ghost of you (warren)

ghost of you
@warren wood & babi mancini

babi, elle le sent mal. la soirée, le rencard, le restaurant. elle sait que c’est un mauvais plan d’avance. elle y croit pas trop. parce-que c’est pas leur genre de finir par manger là-bas. pas dans un restaurant aussi pompeux. elle est plus du genre à s’enfiler un mcflurry au mcdonald’s et se nourrir exclusivement de pizza. babi, elle aime avoir les doigts brillants de graisse. babi, elle n’aime pas les endroits trop chiants. ceux qui imposent un style vestimentaire. ceux qui obligent à se tenir droit et à parler discrètement. babi, elle aime entendre les conversations des autres. elle pourrait passer des heures sur la banquette d’un fast food à écouter des inconnus parler de leurs problèmes de coeur. c’est comme un épisode de télé-réalité en direct et sans les pubs. croustillants, captivant et bien trop passionnant. alors elle sait pas trop pourquoi ce soir elle s’embarque dans le quartier chic du queens. elle y met quasiment jamais les pieds. parce-que les riches ils commandent pas de la bouffe à emporter. ils n’attendent pas qu’une petite tête blonde comme babi débarque sur le pas de la porte pour leur apporter leur pizza ou leur plats chinois. les riches, ils s’habillent. non, ils s’apprêtent. ils prennent le temps de sortir leur plus bel ensemble pour aller parader dans les rues. fièrement, hautainement. babi, elle se sent presque ridicule devant les grandes portes du restaurant. sa petite robe noire peut être trop courte. elle sait pas trop. c’est la seule qu’elle avait qui faisait pas gamine de vingt ans. robe moulante, robe qui met en avant ses formes. un perfecto en cuir au dessus et des converses noires pas encore trouées aux pieds. elle a essayé de faire des efforts babi. parce-que ce soir, elle sort. elle sort avec vince. dans un grand restaurant. et babi, elle a pas gagné au loto. pas encore. elle a juste eu une grosse prime au boulot. employée du mois qu’ils lui ont dit. babi, elle a juste souri. comme la gamine qu’elle est. elle n’a pas posé de questions. elle a juste souri et pris le chèque. et damn. plus de quatre cent dollars comme ça d’un coup. alors elle a voulu le fêter. elle voulait les dépenser ces sous. elle aurait pu proposer à jean un après-midi shopping. elles auraient dépensé sans compter. babi, elle aurait noyé sa meilleure amie sous les fringues. elle aurait joué la princesse. celle qui paye sans se soucier du montant. mais elle s’est dit qu’elle devait se rattraper. auprès de vince. pour la dernière fois. pour leur grosse engueulade. sa faute, sa connerie. alors elle veut lui faire la surprise. elle veut l’inviter au restaurant. elle veut lui montrer qu’elle tient à lui. qu’elle s’en fout des autres. alors elle l’attend devant le restaurant. elle tapote son pied sur le bitume. ses yeux rivés sur son téléphone. elle attend un message. pour savoir si elle repart, si elle l’attend. mais rien n’arrive. alors elle le fait d’elle même. « toujours ok pour le resto ce soir bébé ? je t’attends à l’intérieur, j’ai froid. » message envoyé. pas encore lu. babi, elle rentre. elle s’empêche de penser que tout le monde la regarde. parce-qu’elle ne ressemble pas trop aux clients qu’ils ont l’habitude d’avoir. la gamine semble s’être perdue. mais tant pis, elle repartira pas. ses doigts serrés sur son sac en bandoulière, elle rentre. elle se rapproche de l’entrée. elle attend un serveur pour venir la placer. et elle insistera bien sur le fait qu’elle ne mange pas seule. elle attend son chéri. pour une soirée inoubliable.

BLACK PUMPKIN ; ICONS : Pando