Show me that you love me - Warston

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Tout de suite, Nikolaï contredit ses suppositions en assurant qu’il adore son idée. Il ajoute même qu’il serait heureux de jouer au guide pour elle, pour les tréfonds de la ville ou pour ceux de son passé. Mais elle n’en est pas aussi sûre, Isabella. Elle espérait une réaction plus… Enthousiaste ou, ne serait-ce que plus éloquente de sa part. Elle le contemple, l’air peu convaincu, hésitant surtout à le croire. Elle a plutôt l’impression qu’il ne veut pas la vexer mais qu’elle vient de toucher une partie de lui qu’elle n’aurait peut-être pas dû approcher. – Tu n’es pas obligé de dire ça pour me faire plaisir… déclare-t-elle, le ton peu enjoué. C’est bien elle qui voulait lui faire plaisir, pas le contraire. Ce serait vraiment dommage qu’il passe une mauvaise journée alors qu’elle voulait tout faire pour qu’elle soit la plus belle possible. Elle est même prête à reprendre l’avion immédiatement s’il le faut mais l’enquêteur de police l’interroge sur le temps qu’ils ont. Elle jette un bref coup d’œil à la montre qu’elle porte autour du poignet. – Je dirais qu’on a jusqu’à… Dix-neuf heures à New-York ? C’est peu, elle le sait. Ils vont passer plus de temps dans l’avion au bout du compte que dans la ville. C’était un coup de folie, coup de folie qu’elle ignore si elle doit regretter ou non. Mais elle se laisse néanmoins entraîner par le jeune homme vers les premiers taxis accessibles. Encore sceptique, Isabella ne proteste pas malgré tout puisque, quelques secondes plus tard, ils se retrouvent dans une voiture. A nouveau, elle relève les yeux vers lui pour tenter de sonder ses pensées. – Moi je pense qu’il me reste beaucoup de choses à découvrir au contraire. dit-elle en le fixant toujours avec intensité. Mais elle va sûrement être servie plus vite que prévu car il indique rapidement au chauffeur de taxi le premier endroit où il veut se rendre. Le quartier de Bel-Air. Elle ne connaît pas, Isa. La première approche qu’elle a pu en avoir, c’était celle d’une vieille série. Puis, elle a compris, en évoluant dans le milieu mondain, que Bel Air est à Los Angeles ce que l’Upper East Side est à New-York. Un endroit qui est loin, bien loin de l’image qu’elle a de Nikolaï. Elle se souvient qu’il lui avait raconté son enfance. Des parents riches mais pas forcément heureux, un divorce au bout du compte. Pour autant, en approchant des beaux quartiers, la belle prend d’autant plus conscience de la vie qu’il a pu mener. Elle observe les maisons qui défilent par la fenêtre, comme une enfant le ferait, avec cette envie de découvrir, alors qu’elle reprend à l’attention de son amant. – Tu vivais ici quand tu étais enfant, c’est ça ?

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Et non, Isabella ne connaît pas Los Angeles. C’est même un terrain totalement inconnue pour la New-Yorkaise qu’elle est. Mais elle se laisse guider sans mal par un Nikolaï qui lui paraît bien intriguant tout à coup. Et plus il s’évertue à lui assurer que sa vie a été banale, moins elle y croit. Elle est, de toute façon, du genre à avoir besoin de découvrir les choses par elle-même. Toutefois, elle n’est pas la seule à vouloir profiter de ce petit séjour pour mieux connaître l’autre. Le jeune homme lui assure que, s’il doit lui raconter sa vie, il veut connaître également la sienne. Un petit sourire en coin apparaît sur les lèvres d’Isa. – C’est du chantage ça, monsieur l’inspecteur. clame-t-elle, cherchant légèrement à se dérober. Ce n’est pas tant qu’elle refuse de se confier à lui. Il en sait déjà beaucoup. Puis, en réalité, sa vie n’a rien de réjouissant. La seule chose qui lui a permis de survivre à son passé, c’est l’amour de sa famille. Mais soit, elle peut bien tenter de jouer le jeu même si… Pour le moment, c’est surtout son interlocuteur qui se doit de répondre à ses interrogations et, surtout, satisfaire sa curiosité. Son regard posé sur le paysage qui défile, la Latina finit par se tourner vers son amant quand il commence à lui expliquer qu’il était dans une famille plus que privilégiée. Elle le contemple un instant, amusée. – Peut-être que tu ne m’aurais même pas regardée en fait ! Elle ne sait pas du tout en vérité. Il est loin d’apprécier ce monde, elle le sait. Mais, paradoxalement, il a su lui faire comprendre que c’est son côté inaccessible qui l’a attirée. Elle était loin de l’être autrefois, tout du moins, en apparence. Mais, reprenant la parole, elle a déjà beaucoup de questions en tête. – Pourquoi est-ce qu’il a arrêté ? Il habite où ? Vous avez toujours contact ? Puis, elle se rend compte qu’elle a l’air de lui faire subir un interrogatoire. Elle se mordille la lèvre, se taisant enfin pour lui laisser l’occasion de parler alors qu’ils quittent leur taxi pour commencer à marcher. Elle sourit un instant en regardant les maisons et attrape instinctivement le bras de Nikolaï avec le sien. – J’aimerais bien t’y voir… Je parie que tu étais un vrai casse-cou !

