belong in the sun.

((los morales)) c'est une partie de sa vie mise au placard depuis des années. une mère alcoolique, des mômes, trop de mômes, partout. des cris, des pleurs, des fringues tirés de l'armée du salut, les aides sociales, le réfrigérateur constamment vide. la misère. c'est tout ce que ce nom de famille lui inspire. elle se les imagine, tous autant qu'ils sont, quand elle ferme les yeux et qu'elle se laisse aller aux émotions. elle les imagine tous, mais elle ne les regrette que rarement. maman n'aurait jamais dû faire autant d'enfants, papa n'aurait jamais dû foutre le camp. la faute est la leur, c'est eux qui sont responsable de son départ précipité. (les dix huit bougies à peine soufflées, une nouvelle crise de nerfs, l'alcoolémie de sa mère et ses frères et sœurs, seuls témoins de la porte claquée avec violence.)
((when I was young and stupid my love)) vega ne compte plus depuis longtemps les mauvaises décisions qui l'ont amené au sommet de l'échelle sociale. vendre son âme et son corps au diable pour quelques minutes de réconfort, dans les bras d'hommes souvent plus expérimentés. l'adolescente vénale s'est transformé en arriviste. des promesses échangées dans des suites d'hôtels splendides, jusqu'à ce que l'un d'entre eux ploie le genoux. elle s'est mariée pour la première fois à vingt et un an, tout juste majeure avec l'un de ces mâles assoiffés de jeunesse. william était séduisant pour son âge, une alliance encore au doigt lors de leur première fois. pour vega, il mis sa femme au placard, s'offrant une nouvelle poupée qu'il pourrait modeler à sa guise. il lui a appris les "bonnes manières", lui a fait découvrir le Sud. ils se sont installés en Géorgie dans une barraque pouvant accueillir plus d'une vingtaine d'êtres humains. mais ils n'étaient que deux. infidèle un jour, infidèle toujours. et il avait fallu attendre neuf ans pour que la théorie se concrétise. une autre femme, plus jeune qu'elle, plus malléable. la fraicheur quand elle n'était devenue qu'un jouet dont il n'avait pas pris soin.  
((lush life)) fraîchement divorcée, le compte en banque à deux doigts de dégueuler, vega est redevenue la parfaire new-yorkaise des magasines. si elle joue de son apparence, ce n'est que pour attirer l'attention sur ce qui n'a pas de réelle importance. son physique et ses manières volées à une classe qui ne lui appartient pas. elle s'imagine sur les pas de sa mère, si celle-ci n'avait pas abandonné le luxe et les paillettes pour un père lamentable. bien qu'elle gaspille son fric en chaussures qu'elle ne mettra jamais, sac à mains indémodables et taxis à toutes heures du jour ou de la nuit, elle investit dans les nouvelles technologies, subventionne des artistes en devenir. elle met plus de la moitié de son patrimoine au profit des idées des autres en attendant d'en avoir une bien à elle.

((big conspiracy)) se marier:
- par amour
- pour le principe
- par altruisme

elle venait à peine de rayer le troisième de sa liste. un mariage arrangé pour quelques papiers. que représentait une union, finalement ? si ce n'était un échange de bon procédés ? on lui avait présenté l'homme comme un citoyen irrégulier des Etats-Unis et sans la moindre hésitation elle avait accepté l'arrangement qu'on lui proposait. un nouveau moyen de redorer son karma, changer le court de la vie de quelqu'un pour s'assurer une vie meilleure par la suite. dans le fond, ce n'était plus de l'altruisme, seulement une croyance stupide quand œuvrant pour le bien commun, l'avenir lui apparaitrait radieux. cela ne changerait rien à son mode de vie, seulement une brosse à dent supplémentaire dans la salle de bain, un rasoir lâchement abandonné sur le bord du lavabo et une nouvelle odeur dans sa chambre à coucher.