Sujet: (zoreed) streetcar named desire... Dim 14 Oct - 16:09
streetcar named desire
Où est passé la voix qui répondait à mes questions ? L'autre moitié de moi sans qui j'perdais la raison. Quand le jour me réveille, et qu'il m'offre encore ses plus beaux éclats, le vide est le même, tu n'es plus là. Dans mon demi-sommeil, je respire mais je sais que je n'vis pas, plus rien est pareil, quand tu n'es plus là...
Les gratte-ciels venaient se perdre dans les nuages, on était loin de son Arkansas natal, pourtant, depuis qu’il avait reposé les pieds sur le sol new-yorkais, Reed se sentait plus léger. Au travers de ses rues, il revivait les scènes de sa vie universitaire, ces moments de joie, d’incrédulité, ces instants légers durant lesquels ils s’imaginaient un avenir brillant, un futur heureux, un conte de fée qui durerait éternellement. Pourtant, rien n'était éternel, il l’avait appris à ses dépens, quand sa fiancée était décédée, le laissant seul avec sa peine et leurs projets. Depuis ce drame, rien dans la vie de Reed n’avait plus le moindre sens à Harrison, son boulot dans l’entreprise familiale, l’air suffisant de son père lui paraissaient insupportables, et le manque de compassion de ses parents suite à la disparition de leur future belle-fille avait terminé de décevoir leur fils pour de bon. Il avait pris ses cliques et ses claques et avait gagné la ville où tout avait commencé, cette ville qu’elle se languissait tant de retrouver, cette ville dans laquelle elle avait alimenté tous ses rêves. Les bancs de Columbia semblaient loin et pourtant si proches, il n’avait pas pu s’empêcher d’aller y flâner, se posant sur un banc à la recherche d’un jeune couple amoureux, à la recherche de cette lueur dans leurs yeux qu’ils avaient eux aussi, qui lui rappellerait leur complicité. Il avait aussi profité de ce retour pour retrouver ses amis, ceux-là même qui les ont vu devenir ce couple solide, ce meilleur ami que la distance n’avait jamais éloigné, et cette folle de Zoey qui savait redessiner un sourire dans la noirceur de son cœur.
Ce jour-là, Reed avait vu l’affiche d’un film des années 50 qui passait dans un petit cinéma de quartier. La séance était à 21 heures, et il en connaissait les répliques par cœur. C’était un classique, un long-métrage en noir et blanc qui avait été le cœur de leur premier débat, à lui et Zorah. C’était ce qui lui avait plu chez elle au départ, elle était pleine de surprises, de rêves, et il se plongeait dans ses paroles tandis qu’elle décrivait avec passion les scènes d’amour de ce film qu’il avait, à la base, trouvé banal. Son t-shirt de geek sur le dos, une veste sur les épaules, un bonnet pour dompter sa touffe de cheveux, le trentenaire se pointa devant la salle de ciné, commanda une place et alla s’installer tranquillement dans un coin tranquille. Il eut à peine le temps de trouver un siège qui lui plaisait bien que les éclairages tamisés laissèrent place à une obscurité profonde, la musique de fond laissa gagner le silence, puis les brouhaha des quelques personnes assises dans la salle. A tâtons, Reed tenta de trouver un siège à proximité, et le siège du coin au fond lui paraissait désormais inatteignable dans ce noir impénétrable. Alors qu’il s’installa dans le premier fauteuil libre qu’il trouva, il sentit à côté de lui une présence inquiète. “Ça doit être les plombs qui ont sauté, ça va revenir...” Glissa-t-il en chuchotant à la personne à sa droite. “Ils ont peut-être voulu nous mettre en condition, ils sont malins ici... Vulnérabilité au max, émotions multipliées. Les filous !” fit-il en ricanant. “Si jamais je fais un geste déplacé, je m’excuse, j’essaye de rester dans le territoire que m’impose ce siège, mais je dois avouer que j’suis pas très à l’aise dans le noir complet. C’est bizarre que ça ne revienne pas...” Il se tourna à la recherche d’éventuelles indications, mais rien. Quelques flashs de téléphones, des ombres perdues et surtout, l’attente...
PIPOU FT. PIPOU || PETIT MOT DOUX ICI PAS TROP LONG
Sujet: Re: (zoreed) streetcar named desire... Dim 14 Oct - 19:40
streetcar named desire
Où est passé la voix qui répondait à mes questions ? L'autre moitié de moi sans qui j'perdais la raison. Quand le jour me réveille, et qu'il m'offre encore ses plus beaux éclats, le vide est le même, tu n'es plus là. Dans mon demi-sommeil, je respire mais je sais que je n'vis pas, plus rien est pareil, quand tu n'es plus là...