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C’est donnant donnant. Nikolaï lui explique les choses comme si elle était une enfant, ou bien une femme qui a vécu toute sa vie loin de la civilisation. C’est bien loin de la réalité mais, pourtant, elle n’en est peut-être pas si loin sur le fait de se donner. Donner, à l’autre, elle l’a toujours fait. Elle est généreuse, elle pense toujours à ses proches avant de penser à elle-même. Mais, se donner elle-même, ce n’est pas quelque chose qu’elle fait avec autant de naturel. Il y a toujours cette limite entre elle et le reste du monde. Nikolaï a su s’en approcher bien plus qu’elle n’aurait jamais pu le croire. Mais, malgré tout, il ne l’a pas encore franchie. Il y a toujours des choses qu’il ignore sur elle, des choses importantes mais, peut-être qu’elle peut tenter de lui en donner un petit peu. Juste assez pour qu’il sente qu’elle ne cherche pas à mettre une distance entre eux. Mais elle ne sait pas si elle va y arriver, Isabella. Elle n’en a tellement pas l’habitude. Beaucoup de femmes, à sa place, rêveraient d’entendre quelqu’un leur dire ce qu’il lui déclare avec tant de naturel. De ses sourires à ses regards, il veut connaître la moindre de ses facettes, la connaître elle. Par cœur et par corps. Mais elle, elle sent presque une petite inquiétude l’envahir. C’est son instinct d’autoprotection qui s’active tout de suite, malgré elle. Elle est juste bloquée. Mais il arrive à la faire sourire avec ses dernières paroles. Et ça lui fait du bien, un peu, pour le moment. – Tu en as les moyens parce que je le veux bien ! Je peux tout à fait te résister s’il le faut. affirme-t-elle avec la plus grande assurance. Elle n’est pas faible, Isa. Quelques baisers ne suffisent certainement pas à la faire craquer. Mais il faut dire qu’elle n’a jamais essayé de ne pas céder, avec lui. Mais elle lui a promis qu’elle ferait des efforts, elle le sait. Elle va en faire, d’ailleurs, elle en fait quelques instants plus tard seulement alors qu’il émet l’hypothèse qu’elle aurait pu vouloir tout faire pour attirer son regard, par le passé. Là où elle se serait contentée de rire, en temps normal, elle lui répond avec sincérité. – Hum… Ce n’est pas vraiment mon genre. Je n’ai jamais cherché à attirer l’attention des garçons. Peut-être parce qu’elle trouvait qu’elle en avait déjà beaucoup trop. Les séquelles laissées par son père ont mis longtemps avant de s’atténuer. Mais ce n’est pas de son père qu’elle a envie de parler, plutôt celui de son amant. Avec attention, elle l’écoute alors qu’ils approchent de plus en plus de leur destination. – Et tu… Ne regrettes pas de ne pas les connaître ? Ce sont aussi ta famille. Elle ne sait pas si elle pourrait vivre en sachant qu’elle a des frères ou sœurs qu’elle ne connaît pas. Elle aurait besoin de les rencontrer, Isabella. Quoique ses rapports avec sa famille sont suffisamment compliqués ainsi. La belle sort de ses pensées quand le taxi s’arrête. Et les voilà, quelques secondes plus tard, en train d’avancer main dans la main dans le quartier de l’enfance de Nikolaï. Elle a un sourire aux lèvres en l’imaginant, en train de faire tout et n’importe quoi. Elle n’est pas surprise, juste un peu attristée pour lui qu’il ait eu des parents aussi peu concernés par lui. – Ça me rappelle mon frère Ben… Il essayait constamment d’attirer l’attention de nos parents. Mais il ne s’en est pas sorti aussi bien que l’inspecteur. Il a tourné vers la mauvaise voie, malgré tous les efforts d’Isa pour le garder sur le droit chemin. Reportant son regard sur Nick, la Latina ajoute finalement quelques mots d’une voix plus enjouée. – Mais tu reviens de loin alors, tu as de quoi être fier.

