lose yourself. | marna.

t'as été demandée pour une danse privée ce soir. prépare toi. ça pue le parfum. ça pue l'argent sale. une danse privée, tu n'as jamais fais ça. d'ailleurs, tu as toujours refusé le faire. mais à en voir la tête de ton boss, tu sais que les négociations ne serviront à rien. il a déjà les billets entre les doigts. ils sont là à te narguer. tu pourras te faire encore plus d'argent. plus que le reste de ceux qu'il a dans sa main après avoir pris sa commission. alors, tu hoches doucement la tête. gamine docile qui se laisse prendre au jeu de l'argent. gamine qui ne sait pas dire non. et même si tu essayais de le faire, tu baisserais rapidement les bras. il a bien plus d'autorité que tu ne le voudrais. il est là pour ça, après tout. une danse privée. tu as déjà eu des échos. ça veut tout et rien dire. danser comme se donner. et ça, tu ne le veux pas. parce que tu te déshabilles. parce que tes yeux sont toujours clos. parce que tu préfères ne pas savoir qui te regarde. un dernier regard dans le miroir. c'est à peine si tu te reconnais. des vêtements qui masquent à peine ta peau halée. un maquillage trop superficiel pour te ressembler. ce n'est pas toi qui est assise sur cette chaise. une inconnue.
chambre six. c'est ainsi qu'ils appellent le salon où tu dois te rendre. une chambre. est-ce qu'il s'agit vraiment d'une pièce avec un lit ? est-ce que tu allais devoir vendre ton âme au diable, ce soir ? le trac. les talons qui claquent. une main dans tes cheveux, un soupire et tu pousses finalement la porte. lui. ton coeur manque un battement. ton regard ne le lâche pas alors qu'il est installé sur un canapé. un verre à la main. tu restes quelques secondes à le détailler. tu restes planter comme une cruche alors que ton souffle s'accélère. tu ne peux pas, luna. tu ne peux pas danser pour lui. ce mec dont tu ne sais rien. ce mec qui est toujours là. toujours. même lorsqu'il n'est pas présent physiquement devant toi. il te hante, il t'obsède. et tu voudrais fuir. faire ce que tu fais de mieux. tourner les talons et quitter ce bâtiment. ce serait la solution. mais tu te sens paralysée. tu te sens prise dans ce piège. « je ne coucherai pas avec vous. » ce sont les seuls mots qui arrivent à sortir d'entre tes lippes. tu fais un pas en avant. un pas vers lui. « même si vous avez payé pour ça. c'est hors de question. » voix de gamine. voix qui porte pour masquer la musique qui bousille tes tympans.