en se demandant déjà comment elle va faire pour porter le meuble puisqu’apparemment elle est venue seule. A moins que quelqu’un l’attende en bas de l’immeuble ? Il sait pas, s’en fiche un peu et lui sourit, essaie de ne pas rire en entendant ses présentations plutôt bafouillées, sans queue ni tête qui porte à confusion quand on l’écoute bien :

« Enchanté Rose la table basse, je suis Caïn. Vas-y tu peux entrer. »

Le garçon qui s’écarte pour la laisser passer, se retient toujours autant de rire et referme la porte derrière elle une fois qu’elle est à l’intérieur, la regarde avancer dans son entrée sans trop savoir où aller alors d’un mouvement de tête il lui montre le salon, l’invite à se diriger vers là-bas, pour qu’elle puisse voir la table basse avant de se décider si oui ou non, elle la prend.

« Ça va t’as pas eu trop de mal à trouver l’immeuble ? Du coup ouais, c’est celle-là, elle est comme sur les photos franchement je l’ai quasi pas utilisé, j’étais pas souvent là ces dernières années du coup elle a juste stagné là… »

Il hausse les épaules, vient placer ses mains dans les poches de son sweat avant de venir poser ses onyx sur elle, la poupée qui semble gênée, jette des coups d’œil un coup sur lui, un coup sur la table basse.

« Vas y hein, tu peux la regarder de fond en comble si tu veux ça me gêne pas j’imagine bien que quand on est Rose la table basse, on veut voir si sa petite sœur est indemne… »

Caïn qui se moque gentiment de la jeune fille face à lui, refait référence à comment elle s’est présenté à lui devant la porte d’entrée. Le brun qui ne s’imagine pas une seule seconde qu’en réalité elle puisse être troublée par lui, que fut un temps elle était son goal au lycée.

La blonde aurait sûrement déjà fait demi-tour si elle en était capable, mais il semble que la rencontre n'ait pas laissé sa motricité indemne. Ce qu'elle vient de bafouiller en est la parfaite illustration. Mais elle n’a que quelques instants pour se lamenter sur son sort Rose, parce que d’un coup Caïn lui sourit et elle la ramène plusieurs années en arrière, six ans exactement, l’année de sa première. Là où elle aurait tué pour que ce genre de sourire lui soit adressé. Bon, elle aurait peut-être pas tué à proprement parlé, mais elle en aurait fait des choses, d’ailleurs elle en avait fait. Une flopée d’actions dont le niveau de stupidité n'avait pour unique but que celui de dépasser le niveau de stupidité de la précédente. Des conneries, des choses faites sans réfléchir -ou très peu- dans l'espoir de se faire remarquer par celui qui était le centre de l'attention à l'époque, celui sur lequel elle se plaisait à rêvasser pendant des heures. Parce que c’était plaisant au final, c’était nouveau, et tellement plus agréable que de ses soucis habituels : qui va se moquer de mes baskets trouées aujourd'hui ? est ce que la pimbêche assise à côté de moi en cours de littérature va encore tirer ma chaise avant que je m'assois ? ou encore, qu'est ce qu'on m'aura encore volé quand je vais rentrer au dortoir ce soir ? Caïn a été le premier garçon à occuper les pensées de la blonde différemment. Hormis Fin, peut-être, mais là aussi c’était différent, elle passait surtout ses nuits à imaginer des plans de vengeance face aux humiliations quotidiennes qu'il lui infligeait.

Caïn c’est ce qu’elle appelle aujourd’hui son crush d’ado, ce terme qu’on utilise quand on veut justifier cette période où un seul être suffit à vous rendre complètement teubé, celui où les hormones se bousculent et on préfère paraître comme la pire des bécasses plutôt que de ne jamais se faire remarquer par l’être aimé - du moins c’était le but de Rose, et ça a complètement échoué. Elle en a la preuve encore aujourd’hui lorsqu’il l’invite à entrer et se présente comme si c’était la première fois qu’ils se rencontraient, se moquant un peu de la façon dont elle lui a donné son nom. Elle se secoue, elle met un pied devant l’autre et elle passe le pas de la porte, ravie qu’on lui présente une excuse pour détourner son regard du brun quelques instants.

