emptiness ⚭ (maureen)

traits de caractère / rêveuse au sourire constant, t'es du genre solaire. du genre à offrir ton sourire aux inconnus dans la rue, aider les vieux gens à traverser. t'es la généreuse au coeur élastique, celle qui offre ses repas aux gens dans le besoin, celle qui abandonne son siège dans le bus pour chaque personne debout. t'es la gamine qui n’a rien mais qui donne tout. celle que tout le monde connait dans le queens à force de l’avoir vu trop souvent errer dans le quartier, celle dont on connaît toutes les joies et les chagrins. t’es la gamine sans avenir mais qui refuse de grandir, l’expressive sans secrets. t’es la gamine sans espoir, celle qui refuse de croire parce qu’elle a trop souvent été déçue. t’es la rancunière au coeur hostile qu’on ne trahit pas deux fois. t’es l’amicale bavarde et angoissée. t’es la passionnée aux milles visages, le caméléon au coeur amoché. l’amoureuse du romantisme. philantrope sans le sou, toujours stressée à la moindre contrariété.

cytise, la fleur de l’abandon et du coeur brisé.
chaque fois qu’on te raconte, tu te souviens et le souvenir fait mal. tu ressens l’odeur de l’abandon mêlée au parfum imaginaire dont tu crédites ta mère, ta génitrice au regard vide. elle était trop triste, trop changeante pour t’élever. un jour souriante, l’autre jour au bord de la falaise. dépressive avancée. tu l’imagines éteinte avec de grands yeux bleus. tour à tour, artiste ou astrophysicienne mais tu sais très bien qu’elle était rien de tout ça. juste un fantôme qui arpentait les rues du queens en pleurant. et puis, il y a eu ton père. tu l’imagines beau comme un héros. comme celui qui a fait succomber ta mère, celui qui lui a fait perdre la tête. tu ne l’imagines plus vraiment avec les années passées mais fut une époque où t’attendais son retour sur un fidèle destrier dans ton extrême naïveté. mais finalement, il est jamais revenu. est-ce qu’il a seulement imaginé à quoi pouvait ressembler son erreur éphémère ? t’en as pas la moindre idée. t’étais pas désirée mais t’es arrivée sans te faire prier et t’as fait fuir ton père, t’as brisé un peu plus le coeur de ta mère. alors comme punition, t’as été laissée. comme un chien abandonné dont on ne voit plus l’utilité, enchaînée à un système social plus grand que toi. t’avais trois mois à ton premier foyer, deux ans au deuxième, sept ans au troisième. huit ans à ta première famille, t’as appris à aimer des gens plus grands que toi. à ne pas détester tous les adultes jusqu’à ce qu’ils t’abandonnent devant ton quatrième foyer quand t’avais treize ans. t’étais trop grande, tu coûtais trop cher et ils ont finalement décidé de ne pas t’adopter parce que c’était trop long. t’étais arrivée à expiration.

églantine la fleur de l’amour naissant
t’avais quatre ans quand tout a commencé, t’étais précoce. un peu trop curieuse. tu te souviens que ça guérissait ton anxiété, t’étais jamais seule quand tu t’allongeais dans les fleurs. c’était ton échappatoire à toi, les gens disaient tous que ça te passerait en grandissant mais ça s’est simplement accentué. c’était ton monde, celui dans lequel tu t’es enfermée. ta manière à toi de communiquer. et puis ta passion s’est élargie, ta créativité s’est évadée vers d’autres horizons à mesure que tes angoisses s’intensifiaient. après les fleurs, ça a été les pierres. passionnée par les pierres et leurs symboles. amoureuse des messages subliminaux, ceux qu’on fait passer sans avoir besoin de s’exprimer. t’avais seize ans quand ça a commencé à déranger au foyer, trop renfermée qu’ils disaient alors tu as décidé de t’évader. tu avais compris très jeune que les grandes personnes, c’était pas trop fiable alors une demande d’émancipation plus tard et tu ne comptais plus que sur toi. t’as arpenté ton quartier, t’as dormi dehors quelques nuits et puis t’es tombée sur susan un jour. une vieille dame au regard brillant et t’as senti ta chance tourner quand elle t’as proposé une place dans sa boutique de fleurs après des heures à discuter. elle t’as recueilli chez elle, t’as ouvert sa vie et son coeur. et si tu devais remplir un questionnaire, c’est sûrement elle que tu identifierais comme mère. pleine de valeurs aux fossettes creusées par la vie, enthousiaste et optimiste au sourire contagieux. au fil du temps, on vous identifiait comme une famille, t’as évolué, t’as pris la gérance d’une boutique à manhattan en revenant parfois dans ton quartier. et puis susan a fini par perdre la tête, ne plus te reconnaître alors tu es revenue chez elle pour prendre soin de ses affaires, t’occuper d’elle comme le ferait une famille.

acanthe la fleur du lien éternel et de l’amour de l’art.
vous étiez pareils, tous les deux enchaînés, tous les deux abandonnés. les mousquetaires délaissés. vous étiez deux gosses, trop petits pour comprendre les enjeux et trop effrayés par la solitude. trop innocents pour savoir qu’une promesse, ça se lâche pas. la première fois que vous vous êtes rencontrés, vous saviez à peine parler. et de balbutiements, c’est passé en confessions. jamais tic sans tac, vous dormiez ensemble pour vous rassurer. t’étais jamais seule tant qu’il y avait azhar et ça te suffisait. il dessinait et tu cueillais, tu parlais. tu souriais. vous faisiez tout ensemble, naïvement persuadés que vous seriez éternels. et puis, un jour. t’as eu le coeur brisé. quand on t’as annoncé qu’il était adopté. tu te souviens avoir beaucoup pleuré avant son départ, après son départ aussi. de duo, t’es passée à solitaire et là où il y avait tic, il n’y avait plus forcément tac. le temps a passé, t’as pensé à lui à mesure que le compteur des années a défilé en gardant précieusement un des premiers dessins qu’il avait laissé. parfois encore, tu te surprends à l’imaginer. est-ce qu’il a été plus heureux que toi dans cette famille qu’il a trouvé ? et tu lui souhaites même si t’as le coeur qui se met en branle en pensant à vos promesses mutines et à l'abandon supplémentaire imposé à la gamine déjà trop souvent laissée.