« Tu viens boire un verre avec les collègues ce soir, Zo ? » La jolie métisse lève les yeux au ciel, elle est au moins la troisième rédactrice à lui demander depuis le début de l’après-midi, depuis qu’ils avaient décidé de passer leur soirée ensembles. Elle aurait pu accepter mais avec la fin de sa grossesse qui s’approchait, elle préférait rester au chaud dans sa maison. Le boulot avait tendance à la fatiguer, il était difficile de gérer tout ça seule, autant physiquement que mentalement. Mais ce soir, c’était différent ; elle avait vu une affiche dans un petit cinéma, pas loin de son appartement. Et le film qu’il diffusait la ramenait à des souvenirs qui lui paraissaient bien trop lointains. Reed. Elle se souvient des soirées passées dans ce petit cinéma, un peu loin du luxe, juste à deux, il était rare que Zoey et Charlie se joignent à eux. Zoey préférait les grosses soirées, le flirt léger, et souvent l’autre jeune homme l’accompagnait. Revenir dans le Queens lui était des plus bénéfiques, ce qui était le plus logique. Elle avait toujours voulu revenir, et construire sa vie, celle qu’elle voyait avec son fiancé et leurs enfants. Celle à laquelle elle n’aurait jamais droit. « Nope, j’me fais un ciné ce soir. » Et sa collègue lui lance un sourire, ses épaules qui se haïssent en lançant un « dommage, la prochaine fois ! » Et la conversation s’oriente sur le film que la colombienne ira voir. Un film que personne ne connaît, que les jeunes ne vont pas voir. Trop vieux, pas d’intérêts, pas d’effets spéciaux spectaculaires. Mais c’est son film préféré, celui dont les scènes d’amour font accélérer son coeur, le film qui la passionne. Elle essaye de se concentrer pour finir son article, qu’elle ne signe jamais. Un mail qu’elle doit envoyer à sa chef pour que celle-ci décide si c’est assez bon que pour être bientôt publié. C’est pas un métier difficile, ça paye bien. Et elle n’avait pas eu beaucoup de choix pour trouver. Obligée de trouver rapidement afin de ne pas vivre avec l’argent de son ancienne belle-famille, un argent sale, qu’elle dépensait le moins possible. Elle se lève après avoir éteint son ordinateur et s’étire en observant sa collègue. Elle lui sourit, une main qu’elle pose sur son ventre. « Amusez-vous bien ce soir. On se voit demain. »
Elle avait eu le temps de rentrer, n’avait pas eu le courage de se faire à manger ; elle avait été se chercher un menu au chinois, pour manger rapidement sans se prendre la tête. Elle avait pris une douche, avait enfilé une petite robe, elle qui n’avait pour le moment jamais froid. Zorah se doutait que c’était sûrement dû aux hormones. Et en s’observant dans le miroir, elle a l’impression d’être énorme, alors que tout son entourage lui assure que la grossesse lui va à merveille. Une petite fille qui pointerait bientôt le bout de son nez, une chambre déjà préparée, décorée dans les couleurs préférées de Zorah, et de Reed. Un homme auquel elle pensait tous les jours, celui dont elle parlait à sa fille pas encore née, celui qu’elle continuait d’aimer. Et elle avait mal de savoir qu’elle ne pourrait jamais l’aimer comme elle l’avait imaginé. Elle attrape sa veste, son sac et se dépêche de sortir pour rejoindre le cinéma. La séance est à 21h mais elle aime être la plutôt, le temps de s’installer tranquillement dans la salle, de se prendre de quoi grignoter et de quoi boire ; incontournable habitude, du pop-corn et du thé froid. Il n’y avait peut-être qu’elle pour faire ce mélange qu’elle aimait beaucoup. La jeune femme achète son ticket, en blaguant avec le guichetier sur un unique ou deux tickets. Elle s’installe dans la salle, pas trop haut - il n’est pas facile de monter des marches -, pas trop bas pour avoir une bonne vue. Et elle attend tranquillement, en observant la salle pas fort remplie mais pas vide. Elle sourit, heureuse de voir même des plus jeunes, couples amoureux, se rendre au cinéma pour voir ce film. Sûrement pour leur copine. Elle sait que Reed n’était pas enchanté d’aller le voir, lui non plus. Et quand la lumière s’eteint, elle est surprise, sursaute même. Elle tourne la tête, ses yeux cherchent un peu de lumière sans succès. Le noir de la salle l’angoisse doucement, lui fait monter une boule à la gorge de ne pas voir la salle se rallumer. Et la silhouette qui manque de tomber, pour s’asseoir dans le siège à ses côtés la surprend. Mais la voix de l’homme se veut rassurante. Et Zorah fronce les sourcils, ce timbre de voix lui rappelle quelque chose. Un rire s’échappe de ses lèvres. « Si c’était un fait exprès... Ils ne le font pas sur le bon film, ça ferait plus d’effet pour un film d’horreur. » Parce qu’elle n’était pas des plus rassurées : pas peureuse, mais avec les attentats et les agressions, ça la prenait à la gorge. Comme si quelqu’un pouvait débouler pour leur tirer dessus. Rien que faire semblant de mourir avait été éprouvant, elle n’osait s’imaginer mourir vraiment, alors qu’elle ne vivrait plus jamais comme avant. « Je ne porterai pas plainte pour agression, et je préfère avoir un peu de compagnie tant que la lumière ne revient pas. J’avoue que, seule, je ne suis pas très à l’aise non plus. » Elle ne sait pas pourquoi elle lui dit tout cela, peut-être pour mettre des mots sur son angoisse. Comme pour se rassurer, comme si parler rendait la présence de cet homme plus tangible à côté d’elle. « Vous avez déjà vu ce film ? » Un sourire prend place sur ses lèvres, et elle sent le bébé lui donner quelques coups de pieds. « Moi je l’adore. J’ai dû le voir.. Oh cinq ou six fois déjà. » Elle cligne des yeux, espérant voir les lumières se rallumer rapidement. « Vous êtes venu seul ? » Question anodine, mais elle est voudrait l’empêcher de rejoindre sa famille. Elle aussi, aurait voulu être dans cette salle avec la personne qu’elle aimait le plus au monde, Reed.
