Le petit prince - Ore

traits de caractère / appliqué - optimiste - intelligent - sans tact - ironique - prétentieux - versatile - impulsif - solitaire - fidèle - discret - distingué - romantique

Difficile à comprendre, à assimiler, Ore. écorché, à vif, voilà ce qu'il est devenu. Un paradoxe à lui tout seul. la rue n'a pas toujours parue si accueillante, du moins pas au début. Orenthal s'y est de plus en plus conformé, il l'a de plus en plus assimilé les codes. S'en est devenu Ore. impulsivité qui ne le connaissait pas auparavant mais qui lui colle à la peau dorénavant. il se donne des airs, un peu trop prétentieux, le petit prince pète-sec mais au fond c'est un romantique, coeur d'artichaut qui s'emballe dès qu'il entend un son de musique, qu'il lit de beaux poèmes littéraires ou quand il la voie, elle, dans la rue. caché derrière son sweat à capuche et son masque, il se donne des airs, pour éviter les bagarres, les emmerdes. mais c'est un maladroit, pas vraiment de tact, un peu trop direct parfois. le petit prince revient au galop avec ses remarques et ses manies ce qui lui vaut souvent quelques ennuis. le petit prince était roi à la maison. il a le goût de l'argent, il a du mal à vivre sans. pourtant, l'aide, il ne la recherche pas. en réalité, il déteste ça. ces gens qui veulent venir l'aider, lui donner à manger. voir la pitié dans leurs yeux. il déteste ce sentiment d'infériorité face à eux. il est persuadé qu'il peut s'en sortir seul. après tout, il bosse merde. du coup, un merci a tendance à lui écorcher la bouche. il se contente d'un signe de tête et c'est tout. il a toujours été très solitaire, préférant mille fois partager d'intenses moments avec son art plutôt qu'avec d'autres personnes. ça l'empêche pas d'avoir des amis sur qui il peut compter, et envers qui sa fidélité sera sans failles. Ore se distingue par son art. Elégance à toute épreuve, il maîtrise les apparences. Paraître plutôt qu'être, c'est souvent son quotidien. La vérité est enfouie, au plus profond de lui. Il évite les questions avec dextérité, manipule les mots, se détache avec une certaine aisance.

petit prince

Orenthal c’était l’enfant roi, le petit prince, ne manquant jamais de rien. Ses parents ne juraient que par lui, l’aîné de la famille. Tous ses désirs devenaient réalité. Pourri gâté c’est ce qu’ils insinueront. D’autres diront qu’il le méritait. Orenthal a toujours suivi les codes. Il rentrait dans le moule comme ses parents le souhaitaient. Les Askora c’est la famille des apparences. Ostentatoires sont les dépenses rien que pour flatter les connaissances. Pas un mot de travers, pas une chemise froissé, pas un seul cheveu mal coiffé. Voilà la vie rigide des Askora. Orenthal l’avait accepté sans rechigner. Et pour cela il en était récompensé. Le petit prince aux boucles d’or. Mais les études c’était très peu pour lui. Il avait autre chose en tête, qui bouleversait les codes de la famille, qui ne correspondait pas au destin tout tracé que les parents Askora avaient prévu pour lui. Mais le petit prince ne pouvait lutter contre sa vraie nature, contre - ce qu’il pensait et qu’il pense encore aujourd’hui - ce qui est sa raison de vivre. Quand il parle de danse, Orenthal est passionné, il en a des papillons dans le ventre. Il vit pour la danse.
Le classique.
L’enchainement poétique des mouvements.
L’expression toute entière du corps qui s’agite.
La sensation du parquet qui craquèle sous ses pas.
La musique entrainante qui fait vibrer son âme.
Oui. La danse c’était ça, c’était pour lui. Mais les rêves des gamins sont souvent détruits par les grandes personnes. Et ces grandes personnes prennent un malin plaisir à réduire en miettes les ambitions des gamins. Le petit prince n’y échappa pas. Papa disait que la danse c’était pas pour lui. Il représentait le sexe fort alors il devait devenir médecin ou alors un riche homme d’affaire comme papa. Maman n’avait pas son mot à dire. Elle suivait les dires du maître de la maison, même si au fond, elle ne supportait pas voir les larmes glisser le long de ses joues.