Elle s’arrête bien vite dans sa course parce qu’elle déboule dans un couloir qui semble présenter une dizaine de possibilités. La pièce est plus longue que le couloir de son immeuble mais ça elle va bien se garder de le dire, alors elle suit le regard du brun et se dirige vers un salon assez épuré. La dite table basse l’attend sagement quelques mètres plus loin et elle vient se placer à côté du meuble tandis qu’il lui parle depuis l’autre côté, l’air un peu nonchalant. Elle met environ cinq secondes à remarquer qu’elle n’écoute pas du tout ce qu’il est en train de raconter, mais vu qu’il a les yeux posés sur la table il n’est pas difficile de comprendre sur quoi porte le sujet. De quoi d’autre est ce qu’il pourrait bien lui parler, en même temps ? Elle est pas venue ici pour prendre un café. Le brun la charrie un peu sur ce qu’elle a bafouillé à l’entrée, et comme Rose ne sait pas garder sa langue dans sa poche plus de quelques secondes, des mots se forment et passent ses lèvres avant même qu’elle ne puisse y songer.
- C’est bizarre, t’avais pas l’air si drôle au lycée.

Y a un blanc de plusieurs seconds, qui s’étire et s’allonge, tandis que le jeune homme la regarde avec cet air qui montre qu’il ne comprend absolument pas ce que cette remarque vient faire au milieu de la conversation. Elle elle a envie de creuser un trou au milieu du salon, de s’enfouir dedans et de placer la table basse au dessus histoire de plus avoir à se mettre dans l’embarras toute seule devant ce type qui a sûrement mieux à faire de son samedi matin. Mais elle a pas de pelle, alors à la place elle ferme un instant les yeux, elle prend une grande inspiration et elle se corrige.
- Désolée ça n’a aucun rapport, c’est juste que je suis pratiquement sûre qu’on était dans le même lycée. Ta tête me dit quelque chose.
Elle te dit quelque chose, c’est ça Rose. Elle a quand même bien le droit de rester évasive sur le sujet, c’est la seule façon de conserver le peu de fierté qui lui reste.
- A part ça la table a l’air bien, enchaîne-t-elle rapidement dans l’espoir de changer de sujet, ou plutôt de le ramener dans le droit chemin. Le chemin que n’importe quelle personne saine d’esprit est sensée emprunter quand elle répond à une annonce lambda sur Craiglist. Ça lui traverse même pas l’esprit qu’elle a à peine accordé un regard au meuble en question, et que ce genre de réponse ne contribue en rien à la crédibilité de son intérêt supposé pour le meuble. Pour sa défense, n’importe qui faisant face à son crush d’ado voit ses intérêts un peu bousculés. Même six ans plus tard. Non ?

Le pauvre Caïn, il doit être en train de se demander s'il est pas à deux doigts de se faire assassiner par une stalkeuse. Et à ce stade, elle peut même pas lui en vouloir.

feat Rose Markle

☾☾ Elle semble dans ses pensées la jolie blonde, ne répond même pas à sa question lorsqu’il lui demande si elle a facilement trouvé son chemin, si elle n’a pas galéré pour arriver jusqu’ici. Il aurait pu simplement ne pas faire gaffe à ce manque de réponse Caïn, aurait pu se dire que cette nana n’est pas là pour diverger, faire la conversation et veut juste faire un bon deal, payer ce qu’elle lui doit et s’en aller. Mais y’a cette phrase, ces quelques mots qu’elle prononce qui l’obligent à redoubler son attention sur elle, quelques palabres prononcés qui le forcent systématiquement à froncer les sourcils car c’est certainement pas la réponse à laquelle il s’attendait. Ils se connaissent ? Il en a pas l’impression pourtant, l’italien qui pendant quelques secondes la toise de son regard sombre pour retracer ses traits, se replonger des années en arrières, essaie de retracer sa scolarité mais n’arrive pas à la placer dans le temps.

