rhythm of the night
l'téléphone vibre quelque part sur la décharge qui te sert de lit. il te faut cinq bonnes minutes pour le retrouver sous la tonne d'affaires qui jonche ton précieux matelas, coincé entre une chips écrasée et une chaussette qui n'avait manifestement pas trouvé son chemin jusqu'au linge sale.
la zone.-- from : art
rdv au bar près de chez toi
je t'attends dans dix minutes
il te suffit de ça.
de manière presque trop automatique, la flemme légendaire se transforme en un dynamisme sans nom qui te permets d'arriver au lieu de rendez-vous avant les dix minutes imparties - ça kurtz, c'est une première.
les yeux plissés comme pour t'aider à mieux distinguer les silhouettes mangées de moitié par l'obscurité, tu balaies la salle du regard avant de finalement conclure que tu étais arrivé avant art - ça aussi c'est une première. l'sourire fier flanqué sur la gueule enfarinée, tu braves l'armée de singes désarticulés dansant sur la piste jusqu'à ne plus en pouvoir, et rejoints l'une des seules tables encore libres, au fond de la salle.
les deux bières commandées, t'hésites à t'la ramener, à envoyer un message à art pour fanfaronner ta ponctualité toute nouvelle, mais c'est ce moment qu'il choisit pour arriver ; merde à l'occasion manquée.
heureusement qu'tu peux toujours fanfaronner sur autre chose.
«
règle n°1, on s'torche pas tout seul. t'as vu comme j'suis un bon pote », tu lâches pour toute salutation avant de lui asséner une tape amicale sur l'épaule. mais c'que tu vois surtout kurtz, c'est qu'si t'avais pas commandé pour lui aussi, t'aurais du payer ta propre conso tout seul alors que t'as zéro thune. un comble pour le roi du grattage que t'es. dans le cas présent, avec un peu d'chance, tu t'feras payer la bière par ton pote.
l'air pensif, tu t'accoudes nonchalamment sur la table, et ce n'est qu'une minute ou deux plus tard que tu t'aperçois finalement que tu n'as reçu aucune réponse de la part de art. le corps pivote (sans énergie aucune) jusqu'à ce que l'angle soit adapté à une observation plus précise ; jusqu'à ce qu'on t'offre un spectacle qui ne t'étonnait plus depuis bien longtemps. l'oeil fatalement attiré par les petites minettes aux courbes aguicheuses, le windell avait manifestement d'autres chats à fouetter que de porter un quelconque intérêt à ta présence qui n'était pour sûr pas aussi alléchante que ces quelques déesses qu'il allait potentiellement pouvoir traîner jusqu'à son lit, de c'que t'en penses).
« t’es prêt à perdre au jeu de celui qui va choper le plus de numéros ce soir ? »le rictus amusé, tu réponds pas dans l'immédiat, toujours occupé à observer le lion déjà en chasse.
les oeillades de biches s'opposent au regard avide de la bête qui avait sans doute déjà sa proie en ligne de mire. et à c'moment-là kurtis, tu ne rêves que de démolir le château de cartes sur lequel le roi de coeur s'était érigé de lui-même. alors, les doigts glissent le long de la nuque du brun de manière suffisamment suggestive pour que les gazelles ne remballent leurs battements de cils et se détournent presque immédiatement de l'homme qui avait manifestement changé de bord en moins de temps qui n'en aurait fallu pour leur dire.
«
j't'ai manqué mon doudou ? »
la moue au bord des lèvres, la déception au fond des pupilles un brin dilatées, elles s'éloignent les poupées ; elles baissent les armes les poupées.
et toi, tu ris dans ta moustache, kurtz.
«
va falloir être plus efficace que ça si t'as l'intention de gagner, mec. »
le corps s'affale nonchalamment sur la chaise la plus proche.
«
allez, si tu m'fais pitié à galérer, j'te laisserai gagner pour cette fois. » - pour cette fois, peut-être comme la majorité des autres ; kurtis le culotté.
c'est vrai qu'tu t'en sors pas trop mal quand il s'agit de quelques coups d'un soir, t'as pas besoin d'être galant avec ce genre de filles ; t'as pas besoin d'user de tout ce qui t'avait toujours fait défaut pour ce genre de filles. les jours où t'es honnête envers toi-même, tu t'dis que c'est la porte ouverte sur une facilité que t'apprécies plus que de raison. parce que faire des efforts, c'est pas ton truc. mais dans ces jours où t'es honnête avec toi-même, tu sais aussi que art, il a un abonnement illimité à la place de séducteur de compet'.
d'vous deux, y'a le serial lover -
et y'a le serial loser.