REED & ZORAH || ELLE PREND DE LA PLACE TON ABSENCE
Sujet: Re: (zoreed) streetcar named desire... Lun 22 Oct - 0:26
streetcar named desire
Où est passé la voix qui répondait à mes questions ? L'autre moitié de moi sans qui j'perdais la raison. Quand le jour me réveille, et qu'il m'offre encore ses plus beaux éclats, le vide est le même, tu n'es plus là. Dans mon demi-sommeil, je respire mais je sais que je n'vis pas, plus rien est pareil, quand tu n'es plus là...
L’obscurité s’était installée depuis de trop longues secondes maintenant, et le courant aurait déjà du revenir depuis un moment… Quelque chose n’allait pas, c’était surréaliste qu’ils les laissent complètement dans le noir aussi longtemps sans la moindre explication. Personne pour leur expliquer ce qui se passait ? Ils étaient certes dans un petit cinéma de quartier, mais tout de même, ils n’avaient justement pas quinze salles à gérer. Prenant son mal en patience, Reed resta installé dans le premier fauteuil qu’il avait trouvé, et vraisemblablement, la situation inquiétait tout le monde. Il pouvait entendre les railleries, les gens qui soufflaient, des gens se lever… Pas une lueur dans les couloirs lorsqu’ils pouvaient entendre l’entrebâillement de la porte… Ainsi donc, le courant était coupé dans tout le cinéma. A côté de lui, une femme était venue seule elle aussi, une autre rêveuse aux goûts douteux… Elle se serait bien entendu avec Zorah si elle aimait véritablement ce genre de films. Il sentait que la dame avait besoin de discuter, probablement que le noir complet l’angoissait et qu’une petite causerie lui changerait les idées. Gentiment, en grand seigneur, Reed s’exécuta, même s’il était venu là pour se connecter à une autre, à Zorah, à faire honneur à sa mémoire, à son amour pour ce film, à leurs souvenirs communs, il était venu pour fermer les yeux et revenir en arrière, comme d’habitude, comme à l’accoutumée depuis qu’il était arrivé aussi. Tout ce qu’il faisait n’avait qu’un seul et unique but : le ramener à elle autant que possible, vivre dans le passé lui donnait un souffle de vie, et chaque nouvelle possibilité était une motivation sans faille. Lorsqu’il avait vu cette affiche, rien ni personne n’aurait pu l’empêcher de venir, parce que c’était pour ça et uniquement pour ça qu’il était là, il vivait à travers ça… C’était pathétique, et Charlie essayait de le raisonner, en vain. Il essayait de le faire sortir, de lui changer les idées, de faire en sorte qu’il pense à lui et qu’il avance au lieu de s’enfermer dans cette quête de souvenirs. « Oh oui, je l’ai vu au moins autant de fois que vous… C’est le film préféré de ma fiancée. » Il avait utilisé le présent, parce que parler de Zorah au passé lui était encore impossible, trop douloureux. « Je pense qu’on va pouvoir faire un concours de répliques si ça veut bien démarrer un jour… » Il souriait, elle ne le voyait pas, mais il lui adressait un sourire sincère. Puis elle lui demanda s’il était venu seul, et soudain, quelque chose le frappa. Il ne l’avait pas remarqué à ses premiers mots, probablement parce qu’elle chuchotait, mais elle avait cet accent, ces douces sonorités latines qu’il aimait tant. « Oui, je suis venu tout seul, comme un grand garçon. » Son cœur avait raté un battement, cette femme, cette inconnue, sans le savoir, lui amenait encore un peu plus de baume au cœur, il avait l’impression qu’elle était là, à côté de lui pour regarder ce film qu’elle l’avait déjà forcé à regarder tant de fois. Evidemment, ce n’était pas elle, elle ne viendrait pas poser sa tête sur son épaule, ni rire dans le creux de son oreille, elle ne lui ferait pas ces petits bisous dans le cou qu’elle adorait lui glisser, elle ne presserait pas sa main lorsqu’à l’écran, les personnages déballent leurs sentiments et que son cœur s’emballe en imaginant que ça pourrait être eux… Elle ne ferait pas ça cette dame, et Zorah non plus, parce qu’elle n’était plus là. « Je peux vous poser une question indiscrète ? Vous avez des origines latines non, j’ai l’impression d’entendre ma… Quelqu’un que je connais… Vous avez le même accent, c’est fou. » Quelqu’un qu’il connaissait… Rien que ces mots là venaient de lui déchirer le cœur, elle n’était pas quelqu’un, elle était tout, elle était lui, elle était eux… Elle ne le voyait pas, mais ses yeux venaient de s’humidifier tandis qu’il attendait qu’elle lui réponde, une larme ruisselant sur sa joue dans la plus grande discrétion. C’était la première fois qu’il parlait d’elle autrement que comme sa fiancée, et ça faisait mal. Très mal.
reed & @zorah carneiro || elle prend de la place ton absence
Sujet: Re: (zoreed) streetcar named desire... Mar 23 Oct - 13:37
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Où est passé la voix qui répondait à mes questions ? L'autre moitié de moi sans qui j'perdais la raison. Quand le jour me réveille, et qu'il m'offre encore ses plus beaux éclats, le vide est le même, tu n'es plus là. Dans mon demi-sommeil, je respire mais je sais que je n'vis pas, plus rien est pareil, quand tu n'es plus là...
