sale engeance + sihem

Un sourire rivé sur tes lèvres carmines, tu foules d’un bon pas les rues du Queens. Mais contrairement aux apparences, tu ne déambules pas : tu sais exactement où tu vas.
Même si tu l’as jamais vu, tu reconnais le building au premier coup d’œil, sorte d’immensité faite de marbre et d’or. Malgré un style indéniable, la beauté du palace te laisse de glace, t’es pas venu prendre un cours d’architecture. Ce que tu veux, c’est la voir.
Tu pénètres dans le hall sans un regard pour les vigiles, qui eux t’identifie tout de suite comme appartenant à la case « intrus ». Déjà le plus grand de ces messieurs s’approche de toi l’air patibulaire, mais tu sais ce qu’il va dire, alors tu lui coupes la parole d’emblée. Épargne-moi donc ton laïus sur les propriétés privées : j’ai tous les droits d’être ici. déclares-tu, en battant l’air de la main comme pour faire déguerpir un insecte vaguement nuisible. Ce qu’il est à tes yeux. Tu tentes alors de le contourner mais sa masse musculaire fait obstacle. Vous n’avez rien à faire ici, veuillez quitter les lieux. tu l’observes une seconde, et en comprenant qu’il est sérieux, éclates d’un rire tonitruant qui s’amplifie en rebondissant sur les murs du hall. Monsieur, on ne vous le demandera pas deux fois, partez où j’appelle la police. grogne un second employé en venant se placer aux côtés du premier. Pas impressionné le moins du monde, t’esquisses un petit sourire mesquin, dardant sur les deux hommes ton regard azur. Ah, parce que c’est pas vous qui êtes chargé de la sécurité normalement ? D’accord je vois, je pense que votre employeuse sera ravie de connaître vos méthodes de travail.. une main s’avance pour attraper ton bras, tu ne cherches même pas à l’esquiver mais l’éclat dans tes yeux se durcit. Si tu ne veux pas te retrouver avec un procès sur le dos je te conseille de me lâcher immédiatement. ta voix souffle le froid polaire alors que tu rapproches ta bouche de son oreille. Les rôles s’inversent, maintenant c’est ta main qui l’agrippe avec fermeté. T’as pas l’air de bien comprendre à qui tu t’adresses alors je vais t’expliquer. Je suis ce qu’on fait de pire en matière d’humanité. J’ai du pouvoir, beaucoup (trop) d’argent, du temps à tuer et aucuns scrupules. Traduction, tu n’as pas du tout envie de me faire chier, parce que je prendrais plaisir à te détruire, en commençant par te faire perdre ton emplois. sourire requin sur ton faciès angélique, cette fois-ci tu ne cherches pas à le contourner, tu fais légèrement pression sur son épaule pour l’obliger à te laisser passer. Le mastodonte en déroute capitule, l'autre n'ose plus s'emmêler. Bonne soirée messieurs les gorilles. lances-tu, dégoulinant d'ironie, avant de disparaitre derrière les portes de l’ascenseur. A l’intérieur de la cabine, tu souris en repensant à ce vigile raté, dans ta tête il est déjà viré. Tu te laisses emporter à grande vitesse jusqu’au dernier étage, appréciant les sensations que te procures cette soudaine altitude.
Arrivée sur le dernier palier, il n'y a qu'une porte. T'entre sans frapper dans une suite immense où tout n’est que luxe et excès affichés, des vêtements griffés traînent un peu partout sur des meubles d’époques et des canapés en cuirs, de la poudre sans doute pas très licites et toutes sorte de pilules, recouvrent en bataille toute la surface d’une table. Tu montes dessus sans te préoccuper des craquements sous les semelles de tes chaussures italiennes hors de prix. Sihem ! Pas de réponse. Tu te racles la gorge. Je sais que je suis très en retard, mais ce n’est pas une façon de traiter ses invités que de les livrer à une bande de gorilles patibulaires ! hurles-tu à la cantonade en essayant de déterminer derrière laquelle de ces portes peut bien se trouver celle que tu considères plus que ton propre sang. Siiih.. t’as pas le temps de prononcer son prénom : le pied de la table cède sous ton poids dans un craquement sinistre, tu bascules et te retrouves à plat ventre par terre. Le menton durement calé entre une bouteille de champagne vide, et un pochon de weed de bonne taille, tu fais contre mauvaise fortune bon cœur, et tu commences à rouler, là, comme ça, à plat ventre par terre, les morceaux de tableaux et les pilules éparpillés autour de toi.