Non, elle lui dit vraiment rien et c’est plutôt gênant. Il commence même à se demander si il n’aurait pas couché avec elle, durant une soirée étudiante peut-être ? Il sait pas, il en a vue des tonnes de gens, en a fréquenté beaucoup trop des filles mais elle, aussi jolie soit-elle y’a rien qui lui revient en tête. Et surement que ça se comprend, ça se remarque qu’il est désemparé par la situation. Surement qu’elle a bien vite compris qu’il ne la reconnaissait pas car déjà elle ajoute en s’excusant que ceci n’a aucun rapport mais qu’elle est presque sûr qu’ils étaient dans le même lycée.

« C’est pas impossible en fait, j’ai fait deux lycée durant ma scolarité t’étais dans lequel ? »

Scolarité légèrement compliqué pour l’héritier Scorza. Un premier lycée privé, là où ses parents l’ont forcé à aller en espérant qu’il devienne soudainement un super élève, se trouve un attrait pour les finances ou le droit et reprenne les affaires de papa un jour si il le souhaitait. Sauf que l’école ça n’a jamais été le fort de Caïn, ça c’était plutôt celui de sa sœur qui elle, est une vraie tête. Le tatoué lui, il pensait qu’à rire et faire le pitre en classe et lorsqu’il ne perdait pas son temps à amuser la galerie c’est sur le terrain de foot qu’il se dépensait. Un jeune homme qui n’en faisait qu’à sa tête, jouait les rebelles et dans une école pareille ça ne passait certainement pas un tel comportement et des notes si médiocres. C’est sans l’once d’un remord, par peur que leur statistique ne chute que le Marymount Manhattan College en cours d’année convoqua les Scorza pour prévenir qu’il était impossible pour eux de garder Caïn sur leur banc. Aussi riche soit la famille, l’éthique de cette école passait au-dessus des pots de vin et autre astuce que souhaitait employer son géniteur pour qu’il reste dans cette école, cette bulle aseptisé pour les gosses de riche.

Puis y’a eu le deuxième lycée, cette fois public. Le lycée dans lequel Caïn a obtenu son diplôme, finissant par on ne sait quel moyen ses études étonnant ses parents, sa sœur et même lui. Le lycée il aura tout autant fait impression car il avait l’attrait de la nouveauté, que tout le monde savait qu’il était riche et pourquoi il finissait ses études ici plutôt que dans son petit lycée de bourgeois. Il se sera fait quelques amis là-bas, aura eu quelques copines aussi. Mais rien de bien notable en soi.

« Et comment ça j’avais pas l’air si drôle du coup ? Dans quel sens ? T’essaie de me faire comprendre un truc Rose ? Attention, j’vais doubler le prix de la table. »

Qu’il lâche en la regardant dans les yeux, le sourire en coin. Il se fait curieux Caïn, si elle préfère parler de la table pour remettre un peu d’ordre dans le cours des choses, lui il préfère faire un léger retour en arrière et savoir ce qui se disait. Non pas qu’il en ait quelque chose à faire mais ça l’amuse quand même de savoir.

« Je blague hein, d’ailleurs on est ok pour le prix du coup 100 dollars ? »

Elle sent le regard du brun posé sur elle, ce genre de regard qui la scrute et se suffit à lui seul. Celui qui porte tout un tas de questions muettes. Aussi silencieuses soit elles, Rose a déjà l’impression d’entendre les interrogations du jeune homme. Elle les redoute même, elle les sent arriver, parce qu’à ce stade il est quand même difficile d’imaginer qu’il puisse simplement mettre sa remarque de côté. Alors elle fixe ses pieds, elle se tortille, se balance un peu nerveusement de droite à gauche, comme pour tenter d’échapper à la vue de son ancien crush et à la question qui va bientôt fuser. Celle qui risque d’ailleurs hautement de ressembler à « est ce que tu peux dégager de chez moi ? »