Le film préféré de sa fiancée, ça fait sourire la métisse. C’est étonnamment le genre de réponse auquel elle s’attendait, peut-être parce qu’elle ne se souvenait que trop bien de la première réaction de Reed à l’idée d’aller voir ce film au cinéma. Il n’était pas enchanté mais, pour son sourire, il l’avait accompagnée. Elle, elle avait vu ce film déjà quelques fois auparavant et elle se souvient de sa main qu’il serre quand elle lui explique avec passion. Elle connaît les répliques par coeur, les récite en même temps que les personnages, et parfois ça dérangeait Reed mais elle ne pouvait pas s’en empêcher. « à un concours, je pense que je serai plus douée que vous. » Elle reprend un peu d’assurance malgré l’obscurité de la salle. Et au plus elle l’entend parler, plus elle se plonge dans ses souvenirs. Reed, sa voix, ses intonations. Il lui manque, plus que tout au monde mais elle ne pouvait pas faire partie de sa vie, pas de la même classe, pas assez blonde, les yeux pas assez clairs. Il l’étonne quand il lui dit qu’il est venu tout seul ; sa fiancée devrait normalement être avec, ce serait logique. Mais peut-être était-elle absente aujourd’hui, ou peut-être était-elle absente chaque jour, chaque nuit. Parce qu’elle avait peut-être quitté ce monde et la pensée serre son coeur. Elle imagine la tristesse de son fiancé, elle qui porte toujours la bague qu’il lui avait offerte. Cette demande qui aurait dû signer le début d’une nouvelle vie, qui s’était soldée de façon si sordide. La mort, le plan, l’argent. Sa mère lui avait raconté la tristesse et le desarroi de Reed au téléphone, la douleur que ça avait été de lui mentir. Zorah ne cessait de culpabiliser mais elle avait bien compris : pour sa vie, elle devait disparaître. Elle avait croisé Lester en ville, et son coeur avait fait un bond ; ce n’était pas une bonne nouvelle. Comme si elle ne pouvait pas se séparer de cette famille sordide, mais elle ne pouvait tout simplement pas ; il y avait sa fille à naître. Celle qui la lierait toujours à Reed, et à sa putain de famille. Elle avait fait des cauchemars, qu’ils venaient lui prendre sa fille, la tuer. Mettre fin à leurs vies à toutes les deux. « il est dommage d’être venu seul. » Elle aurait tellement aimé, Zorah, qu’il y ait quelqu’un pour l’acompagner. Pas seulement au cinéma mais dans cette masquerade qu’était sa vie depuis plusieurs semaines. Il reprend avec une question assez particulière, à propos de son accent, de ses origines. Un accent qu’elle a gardé malgré ses années passées loin de chez elle. La Colombie qui coule dans ses veines. « Je ne savais pas que ça s’entendait si fort, je suis colombienne. » et elle rit, pour la première fois assez sincèrement depuis très longtemps. « Mais vous me comprenez quand même, c’est déjà bien. » Elle tourne la tête pour essayer de distinguer ne serait-ce qu’un rayon lumineux, afin de voir un peu plus à qui elle fait face. « Ça a l’air de vous perturber, j’en suis désolée. » Il a dans sa voix, une pointe de tristesse qu’elle ne peut que ressentir. « Vous voulez me parler de cette personne ? Ce n’est pas une obligation, c’est votre vie privée et je ne suis qu’une inconnue dans un cinéma. » mais elle a cette impression, zorah, que ça lui ferait du bien. Et elle ne pense plus à l’obscurité autour d’eux, abstraction de la réalité, des peurs envolées.
REED & ZORAH || ELLE PREND DE LA PLACE TON ABSENCE
Sujet: Re: (zoreed) streetcar named desire... Sam 10 Nov - 20:53
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Où est passé la voix qui répondait à mes questions ? L'autre moitié de moi sans qui j'perdais la raison. Quand le jour me réveille, et qu'il m'offre encore ses plus beaux éclats, le vide est le même, tu n'es plus là. Dans mon demi-sommeil, je respire mais je sais que je n'vis pas, plus rien est pareil, quand tu n'es plus là...
