err est fatiguée ce soir, en rentrant de la boutique. elle traîne des pieds, elle se tort la lèvre d’un léger stress, elle encaisse les mauvaises nouvelles. lorsqu’elle a besoin de réfléchir, err apprécie marcher dans les rues du queens. elle aime ce sentiment de liberté et de force lorsqu’elle frôle le pavé. fermant une seconde les yeux, elle prend le temps de respirer. de faire descendre la pression de la journée et de se concentrer sur la soirée, sur la suite des évènements, sur ce qui lui fera définitivement oublier ses problèmes du jour. elle n’a rien de prévu ce soir, mais ça pourrait bien arriver. il suffit certainement de quelques textos pour motiver les troupes. err se demande si elle ne partirait pas sur une soirée plus calme, peut-être. elle n’est pas sûre d’avoir le courage de sortir. perdue dans ses volontés et ses pensées, elle tourne la tête vers une petite boutique. elle s’arrête sur un sac magnifique, sur un détail qui pourrait clairement changer son humeur. elle baisse la tête sur l’étiquette et sent son cœur se serrer. encore un rêve qu’elle ne peut pas s’offrir. encore une bête qu’elle ne peut pas porter, qu’elle ne peut pas supporter. elle se mord la lèvre de nouveau, err. elle se prend d’une seconde de panique et elle prie pour fuir la responsabilité. dans un élan fougueux, elle entre finalement et prend le sac dans ses mains. elle s’essaye, se regarde dans un miroir et soupire. elle le veut. elle le sent depuis l’intérieur de son être. elle a besoin de ce sac pour aller de l’avant, pour tourner la page du jour, pour se remercier. d’autres clients entrent, comme par évidence, la boutique se remplie. err a un autre sac, parfait pour faire tromper les faits. d’un geste habile, elle n’a besoin que d’une seconde pour glisser l’un dans l’autre. elle n’a besoin que d’une seconde pour retrouver ses vieux démons et voler ce merveilleux sac qui l’empêchera de dormir. son cœur bat légèrement plus fort, on heurte son épaule et dans la foulée elle agit. c’est bref, rapide, sec. elle râle qu’on l’ait touché, elle s’offusque à voix haute pour détourner l’attention. « tu peux pas faire attention, un peu ? » elle laisse tomber les bras, err. elle se recule pour sortir de la boutique en trombe, pour continuer de jouer ce nouveau rôle. et elle sort presque, la jeune blonde. elle est presque dehors et loin de tout ça. sauf que quelqu’un la suit, derrière. quelqu’un lui tient les sabots. et une ça passe, deux – ça casse. « arrêtez-vous ! » qu’elle entend, dans son dos. elle continue pourtant, err. elle tient tête aux ordres. comme toujours. jusqu’à ce qu’un bras la rattrape, et qu’elle se retrouve prise au piège. ses lèvres s’ouvrent, sa tête se tourne vers l’intéressée qui la suivait. une jeune femme, certainement comme elle. avec un rêve, mais aucun moyen de se l’offrir.