Mais il n’en fait rien. À la place il lui demande quel lycée elle a fréquenté, confirmant après un silence que même après examination, il est bien incapable de placer un nom sur le visage de la blonde. Elle peut difficilement lui en vouloir, les espoirs qu’elle portait de se faire remarquer par l’italien à l’époque s’étaient d’abord élevés, puis envolés, avant de simplement s’écraser à la fin de l’année. Car le brun n’avait pas gracié les couloirs de leur lycée très longtemps, il n’y avait fait que sa terminale. Ça elle le savait pour sûr, parce qu’elle avait pris soin de rassembler toutes les informations qu’elle avait pu trouver sur lui dans les semaines qui avaient suivi son arrivée. Tâche qui ne s’était pas révélée bien difficile, puisque la moitié des gamines de sa promo s’étaient fixées le même objectif que Rose quand Caïn avait commencé à fréquenter leur lycée. Un nouvel élève, ça fait toujours sensation. Si au delà de ce détail, le dit élève il a une belle gueule, les rumeurs se mettent vite à fuser. Mais le crush de Rose, si intense eut il été à l’époque, était surtout intensément banal, car partagé avec au moins cinq filles de sa classe. Toujours est-il que ces dernières avaient au moins eu le mérite d’être assez courageuses pour aller se présenter, et marquer un tant soit peu la mémoire du brun. Ce n’était pas le cas de Rose.

- Queens Metropolitan High School, lui dit elle donc en se forçant à lever le regard. Je dis que t’avais pas l’air drôle parce que si t’es bien le même Caïn, t’avait brisé le coeur d’une fille de ma classe, enchaîne-t-elle, tentant de justifier ses commentaires hasardeux. Isabella. Elle a pleuré pendant des semaines, dit-elle d’un ton faussement dramatique.

Elle aurait pu ajouter qu’elle elle s’en était franchement réjoui, mais mentionner une anecdote avec tant de précision tirait déjà un peu trop la sonnette d’alarme sur l’exactitude de ses connaissances sur Caïn durant cette brève année. A la place elle se force à faire un tour autour du meuble pour lequel elle est venue, et l’examine un peu plus attentivement. Aucun coup, pas de griffe, la table est comme neuve. A croire qu’il veut vite se faire de l’argent, parce qu’à ce prix c’est presque donné; il pourrait bien doubler le prix s’il le voulait, même si elle se doute que ce n’est qu’une blague. Peut-être qu’il se drogue ?
Et peut-être qu’on s’en fout Rose? Tu vas pas recommencer, se fustige la blonde tentant de ne pas laisser ses pensées s’éparpiller.

- Euh ouais, cent dollars c’est parfait. Je la prends.

Son regard reste perdu l’espace de quelques secondes, tandis qu’elle se rend compte qu’elle ne sera définitivement pas capable de descendre le meuble à la seule force de ses faibles bras. Comment elle comptait s’organiser déjà ? Ah oui, ça lui revient : elle y avait absolument pas pensé. Dans ce genre de situation, la blonde espère souvent tomber sur une âme charitable qui se rendra compte qu’elle n’est pas apte à se débrouiller toute seule. Mais quelque chose lui dit que pour que Caïn comprenne qu’elle ait besoin de lui, il lui faudra plus qu’un simple sous-entendu. On parle quand même d’un gars qui a laissé un crush lui passer au dessus de la tête pendant un an. Un crush gros comme une maison.

- Ça t’embêterait de m’aider à la descendre... ? lui demande donc la blonde, grimaçant légèrement.

Honte, elle devrait avoir honte. Mais si elle peut en profiter pour admirer pendant quelques minutes supplémentaires le magnifique travail que la puberté a fait sur le brun... pourquoi pas.

feat Rose Markle

☾☾ Elle parait timide la poupée qui lâche des informations si énormes, les yeux tout le temps rivé sur ses pieds, l’allure tanguant d’une jambe à l’autre comme si restait statique lui était impossible. Et pourtant elle parle d’une voix franche, relève les yeux vers lui lorsqu’elle lui donne le nom du lycée dans lequel il a bel et bien été scolarisé pour sa terminale. La Queens Metropolitan high school, les souvenirs qui soudainement lui vienne par dizaine en tête en repensant à l’année qu’il a passé sur les bancs de ce lycée. Notamment les amis qu’il a pu s’y faire, quelques collègues de longue date qu’il voit encore maintenant, malgré le passage du temps. Il y a eu les filles, un bon nombre de filles avec lesquelles il est sorti, sur lesquelles il a joué de ses charmes pour les mettre dans son lit.