Toujours dans l’obscurité, Reed discutait avec sa voisine. L’expérience était sans nul doute originale, le genre de choses qui n’arrive qu’une seule et unique fois dans une vie. Jamais encore le hasard l’avait amené à faire connaissance avec une inconnue dans le noir, et il devait bien reconnaitre que c’était très perturbant. Il n’y avait que l’ouïe à contribution, il ne pouvait s’appuyer sur le regard pour déceler une pointe de vérité, c’était particulier. Toutefois, son audition l’avait, elle aussi, ramené à Zorah, comme toujours. S’il s’écoutait, il lirait des signes dans tout ce qu’il entreprend, alors il fit comme si de rien était. “Ha vous êtes colombienne... Voilà pourquoi votre accent me sonne familier.” Une pointe de mélancolie dans la voix, il comprenait maintenant d’où lui venait ce noeud à l’estomac. “C’est un très bel accent que vous avez là, gardez-le précieusement.” Il lui adressa un nouveau sourire, qu’elle n’eut la possibilité de remarquer, à l’évidence. La jeune femme à ses côtés se voulait compréhensive, elle avait une oreille attentive et c’était bien agréable dans une situation aussi inconfortable. Elle comprit rapidement que Reed cachait une blessure plus profonde dont il ne parlait qu’à demi-mot. Parler de Zorah, de sa mort, de ce vide ? Il n’en avait pas envie, pas comme ça, pas maintenant. “Je l’aimais vous savez, mais elle n’est plus là. C’est comme ça, et c’est difficile... Voilà pourquoi je viens seul ce soir, mais ça ne m’explique pas pourquoi vous, de votre côté, êtes venue sans la moindre compagnie ? Vous n’avez donc réussi à convaincre personne, vous, cette mordue d’amour pour un vieux film ?” Il changeait de sujet, c’était plus facile que d’ouvrir son coeur au beau milieu d’une salle qui pouvait se rallumer à tout moment et exposer au monde ses yeux humides, probablement même inondés de larmes s’il était amené à raconter son histoire. Il en avait déjà dit beaucoup, et c’était la première fois qu’il discutait comme ça avec quelqu’un qu’il ne connaissait pas, et pire encore, dont il n’avait aucune idée de l’apparence. Toutefois, elle avait l’air bienveillante cette fille, elle n’avait pas eu peur de son arrivée pour le moins insolite, et elle avait volontiers pris la peine de tenir une discussion avec l’inconnu qu’il était, c’était suffisant pour lui faire bonne impression et gagner la confiance de Reed. Il l’imaginait, la peau bronzée, des cheveux noirs, ondulés, couvrant des grands anneaux accrochés à ses oreilles. Elle portait peut-être une robe affriolante, de couleur, parce que son accent avait un léger goût de soleil. C’était cliché, il en était conscient, mais bon, à défaut d’avoir l’image, il avait le son et son imagination. Et elle, comment l’imaginait-il ? Beau gosse, regard ténébreux, sourire colgate ? Si elle le voyait, elle prendrait peur, avec ses cheveux en bataille, son regard vide et son visage fermé, marqué par des traits abîmés par des nuits blanches. Finalement, ce problème technique était peut-être une bonne chose, un petite parenthèse pleine de surprises dans un quotidien qui en manquait cruellement.
reed & @zorah carneiro || elle prend de la place ton absence
Sujet: Re: (zoreed) streetcar named desire... Dim 11 Nov - 23:07
streetcar named desire
Où est passé la voix qui répondait à mes questions ? L'autre moitié de moi sans qui j'perdais la raison. Quand le jour me réveille, et qu'il m'offre encore ses plus beaux éclats, le vide est le même, tu n'es plus là. Dans mon demi-sommeil, je respire mais je sais que je n'vis pas, plus rien est pareil, quand tu n'es plus là...
Les mots lancés dans l'obscurité, cette discussion qui n'aurait jamais démarré sans la coupure de courant, Zorah appréciait. Pour la première fois depuis longtemps, la jeune femme se laissait aller à une discussion simple, vraie. Une idée qui ne lui aurait même pas traversé l'esprit ; elle n'avait pas fait énormément de rencontres sur l'année presque écoulée. La colombienne s'était rapidement trouvé un boulot de rédactrice dans un petit journal local, elle s'était liée d'amitié avec ses collègues mais à part ça, elle n'avait pas eu l'occasion de faire énormément de nouvelles rencontres. Elle avait retrouvé Khloé, son amie de toujours, sa complice. Le duo de choc, sa soeur de coeur. Celle sur qui elle avait toujours pu compter durant leurs années fac et sur laquelle elle pouvait toujours compter aujourd'hui : pour l'héberger quand elle avait toqué à sa porte, les yeux rougis par trop de larmes, une enveloppe cachée dans le fond de son sac, ses valises et son trop gros secret. Et maintenant, même si la jeune femme s'était trouvé un petit appartement, Khloé était toujours très présente dans sa vie, celle qui prenait des nouvelles, pas rare d'aller manger un morceau ensembles durant leur temps libre. Et depuis le temps que Zorah était en ville, elle n'avait pas encore croisé Charlie, et les questions sur ce sujet adressées à la jeune femme n'avaient pas apporté de réponses. Et la voix de l'homme à côté d'elle la ramène sur terre, dans cette obscure salle de cinéma, un soupçon de mélancolie dans la voix. « Ha vous êtes colombienne... Voilà pourquoi votre accent me sonne familier. » Zorah suppose qu'une personne très importante pour lui était sûrement de cette origine là aussi, peut-être sa fiancée perdue. Et la pensée lui serre le coeur, elle imagine la douleur de son homme, Reed. L'homme de sa vie, elle n'en avait jamais douté, pas une seconde. « C’est un très bel accent que vous avez là, gardez-le précieusement. » Il y a une pointe de tristesse, de mélancolie dans sa voix et elle ne sait pas quoi ajouter. Elle pourrait lui dire qu'elle est désolée, que ça finira par aller, que le temps guérit les blessures. Mais ils ne se connaissent pas et c'est le genre de pertes dont on se remet difficilement, elle est bien placée pour le savoir la métisse. Et ses lèvres s’entrouvrent, comme pour recommencer une