or noir, sihem.

traits de caractère /funambule volubile ; élégante charmeuse de serpents ; oiseau de société ; produit de consommation ; caresse piquante ; belliqueuse indifférente ; farouche extravertie ; fière poupée brisée ; une trop pourrie et peu gâtée ; éternelle inconstante ; suffisante en mal de vivre ; élitiste lasse (...)

Sihem, c'est le désert d'Arabie. Elle est ses tempêtes de sable destructrices et ses oasis pleines d'espoir. Un mirage qu'on ne rattrape jamais. La chaleur étouffante, et la rosée du matin. Elle charme les serpents, elle a ces courbes qui rappellent les dunes délicates. Elle sait tout ce qu'elle est, mais elle se renouvelle sans cesse. Constante parade à l'ennui, elle danse sa vie. Et, même si elle en donne pas l'impression, elle a perdu un tas de plumes dans les batailles qu'elle a mené. Son plus grand malheur, c'est toujours de pouvoir acheter le monde entier, sauf son père.
Eternellement, elle chasse les aurores boréales.
L'orientale trouve difficilement son identité, son aspiration. Elle est intimement partagée entre l'honneur qu'elle veut défendre, et la folie d'une vie occidentale. Sa foi est une adaptation toute particulière qu'elle n'aime pas partager, pas plus que le reste. Finalement, elle n'est pas généreuse, jamais foncièrement. Elle tend simplement à penser qu'assez de zéro peuvent soigner tous les mots. Elle y crève, mais elle ne renoncerait jamais à son empire. Parce que ce n'serait plus elle sans ces robes de créateurs cousues sur son corps, ni son putain de jet privé. Depuis toujours, l'opulence est une malédiction et un exutoire. Sihem, elle change d'avis à chaque fois qu'elle peut, elle suit le vent et se froisse les ailes, mais elle est jamais abattue.

mashallah Vie facile, famille graciée. Vacances de sable fin, duplex à paris et dior enfant. De l'extérieur, on pourrait penser que c'était facile. Que tu n'as eu qu'à naître, que t'avais tout gagné dès le début. Papa est milliardaire, self-made man, d'abord implanté dans l'immobilier puis dans l'exploitation pétrolière. Sa diversité est infernale, et, il n'est rien que les tentacules Benahmed n'atteignent pas. Mère pieuse, femme discrète. On se souvient de sa beauté, de cette aura que n'avait aucune autre. Ton père a fait écrire des chanson pour conter sa délicatesse insensée et son amour dément. Pourtant, s'il adulait sa femme, il aurait préféré un seul fils à ses deux filles.

miskina Papa pensait que l'héritier arriverait, mais son soleil a perdu sa lumière. Le cancer a volé ta mère et voilé ton paternel quand tu avais dix ans. Elle partie, et, lui, déçu à contre-sens. Avec le recul, tu comprends ce regard de la première fois, d'après. Ses yeux d'homme qui disent tant pis. Tu as été élevée pour être intelligente, mais pas trop. On t'a enseigné le coran, mais, habitué à suivre ce qui l'arrangeait lui.  Tu as côtoyé plus de gouvernantes que ton propre sang. Modèle féminin inexistant, palliatif bancal, tu t'es faite compositrice. Interprètre de tes propres désirs. Longtemps, ton coeur s'est voulu revanchard. Tu as crevé le temps en cherchant grâce aux yeux de ton père. Tu as fais ces prouesses d'homme, et, s'il t'avait regardée, probablement aurait-il compris l'or qu'il avait entre les mains. Il est celui que tu as toujours admiré, animée d'une adoration malsaine et inconditionnelle. Même lorsque les affaires de corruption nationale saoudienne ont poussé le prestigieux magasine forbes à évincer la fortune benhamed de sa fameuse liste.

starfoulah Naïvement, t'as pensé que ces grandes écoles occidentales pourraient lui faire revoir son jugement, tu pensais apprendre ces nombres qui rythmes le quotidien de ton paternel. Apprendre le monde, et, devenir un requin des villes. C'était le programme. Devenir son héritière. Mais, fatalement, comme une histoire qui se répète, tu t'es heurtée à son indifférence. Eventuellement, tu as compris qu'à travers ses yeux tu serais toujours incapable, à jamais rattrapée par ta condition de femme. Finalement, le seul changement significatif demeure être le choc des cultures. Nouvelle vie, nouveau pays et New York pour tes vingt-deux ans. Tu as appris les nouveaux codes de ce monde fiévreux. L'égalité des sexes également. Tu as goûté aux maladies de cette époque. La fête, le sexe, l'opulence et la drogue. Dans ta quête de limite, t'es devenue cette reine du désert qui assujettit le roi de la savane. Il n'y a qu'un port au quel tu t'es amarrée. Quand même, tu l'as quitté sans te retourner. Histoire vouée à l'échec, douce léthargie du coeur. Sihem, tu t'amouraches comme on aime les belles voitures.
T'es pas la seule à avoir vrillé. Parce que le père Benahmed, il perdu la boule en rencontrant maman Knollys. Pourtant, toi, tu trouves que c'est rien qu'une de ces karba qu'il a toujours exécré. Mais, il a fait un trois-cent-soixante pour cette femme diamétralement différente. Et, un an après ton emménagement à NY, il a décidé de s'installer avec cette étrangère, exactement au même endroit. Liberté qui vole en éclat. Puisque les problèmes ne viennent jamais seuls, tu as du ajouter son fils à l'équation. Mad. Ta folie personnelle. C'est le putain de Graal pour ton père, et ça te rend dingue. Parce qu'il a rien de plus que toi. Rien qu'une paire de couilles et sa tête de con. Si tu commençais à faire de deuil de ce père indigne, Mad est un couteau qui remue inlassablement tes plaies. hmar.

marlich Deux ans, puis t'as éclaté d'un caprice improbable. Acheter un hôtel, mettre les voiles du manoir familial. Dire merde à cette famille recomposée qui te file la gerbe. T'as pas encore laissé officiellement tomber la fac, mais ca n'devrait pas tarder non plus. Si tu n'as aucune certitude quand à ce que tu voudrais être, tu es sûre que là-bas, tu meurs doucement. Et, même si ça te déchire l'intérieur, et que ça fait valser tous les meubles, t'as besoin d'ailleurs. C'est toute une vie de conditionnement qui prend l'eau. Brûlure de l'âme, prise de conscience. Catastrophe naturelle et mise en relief. ca ira, inch'allah.