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Il a son regard. Le regard. Celui qui la transperce à chaque fois. Elle n’a aucune idée de ce qu’il se dit quand il la fixe de cette manière. Mais elle a la sensation qu’il est en train de l’analyser, comme s’il lisait à travers elle, ou peut-être qu’il tente de le faire. Il tente de la sonder, peut-être, de la troubler ? Cela, il y arrive parfaitement. Elle se sent toujours déstabilisée quand il la regarde avec ces yeux-là. Elle a l’habitude d’être regardée, Isabella. Admirée par certains, jaugée par d’autres, elle attire bien souvent l’attention sans jamais la chercher. Mais elle n’a pas l’habitude qu’on veuille lire en elle comme Nikolaï est si déterminé à le faire. Comme s’il voulait tout savoir d’elle. A ses paroles, elle esquisse un faible sourire sans lui répondre. Elle ne veut pas se fermer à lui, elle a vraiment beaucoup de mal à agir autrement. Mais il n’a pas l’air las, pourtant. Bien au contraire, il semble plus motivé encore pour la comprendre. La connaître. Toutes ces choses qu’elle a beaucoup trop de mal à accepter. Mais elle essaye, un petit peu. Alors quand il se risque à l’interroger, elle prend la peine de lui répondre. Ce n’est pas difficile pour le coup. Ce n’est pas dans le monde extérieur qu’elle a souffert, mais bien au sein même de son foyer. Toutefois, elle ignore ce qui peut bien l’intéresser dans son rapport avec les garçons, autrefois comme aujourd’hui. Peut-être simplement qu’il recueille le plus d’informations possibles sur elle pour mieux l’appréhender, un peu comme il le ferait avec un criminel. Ou peut-être qu’elle est juste folle, et qu’il veut uniquement faire la conversation. Inaccessible. Un mot qui revient souvent quand on parle d’elle. Silencieuse quelques instants, pensive, elle réfléchit à sa demande avant de reprendre enfin la parole. – Peut-être. Je n’avais pas le temps, j’avais des choses plus importantes à gérer que savoir avec qui j’allais au bal. avoue-t-elle avec un petit sourire. Peut-être qu’elle aurait bien aimé, pourtant. Elle ne sait pas, elle ne s’est jamais posé la question. Ça non plus, elle n’en avait pas le temps. Mais elle aussi, elle en apprend plus sur son amant. Sur la vie qu’il a eue, celle qui fait de lui l’homme qu’il est devenu. Et visiblement, lui non plus, il ne porte pas son père dans son cœur. – Je ne parle pas de ton père, je comprends que tu lui en veuilles… Mais les enfants, ils n’y sont pour rien, non ? Tu n’as jamais imaginé à quoi ils pouvaient ressembler ? demande-t-elle d’une voix douce, avec tout le tact dont elle est capable. Elle est bien placée pour savoir que la famille est souvent un sujet très délicat. Elle est tout de même rassurée d’entendre la façon dont il parle de sa mère. Il paraît bien plus attaché. – Je ressentais la même chose avec ma mère. Elle n’était pas souvent là mais elle n’avait pas vraiment le choix… Et quand elle était là, c’était tellement génial que ça rattrapait ses absences. Elle a un petit air mélancolique quand elle pense à elle. Elle lui manque terriblement. Mais, reprenant la parole, elle ajoute. – Et… Avec ta mère, tu n’as plus contact ? Elle serre un petit peu sa main dans la sienne tout en poursuivant leur conversation. Cette fois, c’est de son frère dont ils parlent. Un autre sujet délicat. – Ma mère travaillait trop. Et… C’est la première fois, depuis leur rencontre, qu’elle aborde, même à peine, son… « Père. » – Mon père n’était pas fiable. Il y avait des fois où il partait durant des semaines, puis revenait subitement. On ne pouvait pas compter sur lui. Si seulement ce n’était que ça. Mais elle n’en dira pas plus. Elle préfère changer de sujet pour revenir sur Nikolaï. C’est tellement plus agréable, plus facile aussi. – Moi je trouve que tu as de quoi l’être. Tu t’en es sorti seul, et tu as réussi. Elle lui adresse un tendre sourire alors qu’ils commencent à s’approcher du bout du quartier. – Oui, je le sais. Par ta maman. dit-elle fièrement avant de relever la tête vers lui pour plonger ses prunelles dans les siennes. – Tu m’as charmée avec des mots espagnols, tu ne te souviens pas ?