phrase, mais ça il l'ignore et il reprend. «Je l’aimais vous savez, mais elle n’est plus là. C’est comme ça, et c’est difficile... Voilà pourquoi je viens seul ce soir, mais ça ne m’explique pas pourquoi vous, de votre côté, êtes venue sans la moindre compagnie ? Vous n’avez donc réussi à convaincre personne, vous, cette mordue d’amour pour un vieux film ? » Sa voix fait écho à ses sentiments, ceux d'avoir perdu ce qu'elle avait de plus important dans la vie. Ce qu'il y avait de plus beau, ils auraient pu faire de belles choses ensembles. Elle vivait dans un appartement où ils auraient pu vivre et élever ensemble leurs enfants, cette petite fille qui n'allait pas tarder à arriver. Elle sourit et elle observe l'obscurité autour d'eux, la même qui l'empêche de voir le visage de cet homme. « Je n'avais personne à convaincre, mes collègues boivent un verre, ma meilleure amie travaillait ce soir. » Elle passe une main dans ses cheveux bouclés, elle se souvient, et son coeur se serre, que l'unique personne qu'elle avait chaque fois réussi à ramener dans cette salle était Reed. Et que ce ne serait plus jamais possible. « Je ne dois pas être assez persuasive, parce que je n'ai jamais réussi à ramener quelqu'un d'autre que mon compagnon. » Son compagnon, devrait-elle parler de son ex ? Son fiancé, elle avait encore tant de mal à parler de lui au passé, et à parler de lui tout court. Elle l'aimait, et chaque jour, il y avait cette culpabilité au fond : celle qui lui faisait regretter d'être partie. D'avoir fui pour leurs vies, à sa fille et elle. « Mais il n'est pas présent ce soir non plus, il ne le sera plus jamais. » Il y a de la tristesse dans sa voix, parce que c'est la première fois qu'elle dit de vive voix qu'il ne reviendra pas. Qu'il est parti, et même s'il est vivant, ils ne seront plus jamais ensembles. C'est une partie d'elle qu'elle avait laissé lorsqu'elle avait quitté la maison, ce jour-là. Et elle se souvient d'avoir pleuré, durant le chemin, à l'idée qu'elle lui avait menti, qu'elle savait qu'elle ne reviendrait jamais à la maison. Et les larmes menacent de couler mais elle les retient, elle ne va pas se laisser aller à pleurer là, dans une salle obscure prête à se rallumer à tout moment, en pleine discussion avec un inconnu. « Je suis là, un peu pour ça aussi. Il venait toujours avec moi, peu importe le nombre de fois que je l'ai traîné dans cette salle, devant ce même film. Il n'avait jamais refusé, c'est la première fois depuis longtemps que je viens seule. » Presque seule. Parce qu'elle n'oublie pas le petit être qui va bientôt naître. « Ou alors, j'ai sauté sur l'occasion de faire découvrir ce film à mon bébé, même si elle n'est pas encore là. » Et c'est son rire qui résonne dans la salle, un vrai rire, et ça faisait longtemps que ça n'était pas arrivé. Même s'il y a encore son coeur qui se serre, elle essaye de se concentrer sur le positif. Elle essaye de revenir sur une conversation peut-être un peu moins difficile pour cet homme, ou pour se protéger elle. « Enfin s'il commence un jour... Ce dont je doute. » Elle vient jouer avec sa robe, caresse le tissu. « Ca n'aura pas eu que du négatif, j'apprécie notre discussion. »
REED & ZORAH || ELLE PREND DE LA PLACE TON ABSENCE
Sujet: Re: (zoreed) streetcar named desire... Lun 19 Nov - 2:54
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Où est passé la voix qui répondait à mes questions ? L'autre moitié de moi sans qui j'perdais la raison. Quand le jour me réveille, et qu'il m'offre encore ses plus beaux éclats, le vide est le même, tu n'es plus là. Dans mon demi-sommeil, je respire mais je sais que je n'vis pas, plus rien est pareil, quand tu n'es plus là...
S’il n’avait pas de chance en venant assister à une séance de cinéma un jour de panne électrique, Reed pouvait au moins se féliciter de s’être assis au hasard à côté d’une personne sympathique et ouverte à la discussion. Au moins, le temps dans le noir passait un peu plus vite en échangeant avec sa voisine, et c’était là le seul point positif à en tirer. C’était dingue comme il avait le don de parler de Zorah à chaque fois qu’il en avait l’occasion, comme si pour parler de lui, il se devait de parler d’elle. Il était comme ça, il voulait honorer sa mémoire, et il savait qu’il y consacrerait sa vie, il en était persuadé, un amour comme le leur ne se rencontrait qu’une seule et unique fois dans une vie, et sa chance à lui s’était tuée en Colombie. cette jeune femme à côté, elle l’écoutait parler d’elle, alors qu’ils ne se connaissaient pas, mais elle était compatissante, comme si elle comprenait la douleur que l’absence de l’être aimé pouvait provoquer, comme si elle partageait la douleur d’un deuil. Elle aussi, parlait de son compagnon au passé, mais Reed n’osait pas poser la question. Peut-être avaient-ils seulement rompu, ou bien peut-être qu’il était mort lui aussi ? Lui demander serait vraisemblablement risqué, voire même déplacé, alors il ne dit rien, il l’écouta parler de cet homme avec autant de tendresse qu’il en avait en pensant à sa fiancée. Au gré de ses mots, il se surprit à sourire, nostalgique, parce que son histoire faisait écho à la sienne. Lui aussi, il avait accompagné Zorah, un paquet de fois, et il avait toujours dit oui, pas que le film l’emballait, mais parce que le visage de sa colombienne s’illuminait d’un sourire si sincère, si doux, si gracieux lorsqu’il lui répondait qu’il se joindrait à elle avec plaisir qu’il ne pouvait pas le lui refuser, son bonheur était ce qui primait, toujours, et surtout, il suffisait à faire le sien. Leurs vies respectives avaient probablement subi tout un tas d’épreuves similaires, chacun à leur hauteur, chacun à leur manière, mais le destin les avait amené à se rencontrer ce soir, et quelque chose disait à Reed que c’était le signe qu’il n’était pas seul dans sa détresse, pas seul dans le deuil, et qu’il trouverait peut-être du soutien dans l’inattendu.