Et apparemment, ses frasques amoureuses ont laissé des traces dans la mémoire de certaines. Le garçon qui tente de retenir un rire en écoutant Rose lui dire que si il est celui qu’elle croit, il a fait du mal à une certaine fille de sa classe, et il n’en doute pas le brun. Il n’en doute pas car il sait qu’il a brisé quelques cœurs ces dernières années mais le pire dans cette histoire c’est qu’il n’a jamais menti sur ses intentions le beau brun, n’a jamais demandé à quiconque de s’attacher à lui, d’en tomber amoureuse. Lui, il ne voulait que s’amuser, des amourettes d’un mois le temps de se lasser et de passer à autre chose, d’enchainer. Et cette Isabella, il en a de brèves souvenirs. Une image floue qui s’impose dans sa tête d’une jolie petite brune au teint matte avec des grands yeux verts contrastant avec tout le reste. Une fille bien jolie, mais comme beaucoup d’autre qu’il a pu fréquenter.

« Ah bah merci Isabella de me faire passer pour un briseur de cœur lorsqu’on s’était mis d’accord pour que ça soit une relation purement… »

Et car il y a des détails qu’il ne vaut mieux pas sortir, il préfère se taire le tatoué. De toute façon son silence en dit long sur la nature des rapports qu’il entretenait avec ladite Isabella. Mais tout ça, c’est de l’histoire ancienne.

« Enfin bref, oui j’étais bien dans ce lycée du coup. Je suis ce Caïn, j’ai passé qu’une année là-bas et j’étais pas un élève super attentif du coup désolé j’ai quelques têtes qui me reviennent vaguement mais je me rappelle pas de toutes les personnes qui côtoyaient ce lycée, dont toi, ce qui est dommage. T’étais en qu’elle classe toi ? »

Il se trouve des excuses l’italien, bien évidemment. Il dégaine même son plus beau sourire pour lui dire ça, car il n’a aucun argument pour excuser le fait qu’il ne l’ait jamais remarqué. Et aussi, qu’il n’ait jamais regardé une jolie fille comme elle. Mais peut-être qu’en ce temps-là, elle n’était pas aussi jolie qu’actuellement Rose, peut-être qu’elle portait un appareil dentaire et s’habillait comme un sac. Possibilities are endless.

Et tout en tentant de se donner le beau rôle, y’a de l’argent à se faire quand même. Bien qu’elle soit jolie comme un cœur la jolie fille au prénom de fleur il est là pour se faire 100 dollars le brun et justement, elle acquiesce le prix énoncé la blonde. Ça le soulage que pour une fois, l’acheteur n’essaie pas de l’avoir, pas comme cette diablesse de la friperie qu’il a croisé la semaine d’avant.

« Ok cool, du coup t’as de l’espèce ou un chèque ? C’est comme tu préfères… »

Les épaules qui se haussent et la réponse qu’elle lui donne juste après. Tout se passe bien, beaucoup trop bien jusqu’à qu’elle lui demande un coup de main alors qu’il vérifie la somme donnée. Il se met à cligner des yeux Caïn, comme si il avait mal entendu. Lui, Cain Scorza il doit jouer les déménageurs … ? Il jette un coup d’œil sur la jolie fille, puis sur la table. La transaction qui peut être clairement annulé si il ne met pas du sien et il se retient de soupirer le brun, pince un instant les lèvres avant de finalement lui dire :

« Je pensais que quelqu’un t’attendait pour t’aider mais bon si il n’y a personne hein… Je suis ton homme. »

Faute de choix hein, sans quoi il n’aurait jamais accepté. Les deux jeunes gens qui attrapent chacun d’un côté la table et la soulève jusqu’à la porte d’entrée ou Caïn est finalement obligé de lui demander la reposer pour ouvrir celle-ci. Une première étape qui prend quelques minutes avant de comprendre qu’ils doivent pencher la table basse pour que celle-ci passe à l’extérieur… ça promet.

« J’pense ça va être galère de la faire rentrer dans l’ascenseur, tu penses que tu peux survivre aux escaliers ? »

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