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Le bal des lycéens, c’est quelque chose qu’elle n’a jamais expérimenté, Isabella. Parce qu’avec un père absent et une mère qui travaille de nuit, c’était elle qui était en charge de garder ses cadets. Ce n’est pas quelque chose qui la pesait. Elle n’était de toute façon pas la plus populaire, ni la plus attendue. Elle n’aurait même pas eu une robe digne de ce nom à enfiler. Mais, pourtant, peut-être qu’elle est passée à côté de quelque chose, peut-être que cela lui aurait fait du bien d’avoir une vie de lycéenne, ne serait-ce qu’un soir dans l’année. C’est trop tard désormais. Elle peut juste écouter les récits de Nikolaï, sans savoir si elle doit être amusée ou outrée par la façon dont ils fuyaient ses cavalières. – Ce n’était pas très gentil pour elles ! remarque-t-elle avant qu’il lui affirme que s’il l’avait connue en ce temps, c’est elle qu’il aurait emmenée. Cette fois, un sourire rêveur se dessine sur les lèvres de la belle alors qu’elle lui répond avec malice. – Et avec moi aussi, tu te serais enfui avant la fin ? Mais la légèreté de leur conversation s’efface alors qu’ils commencent à parler de leurs parents. Le jeune homme ne veut plus entendre parler de son père, elle le voit bien. Ce n’est pas elle qui lui fera la leçon dessus, elle a mis elle-même le sien dehors alors qu’elle n’avait que seize ans. Elle ne s’étend pas sur le sujet, elle préfère l’écouter parler de sa mère. Il a l’air très attaché à elle-même si, paradoxalement, il n’a pas eu la chance de vivre beaucoup de moments avec elle. Elle connait ça, Isabella. Mais elle n’a plus la chance de pouvoir rattraper ce temps gâché alors que lui… Il pourrait aller voir sa mère quand il le souhaite. Il devrait, même. – Vous avez dû bien vous amuser. déclare-t-elle simplement, la voix attendrie avant de demander. – Tu aurais envie de la revoir ? Elle a l’impression que sa famille fait partie de son passé. C’est triste, pour elle, mais peut-être aussi que tout le monde n’est pas aussi accroché à sa famille qu’elle l’est. Justement, ils en viennent à évoquer ses propres parents. C’est la toute première fois qu’Isa parle de son père à son amant. C’est la première fois aussi qu’elle le fait depuis longtemps. La dernière fois qu’elle l’a fait, c’était avant son mariage avec Luke. Il était étonné qu’elle ne prenne pas la peine de l’inviter, mais il n’a pas cherché à creuser. Heureusement, ou peut-être, malheureusement pour elle. Quand Nick fait remarquer que leurs enfances sont similaires, la jeune femme ne surenchérit pas. C’est faux, elle sait que c’est faux parce qu’elle ne dit pas tout, mais elle comprend ce qu’il veut dire. Ils ont tous les deux dû apprendre à devenir des adultes tout seuls. Elle se sent soulagée alors qu’ils retrouvent une certaine insouciance. Il finit même par l’attirer dans ses bras et elle, elle se laisse faire bien sûr. C’est agréable d’être proche de lui sans se soucier du regard des autres, sans avoir l’impression de prendre des risques inconsidérés. Le danger, peut-être, n’est pas toujours si bien. Elle s’en rend compte alors qu’elle se laisse noyer dans le regard océan du beau brun. Sans crainte, sans restriction. – Plus que je ne l’étais déjà. murmure-t-elle avec un petit sourire mutin. Ce qui l’a charmée, en premier, c’est son regard. Et elle a la sensation que cela recommence à chaque fois qu’il pose les yeux sur elle. Souriant un peu plus quand il se met à parler espagnol, elle lui répond avec malice en espagnol. – Mentiroso. Peut-être que c’est vrai pourtant, elle n’en sait rien. Mais elle se souvient parfaitement de ce qu’il lui a confié auparavant. Il l’a trouvée hautaine lors de leur première rencontre, et pour cause, elle était franchement sur la défensive. Toutefois, il la fait taire par un baiser qu’elle prolonge plusieurs secondes. Elle entoure même ses bras autour de son cou pour le garder auprès d’elle. – Mmh… Je t’avoue que je ne me suis pas trop renseignée sur les lieux touristiques… Il y a Hollywood Boulevard, Rodeo Drive aussi… Mais peut-être que tu n’as pas envie de perdre ton temps dans les boutiques. dit-elle avec une petite hésitation avant de lui voler un petit baiser. – Et toi, est-ce qu’il y a quelque chose que tu as envie de faire ? Tu connais mieux la ville que moi.