Puis finalement, elle fit s’envoler son rire à travers la salle, un rire angélique, un rire qui le ramenait quelques années plus tôt, lorsqu’ils étaient venus voir ce film pour la première fois lui et elle, sur la cinquième avenue. Ils étaient à la fac, deux amis, rien de plus, enfin pas encore. Reed, il était trop gentil, c’était déjà le cas à l’époque, alors quand Khloe s’était décommandé au dernier moment, le visage déconfit de Zorah avait suffi à le faire craquer et à se dévouer pour subir une séance de cinéma d’époque. C’était ce jour-là qu’il comprit, en la regardant sourire devant ce film en noir en blanc, en apercevant cette lueur brillante dans ses yeux pendant toute la séance qu’elle était plus qu’une amie, qu’il en était amoureux. Il l’avait regardée ce soir-là, comme pour la première fois, il s’était surpris à regarder ses lèvres s’entrouvrir pendant les scènes d’amour, à la regarder amusé enfouir son visage de poupée dans ses mains délicates lorsqu’ils se déchiraient, il s’était surpris à regarder ses doigts posés sur l’accoudoir et à se demander s’il devait ou non poser sa main sur la sienne. Mais il n’avait rien fait, bien entendu, pas assez sûr de lui, la peur de tout perdre en pariant sur une équipe de losers : lui et sa malchance. Mais la voix de sa voisine continuait bercer son doux souvenir, jusqu’à ce qu’il comprenne ce qu’elle venait de lui annoncer, elle attendait un bébé, une petite fille, et Reed fut ramené à la réalité, sauvagement. Mon Dieu, alors elle avait perdu, de quelque manière que ce soit, son amoureux, et se retrouvait à élever un enfant seule ? Quelle tristesse, il espérait au moins que ce mec n’était pas l’un de ces idiots qui n’assumaient pas et fuyaient à l’idée de devenir père. L’idée même de laisser sa compagne vivre une grossesse, puis un accouchement et toute une vie à élever un enfant, leur enfant, seule lui donnait des boutons. S’il avait eu la chance d’avoir un enfant de Zorah, il aurait été le plus comblé des hommes. C’était tout ce dont il aurait rêvé lui, un mariage, des enfants, une vraie vie de famille, des choses simples qui contre-balanceraient le déséquilibre familial dont il a été victime tout au long de sa vie. “Félicitations, cette petite peut déjà se vanter d’avoir une maman formidable, ça se sent.” Il y avait de la tristesse dans sa voix, lui ne serait jamais père, pas sans elle, et ne connaitrait donc jamais le bonheur de voir son enfant grandir, s’épanouir, et cette idée le brisait. Il resta silencieux un moment, puis remercia sa voisine également d’avoir la gentillesse de lui faire la conversation. “Je trouve quand même la panne relativement longue, un générateur aurait du prendre le relais...” Reed attrapa son portable, il avait besoin de savoir depuis combien de temps ils poireautaient tous dans le noir, mais la lueur de son écran, luminosité réglée au maximum, laissa deviner la silhouette de sa voisine. Son coeur s’arrêta. Cette femme, elle lui ressemblait, il en était persuadé. Etait-il en train de devenir fou ? Etait-il en train de parler avec un fantôme ? Il paniquait, et la peur le fit verrouiller son téléphone. “Je suis désolée, faut que j’y aille... Je... Je...” Il était pétrifié, incapable d’assumer l’image qu’il avait cru entrevoir.
reed & @zorah carneiro || elle prend de la place ton absence
Sujet: Re: (zoreed) streetcar named desire... Mar 20 Nov - 23:56
streetcar named desire
Où est passé la voix qui répondait à mes questions ? L'autre moitié de moi sans qui j'perdais la raison. Quand le jour me réveille, et qu'il m'offre encore ses plus beaux éclats, le vide est le même, tu n'es plus là. Dans mon demi-sommeil, je respire mais je sais que je n'vis pas, plus rien est pareil, quand tu n'es plus là...