Mais le jeune garçon aux cheveux d’ange ne s’arrêta pas là. Persévérance démesurée. Les revers ne lui faisaient pas peur. Alors il continua, jours et nuits, dès qu’il le pouvait, danser, danser, danser. S’entraîner. Dur. Pour arriver à faire parti des meilleurs. Petit prince voulait être roi. L’étoile qui brille plus que les autres. Celle qui illumine le ciel obscur, plaçant au second plan l’insipidité de son entourage. Celle qui s’élève par sa souplesse, sa finesse et sa grâce. Vivre pour son art, ou alors, en crever.

Prince déchu

Petit prince grandit des rêves pleins la tête. Méandres de songes enivrantes, enveloppé dans une bulle. Insaisissable cocon. Le seul goût qu’il trouve à la vie c’est la danse qui le lui procure. Amour éternel, jamais décevant. Platonique, mais grisant. Orenthal n’aura jamais rien connu d’autre. Coeur fermé, dévoué à son art. Prêt à tout abandonner pour lui. Ce qu’il fit. A dix-huit ans, il part vagabonder. Les contrées lointaines mais accueillantes amadouent le petit prince. Etats-Unis, là où tout ce qu’on touche se transforme en or. Alors ce sera New York, pour ses écoles de danse. Après avoir échangés des paroles virulentes avec les parents, c’est finalement le blondinet qui aura le dernier mot. Talent exposé lors d’un concours local à Oslo, quelques jours plus tard c’était la proposition. Venir à New York, danser dans une troupe, puis intégrer les plus grandes écoles, côtoyer les plus grandes étoiles et briller à côté d’elles. Paroles douces, réconfortantes. Candeur apprivoisée, mensonges invisibles. Il part la tête la première, plonge, plonge, plonge alors que le bassin est vide. Petit prince capturé ne parvient plus à s’échapper, les mailles du filet se refermant sur lui. Il goûte au jeu, oubliant presque l’objet de sa venue dans la ville. Il joue, il joue, il joue. Il abat les cartes, amasse l’argent, rictus arrogant déformant les lèvres.
La gagne. L’argent.
Payer l’école de danse.
Gagner.
Encore.
Oui. C’est pour l’école de danse tout ça.
Les cartes n’avaient plus de secrets pour lui. Le casino non plus d’ailleurs. Orenthal y établit sa nouvelle demeure. Alors il continue, jusqu’au bout de la nuit : poker, blackjack, roulette…
Mais le revers est difficile. Il vient de nulle part. Il frappe un premier coup, nous met à terre et cogne encore plus fort jusqu’à teinter le carrelage blanc d’un rouge vermeil.  Alors on sombre. On ne sait plus se relever. Y’a plus personne pour aider tout d’un coup. Les rapaces sont partis, ont trouvé mieux ailleurs, l’autre gars là-bas qui a tout raflé. Ils gravitent autour, requins, vautours, attendant que lui aussi tombe comme tous les autres.

Prince des enfers

Petit prince voulait devenir roi. Petit prince est tombé, sans aucune aide pour se relever. Petit prince a tout perdu. Il a perdu l’argent, les milliers de dollar amassés. Il a perdu toute dignité, battu au jeu qui n’avait aucun secret pour lui, renvoyé à sa place, mis à la porte. Petit prince n’arrête pas de rêver. L’étoile est près, il peut la sentir, l’effleurer du bout de ses doigts. Elle est douce cette étoile. Réconfortante. Petit prince disparait, rencontre les ténèbres et les embrasse. Il perd alors son identité. Ore. C’est ce qu’il reste de lui. Petit prince est détruit, déchu. Ecorché. Ore. On reste sur notre faim. On attend quelque chose après mais il n’y a que ça. Inachevé. Mis à nu. Plus rien derrière, juste Ore. Prince des ténèbres déambule. Chaque nuit est différente. Hostile, dangereuse mais pourtant c’est la seule à l’accueillir : la rue. Cartons humides ou, quand il a de la chance, matelas aux ressorts grinçants, sont devenus son quotidien. Mais c’est son secret à lui ça. Personne doit savoir ça. L’humiliation en serait que trop grande, trop amère, trop dure à supporter. Ore il continue. Il se bat. Il y croit. Il a son petit stock de fringues, il essaie de les diversifier, de se distinguer une fois le soleil levé. Il mène une vie banale, dans cette petite galerie d’art où il tente de gagner sa vie. La misère c’est son quotidien mais il le garde pour lui. Jamais personne ne saura. Pour se faire plus d’argent, quelques soirs il revêt son sweat à capuche, masque sur le visage et il danse. Il se donne en spectacle. Parfois ça plait, parfois pas trop. Ça casse. C’est tranchant. Mais il se bat, il encaisse, petit prince aux cheveux d’or.