Elle n'avait jamais parlé de Reed à personne, jamais dit à quelqu'un qu'elle était seule. Jamais clairement, tout comme l'absence de son ex-fiancé lui semblait si difficile à supporter. Chaque jour qui passait, Zorah observait l'enveloppe contenant tout l'argent - sûrement sale - des Hamper, elle s'était promis de ne pas y toucher. Et tous les jours, lorsque son regard se posait sur cette enveloppe, elle avait la nausée, le coeur serré et les larmes aux yeux. Elle n'avait pas tout quitté pour l'argent, elle avait souffert des menaces, des regards qu'on lui lançait dans la rue parce qu'elle était métisse, parce qu'elle n'était pas blonde aux yeux bleus comme les parents de Reed auraient voulu. Et elle en avait parlé à Reed tellement souvent, avec l'idée de partir à New-York. Et au final, Zorah y était. Mais la colombienne était seule, plus pour trop longtemps car sa fille arriverait bientôt. Mais jamais rien ne pourrait remplacer l'absence de son petit-ami. L'absence d'un père pour le bébé, elle se sentait bien trop mal de lui faire subir ça. Et pour éviter que les larmes ne coulent sur ses joues, elle essaye de se reconcentrer sur la conversation de l'homme à ses côtés, lui qu'elle ne voit pas. Elle l'imagine, se demande s'il a d'autres origines ? Si il est blond, brun ? La couleur de ses yeux ? Comment était sa fiancée ? Il y a tant de questions qu'elle se pose, qu'elle imagine. Peut-être pour oublier sa propre tristesse, pour oublier, le temps d'une soirée, ce qu'elle a infligé à Reed, resté en Arkansas. Elle a juste envie de passer une soirée où elle n'est plus vraiment elle. Comme si elle pouvait échapper à cette réalité trop oppressante. Et quand il lui intime être persuadée qu'elle sera une bonne mère, la jeune femme sourit. Il ne la connait pas, il ne sait pas ce qu'elle a fait, il ne sait pas pourquoi elle se retrouve ici, à vivre tous les mois de sa grossesse seule. « Merci. » Lui, il ignore qu'elle est obligée de travailler dur, entre ses nausées de début de grossesse et les douleurs de fin. Honteuse d'infliger ses sautes d'humeurs à ses collègues et à Khloé, quand elle essayait de l'aider avec tout ça, de lui demander pourquoi elle ne prenait pas contact avec Reed pour tout lui expliquer. Au fond, elle ne savait pas trop pourquoi elle ne le faisait pas. Par peur, c'était certain mais depuis quand la peur l'arrêtait-elle dans ses démarches ? Zorah s'était toujours connue plus impulsive, plus courageuse, plus franche. Et là, ça allait faire un an qu'elle mentait, un an qu'elle était morte et cette pensée lui faisait trop de mal. Et avant qu'elle ne puisse placer une phrase, il reprend la parole. Et puis, Zorah, elle sait plus trop quoi dire. Parce qu'elle ne veut pas le harceler, elle ne veut pas qu'il se sente mal ou obligé de parler parce qu'elle est là. Parce que le film ne commence pas et que la lumière ne se rallume pas. « Je trouve quand même la panne relativement longue, un générateur aurait du prendre le relais... » Et il y a du mouvement à sa droite pour accompagner cette phrase. Puis une lumière qui l’éblouit légèrement mais qui lui laisse distinguer une photo bien trop connue : parce que c’est bien une photo d’elle sur le fond d’écran du portable, et c’est bien son visage à lui qu’elle devine. Parce que ses traits, elle les aurait reconnu entre milles. Combien de fois avait-elle redessiné sa mâchoire du bout des doigts ? Combien de fois avait-elle parcouru son corps, passé des soirées à regarder ses yeux, à lui parler de tout ses rêves, à refaire le monde rien qu’à eux deux ? Et il avait suffi de menaces, d’une grossesse pour qu’elle parte. Pour libérer Reed, pour mourir. Et Zorah sursaute quand il reprend la parole. L’éclat lumineux n’a duré que quelques secondes mais elle en est persuadée, l’homme qui se trouve à côté d’elle c’est lui, c’est.. « Reed... » Sa voix à dépassé sa pensée : Elle n’aurait jamais dû. Une erreur, et elle allait en payer le prix. Parce qu’elle ne pouvait plus faire demi-tour, elle ne pouvait plus prétexter ne pas le connaître. Elle ne pouvait juste pas mentir, parce qu’elle ne lui avait pas menti, pas ce soir. Parce qu’elle ne savait pas que c’était lui, et pourtant, elle aurait pu. Elle aurait peut être dû avec son histoire, mais elle n’aurait jamais imaginé le croiser là, dans cette petite salle de leurs débuts, devant ce même film romantique qu’à l’époque. Et son coeur bat dans sa poitrine comme s’il allait en sortir, ses yeux se remplissent de larmes, son poing se serre doucement. Elle imagine aisément la colère de l’homme qui lui fait face, parce qu’il ne pourrait jamais excuser ça. Elle avait sûrement été trop loin. Mais c’était sa faute. « J-Je peux t’expliquer. » Mais encore faudrait-il qu’il ait envie de l’écouter ? Quelle traîtresse était-elle ? Et elle panique à l’idée de ce qu’elle a raconté, elle qui a dit tout haut qu’elle allait avoir un enfant. Qu’ils allaient avoir un enfant. Et entre la tristesse et la joie, il y a la peur. Peur de sa colère, de sa tristesse. Peur de toutes ces émotions qu’il avait enfermé au fond de lui. Peur de sa réaction face à elle. « Je suis désolée, tellement désolée. »
REED & ZORAH || ELLE PREND DE LA PLACE TON ABSENCE